L’économie numérique, c’est plus que du bonbon

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Quelques personnes bien informées et moi-même planchons sur un document que nous présenterons d’ici quelques semaines et qui a pour but d’inciter nos parlementaires à se faire une tête sur le numérique au Québec pour qu’ENFIN (éventuellement) ils songent à mettre sur pied un Plan numérique pour le Québec.

 

Le numérique est encore malheureusement perçu « comme une série d’outils » ou encore comme l’enfant pauvre du secteur de la « culture ». Une sous-catégorie servant à faire la promotion de la culture. Il me semble que le numérique est l’un des moteurs MAJEUR de l’économie « dite traditionnelle », mais cette perspective ne semble malheureusement pas encore avoir percé la psyché parlementaire.

 

Question d’ajouter de l’eau au moulin, je rappelle que la ministre déléguée à l’Economie numérique, Fleur Pellerin doit présenter aujourd’hui son Plan numérique pour la France. Oui, oui, oui, la France a un ministre délégué de l’économie numérique et Le Nouvel Observateur nous apprend qu’elle est même éclairée par un Conseil national du numérique qui doté d’un “collège” paritaire comptant une “trentaine de membres” issus de l’entrepreunariat, de la recherche et de la société civile. Il me semble que ça devrait inspirer nos parlementaires?

 

L’importance de l’économie numérique

 

Toujours est-il que selon le Boston Consulting Group, l’économie numérique des pays du G20 représenterait une croissance potentielle de $4,2 Billion (je rappelle ici qu’un billion c’est mille milliards). Ça commence à faire du fric. Pour mettre ça en perspective, BCG rappelle que le nouvel internet est très différent de l’ancien:

 

Its center of gravity is shifting. The Internet has become interactive and participatory. It is moving from fixed access to ubiquitous access. No longer limited to developed markets, it is growing by leaps and bounds in emerging markets, as well. And these countries are increasingly driving innovation.

It is now an “Internet of everything.” IBM predicts that 1 trillion devices will be connected to the Internet by 2015. The Internet of everything can radically change the ways companies interact with customers and run their supply chains. It also allows new entrants to attack the foundations of traditional industries.

It is about ecosystems. The Internet is increasingly being shaped by ecosystems orchestrated by companies such as Amazon, Apple, Facebook, and Google, but also by companies such as Baidu and Tencent in China and Yandex in Russia.

It is generating tremendous economic value. Across the G-20 nations, the Internet economy amounted to 4.1 percent of GDP, or $2.3 trillion, in 2010, larger than the economies of Italy or Brazil. In some leading economies, it is contributing up to 8 percent of GDP, powering economic growth and creating jobs.

It has gone local. The Internet experience has become an ingrained feature of everyday life, reflecting national characteristics as well as economic, political, and social influences specific to individual countries.

A new generation has grown up on the Internet. The “Millennials” have vastly different expectations as employees, consumers, and citizens. The Arab Spring protests and grass-roots “occupy” movements in the West are only the most visible manifestations of the power of the Millennials to shape society and commerce.

 

D’ailleurs la conclusion de l’un de leurs papiers est (il me semble) particulièrement révélatrice

 

(…)no one—individual, business, or government—can afford to ignore the ability of the Internet to deliver more value and wealth to more consumers and citizens more broadly than any economic development since the Industrial Revolution.

 

 

PWC dans le document Oxford Economics : The New Digital Economy How it will transform business (2011) (PDF) présente que :

Economic growth and technology are inextricably linked. Current economic conditions are fostering investment in technology as emerging markets ramp up their demand for technology to fuel growth, and advanced markets seek new ways to cut costs and drive innovation. This becomes a virtuous circle as digital technologies drive consumer income and demand, education and training, and efficient use of capital and resources—leading to increased economic growth, particularly in emerging markets.

 

Executives must be aware of the new challenges facing their firms as market momentum accelerates. Rising middle classes in places like China and India offer extraordinary potential for companies that understand their needs. Emerging markets are also spawning rivals that are unencumbered by legacy systems and corporate bureaucracy—with their sights set on advanced economies.

 

Mais pour les parlementaires, BCG et PWC ne sont peut-être que des vendeurs de services-conseils qui ont tout intérêt à promouvoir leur service en jouant les prophètes de malheur pour qui ne suis pas leur raisonnement (tout comme on peut certainement m’accuser du même biais). Ils reconnaitront certainement aussi un biais à la  The Information Technology & Innovation Foundation (ITIF) (tel que j’en ai déjà discuté dans mon billet Autopsie d’une gaffe politique bénéfique pour l’économie numérique) qui avançait que Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. Par contre ils auront certainement plus de difficulté à mettre en doute l’OCDE qui dans son rapport de cet été, THE IMPACT OF THE INTERNET IN OECD COUNTRIES, répétait que :

 

The Internet significantly affects OECD economies at different levels and in numerous different impact areas. In particular the Internet impacts firms in various sectors, individuals and governments. It also has some observable general macro-economic effects.

(…)

The impacts of the Internet on the individual, firm and government level can be also observed at the aggregated, macroeconomic scale. Existing empirical studies, including ongoing OECD work, suggest a positive link between increasing Internet adoption and use and economic growth. Even though the aggregated effects are still preliminary, the relationship between Internet development and economic growth, as well as microeconomic evidence, suggest that governments should continue to pursue policies that help promote Internet connectivity and encourage the take-up of services

 

OCDE Tableau de l'Impact économique du numérique

 

Mais malgré l’abondance de preuves de l’impact du numérique aux niveaux micro et macro-économiques et de la prépondérance du numérique dans nos vies individuelles, j’ai toujours la triste impression de prêcher dans le désert…

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Commentaires

  1. Francis Vachon

    Je lance une idée… Le numérique est un des secteurs d’activité qui va le mieux au Québec…. Et c’est le seul secteur d’activité qui n’a pas de ministère à son nom…. Est-ce un hasard? Peut-être devrait-on s’en réjouir? Peut-être devrait-on continuer à garder le gouvernement LOIN du numérique?

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  5. Camille

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    Le Forum InnovAction de cette année avait d’ailleurs pour titre « Doter le Québec d’une “vision numérique durable” ». On sent que l’idée est là (notamment grâce à vos nombreuses démarches auprès des élus ou potentiels élus – merci!), il reste à faire les pas vers l’avant! Et cesser de sous-estimer ce champ de l’économie qui est tellement important.

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