Le mauvais cheval de bataille de l’ADISQ

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Sylvain Carle, Martin Lessard et Roberto Rocha reprennent le débat sur ce que peut faire l’ADISQ (l’industrie québécoise du disque) face à la numérisation grandissante de l’œuvre musicale et la perte de leur part de marché. Celle-ci semblent opter pour la réglementation du web via le CRTC afin de protéger son marché. J’ai déjà écrit ici à l’ADISQ pour leur dire qu’ils se trompaient de cible à l’époque où ils traitaient les jeunes de voleurs. Ils ont au moins maintenant changé leur fusil d’épaule à ce propos et se tournent maintenant vers le CRTC afin qu’il trouve une solution miracle à leurs problèmes. Mais ils se trompent encore de cible.
 
La solution?
 
La solution se trouve chez les jeunes et leurs habitudes de consommation. J’ai écrit il n’y a pas si longtemps à propos de la génération Net et de fait qu’ils sont en train de modifier substantiellement les habitudes et pratiques marketing que nous connaissons jusqu’à présent. De plus, j’ai aussi déjà écrit sur la manière d’augmenter les ventes de musique en ligne. Il suffit de fournir aux jeunes la possibilité réelle d’acheter de la musique en ligne. Ce n’est pas plus compliqué que ça…
 

Ce serait plutôt les modes de paiements non appropriés. En effet, combien de jeunes de 14 ans ont une carte de crédit active à leur nom? Combien d’autres ont une carte de débit? Répondre à ces questions est la clé de l’explosion des ventes de musique et de contenus en ligne (ceux-ci représentent la clientèle cible de plusieurs types de contenus en ligne). Le commerce électronique est en effet handicapé de modes de paiements adaptés pour le consommateur, notamment en termes de débit en ligne et de micro-paiements. L’industrie du disque et les producteurs de contenus en général devraient donc faire des pressions auprès du gouvernement fédéral afin qu’ils incitent les banques (sous leur contrôle) à développer rapidement des solutions de paiements permettant à un jeune de 14 ans d’acheter sa musique en ligne avec sa carte Interac et à ses parents d’acheter un article de leur journal préféré (à 0.25$) de façon limpide, rapide et sécuritaire. À quand un mouvement des industries de contenus pour des paiements efficaces?

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Commentaires

  1. fbilodeau

    Protéger la culture québecoise par la censure n’est effectivement pas la bonne manière loin de là… Comme si on voudrait plus acheter des produits locaux. Ça leur intéresse pas de produire du meilleur stock et laisser les gens consommer ce qu’ils ont envie de consommer? Protéger la culture? Non…? Pourquoi est-ce que l’on voudrait TOUS écouter “Mes Aieux” ou “Pierre Lapointe”?

    À ce que je sache, il n’y a qu’un seul pays au monde qui censure l’internet et c’est la Chine. On s’entend qu’en termes de liberté, ce n’est pas le meilleur pays. Le fait qu’on ne fait que songer à les suivres dans ce domaine est innaceptable selon moi.

  2. Martin Ouellette

    Je n’ai que ceci à offrir à L’Adisq:
    http://www.michaelgeist.ca/content/view/2347/125/

  3. A speech by M. Konrad von Finckenstein, head of CRTC | Montreal Tech Watch

    […] talents. Michel Leblanc wrote that the market has changed, and that the industry should instead find new ways instead to sell music on the Internet.Michel Dumais gathered the posts, quotes and invited other bloggers to write about the […]

  4. L’ADISQ poursuit sa campagne de perte de temps | Michelleblanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultant, conférencier et auteur

    […] dépenser leur fric promo avant de fermer les livres? Toujours est-il que dans mon billet Le mauvais cheval de bataille de l’ADISQ je soulignais déjà l’imbécilité de leur campagne RIDICULE. Un an […]

  5. Bienvenue aux auditeurs de tout le monde en parle • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] par rapport au piratage en ligne et vous pouvez trouver plus d’explications dans mon billet Le mauvais cheval de bataille de l’Adisq. Vous trouverez peut-être aussi que j’ai été dure avec Madame Marois, mais je lui ai aussi […]

  6. guillaume gilbert

    une solution, pour le paiement, serait d’avoir un compte prépayé avec un montant minimale.IL pourait y avoir, comme
    la maison columbia, un achat obligatoir en guise de frais d’inscription.

  7. Jacynthe

    Je trouve votre approche intéressante par rapport au mode de paiement.

    Par contre, en tant que travailleuse dans l’industrie de la musique, je crois surtout à la licence unique d’utilisation dont beaucoup de petits indépendants parlent déjà. Que les fournisseurs internet qui font énormément d’argent en mettant des surcharges suite au dépasseement des limites de downloads QU’ILS imposent versent ces montants qui seront redistribués par la suites aux gens qui onts des droits sur les oeuvres. Présentement ces compagnies (Bell et Vidéotron, entre autre, font payer des montants aux clients et le garde pour eux alors qu’ils ne font leur marketing que sur le contenu des industries qui présentement en souffrent (musique, film, etc.) Et ce sont les indépendants qui en perdent le plus puisque les plus gros eux passent directement des ententes avec ces fournisseurs puisqu’ils détiennent la majorité du contenu.

    Malheureusement trop de gros indépendant et les multinationales (qui entrent sournoisement dans le marchés des indépendants en prenant le contrôle de 49% des actions de compagnies indépendantes ce qui leur permet de garder leur pouvoir à l’ADISQ et auprès des gouvernement qui financent la culture), décident présentement de garder le statut quo pour préserver leurs acquis plutôt que de foncer directement dans les nouvelles technologies et tenter de se les approprier!

    Le P2P des dernières années n’est que le symptôme que l’industrie a elle même créer en ne s’imposant pas adéquatement dans les nouveaux médias!

    merci de venir brasser la cage car j’ai 30 ans et j’ai le goût que mon industrie survive et non pas qu’elle coule suite à l’immobilisme.

    Continuez! On a besoin de vous!

  8. Denis

    Quand on nous donne le montant des pertes dues au piratage de la musique, je crois qu’on ment un peu. Le coût réel des pertes est en deça des baisses des ventes, pas la valeur des fichiers échangés. Les fichiers échangés ne seraient pas toutes des ventes si Internet était cadenassé pour empêcher ce type de piratage (qui n’est pas le seul). Je crois qu’une autre source de la baisse des ventes est la disponibilité des postes qui offrent de la musique en continue, comme Galaxie ou les radios web. Il n’y a pas que le piratage qui est nouveau dans le décor! Moi j’achète moins de CD depuis que j’écoute Galaxie des heures durant. J’ai même pas besoin d’aller changer un disque pour avoir de la musique. Difficile à battre au prix que ça coûte.

    Je crois que l’usage simplifié d’une carte de débit est une idée – mais Paypal l’offre déjà, même si c’est pas super simple – faut passer par un processus pour se faire accepter. Mais il me semble qu’il y a un autre obstacle à lever en plus. C’est la protection sur les fichiers de musique. J’achèterais de la musique sur Internet si je pouvais jouer ma musique avec l’appareil et le logiciel de mon choix. Pas question d’acheter chez Zik où les WMA sont barrés. No way! J’aime autant acheter moins de CD mais d’avoir un CD sans “tannerie”.

  9. Marc Desjardins

    Je crois que c’est un peu beaucoup extrême que de traiter l’ADISQ d’imbéciles. Après tout, leur position est beaucoup plus modérée que celle des majors américains et puis, l’ADISQ n’est qu’un regroupement de joueurs relativement indépendants de l’industrie du disque québécoise, un regroupement qui se bat contre les monopoles et pour le respect d’une industrie qui est, somme toute, plus artisanale qu’autre chose. Un regroupement ne peut faire autrement que de prendre une position qui reflète un consensus de ses membres, parmi lesquels il y a autant des producteurs que des diffuseurs indépendants et un consensus, ce n’est jamais avant-gardiste, malheureusement. Rappelons-nous qu’au fil des années, c’est l’ADISQ qui a su sortir le droit de reproduction mécanique des limbes où elles étaient et où les créateurs n’étaient jamais payés. C’est l’ADISQ qui a su bâtir des réglementations solides qui ont permis à échapper à nombre de producteurs véreux qui pullulaient dans notre petit monde et qui exploitaient d’une manière éhontée les artistes. L’ADISQ propose un modèle qui est accepté par beaucoup des joueurs gouvernementaux. Je crois moi aussi qu’il n’est pas vraiment approprié mais si on veut arriver à quelque chose il faut commencer à partager les réflexions de tous les groupes avec un certain respect.

    De la même manière, c’est facile de bitcher contre le CRTC, qui n’est sans doute pas l’organisme idéal pour gérer Internet, mais rappelons-nous que le CRTC a permis qu’existe une télévision locale et nationale qui ne soit pas assujettie à la télévision américaine. Dans ce cas, beaucoup de ses réglementations ont été salutaires.

    Michelle, ta vision professionnelle est éduquée et illuminée de ton expérience et de ta pratique et, lorsque tu parles du Web et du marketing, tu fais partie de l’avant-garde et des progressistes. Par contre, je trouve souvent (et tu n’est pas la seule) que quand tu parles de champs parallèles comme les médias traditionnels, le monde de la pub ou celui des droits d’auteurs, tu te poses dans un antagonisme souvent très conservateur qui dépasse le simple fait que tu aimes provoquer le débat.

    Si je me fiais au discours de tous les penseurs stratégiques Web, tous les créateurs qui sont rémunérés pour leurs oeuvres, au pourcentage des diffusions (donc tous les créateurs…), devraient accepter qu’avec l’avènement du merveilleux Internet libérateur ils ne seront plus jamais payés. Je n’exagère même pas. Au fond, ils devraient faire de la création un hobby et devenir… stratèges Web pour gagner leur vie, non?

    Imaginons, Michelle, une situation où tu ne serais pas payée des honoraires à l’heure de consultation mais plutôt à la mesure de l’impact que tes stratégies ont sur tes clients; on te verserait des droits selon une mesure empirique de diffusion des tes messages et de propagation de tes tactiques. Je suis convaincu que tu défendrais ardemment un principe de réglementation qui t’assurerait du paiement proportionnel exact… non?

    Ce ne sont pas les producteurs et les maisons de disques qui sont en ce moment le plus pénalisés par le téléchargement illégal. D’abord, ils sont souvent grassement subventionnés et puis ils compensent les pertes en répartissant leur production. Ceux qui en arrachent, qui se retrouvent le plus souvent les moins payés au bout de la chaîne, ce sont les créateurs qui, souvent, dans le monde de la musique, doivent aussi financer beaucoup des éléments de leur création de leurs poches.

    Le piratage n’est vraiment pas né avec Internet. Je me souviens des études québécoises sur les pertes de revenus entraînés par la copie cassette dans les années ’80. Ce qui était le plus dramatique était le fait que les artistes québécois étaient les plus affectés. On a mesuré que pour un album d’une vedette internationale vendu, il se faisait entre une et trois copies. Pour un album d’un artiste local vendu, il se faisait de 7 à 12 copies! Comme si on respectait moins notre propre création. On n’a pas fait d’études équivalentes actuelles mais je ne serais pas surpris que la proportion soit restée la même.

    À mon humble avis, le plus grand problème est le non-respect de la propriété intellectuelle, une attitude très nord-américaine. C’est comme si le travail de l’artiste était systématiquement la propriété communale de tous à partir du moment où elle sort du cerveau d’origine. On lui demande d’enfanter chansons, livres et films pour notre plus franc plaisir et quand il demande d’en vivre on lui rit au visage… et on prétend que les artistes sont tous millionnaires. Quand je regarde ce qu’il reste pour vivre à mes amis Claude Léveillée ou Gilles Carle, malades et diminués, je me dis qu’on a bien peu de respect pour l’héritage légué. Internet a tout simplement amplifié cette sorte de culture de la gratuité.

    À tous les gens d’affaires, salariés ou travailleurs autonomes, stratèges ou simples usagers du Web, je demande comment ils se sentiraient si, sous le prétexte que le fruit de leur travail est maintenant diffusable sur le Web, on décidait qu’il appartient à tout un chacun et n’a pas à être rémunéré?

    Bien sûr que la coercition, la réglementation à outrance où la censure ne sont absolument pas les avenues à prendre mais il faut néanmoins trouver un système efficace de mesure, de prélèvement et de rémunération équitable et ajusté aux modèles Web. Ce n’est pas en jetant un regard méprisant sur les gens qui ne pensent pas comme nous qu’on y arrivera. Au contraire, il faut rassembler toutes les tendances, toutes les orientations et construire un modèle nouveau, sincère et honnête.

    Le jour où on trouvera le moyen de rémunérer les créateurs, peut-être que ceux-ci inventeront un système où acheter leurs oeuvres directement et sans intermédiaires. Ça coûtera moins cher et les créateurs ne crèveront plus de faim. Le Web peut être la plus grande solution de démocratisation de la diffusion de la culture mais il ne faut pas oublier qu’il faut que les créateurs de cette culture doivent trouver le moyen d’en vivre sinon, dans 10 ans, on n’entendra que les artistes qui ont les moyens de vendre beaucoup de musique malgré le piratage et de faire beaucoup de tournées. Je frémis déjà de ne devoir écouter que les gagnants de Star Académie ou de America’s Got Talent ou des has been comme AC/DC…

    La situation est beaucoup plus cruciale qu’on pourrait le croire…

  10. Jonathan Boyer

    Une solution pour faciliter l’achat de musique et de films en ligne pourrait passer par d’autres moyens que par de la réglementation fédérale qui prendrait des années à passer à travers le processus législatif!

    Yahoo, Napster et cie utilisent les magasins d’électronique pour vendre des cartes prépayées. Pourquoi ne pas offrir un système similaire qui peut être rechargée dans les commerces, par la carte débit ou par la carte de crédit de papa-maman via un site Internet? Cette carte pourrait être acceptée sur tous les sites Internet qui font le commerce du divertissement au Québec.

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