Le blogue est mort, prise II
Dans les commentaires de mon billet Le blogue est mort, de Thierry Crouzet on peut lire :
Voici donc ma réponse :
Je vous citerais convenablement alors:
Me semble que c’est assez catégorique. Mais encore là, je suis biaisé et je l’admets… Aussi, votre cinquième pouvoir me fait penser à la courbe de Gartner qu’ils ploguent (qu‘ils publicisent) à toutes les sauces. Une nouvelle techno, la courbe de Gartner, un nouveau phénomène, la courbe de Gartner. Ça devient d’un risible! Si je comprends bien votre théorie :
• le blogue se meurt tout comme « le jeu de rôle est mort »,
• aucun blogueur n’a réussi dans la blogosphère, pas même Loïc Le Meur. Une chance que vous êtes auteur et journaliste!
• Il est mieux d’être un auteur qu’un blogueur
• et pour les blogueurs point de salut à moins de faire de l’activisme politique (que vous brandez cinquième pourvoir) ou de participer à l’émergence collective?
Quant à moi, c’est de la merde et voici pourquoi.
Le blogue n’est pas mort et il progresse sans cesse. Il y a bien un ralentissement, mais le phénomène est certainement loin d’avoir disparu ou même, de s’approcher d’une disparition. Il ne se compare en rien à des jeux de rôles qui ont été et sont toujours un phénomène extrêmement niché. Il y a même une éclosion de ce phénomène ici au Québec. Peut-être ne jouez-vous plus mais il y a une méchante grosse gang de jeunes que ça semble encore passionner. On voit même des boutiques de costume médiévaux pousser comme des champignons et fournir l’attirail complet pour se faire à croire qu’on vit dans ces rôles (personnellement je me fous des jeux de rôles). Le phénomène blogue, n’est pas du tout un phénomène de niche. C’est même tout le contraire.
Je me demande quel est votre étalon mesure de la réussite? De dire qu’un auteur de roman moyen a plus de réussite que Loïc Le Meur, qu’elle connerie. Ce ne sont pas les auteurs de romans moyens qui ont été courtisés lors de vos dernières présidentielles. Ce sont les blogueurs. Étrange non? Je suis convaincu que Laurent Gloaguen, Le Meur ou bien d’autres, sont plus connus du Français moyen que ne pourras jamais l’être un auteur de romans moyens. Ici, au Québec, un auteur de romans moyen, vend 3000 livres et c’est un succès de librairie. Ici, un blogueur très moyen, a 3000 visites par mois, sur une base annuelle. C’est vrai que dans les cercles littéraires, on connaît peut-être mieux les auteurs de romans moyens et qu’on chie sur le vil ouvrage de ces pestes, non-littéraires de blogueurs! Je dis bien peut-être. Ce n’est qu’une hypothèse de blogueur non littéraire après tout.
Selon vous, il est mieux d’être auteur ou journaliste que Blogueur. C’est une opinion que je ne partage pas, mais que je respecte. Surtout que je suis maintenant « auteur » d’un ouvrage collectif et que ça me fait un petit velours à l’ego. Je ne renierais pas pour autant mon statut de blogueur.
Les règles du blogue ne sont pas écrites. Elles s’écrivent chaque jour. L’activisme politique bloguesque est certes une dimension passionnante du phénomène. De participer à l’émergence collective est tout aussi louable. Mais d’expliquer comment entraîner son chien, de partager des recettes estivales, de parler de cul, d’affaires, de religion, de sport, des vedettes ou de son petit moi intérieur sont aussi d’autres activités humaines pouvant être dignes d’intérêt. Elles ne semblent pas l’être pour vous, mais vous n’êtes pas seul au monde. Je me fous du sport, mais je reconnais que la passion d’en discuter peut-être moins glamour que de discuter politique mais que c’est une activité qui peut tout de même en satisfaire plusieurs.
Article publié le vendredi, 7 septembre 2007 sous les rubriques Blogue, Blogues d'affaires, Edito sans question, Personnel et peut-être même hors sujet et politique et internet.