Ces drôles d’entreprises qui “veulent des médias sociaux”

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Hier soir, lors de Yulbiz, une discussion est venue se pointer la face à quelque reprise. Il s’agit de ces entreprises qui disent « vouloir des médias sociaux » sans savoir ce qu’elles veulent vraiment ou comprendre les implications d’une telle demande. L’une des personnes présentes me parlait d’un appel d’offres gouvernemental qui disait simplement dans ses pré-requis,

• Nous voulons du Web 2.0 et des médias sociaux

Dekecé?

Ça me rappelle encore cette autre cliente qui me fit parvenir l’offre d’un fournisseur (lire ici crosseur) qui disait :

Comptes et configuration d’identité 2.0
o Facebook (profil + groupe )
o Google (compte Blogger et outils 2.0)
o YouTube (profil, configuration, et publication de 2
clips indexés)
o MySpace (profil et intégration média)
o Yahoo (compte Yahoo et Flicker, publication de 10
photos indexées)
o WordPress (Blogue :: profil et configuration)
o Typepad Pro (Blogue :: frais, profil et configuration)
o Twitter (Micro-blogue :: Profil et configuration)
o LiveJournal (Blogue :: profil et configuration)
o DailyMotion (profil, configuration, et publication de
2 clips indexés)
o Technorati (Indexation des identités 2.0)
o Fireburner (Inscription des flux RSS)
o Ligne visuelle arrimée à la campagne
o Liens croisés entre les profils
o 5 heures / profil
 50 heures $3750

Comprenez-moi bien, je crois être vraiment « pro Web 2.0 » mais je ne suis pas « pro n’importe quoi ». Le Web 2.0 prend du temps et de la réflexion. L’ouverture d’un compte Facebook, MySpace, Flickr ou autre est certes une activité qui promet, mais ce n’est pas l’ouverture du compte qui fait « le résultat ». C’est plutôt les nombreuses heures qui seront mises à développer une communauté, à dialoguer avec elle, à garnir ses profils « médias sociaux d’entreprises » de nombreux contenus intelligents, pertinents et efficaces. D’ouvrir un blogue est une chose, de l’alimenter en est une autre. Les médias sociaux requièrent bien plus que la simple ouverture d’un compte qui ne prend en fait que 15 minutes. Dans la soumission présentée ici, la cliente aurait ouvert 3 blogues, un Typepad, un WordPress et un Blogger (si on ne compte pas Livejournal, Facebook et Myspace comme des blogues, ce qu'ils sont aussi, Je trouve bien drôle aussi Fireburner. Est-ce un nouveau service différent de celui pour graver des CD?). Mais pourquoi donc? Pour pouvoir dire moi je suis « à la page 2.0 »? Quelle connerie! Ce qui me rassure c’est que de voir que de telles inepties existent, m’assure que j’aurais du travail pour encore bien longtemps…

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Commentaires

  1. Philippe Martin

    Mon petit doigt me dit que ce pourrait celui-ci ?
    http://tinyurl.com/46jnaq

  2. Michelle Blanc

    C’est possible, le personne en question ne m’as pas dit de qui il s’agissait mais mon petit doigt me dit qu’il doit y en avoir plusieurs…

  3. MiKE

    Je ne peux qu’être d’accord avec cette analyse : les outils (qu’ils soient communautaire ou de développement web) sont le point de départ et non l’aboutissement !

  4. leGizz

    En effet beaucoup de personnes pensent que le simple fait d’être “présent” sur différents réseaux sociaux leur assurera une incroyable notoriété… Ils oublient que le réseau est social et, par conséquent, demande un minimum d’investissement en ligne pour justement être sociable.

  5. Michael

    J’en rencontre toutes les semaines moi aussi.

    Voilà le résultat d’un tas de charlatans qui passent leur temps à vanter les mérites de [insérez ici un buzzword] 2.0 à tort et à travers, sans jamais avoir réussi à livrer quoi que ce soit de concret, ou encore simplement expliquer les intrants, extrants et bénéfices réalistes ainsi que les risques d’échec plutôt élevés, surtout pour ce genre de clients.

    Évidemment, il y a de l’excellent dans le Web 2.0, mais trop de gens se sont enflammés sans savoir de quoi ils parlaient, et en laissant quelquefois leur enthousiasme dépasser leur expertise. Heureusement qu’ils reste quelques grognon(e)s… 😉

    Mais un certain point, les clients sont responsables de ce qu’ils décident d’écouter et de choisir. Quand un client me dit qu’il a besoin d’un site “2.0”, je lui demande toujours ce qu’il entend par là. À 95%, la réponse est vide de sens.

    Quand un client décide de s’entêter, malgré les conseils de qqun qui leur fait remarquer le vide derrière les concepts évoqués, il n’à qu’à s’en prendre à lui-même. Il y aura toujours quelqu’un pour répondre aux demandes de ce genre de clients, plutôt qu’à leurs besoins. Et il y aura toujours des clients pour confondre les deux. 🙂

  6. Francis

    c’est feedburner et non pas fireburner 😉

  7. Michelle Blanc

    Merci à tous de votre input.

    Hey ho Francis, merci de l’info mais si tu lisais attentivement ce blogue tu verrais que le widget Feedburner et celui de Feedblitz y sont déjà. En conclusion, je dois les connaître. J’ironisais plutôt sur l’incapacité du fournisseur à les nommer correctement…

  8. J-F Dubé

    🙂

    http://www.stephguerin.com/archives/vos_outils_canadian_tire_sur_digg/

  9. Josée

    Ces situations demandent une approche pédagogique. Je constate tous les jours l’écart informationnel entre les spécialistes web (dont nous sommes ou nous réclamons, selon le cas) et leurs clients (demandeurs de services web, même parmi les professionnels des TI). Peu nombreux sont les gens d’affaires qui s’intéressent suffisamment au web pour comprendre la portée des changements qu’il induit et les opportunités qu’il recèle. C’est donc plus facile (et chic?) de commander un wiki, un forum et des réseaux sociaux que de revoir son modèle d’affaires.

  10. Michelle Sullivan

    C’est le budget attitré qui vend la mèche:

    50 heures $3750

    50 heures seraient _peut-être_ assez pour ouvrir les comptes et monter les profils de façon convenable, mais pour les alimenter? Jamais.

    Avec tout le battage médiatique, les médias sociaux sont devenus ‘tendance’ et on semble oublier qu’il s’agit d’outils et non de stratégies.

    Sans stratégie, une campagne de RP / marketing ne vaut pas grand chose.

  11. Éric Léveillé

    D’accord! Mais en réponse à Josée, pas mal d’entreprises web se servent dans leurs offres de service des médias sociaux , du web 2.0 (le terme) , de l’utilisation de widgets, des mashups, des wikis, et autres afin de prouver aux clients qu’ils n’y connaissent nada en rien. Ce serait pas mal si on écoutait le client et que l’on se contentait, dans un premier temps, de lui faire comprendre que l’on a compris ses objectifs d’affaires, ses enjeux stratégiques avant de les inonder de solutions qui sont aussi appropriées parfois qu’un pédalo dans le désert.

  12. Josée

    Tout à fait d’accord avec vous, Éric. Certaines approches sont faites de beaucoup d’esbroufe et de peu d’écoute et de questionnement des attentes et objectifs du client.

    Il faut également faire preuve d’humilité avant de promettre des résultats tangibles; les changements technologiques sont si rapides et si fréquents que nous n’en maitrisons pas encore tous les usages.

  13. Michelle Blanc

    À Éric et Josée

    C’est vrai que des fournisseurs ne prennent pas le temps d’écouter les clients et c’est aussi vrai que des clients demandent n’importe quoi parce qu’ils entendent un mot-clé comme « ISO 9002 » ou « Web 2 » et que ça fait bien de l’écrire dans la soumission (sans discussions avec les soumissionnaires). Entre les deux il y a un monde d’incompréhension et de « lexique jargon » plus ou moins compris et adapté au bon endroit. Dans l’exemple de mon billet, la cliente voulait accroître sensiblement ses visiteurs pour un site « poche » et non visibles aux engins de recherche. Je lui dis qu’à court terme elle devrait faire des Addwords, à moyen terme du référencement et une refonte architecturale de son site et à long terme, s’ouvrir aux médias sociaux et y investir. Elle voulait absolument du Web 2 tout de suite et c’est ce qu’elle a demandé au fournisseur dont une portion de l’offre est citée dans mon blogue. Après de longues discussions, elle commence à comprendre qu’elle serait mieux servie à court terme par une campagne Addwords efficace, planifiée et soignée et garnie de « landing pages » appropriées. Mais sa décision finale n’est pas encore tombé et elle me parlera certainement de « politique » et je lui répondrais « moi je ne fais pas de politiques, mais du marketing.

  14. Éric Léveillé

    Michelle.

    Je crois que c’est ce qui est apprécié des clients. Tout est dans la manière, dans l’explication et dans l’application. Si j’étais ta cliente, je te suivrais! Il y a toujours moyen avec un peu d’imagination, de présenter politiquement les bonnes solutions, comme les mauvaises d’ailleurs (je pense entre autre au projet de loi sur la production d’éthanol, quelle concentration de conneries). Cependant il est plus difficile de maquiller des résultats d’affaires, encore que…Bref je m’éloigne. le principal problème des clients est qu’ils ne savent pas, au départ, comment monter leurs appels d’offre. Celles que j’ai pu voir pour la plupart se contentaient de bien camper le contexte d’affaires, de fixer des objectifs assez flous ou même quelquefois précis, de présenter un échéancier des livrables irréaliste et surtout d’être complètement vaporeux sur les fonctionnalités à développées. Et quand je parle de fonctionnalités j’entends pas nécessairement définir une application web 2.0, mais bien énoncer les principaux cas d’utilisation souhaité.

    Du côté des agences web, je soupçonne le milieu d’avoir développé un réflexe face aux demandes de l’industrie, qui sont souvent souvent éthérées, soit celui d’avoir un droit acquis sur la finalité des modèles d’affaires. or c,est un piège, de plus en plus d’entreprises s’offrent les services de professionnels en communication ou affaires web qui savent ce qu’ils veulent. Les firmes web et les consultants auraient vraiment avantage de un à les reconnaître et de deux à descendre de leurs échasses pour leurs parler des vrais affaires.

  15. Josée

    L’approche pédagogique est mutuellement bénéfique pour les clients et fournisseurs pour le développement à long terme de leurs affaires. Des interventions, comme celle de Michelle, font preuve d’expertise et d’une véritable préoccupation pour la réussite du projet de ses clients.

    La demande de web 2.0 (forums, blogues, réseaux sociaux et tutti quanti) dont il est fait référence au début de ce billet est tirée d’un appel d’offre d’un organisme public (voir le commentaire de Philippe Martin). Une analyse détaillée du site actuel a préalablement été produite par une firme web. Reste à savoir qui a rédigé le cahier des charges ce qui expliquerait la structure du document et le choix des spécifications.

  16. Cedric GIRARD

    Bonjour

    Je découvre ce blog (je viens d’AJBlog ;-)) et plus particulièrement ce billet…

    Jeune créateur d’entreprise (webmarketing) je suis aussi confronté à ce type de demande (oui, demande !) de la part de clients, et bien mal aisé est de leur expliquer que réseau social = contenu = temps = travail…

    Il y a aussi ceux qui ne veulent SURTOUT PAS en entendre parler (tant qu’à aller dans les extrêmes)