L’ingrédient essentiel de la stratégie, la créativité (discussion avec Jacques Nantel)

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Hier je passais une partie de l’après-midi avec un de mes mentors le très réputé Jacques Nantel. C’est que nous tournions le pilote d’une websérie informationnelle (à être diffusé cet automne) à propos du commerce électronique et des médias sociaux. Puis avec un café, nous avons par la suite discuté longuement à l’ombre de grands arbres sur le campus de HEC Montréal.

La stratégie c’est beaucoup plus que des tactiques, des analyses ou une direction.

Nous discutions bien sûr de la vie, de marketing et de nos projets respectifs. Puis nous avons partagé certains des enjeux et des idées que nous avons pour nos mandats et clients respectifs. Il me parla d’une rencontre qu’il avait eue avec un de ses partenaires pour un client majeur. Autour de la table, il y avait plusieurs analystes de très haut niveau. Ça discutait de segmentation de marché, d’analyse de données primaire (lire ici sondages divers) et des besoins de compréhension stratégique du client. Par contre, personne ne parlait d’analyse de données secondaires (la revue des analyses qui ont déjà fait par l’organisation ou par d’autres organisations et qui sont disponibles dans diverses bases de données, dont le web) et personne n’usait de cet ingrédient capital qu’est la créativité.

Je présentais à mon tour la problématique d’un nouveau client que je rencontrerai prochainement. Je lui fis le rapide exposé de ce que je me proposais de présenter à la haute direction (puisque j’ai déjà rencontré certains des gestionnaires). Il s’agit d’une organisation importante qui veut s’implanter sur les médias sociaux. Hors des médias sociaux, ils ont déjà planifié de dépenser plusieurs centaines de milliers de dollars en campagne publicitaire d’image. Pourtant, déjà certains de leurs commettants ont fait les nouvelles nationale et internationale pour une histoire tout à fait charmante et de son époque. L’administration précédente fit tout en son possible pour étouffer l’affaire et mettre des bâtons dans les roues du membre de cette organisation. Je présenterai donc l’idée qu’au contraire, il devrait être utilisé comme un champion de l’organisation qui devrait s’en servir comme d’un élément multiplicateur afin que des dizaines d’autres commettants fassent exactement comme lui. Ainsi, l’effet social médiatique initial, serait décuplé et cette organisation serait perçue comme très innovante et en faveur du développement durable, l’essence même de ce pourquoi ils sont déjà prêts à dépenser plusieurs centaines de milliers de dollars.

Par ailleurs, cette organisation a aussi certains autres champions extrêmement connus et aimés des médias. Pourtant, ils ne font strictement rien avec ceux-ci. Comme pour le client de Jacques, ils paient pour des analyses primaires très étoffées. Ils obtiennent des données extrêmement pertinentes, mais le pas suivant, « que devrions-nous faire de cette connaissance » n’est jamais franchi. Le problème est que souvent, ces données deviennent un cadre duquel personne n’ose sortir. D’où l’expression bien connue, penser hors du cadre. Mais pour ce faire, il faut avoir du front, oser affronter et confronter les idées préconçues et les grands patrons et surtout, user de créativité pour joindre ensemble des éléments qui de prime abord ne semblent avoir rien en commun, mais qui ont déjà fait leur preuve dans d’autres organisations ou d’autres contextes. Des fois il faut aussi carrément innover et oser la différence. Tout le monde se gargarise de ce mot « innover » mais peu osent réellement le mettre en pratique ou même « risquer » de le présenter à une haute direction.

L’avantage que peux avoir Jacques ou moi-même pour « risquer » cette créativité dans des organisations solides et établies est certainement l’âge, l’expérience et la maturité, mais aussi un certain détachement par rapport aux enjeux de nos clients. Si nous perdons un client parce que nous avons « osé » proposer l’innovation, notre vie ne sera pas immédiatement sans dessus dessous (comme pour un employé qui pourra perdre sa job ou parce que c’est notre seul client et que jamais nous ne prendrions le risque de le contrarier). Être créatif est possible pour tous. Oser l’exprimer ne l’est par contre peut-être pas…

En marketing et en analyse de marché, l’analyse primaire est primordiale. Pourtant, ce qui l’est encore plus est l’analyse des données secondaires. C’est-à-dire la revue des autres analyses qui a déjà été payée par différentes organisations et qui s’adresse spécifiquement à la même question. Trop peu de gens prennent la peine de fouiller ça et d’apprendre des succès et des erreurs des autres. Qui plus est, une fois que les données secondaires et les données primaires ont été recueillies, il reste encore l’élément ESSENTIEL de la créativité pour faire un sens de toutes ces connaissances et pour suggérer une direction qui soit concordante avec les objectifs initiaux des clients…

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Commentaires

  1. L’ingrédient essentiel de la stratégie, la créativité (discussion avec Jacques Nantel) | Bienvenue! | %blog_URL%

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  3. Frédéric Gaudry

    Excellent billet! Je suis tout-à-fait d’accord!

  4. Dorianne Deshaies

    J’ai lu ce billet la semaine passée et ça “me parlait” beaucoup. C’est drôle parce que ce soir, au Yulbiz, Muriel en a parlé aussi en répondant à ma question sur la difficulté de se démarquer en contenu. Une fois une bonne analyse réalisée, l’ingrédient magique est la créativité.
    Deux fois en 7 jours, y’a un message à capter :))

  5. Martin

    Encore faut-il que les données secondaires soient disponibles et qu’elles aient une valeur.

    À part certaines études vagues et souvent vieilles de plusieurs années, je vois rarement des données secondaires qui vaillent la peine de perdre du temps dessus dans le domaine du marketing web. L’étude de 2012 ne vaut plus grand chose en juillet 2014.