Le discours numérique historique de Philippe Couillard et mon pétage de coche

Pin It

En fin de semaine se tenait Le Forum des idées pour le Québec. Il s’agissait d’une rencontre organisée par les collaborateurs du premier ministre du Québec pour discuter d’innovation et de numérique. C’était un forum réunissant des élus français, des chercheurs, des investisseurs de risque, des chefs d’entreprises, des geeks, des citoyens ordinaires, des libéraux, la majorité des ministres et le premier ministre lui-même qui a passé deux jours à prendre des notes et à écouter scrupuleusement tout (je dis bien tout) les conférenciers et panellistes présents. Déjà, j’étais surprise et ravie d’observer notre premier ministre ouvrir la discussion aux gens qui ne pensent pas comme lui et qui sont même d’allégeance politique différente. C’est clair qu’il s’inscrit dans cette mouvance politique qui fait de ses ennemis politique des collaborateurs. Nous n’avons qu’à songer à Obama qui nomme Kerry comme secrétaire d’État ou à Coderre qui utilise à bon escient Bergeron.

Comme monsieur Couillard le dit lui-même, nous ne serons de toute évidence pas d’accord sur certaines opinions politiques, mais nous pouvons travailler ensemble sur une foule d’autres enjeux (je paraphrase ici).

Depuis des années, je milite personnellement pour qu’enfin, nous puissions établir une stratégie numérique pour un Québec. Ça a débuté par une collaboration (bénévole) avec l’ex-ministre Henri-François Gautrin en 2004 pour son Rapport Gautrin tabletté plus rapidement qu’il n’eut été rédigé. Puis, suite à un commentaire de Patricia Tessier sur mon blogue, qui déboucha sur une lettre ouverte au premier ministre du Québec en 2008. Cette lettre fut signée par de très nombreux membres de Yulbiz. À l’époque on nous accusa de nous chercher un emploi et JAMAIS nous ne recevrons de réponse du premier ministre. Puis, lors de l’élection générale de 2012, j’eus la chance d’interviewer personnellement chacun des chefs de parti à propos du numérique. Ils me regardèrent tous comme une extraterrestre qui leur parle d’une réalité pas assez importante pour qu’ils se commettent hors des lieux communs. Finalement, douze autres passionnés du web et moi-même signions un rapport d’étonnement en 2012. Durant toutes ces années, de nombreux autres acteurs et joueurs du numérique claironnèrent aussi l’urgence d’agir sur le numérique. Je ne compte plus le nombre de cris d’alarme qui sont restés lettre morte. Strictement dans mon blogue, j’ai bien une centaine de billets là-dessus.

Il y a à peu près deux mois, je reçus un courriel puis un téléphone du pote Jean-François Gauthier, PDG de l’institut de gouvernance numérique, me demandant de reprendre encore une fois mon bâton de pèlerin pour venir sonner les cloches numériques (bénévolement) à ce fameux Forum. Je me disais donc, bon un dernier coup de barre avant de jeter définitivement la serviette. Après tout, le PM devrait être là en personne. Puis je devais être panelliste et agir comme faire-valoir des conférenciers français. Mais nous étions les derniers de la journée à passer, il manquait de temps et nous ne pourrions pas faire de réel débat. On me donnerait quelques minutes pour faire un « statement ». Voici donc ce statement improvisé, devant le premier ministre du Québec. J’étais nerveuse (ce qui m’arrive rarement) et comme je le mentionne, je n’ai pas dormi de la nuit à songer à l’importance de cette prise de parole et de ces deux jours de réflexion pour l’avenir numérique du Québec. Vous excuserez donc la forme (ou vous l’apprécierez), mais vous aimerez sans doute le fond de mon propos et ma passion qui semble évidente. Je vous suggère d’utiliser vos écouteurs pour le visionnement puisque le son n’est pas extraordinaire.

Le discours historique de monsieur Philippe Couillard

Juste avant le discours de clôture de monsieur Philippe Couillard, le pote Sylvain Carle présentait son point de vue avec une acuité et un humour qui toucha le premier ministre. Il y reviendra plusieurs fois lors de son allocution. Sylvain parla entre autres de son fameux plan nerd avec une tournure de phrase extrêmement marketing. Il y dit en gros que c’est bien beau le plan nord, mais ça utilise des ressources naturelles non renouvelables qui prennent de la valeur avec le temps, tandis que le plan nerd lui utilise de la matière grise renouvelable 🙂

Finalement, après avoir porté avec de très nombreux autres passionnés du web (que je remercie très chaleureusement ici pour leur dévouement) l’idée d’un plan numérique pour le Québec, je suis plus qu’enthousiaste QU’ENFIN QUELQU’UN NOUS AI ÉCOUTER et qu’il fasse sienne l’idée d’une stratégie numérique globale pour le Québec. Je suis optimiste quant à l’avenir du dit plan et j’en serai sa plus vive critique, dans un esprit constructif. Je comprends le scepticisme de plusieurs, mais je crois que c’est le moment d’être positif et de vous aussi mettre l’épaule à la roue pour ce but commun. Il sera toujours temps de bitcher une fois que le plan sera connu.

Voici donc ce speech que je considère mémorable et qui est peut-être le moment marquant de notre prochaine révolution tranquille qui se voudra numérique…

À propos de la nationalisation des services numérique

La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain

Imprimez ce billet Imprimez ce billet

Commentaires

  1. Jean-François Gauthier

    Merci Michèle d’avoir encore accepté de reprendre ce fameux bâton du pèlerin.

    Tes propos ont ajouté un contenu essentiel, avec ta façon, sur un ton que toi seule pouvait se permettre.

    Parce que tu as parlé avec ton coeur, tu nous a touché.

    Ne m’en veux pas pour ma remarque à la fin de ton propos, tes paroles étaient on ne peut plus sérieuses!

  2. Patrick Giroux

    Merci de porter le flambeau. J’essaie de faire ma part dans la formation des enseignants, mais le politique ne bouge tellement vite. Je suis dispo pour en parler n’importe quand!
    Encore merci.

  3. Le discours numérique historique de Philippe Couillard et mon pétage de coche | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] Le discours numérique historique de Philippe Couillard et mon pétage de coche […]

  4. LE RAY Éric

    J’ajouterais ma modeste participation à ce parcours que tu décris et qui a inspiré mes propres actions lors de mon premier post-doctorat à la chaire de recherche du canada en histoire du livre et de l’édition dirigé par Jacques Michon à l’Université de Sherbrooke de 2004 à 2006. j’ai organisé pour finir ce post-doctorat un colloque sur la bataille de l’imprimé à l’ère du numérique en septembre 2006 qui a aboutit à la publication d’un ouvrage collectif réunissant 30 auteurs “la bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique” http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/la-bataille-de-limprime parut aux Presses de l’université de Montréal en décembre 2008….puis l’organisation en mars 2009 pour le lancement de ce livre à Paris au CNAM d’un second colloque suivit de quatre forums où j’ai invités les différents intervenants du numérique de France du Québec et d’ailleurs pour soutenir leur démarche…et participer à cette sensibilisation générale comme acteur moi même…mais faut-il encore que je sois reconnu comme tel ! une goutte d’eau dans un univers d’indifférence académique et professionnelle…ton résumé va me permettre de mettre en perspective l’introduction que je rédige présentement sur mon projet éditorial que j’ai nommé Quebec e-ink….cordialement

  5. Gilles Turcotte

    Je n’ai pas entendu mention du problème fondamental, de la cause.
    Donc je doute beaucoup qu’il y aura une nette évolution.
    Ça va bouger un peu, quelques gens vont s’activer pour plaire au PM, ce qui créera un peu de synergie.
    Mais le problème de fond demeure entier.

    Bonne chance.
    Mais moi je suis un scientifique, je ne crois pas à la chance, je ne crois pas tout court, je mesure.
    Et j’observe qu’on résiste encore à nommer la cause connue.

  6. Forum des idées pour le Québec – Une percée du lobby numérique auprès des politiciens | Le magazine en ligne de la Fondation littéraire Fleur de Lys

    […] Voir aussi son texte : Le discours numérique historique de Philippe Couillard et mon pétage de coche […]