Techno et innovations, les gestionnaires ne voient pas le lien

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Pour quelqu’un comme moi, qui baigne dans la techno et l’innovation à cœur d’année, il m’apparaît inconcevable de savoir que la grande majorité des gestionnaires ne voient pas le rapport entre les deux. C’est ce qu’on peut apprendre d’une étude de PriceWaterHouseCoopers, An executive view of IT governance, via l’Atelier.fr. D’ailleurs selon l’Atelier :

Plus d’un tiers des cadres aborde régulièrement des questions des nouvelles technologies en réunion. Pourtant, une grande majorité ne discerne pas encore l’impact réel de ces dernières sur l’innovation et la compétitivité de leur entreprise. Près de neuf cadres sur dix apprécient l’usage de nouvelles technologies dans leur entreprise. Mais plus de la moitié estime que ces mêmes solutions ne peuvent pas être considérées comme des moteurs de l’innovation. (…)
“Dans le climat économique actuel, les entreprises devraient rechercher des utilisations innovantes des technologies de l’information susceptibles d’accroître la valeur”, explique John Thorp, du comité de gouvernance des technologies à l’ITGI. L’une des raisons invoquées est que selon les personnes interrogées, plus de 40 % des entreprises ne mesurent pas la valeur des investissements TIC.

Si nous remplaçons TIC par le Web, le problème est le même. D’ailleurs souvent les PME innovent plus et sont plus efficaces sur Internet parce qu’ils peuvent justement ne pas avoir à se démêler avec tout le « red tape » des grosses organisations et les guerres de clochers des différentes fonctions de gestion des organisations. Je dis souvent que les entreprises auront le Web de la fonction d’affaires qui le contrôle. OK, j’admets que ça va être gros ce que je vais dire là, mais si ce sont les communications qui gèrent le Web, il va y avoir bien du bla-bla et pas de résultats, si ce sont les TI, il va y avoir une grosse infrastructure qui restera vide, ce c’est le marketing, ça risque d’être un site Flash avec un concept « flyé » qui ne vend rien et ainsi de suite. Mon point de vue est que le Web devrait être une fonction séparée des autres et qui devrait jouir de l’apport de toutes les fonctions de l’entreprise puisque que le Web peut très bien aider les ressources humaines, les ventes, la production, la finance ou l’approvisionnement. De plus, le web devrait avoir un siège à la haute direction et prendre part aux orientations stratégiques de l’entreprise. Vous pourriez remplacer le Web par les TIC et ce serait un peu semblable ou gestionnaire par politiciens et vous auriez sensiblement le même constat. C’est pourquoi les petits partis politiques qui n’ont pas les moyens de se faire fourrer par les grosses agences sont plus efficaces sur le Web que les gros partis politiques et que bien des PME engrangent plus de profits Web que des multinationales qui sont pourtant dans le même secteur qu’eux. Donc, allez-y, vous pouvez maintenant me tirer des tomates, mais juste avant, prenez la peine de lire les recommandations de PriceWaterHouseCoopers…

The key messages to be taken away from this survey by executive management:
• Take ownership of IT governance and assume overall accountability over IT
• Make the CIO reporting line as direct as possible to the top executive decision body
• Pay more attention to the potential for innovation IT can offer
• Start measuring the value IT brings (or does not bring) to the enterprise
• Use external advisors as the most effective source of knowledge and guidance in relation to IT governance

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Commentaires

  1. etiennechabot

    OK Michelle, ce billet tombe pile-pil dans mes cordes!
    Bien d’accord avec toi sur le fait que les PMEs démontrent une agilité côté web que bien des grandes entreprises sont incapables de mettrent en oeuvre toutefois, de là à avoir un “Web Department Head” il y a un pas…

    Comment tu justifies cela dans une PME (avec des moyens financiers restreints) qui a justement un département marketing (et dans de rares cas un resp. communications séparé), une fonction IT, une fonction ventes, etc? ils ne faut pas que tu oublies que dans bien des PMEs, il n’y a pas de fonction marketing (elle est souvent assimilée à la fonction vente, ce qui n’est pas trop bon pour la vision à long terme) et qu’il n’y a encore moins de fonction COM.

    BTW: Il va falloir que tu t’enlèves de la tête tous ces préjugés que COM= Bla bla et que marketing = Flash!! 😉

  2. Carl

    D’accord. Et j’ajouterais que plus les entrepises sont grandes, moins elles semblent avoir de vision (fusions, acquisitions, etc. Bienvenue dans le dédale… Tu vois des entreprises TI big qui vendent des sytèmes qu’elles peuvent programmer à souhait, mais ne leur demandez pas le pourquoi du pourquoi. Le travail s’arrête là. Ces entreprises adorent utiliser le mot “stratégique”, mais en fait, il y a peu de stratégie, aucune étude. Il y a une profonde dichotomie entre le degré d’expertise pour programmer et la l’absence d’expertise pour justifier. La stratégie va venir des clients qui commencent à comprendre qu’ils auraient dû investir davantage dans leur analyse de besoins ou par l’embauche de stratèges externes.

  3. Martine Lizotte

    Salut Michelle,

    Encore moi! Je commence à prendre goût à écrire des commentaires… Cependant, puisque c’est la première fois que j’écris un commentaire pour dire que je ne suis pas d’accord, je suis un peu stressée…

    Je commence tout de même par te dire que je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’importance de l’innovation et des technologies pour les gestionnaires. J’enseigne un cours de ‘marketing’ de 3e année à des étudiants en gestion. C’est un cours de marketing mais surtout de gestion, développement et mise en marché. Puisqu’il s’agit du 5e cours de marketing du cursus de ces étudiants, je me diversifie au niveau de la matière et j’aborde énormément le côté tendance et innovation. Justement, hier soir je leur parlais du concept de destruction créative de l’économiste Schumpeter qui est obligatoirement associé au concept d’innovation. J’aime bien la phrase suivante pour définir la destruction créative : ‘destructive in the short term, creative in the long term’. Bravo et merci d’avoir partagé les résultats de ce sondage de PWC.

    Dans un autre ordre d’idée, je ne suis pas d’accord avec toi pour dire que le web devrait être une fonction séparée dans l’entreprise… Et moi aussi ce sera gros ce que je vais dire (j’espère que les webers m’aimeront quand même après mon commentaire… ) . Mon hypothèse (que tente de confirmer ou informer avec la théorie et la pratique) est que le web, est un média, un outil de travail… comme le téléphone, comme le fax, comme le télécopieur, etc…. il ne faut pas en faire une fonction séparée mais l’intégrer à toutes les fonctions présentes dans l’entreprise. Entre autres, une des différences entre le web et le téléphone est l’année d’introduction de l’outil dans les entreprises… Il y a un processus d’adoption et un d’adaptation pour toutes les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC). Mais le web, ce n’est pas nouveau, diront avec raison certains… Ce sont plutôt les applications (et les utilisations qu’on en fait) qui le sont.

    Je dis souvent que les gens deviendront plus ‘intelligents technologiquement’ avec le temps et utiliseront les bons outils TIC au bon moment… le téléphone, les mobiles, les boîtes vocales, le fax, le courriel, les réseaux sociaux, les blogues, les sites web… ils ont tous leur place, en autant qu’ils se distinguent au niveau de l’utilité et qu’ils soient adoptés par la masse. Trop souvent encore on utilise le mauvais média le message que l’on doit transmettre. Par exemple… est-ce qu’en écrivant ce commentaire, j’utilise le bon outil de TIC pour passer mon point? Je ne sais même pas moi même! J’aurais pu t’appeler, t’écrire un courriel, mettre un billet sur mon blogue, t’envoyer une lettre, mettre un communiqué sur CNW, sortir de mon bureau et le crier à mes collègues, mettre une affiche sur le pont Jacques Cartier, etc.

    Donc, le web (et les différentes applications qu’il symbolise) a peut-être besoin de représentants interne dans les entreprises présentement. Entre autre pour l’apprentissage des utilités et le coaching, un peu comme le gars du Xérox qui vient de temps à autre pour montrer les fonctions très complexes du photocopieur. Évidemment, pour le web il faut une présence définitivement plus importante que celle du consultant Xérox, et je suis d’accord avec toi qu’il faut une présence au niveau de la haute direction mais à la base, il faut surtout que les gestionnaires (spécialistes de la gestion!) s’approprient le web pour l’intégrer complètement dans les stratégies de l’entreprise. Comme quant l’utilisation du téléphone est devenue la norme en affaires.

    Voilà mon commentaire. Qu’en penses-tu?

    Au plaisir!

    Martine 🙂

  4. Carl

    @ Martine : La majorité des gestionnaires sont débordés (les autres jouent à l’être). Vont-ils s’investir à comprendre les tenants et aboutissants du Web ? J’en doute. Les informaticiens sont là pour exécuter, les vendeurs pour résumer. Qui prend ce genre de décisions ? Des spécialistes attitrés. C’est mon opinion. Mais il est vrai que tout cela devient un langage que l’on approprie de plus en plus. Quand je vais sur une boutique en ligne et que je n’ai pas les fonctionnalités voulues, je le sais et je compare assez vite avec le compétiteur qui lui, les offre. Pourquoi se taper X pages de produits quand je je peux avoir 5 choix ?. Ouf ! Moi aussi je commence à aimer l’ère du commentaire !

  5. Martine Lizotte

    @carl: C’est vrai qu’il faut des spécialistes maintenant mais dans ‘pas long’, les nouveaux futurs gestionnaires, les super (!!!) ‘Y’ qui ont grandi dans les nouvelles TIC, seront apte à prendre les bonnes décisions stratégiques concernant le web sans quoi, ils ne seront pas de ‘bons gestionnaires’. Encore (par exemple) l’analogie entre l’arrivée du téléphone et le web… De penser que dans quelques année, il faudrait encore des spécialistes web pour démontrer l’importance du web en gestion (et commercialisation), c’est comme si on prédisait, quelques années après l’arrivée du téléphone, qu’on aurait encore besoin de spécialistes pour démontrer aux gestionnaires du temps l’importance de cet outil de communication.

    Les bonnes pratiques (boutique en ligne efficace par exemple) se standardiseront et des normes se formaliseront. Comme je disais dans mon commentaire plus haut, on (collectivement) deviendra tous plus ‘intelligent technologiquement’ et il n’y aura plus de ‘mauvaises’ boutiques en ligne… comme il n’y a plus de compagnies de téléphone non efficace…(à discuter mais enfin…). La Sélection Naturelle s’applique aussi à la business et ceux qui n’intègrent pas le web dans toutes les fonctions des entreprises, tout comme ceux qui n’intègrent pas le ‘marketing dans le sens large’ dans toutes les fonctions d’entreprises, ne connaitront pas autant le succès que ceux qui le font.

    Ouf (moi aussi!)! En ce qui concerne l’ère du commentaire, je t’envie… tu es beaucoup plus concis que moi! 🙂

  6. Garamond

    Ça dépend beaucoup de la personalité des boss… Si le boss a peur des lap tops, ça augure mal à tous points de vue.
    Si le boss ne veut pas de site remis à jour très fréquemment, ça va mal; si le boss préfère un diaporama sur Carousel, vous êtes dans le trouble…
    Par contre, si votre grand boss tutoie Steve Jobs… vous allez voir, tout va aller bien !

  7. etiennechabot

    @Garamond, j’ai déjà travaillé pour un pdg qui se faisait un honneur de dire qu’il n’utilisait pas d’ordinateur. Il montrait son crayon de plomb HB en disant à ses employés que c’était son laptop….Pathétique.

    Je ne travaille plus là.

    Sans tutoyer Steve Jobs, juste le fait qu’il le connaisse et s’intéresse à son style de gestion est déjà un excellent départ selon moi!

  8. Isabelle Marazzani

    Je suis assez d’accord avec la ligne de pensée de Martine à propos de l’appropriation des nouvelles technologies par les gestionnaires mais je suis aussi d’accord avec les pragmatiques qui mentionnent que le super gestionnaire se fait rare et que les pme n’ont pas, la plupart du temps, le budget pour le faire… à moins qu’elle ne tire ou ne croit tirer des revenus appréciables de sa présence en ligne. Ce n’est certainement pas le cas de toutes les pme.