De l’importance de savoir à qui on parle

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Je termine une discussion avec une gestionnaire d’une association touristique régionale (dont je vais taire le nom pour ne pas la mettre dans l’embarras). Il y a quelques années de ça je lui avais dit que sa pub était merdique et que sa pub ne parlait qu’à ses membres touristiques et pas à aux touristes qu’elle voulait attirer chez eux. Sa pub a fait un tabac dans sa région et tous les membres de son ATR en étaient ravis. Le problème est que l’image qu’elle envoyait à l’extérieur de sa région me semblait plutôt négative pour qui ne connaît pas déjà le contexte spécifique, les personnalités ou attraits populaires de la région. Pour faire une image, je prendrais, disons, l’idée de ma propre personne. Je suis maintenant très connue au Québec et je commence à l’être dans la francophonie. Cependant, si Tourisme Montréal me demandait d’être la personnalité qu’ils utilisent pour vendre Montréal aux Américains, je crois que Tourisme Montréal ferait une grave erreur. Je ne suis vraiment pas représentative de Montréal, les Américains n’ont aucune idée de qui je suis et l’image que se ferait de Montréal les Américains en me voyant sur un panneau géant le long d’une autoroute, ne serait sans doute pas des plus productives. J’ai pourtant été reconnue par de nombreuses organisations et honorée de divers prix. Mais ce n’est pas aux Montréalais que Tourisme Montréal doit parler et ce n’est pas non plus aux membres de Tourisme Montréal. C’est aux touristes de l’extérieur qu’il faut s’adresser. Pour être efficace à titre de gestionnaire touristique ou même comme gestionnaire marketing, des fois il faut brasser la cage de ses actionnaires ou membre et leur révéler que notre nombril n’intéresse peut-être que nous…

En complément d’information, je vous invite aussi à lire Web 2.0 et question existentielle des associations touristiques partie 1 et partie 2.

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Commentaires

  1. Cong_Bon

    Allo Michelle,
    Tu as pris l’exemple pour Tourisme Montréal ayant toi comme personnalité. Je trouve que l’idée est bonne. Je ne base pas sur ta popularité en disant cela, mais si c’est le choix de Tourisme Montréal, je dirais que Tourisme Montréal a montré au public extérieur de Montréal un côté bien particulier de Montréal : un côté unique, ouvert et surtout fidèle à la société montréalaise.
    Faisons un autre parallèle : Le Poulet du Québec, un organisme agro-alimentaire typiquement québécois a choisi le visage de quelqu’un de non-québécois avec un nom qui n’a pas de résonance Tremblay ou Gagnon pour être leur fer-de-lance. Est-ce une erreur stratégique ?
    Plaisir !

  2. Serge Lachapelle

    Le poulet du Québec est déjà populaire au Québec Cong-Bon…pour le vendre dans le Nouveau-Brunswick on est mieux avec un Mike McCormic…ou a Toronto avec un Davinder Singh…

    C’est un bon point Michèlle…J’étais justement en discussion avec un programmeur hier au sujet de la structure d’un site internet et comment le site devrait être structuré pour convertir des clients et non pour plaire a la logique du technologue. L’important que je lui disais c’est que le client trouve, pas que le site soit logique pour un programmeur…

    C’est bon en titi de prendre un peu de distance avec ce qu’on fait et laisser l’appréciation de nos interventions a ceux à qui ça s’adresse. Notre vision trop ‘le nez dedans ‘ qu’on a de notre domaine d’affaires teint beaucoup notre objectivité. Ce qui est évident pour nous ne l’est pas nécessairement pour le client.

    J’espère qu’elle a ajusté le tir a la lumière de tes commentaires…

  3. André Nollet

    Ma chère Michelle, je suis si content de lire cette aventure touristique. Cela me rappelle un des sujets traités dans notre dernière rencontre. Je n’en connais pas beaucoup au Québec qui parle des touristes et crois-moi, je parle d’un large éventail de gens qui gagnent leur salaires dans ce domaine.

    Mon adjointe , que tu connais bien, planche sur ces questions de façon urgente et 2011 devrait marquer le virage. Je ne veux pas révéler le comment à ce moment-ci, mais tu as tellement piqué au vif notre curiosité, que tu nous a entraîneé dans un brain-storming la semaine passée. Toute l’équipe y a participé abondamment. Et je crois que nous sommes sur une bonne piste.

    Tu te rappelleras sûrement de ton intervention:

    http://dgtourismemauricie.com/2010/01/21/non-classe/virage-web-20-tourisme-mauricie-couts-resultats-effet-michelle-blanc/

    Les questions qui tuent

    Bien sérieusement, elle nous a demandé:

    • Vous êtes qui, la Mauricie touristique ?

    • Vous êtes quoi, la Mauricie touristique?

    • C’est où qu’on peut avoir du fun?

    • Outre la grande nature, la nature grandiose, les arbres dans la nature et la nature à moins d’un plein d’essence, pourquoi les touristes vont-ils chez vous? Parce que de la nature, il y en a partout, même en Nouvelle-Calédonie et en Chine, voire même à Laval.

    • Alors, vous êtes quoi? Votre accueil légendaire si chaleureux? Et après, on fait quoi chez vous?

    Alors, je peux le dire, sans trop rien dire, mais toute la problématique de cette industrie, tu l’as découverte en bien peu d’années. On se complait à voir ses Nombrils.

    Est-ce payant pour cet industrie? Mais voyons qui donc s’en préoccuperait?

    Alors, avec peu de moyen, on ne va pas relever le défi, on va juste ramener nos façons de faire, à ce qu’elles auraient toujours dû être.

    J’ai titiller les membres de mon c.a., lundi dernier et leurs réactions m’a surpris favorablement. Ils veulent faire partie de ce virage. Mais bon, on pourra célébrer cela lors de notre pélérinage annuel, si dans les faits le virage s’avère rentable pour la région et si la majorité a compris l’importance de ce que tu énonces.

    Comme je le disais dans mon dernier billet:

    http://dgtourismemauricie.com/2010/02/12/non-classe/une-offre-que-vous-ne-pourrez-pas-refuser/

    Est-ce que l’industrie touristique connaît les désirs, les goûts des clientèles qu’elle martèle de publicité?

    Poser la question, c’est y répondre.

    Saluations ma grande et bises
    On se revoit le 26 mars avec bibitte si elle le peut.

  4. David Claude

    Bonjour Michelle,

    Vous soulevez deux questions distinctes dans un même article: d’une part, la question d’identité d’une marque et d’autre part la cible d’un message publicitaire.

    Sans savoir quelle est l’ATR ou la campagne dont vous parlez, la réalité est que si son message était à but régional et qu’il a fait un tabac, mission accomplie.

    Ce que vous questionnez, c’est la stratégie en amont: le fait de ne parler qu’aux membres touristiques québécois. Une ATR devrait diviser ses communications dans des activités de rétention et d’acquisition à la fois, et les messages doivent évidemment être adaptés.

    Dans le cas où le marché d’acquisition présenterait plus d’opportunités que celui de rétention, on ré-orienterait les budgets vers ce dernier. La campagne pourrait être aussi créative qu’elle le peut, pourvu qu’elle contienne un propos de connecter émotionnellement avec une clientèle hors-québec.

    Dans le cas ou le marché de rétention serait le plus opportun, on se concentrerait plutôt sur un message capable de faire compétition aux autres destinations locales. Le créatif devrait alors permettre cette même connection émotionnelle, mais cette fois se prévalant de l’avantage qu’on peut jouer sur des références culturelles communes.

    C’est là que la question d’identité de marque entre en jeu: faut-il nécéssairement qu’une marque ou un message se « caméléonne » afin de sucrer la pilule pour monsieur-madame Autre Culture, ou sommes-nous capables de créer et démocratiser une propriété intellectuelle unique, qui nous appartient?