Ce que Tourisme Terre-Neuve et Labrador ont compris à-propos du touriste

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Cela fait déjà plusieurs années que je fais de la consultation avec plusieurs acteurs du monde touristique en ligne du Québec et d’ailleurs. Cela fait aussi plusieurs années que j’incite mes divers clients à sortir des sentiers battus et à expliquer autrement « pourquoi on devrait aller visiter leurs destinations, hôtels, attractions et/ou utiliser leur service aérien ». Malheureusement, comme j’en ai longuement parlé dans plusieurs de mes billets, les acteurs touristiques s’enferment trop souvent dans les lieux communs. Ils parlent trop de leurs produits et services, ne mentionnent pratiquement jamais les gens et les prestataires touristiques « qui ne sont pas des payeurs et membres de l’association touristique » et qui font pourtant la différence d’une destination. Ils oublient souvent qui si on va à un endroit en particulier, ce n’est pas spécialement pour « dormir dans la chambre d’hôtel ». C’est plutôt pour profiter de tout ce qu’il y a à l’extérieur et qui n’est pas nécessairement payant.

Ainsi, la sagesse et la poésie d’un Fred Pellerin ont fait de son petit patelin sans hôtel et infrastructure touristique, une destination hautement prisée. Ainsi, dans mon billet Web 2.0 et question existentielle des associations touristiques je racontais cette anecdote :

Je me rappelle ce voyage sur le pouce de Québec à Los Angeles (aller-retour). À chacun des gentils automobilistes qui me prenaient à bord, je demandais : Qu’est-ce qui est vraiment intéressant dans votre coin et qui n’est pas sur les cartes touristiques? Ils me répondaient avec un entrain peu commun et me faisaient découvrir des chutes fantastiques, des arbres légendaires, des points de vue époustouflants et des attraits insoupçonnés. Je me souviens encore de ce petit bar dans la localité de Butte au Montana, ou m’avait emmené un Mexicain qui chiquait du tabac dans son vieux pick-up. Le barman avait 70 ans, le lieu était éclairé de lampes au gaz et il donnait le change avec des pièces rondes de 50 sous. Je me trouvais transportée dans le Far-Ouest d’il y a cent ans. Le barman me prêta un chalet de chasseur pour passer la nuit et au lever, je me trouvais dans une vallée d’une beauté si enivrante, que je restai assise là durant trois heures, simplement à admirer le paysage. Mais voilà, ce bar, cette vue exceptionnelle et cet endroit des plus pittoresque pourraient certainement en inspirer plusieurs, mais ils ne seront jamais inscrits où que ce soit, à moins que l’organisme chargé de la promotion touristique de cette région, n’ait réellement compris ce à quoi peut servir le Web.

Vous en déduisez donc que j’étais sur le pouce, que je n’avais pas beaucoup d’argent, mais que tout de même, je mangeais dans des restaurants et je dépensais du fric à chacun de mes arrêts. Ainsi, Tourisme Terre-Neuve et Labrador ont compris que des exemples de gens qui n’ont pas un sou peuvent en inspirer plusieurs qui ont les poches pleines et les faire venir dépenser chez eux. À preuve, ce petit bijou de vidéo d’un monsieur qui parcours la province avec son âne et sa maison charrette dans la section « à quoi devez-vous vous attendre à Terre-Neuve et Labrador » de leur excellente page Youtube.

ou encore cet autre bijou sans aucun rapport :Une chèvre sur un cheval

Et que dire de ce sublime message publicitaire qui m’a décroché une larme et donné définitivement le goût d’aller gambader chez eux

Oui il faut parler de ses produits et services. Oui il faut faire plaisir à ceux qui donnent le cash pour avoir une présence en ligne, mais oui il faut surtout parler à l’émotion de ceux à qui ont s’adresse et profiter de ses spécificités et de ses atouts qui ne sont pas toujours des édifices en béton, des gens qui sont nos membres payants ou de nos paysages (la nature est magnifique à la grandeur de la planète). Le rêve, la folie, la poésie et l’émotion sont parfois des arguments TELLEMENT plus vendeur…

P.-S. La page Youtube de Terre-Neuve et Labrador a 2 102 936 vues. Celle de Tourisme Québec en a 1 533 399. Je serai curieuse de connaître le budget de chacun… 🙂

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Commentaires

  1. Ce que Tourisme Terre-Neuve et Labrador ont compris à-propos du touriste | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] Ce que Tourisme Terre-Neuve et Labrador ont compris à-propos du touriste […]

  2. Andrée Robert

    ” Le rêve, la folie, la poésie et l’émotion sont parfois des arguments TELLEMENT plus vendeur… ”

    C’est donc vrai ça. Merci Michelle de le démontrer encore une fois si brillamment.

    Andrée

  3. André Nollet

    Parler des vrais choses, parler au client. Rien de moins. Cela va demander un changement d’angle dans les propos et dans la recherche des sujets traités. Je résumerais cela à se rapprocher du client. Et demeurer vrai dans les propos. Cela va aussi demander une maturité accrue du produit touristique, car les propos devront être réalistes et non hypertrophiés.

    Set-ce que les entreprises seront prêtes à prendre la critique constructive? Les égos sont souvent disproportionnés.

    On a fait une analyse des 520 membres et de leur présence WEB, ainsi de ce que l’on dit sur eux dans les forums et sites comme Trip Advisor.

    Prochaine étape: Leur en faire part, car certains sont en très mauvaise posture, soit par absence , soit pas des commentaires négatifs très influents.

    Qui peut ou a les moyens de demeurer indifférent face à certaines critiques bien précises?

    Tout cela demande beaucoup d’énergies et de ressources humaines chez les DMMO. J’en parle depuis 2009-2010, les rôles vont changer et il y a lieu d’envisager une restructuration importante afin d’assumer les nouvelles responsabilités que le marché nous impose. Sinon, le futur se chargera de nous le rappeler sévèrement.

    Mais, la nature humaine étant ce qu’elle est, cela nécessitera un choc thermique majeur pour que les changements surviennent, HÉLAS.

    Avec bien peu de moyens, il y en a qui font beaucoup, qui innove, qui se remette en question. Serait-ce qu’il y en a qui dispose de trop de moyens?

    Comme je l’ai déjà écrit, les budgets de la santé et de l’éducation accapare 60% des budgets totaux du Québec. Et ceux-ci sont croissants depuis la guerre des Boers. et plus on en met et plus ça ne s’améliore pas.

    Des indicateurs de performance, une préoccupation des besoins des marchés, cela existe dans l’industrie privé, sinon, c’est la faillite. Alors, où en sommes-nous pour s’évaluer?

    Est-ce qu’on doit niveler par le bas? Les droits acquis, cela n’existe pas quand il n’y a plus de moyens financiers.