Le problème des artistes avec le Web

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Les artistes ont de gros problèmes avec le Web. Tout d’abord, il y a la question épineuse des droits d’auteur. Cette question a maintes fois été couverte dans ce blogue mais jamais aussi bien que ne l’a fait Attali dont je parle dans le billet Attali et l’argumentation pour le téléchargement gratuit. Mais l’autre problème de beaucoup de catégories d’artistes, une fois qu’ils ont décidé d’y être, est d’y être convenablement. C’est que Google n’est pas très gentil avec les artistes. Ce n’est pas de sa faute mais il ne voit pas les bandes sonores, les vidéos, les peintures, les dessins et les plans. Pour qu’il puisse arriver à les voir, il faut un enrobage de textes, de textes et de textes (vous comprendrez ici que le Web est d’abord et avant tout un médium textuel) dans une architecture perméable aux engins de recherche (c’est-à-dire qui permet à Google de faire son travail) et ça prend aussi beaucoup, mais vraiment beaucoup d’hyperliens externes qui agissent comme des votes de confiance (signifiant à Google la pertinence du site en question) qui sont répartis à plusieurs endroits de votre site. C’est ce qu’on appelle le Deep linking percentage. Il faut donc que les internautes puissent hyperlier vos contenus textuels à différents endroits du site et ce, même si vous poussez du vidéo, des chansons ou des images. C’est pourquoi un blogue en sous domaine, par exemple, permet d’augmenter le nombre de pages d’un site et d’aller chercher ces fameux hyperliens.

Malheureusement, les artistes parlent souvent à d’autres artistes du Web qui croient encore aux vertus du Flash. J’ai déjà suffisamment vomi ici sur le Flash pour ne pas vous refaire encore une fois le même discours. Mais j’ai déjà aussi démontré avec mon exemple de Léonard de Vinci que le talent n’est pas tributaire du médium, voire d’une technologie. J’ai déjà aussi maintes fois parlé de l’un de mes clients chouchou, DessinsDrummond, qui est en fait un site Web, voire une architecture médias sociaux, qui justement rencontre les problèmes des artistes. Ils vendent des plans de maisons qui, tout comme les vidéos, les enregistrements sonores ou les peintures, sont aussi invisibles à Google. Mais que ça m’attriste de rencontrer des artistes qui n’ont pas encore compris ça!
À ce propos, on me demande si je veux bien interviewer une peintre de réputation internationale, à propos de sa présence Web et médias sociaux. Son site est tout en Flash, son blogue externe et non lié au site est sur Blogspot et patati et patata. Quelle tristesse…

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Commentaires

  1. Marc-André Laporte

    Bien d’accord avec toi Michelle. Dans le domaine artistique que je suis de près, celui de la musique, on conseil maintenant aux groupes d’ajouter un membre invisible. À défaut de gratter la guitare, ce membre invisible s’occupera des dossiers web principalement. Référencement, mise à jour du blogue, abonnement et suivi aux points de ventes comme iTunes et eMusic.

    Je crois que chaque artiste devrait avoir un minimum de connaissance du web mais la motivation et la patience n’y est pas pour tout le monde.

    Excellent texte que celui d’Attali aussi!

  2. Olivier

    Non, c’est la faute de Google, les artistes doivent résister et aider, “forcer” Google à s’améliorer et à évoluer plutôt que de se déshumaniser et publier dans le langage imposé par Google. C’est l’ordinateur qui devrait être gentil avec les artistes, pas le contraire, un peu comme les lois de la robotique d’Asimov.

  3. Genevieve

    Tiens, j’avais jamais pensé à ça, mais bien sûr je suis totalement de l’avis d’Olivier! Si Google était mené par des gens juste un peu plus allumés, ils auraient déjà trouvé comment faire pour aller chercher toute cette clientèle “naturelle” pour le Web!

  4. Baudat

    Il faut peut être arrêter de croire que tout est faisable en informatique en appuyant sur un bouton par magie.
    Et certains artistes utilisent bien mieux ce média, après celui qui veut rester bête toute sa vie…

  5. Ronnie Munter

    En tant que dessinateur qui lutte pour apparaitre un peu sur internet, je suis toujours très intéressé par les arguments de Michelle. C’est ainsi que j’ai renoncé à mettre mon site en flash (encore que je vais peut-être mettre quelques icones) mais la question du référencement est cruciale. Flash à l’avantage d’éviter les copies d’adresses courriel et de se faire bouffer par les spams. Maintenant, Javascript le fait aussi et lui est référencé, de ce que m’a montré un autre internaute. Je suis cependant assez d’accord avec le point de vue d’Olivier, qui forcerait les référenceurs (Google, Yahoo et autres) à reconnaitre les musiques et les images. Ca leur posera des problème pour avoir les profils fantômes (la raison pour laquelle il faut valider les inscriptions avec les images déformées). Il leur faudrait donc, d’abord augmenter les reconnaissances images et son en matières de référencement (les tags, c’est pas l’idéal)et après trouver un autre moyen d’authentifier les inscriptions.
    Google et autres, au boulot!

  6. Denis Canuel

    Michelle,

    Google indexe depuis peu le flash et permet de faire des recherches en fouillant dans les fichiers flash. Ce n’est qu’un début par contre et je suis certain qu’il n’existe pas d’experts en optimisation “SEO” de code flash…!

    Je suis d’accord avec toi mais d’un autre coté: celui de l’accessibilité. Il est important d’avoir un site facile à utiliser sur toutes les plateformes incluant les téléphones. Un site flash ne fonctionnera pas bien (ou du tout) sur certains téléphones. Pourquoi se priver de visiteurs? C’est comme avoir un site qui ne fonctionne QUE sous Internet Explorer…

    Flash peut être utilisé pour augmenter l’esthétique d’un site mais il ne devrait pas être la technologie principale.

    Tu devrais également inclure les graphiques dans le même panier. Au lieux d’utiliser des “faux boutons” (bouton avec du texte en CSS par dessus), plusieurs sites utilisent des boutons dont le texte est intégré à celui-ci et donc pas atteignable par Google (car le texte est dans l’image). L’utilisation des champs ALT pour décrire l’image est donc vitale…

    Ces petits détails font une grande différence..!

  7. etienne chabot

    @Genevieve
    Tu me fais sourire avec ton commentaire: “Si Google était mené par des gens juste un petit peu plus allumés”. Il me semble que ca sonne drôle même si je comprends ce que tu veux dire.

    Si les gens de Google ne sont pas assez allumés, qui peut prétendre l’être?

  8. Genevieve

    Etienne… (rires) Ouais, j’aurais du dire “un peu plus allumés pour le référencement des artistes”.

    Me semble que pour eux, ça devrait être une évidence, ne serait-ce que parce que c’est dans leur intérêt.

    Pour le reste, sont allumés en masse!

  9. Guy Scherrer

    Je viens de mettre en ligne, le 12 avril à 12 h 12, le site http://www.lecd12.com, où il est possible de télécharger entièrement gratuitement 12 chansons originales. Je suis le producteur du CD et aussi le co-auteur-compositeur des chansons. La décision de mettre le CD à la disposition des internautes de façon entièrement gratuite a été longuement réfléchie. La principale raison justifiant cette stratégie est simple : les chansons doivent vivre! Elles doivent être entendues par le plus grand nombre possible d’individus. Elles touchent l’auditeur tant par les paroles que par la musique et évoquent des sentiments différents selon le vécu de chaque personne. Je crois que la diffusion gratuite rendra honneur aux chansons en leur permettant de remplir la mission de base de toute œuvre musicale : vivre, atteindre, faire réagir l’auditeur.
    La mise en marché traditionnelle d’un nouvel album est aujourd’hui extrêmement difficile et onéreuse. La venue du Web 2.0, où les internautes interagissent entre eux et sur le contenu des sites web, me permet de croire à la réussite de la diffusion des chansons du CD 12. Ce nouveau pouvoir des utilisateurs leur permet de se faire leur propre opinion et de la partager. Ils deviennent critiques, diffuseurs, références, porteurs de bonnes nouvelles ou de mauvaises…
    Les médias traditionnels ont certainement toujours une place incontournable dans le paysage musical. Par contre, force est de constater, depuis quelques années, la tendance à la baisse marquée dans les ventes de CD. Le téléchargement illégal fait l’objet de très fortes réactions de l’industrie musicale à travers le monde. Deux éléments majeurs semblent toutefois ressortir : aucune solution viable n’a jusqu’ici été présentée et mise en application et il semble utopique d’espérer arrêter les téléchargements gratuits.
    Si vous appréciez les chansons, tant mieux, envoyez le lien du site à vos amis, répandez la nouvelle. Si elles ne vous plaisent pas, vous pouvez aussi le dire. C’est vous qui possédez le pouvoir d’informer et de diffuser les nouvelles, qu’elles soient bonnes ou mauvaises… Bonne écoute! Guy Scherrer, producteur de 12.

  10. Denis Canuel

    @Guy: Excellente décision! Je viens de vous connaitre tandis qu’il y a 5 minutes, je n’avait aucune idée que ce groupe existait. D’ailleurs, j’imagine (j’espère) qu’il y a moins d’intermédiaires entre le 10$ du client et les artistes… Regardez ce qui se passe avec Nine Inch Nails et leur philosophie d’ouverture. C’est la voie de l’avenir je crois.

    Il y a évidemment une mutation du coté artistique et personellement, je crois qu’il faudra s’inspirer du modèle du logiciel libre. Les artistes et les programmeurs font sensiblement la même chose: ils créent de l’art à partir de la matière brute. Pourquoi est-ce totalement acceptable qu’un programmeur contribue à ce mouvement en offrant gratuitement le fruit de son travail à la société? Pourquoi les artistes n’ont-il pas un mouvement similaire aussi grand?

    Linux et le logiciel libre fait vivre une économie immense a l’aide de logiciels gratuits. Les gens font de l’argent avec la consultation ou l’implantation de logiciels en entreprise par exemple.

    Je pense que l’artiste doit découvrir comment faire de l’argent par lui même plutôt que de s’apitoyer sur son sort ou d’être contrôlé par une compagnie de disque. Il y a pleins de modèles d’affaires fonctionnels et déjà prouvés (freemium, etc.)

    Mais c’est inévitable je crois: l’oeuvre elle même devrait être gratuite. Comme on dit: “if you can’t beat them, join them”.

  11. Jerome Paradis

    La technologie pourra toujours faire un bout de chemin plus ou moins rapidement.

    Et ça avance, par exemple Google à annoncé cette semaine la recherche d’images similaire:
    http://similar-images.googlelabs.com/

    Ça fonctionne pas mal.

    Mais, comment un ordinateur pourrait-il évaluer ou apprécier des oeuvres d’arts comme des peintures alors que nous, pauvres humains, avons de la difficulté à le faire. Au musée, nous avons souvent besoin d’explications sur la démarche, le contexte, le sujet, etc.

    Donc, comme Michelle suggère aujourd’hui, l’enrobage textuel est important. Ça aide au référencement. Mais je trouve que ça aide aussi les internautes.

    En musique, offrir les textes des chansons comme dans les pochettes de CD. C’est pratique. En vidéo, je sais, ça prend un effort, mais une transcription ou des sous-titres, ça aide.

    Pour moi, le texte, c’est une question d’ergonomie. C’est offrir un beau complément à l’image, au son, à l’oeuvre. Le Flash ce n’est pas génial pour le texte, mais le Flash c’est aussi comme le texte. C’est un enrobage de l’oeuvre. Par contre, le texte met l’oeuvre en valeur. Le Flash distrait de l’oeuvre. Tant mieux si le texte est mieux référencé. En tant qu’internaute, je serai mieux servi par ceux qui utilisent bien le texte.

    P.S.: ne pas oublier les hyperliens!

    P.P.S.: si les oeuvres de l’artiste se résument en images (photographe, peintre, sculpteurs, …), les textes enrobant l’image sont d’autant plus importants que Google Image search est un très important générateur de trafic. De mon expérience, c’est aussi un trafic de qualité.

  12. Olivier

    En quoi du texte Google friendly aide-t-il un chanteur à vendre plus de musique ? Beaucoup de personnes utlisent Google pour chercher/consommer de la musique ? Je peux me tromper, mais à mon avis personne. Blogs, forums, Last.fm, Facebook, iTunes, MySpace, mais pas moteur de recherche. Chercher de la musique ou de la peinture qu’on aime, c’est autre chose que chercher des keywords sans composante sociale ni verticale. Le seul texte qui importe à mon avis, c’est le nom de l’artiste.

  13. Jerome Paradis

    @Oliver:

    C’est certain: avoir son site SEO-friendly dans Google ne garantit aucune vente. Ce n’est pas en se retrouvant dans Google qu’on fait de l’argent du jour au lendemain. Pour vendre, ça prend évidemment de la promotion. (En assumant que l’artiste n’est pas poche…). Et oui, il y a beaucoup de façon de se promouvoir et vendre qui ne passent pas par le site de l’artiste.

    Par contre, avoir son site Google-friendly, avec du texte et une navigation HTML ne nuira pas aux ventes. Avoir une interface Flash, ça peut nuire. Pour moi, être Google-friendly ça veut aussi dire être user-friendly.

    Exemples :
    1- J’entends une chanson à la radio. On ne me dit pas qui est l’artiste ni le nom de la chanson. Je me souviens de quelques paroles. Je ne connais pas le nom de l’artiste. Je peux utiliser Google pour faire une recherche sur les paroles pour trouver la chanson et l’artiste. Ça fonctionne, cela m’est déjà arrivé.
    Bonne chance sans les textes de la chanson. Bonne chance de trouver la bonne page avec une navigation Flash.

    2- Je veux partager le lien vers un album de l’artiste avec mes amis sur Facebook. Une page HTML bien conçue, un bon enrobage textuel fera que le lien partagé sur Facebook sera automatiquement bien décrit et formaté. Voir de bons et moins bons exemple ici : http://ontheweb.kimvallee.com/2009/04/design-your-blog-theme-to-show-your-post-on-facebook/ Bonne chance sans texte. Bonne chance pour partager le bon lien s’il n’y a pas de lien vers la page de l’album à cause d’une navigation Flash.

    On pourrait sortir des milliers d’exemples.

  14. LeRoy

    Les artistes ne font pas exception, s’ils veulent être bien référencés dans Google, ils n’ont qu’à suivre les règles que tout le monde suit: optimisation du contenu, hyperliens hyperliens hyperliens, bâtir une présence web, etc.

    Il y a plusieurs oeuvres hypermédiatiques toutes faites en Flash, très belles à regarder, je pense à Dreaming Methods en particulier (http://www.dreamingmethods.com) mais ces oeuvres ne seront jamais trouvées si on ne connaît pas:

    – le nom de l’artiste
    – le nom du site web

    Mais heureusement dans ce cas, la page d’accueil fait la job. Beaucoup de liens, un design Web 2.0 avec une bunch de liens en bas, etc.

    C’est le meilleur des deux mondes à mon avis.

  15. Briac

    Totalement d’accord avec Olivier, ce n’est pas à l’homme de s’adapter à la techno mais l’inverse, et de plus, on a vite fait de remarquer que l’interweb est une série de réappropriation des technos par les utilisateurs pour des usages non prévus par leurs concepteurs (exemple twitter pour l’échange de lien, le P2P et le piratage, ou simplement le fait que les réseaux soient conçus pour des débits asymétriques et qu’on s’aperçoivent que les gens participent aux réseaux et ne font pas que recevoir de la télé numérique, mais ont bien besoin d’uploader aussi!)
    D’où l’idée que dicter les usages et pratiques de manière dogmatique est une erreur à la base…

    C’est de toute manière la politique de google de ne pas forcer les gens a se plier à leur système mais plutôt d’agir naturellement et de ne pas chercher à tricher, eux de leur côté s’occupant de faire un engin de recherche qui pogne!

    Le problème des médias asémantiques pour les engins de recherche n’est pas technique d’ailleurs, c’est plus une question économique. Exemple intéressant, voici comment youtube empêche le contenu copyrighté d’être uploadé :
    http://www.csh.rit.edu/~parallax/
    De la même manière il existe des technologies pour extraire les dialogues d’une vidéo et en faire un feed de data:
    http://searchinsidevideo.com/

    Sauf que là où le bas blesse c’est que ça prends des grosses puissances de traitement pour tout filtrer et analyser, et il est envisageable que google n’ai pas encore mis en place de telles solutions juste pour une question de coût!

    Donc, moi je suis plutôt confiant pour l’avenir, on devrait s’en aller vers des choses plus naturelles et sans effort, c’est à dire quand tu veux montrer une video, tu montre une video, t’as pas a faire une campagne de linking et faire de la rédaction en masse pour qu’on la regarde, genre…

    En attendant ça fera toujours de la job pour les webmarketers 😉

  16. Régis

    Bonjour Michelle,

    Cracher sur Flash, c’est intéressant mais que proposes-tu comme alternative ?
    http://lift.puma.com/ Essaye de faire un site comme celui là en HTML+JS.
    Le Flash est tout simplement indispensable pour des sites expériencielles et il crée des expériences absolument fantastiques pour l’usager.

    Je suis pourtant un ardent défenseur des standards, de l’html et de la beauté du CSS Zen Garden. Et en effet pour des sites comme une galerie ou un site de musique, le HTML semble mieux se prêter à l’exercice.

    Mais arrêtons, par pitié, de cracher sur une technologie fantastique qui, bien utilisée, fait des merveilles. Le site que tu citais, FFFound, est en effet fantastique dans son contenu, mais le contenant est horriblissime.

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