Le clou final aux paranos des enjeux de relations publiques sur les médias sociaux

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La semaine dernière, en jasant avec des collègues « consultants médias sociaux » en France, la critique facile des délicats enjeux de relations publiques sur les médias sociaux dans un contexte réglementaire refit surface. C’est le genre d’argument qu’on me présente sporadiquement et pour lequel « mes collègues » juste un peu moins expérimentés restent souvent bouche bée. C’est d’ailleurs aussi l’argument « marteau » dont aiment se servir les tenants du statu quo.

On ne peut être sur les médias sociaux parce que « patati et patata » !

Remplacer ici « patati et patata » par
-nous sommes dans une industrie très réglementée,
-nous sommes dans un environnement gouvernemental légiféré,
-nous avons des secrets industriels, de production, d’affaires très importants,
-on ne peut faire confiance à nos employés
-nos compétiteurs nous surveillent
-1001 autres excuses prouvant hors de tous doutes qu’on ne peut et ne devrait rien faire sur les médias sociaux.

C’est alors que je raconte mon petit laïus aux potes Français qui n’en revenait tout simplement pas à tel point qu’ils me demandent de l’emprunter à leur tour pour clouer le bec à leurs propres emmerdeurs anti médias sociaux.

Tout d’abord je leur dis qu’il est parfois important de faire dire ces choses par un consultant externe puisque souvent les patrons préfèrent se faire clouer le bec par quelqu’un de l’externe que par quelqu’un de l’interne (notez ici que je prêche pour ma paroisse et que si toutefois vous utilisez ma phrase-choc et qu’elle fonctionne, il ne vous est pas interdit de m’envoyer un chèque de remerciement hehehe).

Ma réponse béton

Imaginez une organisation qui fonctionne dans un contexte réglementaire et dont certains règlements peuvent même inclure « la peine de mort ». Cette organisation met aussi le feu par accident à des hôpitaux bondés de gens qui y meurent dans d’atroces souffrances. Cette organisation fait aussi exploser par mégarde des écoles avec des centaines d’enfants. La tête des membres de cette organisation est mise à prix, elle est détestée à la grandeur de la planète et elle blesse, tue et handicape souvent ses propres partenaires. Croyez-vous que vos enjeux de relations publiques ou que votre contexte réglementaire peuvent être pire que ça ?

La réponse est de toute évidence non.

Alors (comme j’en ai déjà parlé ici) sachez que cette organisation est la US Air Force et que ses membres, je dis bien tous ses membres allant du simple soldat au général, ont été formé et habilité à prendre tous part et être actifs sur les médias sociaux.

Oui il y aura toujours des contextes réglementaires et des choses dont on ne peut parler. D’ailleurs, à ce propos, un excellent document du CEFRIO rédigé par le sympathique prof de droit Pierre Trudel Gérer les enjeux et risques juridiques du Web 2.0. (PDF) vient d’être mis en ligne. Il faut donc être toujours conscient des limites de ce qu’on peut ou ne peut pas dire en ligne. Mais il ne faut surtout pas se servir des enjeux et des risques comme d’un bouclier pour le statu quo. Il y a toujours des choses qui se doivent de ne pas être partagé, mais il y en a souvent beaucoup plus qui peuvent l’être. D’ailleurs ce document se découpe judicieusement via cette démarche

Situer les responsabilités : Identifier qui fait quoi et qui répond de ce qui se passe lors d’une activité se déroulant sur internet.

Identifier les risques : pour cela, il faut partir des activités se déroulant sur internet sous les auspices de l’organisme ou de l’organisation.

Évaluer les risques : Une telle évaluation tiens compte aussi bien des caractéristiques de l’activité que du fonctionnement ou de la configuration des outils internet utilisés

Identifier et mettre en place les mesures et politiques qui permettent une prise en charge appropriée des risques

Comme l’a observé la US Air Force, le réel risque des médias sociaux est de ne pas y être et de laisser toute la place à la propagande adverse ☺

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Commentaires

  1. Marc Desjardins

    Michelle, pour être franc, dans la tonne de clients nationaux et internationaux, gouvernementaux ou privés avec lesquels je négocie dans ce que j’appelle la présence virtuelle, je ne me suis jamais vraiment fait servir les prétextes que tu cites plus haut. J’imagine qu’ils se doutent bien que j’aurais ri fort. Même les joueurs stratégiques cruciaux dans le territoire neuf des négociations de travail n’invoquent pas la réglementation ou la compétition.

    Leur préoccupation est plutôt, en général, la suivante: on va se faire critiquer et on va perdre le contrôle. Là-dessus, la US Army ne craint pas tellement ça, elle fait plutôt peur au citoyen normal et on sait ce qu’ils font des gens qui osent les planter en public…

    Quand on me parle de ça, j’ai deux argumentaires. Le premier est de leur souligner que, même s’il y a des gens contre ce qu’ils entreprennent, il y en a aussi des pour. Qu’ils s’arrangent pour leur donner la parole et ils viennent de contrer bien mieux qu’avec tous les spins du monde, le négativisme à leur endroit.

    Mon deuxième est de leur dire que, de toute manière, les critiques finiront toujours par se faire entendre quelque part. Il est bien plus avantageux pour le client qu’il le fassent sur son territoire, avec la possibilité de leur répondre en toute franchise (et quand y’a des trolls, on peut les modérer). En s’affichant transparents et humains, ils prêchent sans discours et par l’exemple pour leur paroisse. En général, je finis par les convaincre…

    Marc