Peut-être qu’un jour ce poète dansera sous la pluie…

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Plusieurs personnes m’écrivent en privé pour me demander conseil, pour me partager leur souffrance, pour me féliciter ou encore me calomnier. D’être devenue une “personnalité publique” a son lot d’aspect positif et négatif. Mais ce matin, j’ai reçu un message d’une poésie vraiment touchante et attendrissante. Afin de protéger l’identité de l’expéditeur, son nom n’apparait pas à la suite de ce message. La vie nous envoie parfois, de ces bouquets de fleurs à l’odorat divin, je souhaite à cette personne d’être capable un jour de danser sous la pluie…

Bonjour Michelle,
Pour commencer je tiens à vous féliciter. Je ne sais pas quels mots sont les bons pour exprimer ma pensée. Vous aussi portez des lunettes alors vous devez savoir ce que c’est que de pleurer à la moindre petite chose qui ne devrait pas en soit créer de déluge. Comme c’est agaçant de vouloir écrire et d’avoir des verres devant les yeux qui nous retournent comme un miroir l’image de nos larmes qui dégoulinent de l’intérieure. Je me sens comme dans ma voiture lors d’une pluie torrentielle, essuie-glaces au repos, hypnotisé par les gouttes qui tambourinent sur le toit métallique de ma vielle toyota 1998. Seul dans cette boite de métal où l’eau qui coule nous protège des regards extérieurs. Le genre d’occasion où on se dit qu’à deux ce serait bien mieux. Comme un fantasme l’eau dessine sur le verre toute sorte de toiles. Chaque fenêtre exhibe sont tracé selon son orientation, biaisé par nos pensées, reflets de notre état et de notre capacité de voir au-delà de notre zone de confort. État que seuls les marginaux, les fous, certains artistes ou toute personne ayant traversé les routes les moins fréquentés. Ma vieille voiture est mieux qu’une tente! L’attente moins angoissante. Je préfère le verre trouble à la toile mouillée, abris de fortune, parfait pour se faire oublier. Je suis impressionné de votre parcours. Sortir de la tente en plein déluge. Marcher dans la rue, seule et détrempée. Nos vêtements qui collent à la peau laissant voir ce corps dans ces moindres courbes, les moindres détails. Ce corps détrempé trahis nos désirs cachés sous le mal de vivre dans une peau d’ours, noir de poils, la gueule grande ouverte sur le plancher du chasseur de proie. Ce corps qui n’est pas le nôtre! Ces poils que l’on espère voir disparaître à force de se faire marcher dessus! Combien de temps faut-il pour n’être ce qu’on est?

Peu de gens auront votre courage. Votre intelligence , don de la vie certes, n’est pas un gage de succès. Sans ce courage, cette force de vivre et cette grande capacité de transcender l’impossible en possible. J’aimerais avoir cette force alors que toute volonté m’a abandonné. Je ne suis personne, perdu mon identité. Je suis une bit, un neutron en cage. Un zéro ou au mieux un «1». Cette prison sans serrure dans laquelle je me protège d’un monde dont je ne veux plus faire parti, J’ai l’impression d’écrire au tout puissant. Sachez que je ne crois pas en dieu. Il n’y a que l’amour, l’amitié et la simplicité volontaire qui arrive encore à m’émouvoir. Je n’ai pas encore lu votre livre. Si j’arrive à sortir jusqu’à la bibliothèque et d’attendre les semaines nécessaires pour l’avoir en main. Je suis habitué d’attendre. Je suis un abonné de notre système de santé qui a perdu tout humanité.

En Bref! À vous de voir. Mais dans mon délire, croyez-moi, je souhaite vous rendre hommage. Un hommage anonyme, ça vaut ce que ça vaut car trop souvent galvaudé dans ce monde de sophisme. La main du politicien, la jeune femme qui rêve au prince charmant, la vie en «i» ceci et en «i» cela… Je le veux, je le veux oui je le veux!

Pourquoi? Pourquoi pas? Dans ce monde où l’image fabriquée est maître de tant de vies. Où un ex-président remet la médaille de la Légion d’Honneur à des acteurs hollywoodien. La plus haute distinction, jadis réservée, qu’à des hommes et des «femmes» d’exception. (j’inclus les femmes sans savoir si effectivement une femme a reçu cette distinction.) Enfin, Michelle, on prend rarement le temps de dire à quelqu’un combien elle est un modèle. J’espère pouvoir trouver la force de m’en inspirer. Pour des raisons différentes mais pas tant que ça, je suis prisonnier d’un corps que je ne veux pas. Ce corps malade qui m’a tout pris. J’y vois, moi, certaines ressemblances.

Salut!

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Commentaires

  1. Peut-être qu’un jour ce poète dansera sous la pluie… | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] Peut-être qu’un jour ce poète dansera sous la pluie… […]

  2. Diane D.

    Ce message est à la fois édifiant et terrifiant. On sent une détresse énorme et courage qui s’effrite. Comme si cette personne avait utilisé son dernier souffle pour projeter anonymement, sa douleur de vivre vers toi. Étrange..au travers cette prose en apparence soignée, je sens un désordre. Une désorganisation en mouvement. J’interprète, je sais. J’ai une perception que je me permets d’écrire. Cependant, un élément semble déterminant: le processus qu’est le tien, l’inspire. En fait, tu inspires plusieurs personnes. Celle-ci a osé l’écrire. Simplement. Douloureusement. Je passais. Merci de nous avoir partagé ce témoignage qui parle de toi…mais beaucoup de cette personne.

  3. Anne Nonyme

    Bonsoir Diane,

    Juste un petit commentaire sur le vôtre. Je vous cite:

    «Étrange..au travers cette prose en apparence soignée, je sens un désordre. Une désorganisation en mouvement.»
    —–
    Diane, à première vue, je crois que ce que vous n’arrivez pas à saisir dans ce texte est justement ce qui distingue la prose de la poésie. Sortir du premier degré pour se laisser emporter dans une zone trouble, hors de votre zone de confort, par ce désordre justement, par une écriture dictée par l’émotion brut, avant la forme. La forme, j’aime bien ce mot. Il signifie pour moi la malléabilité. Prendre forme! Il y a une notion d’infini qui s’y attache. Ce qui me laisse croire que le désordre pourrait être l’ordre. Tient, j’en fait ma définition du désordre! L’ordre, c’est le désordre en ordre. Cela dépend uniquement de la vision qu’on en a. Il suffit parfois de s’éloigner d’un point pour comprendre ce qui, de trop près, est impossible à voir. Le désordre ne serait-il pas l’ordre sous une forme plus libre, moins rigide? Cela pourrait être mon interprétation de la poésie versus la prose.

    Chose certaine, Diane, la personne qui a écrit ce texte ne faisait pas dans la prose. Et ce qui est paradoxale, votre interprétation me dit que vous comprenez mais que peut-être vous êtes trop ébranler par le désarroi qui transpire de ce texte. Vous n’aimez pas le désordre, ça se voit. L’ordre est sécurisant. Il apporte une apparente impression de contrôle. N’est-ce pas?

    Quand vous écrivez: «Ce message est à la fois édifiant et terrifiant.»; cela en dit long! Je sens que la première option passe mieux que la deuxième bien que vous sentez un besoin d’en parler. Ce qui est un comportement sain. Mais pourquoi je sens que le côté obscure de ce texte vous déstabilise au point de sentir le besoin d’enlever à l’auteur le crédit d’avoir écrit un texte assumé? Comme si au final il ne serait pas si bien que ça? Ou le fruit du hasard? Je vous cite encore: «…au travers cette prose en apparence soignée, je sens un désordre.»

    Enfin, pourriez-vous m’éclairer? que voulez-vous nous faire comprendre par ces deux phrase? Dans un premier temps j’aimerais comprendre le sens globale et dans un deuxième temps, expliquez-moi ce que vous entendez par: «Une désorganisation en mouvement». Peut-être qu’au bout du compte c’est moi qui ne comprend rien! Va savoir!

    En terminant, ma perception de la poésie, quand j’en trouve sur mon chemin, se compare à la contemplation d’un tableau ou à un ensemble de tableaux qui s’entre-croisent. C’est le genre de texte qu’il faut parfois lire et relire comme cette toile qu’on observe concentré et dont on ressent le besoin d’y revenir encore. Et, selon notre humeur du moment, on l’interprétera peut-être différemment.

    Salut «^!^»