Projet de société pour le Québec ? Vers une révolution éconumérique tranquille…

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Pylône cerf

Préambule

Nos gouvernements tergiversent depuis des années et ne semblent plus avoir de projet de société. Nous avons bien eu la Révolution tranquille, la nationalisation de l’électricité, la création de la Caisse de Dépôt, la création des Cégeps, de plusieurs universités et des garderies. Mais depuis trop longtemps, nos guerres politiques internes et les divers scandales politiques ternissent cette envie de nous dépasser collectivement et de créer et d’imaginer un futur prospère pour notre nation. Cette situation me désespère et j’aimerais contribuer à ma manière à une réflexion d’action plutôt que de réaction. C’est bien beau de parler d’intelligence artificielle, de ville intelligente et d’innovation, mais bien qu’à plusieurs égards nous puissions faire notre place dans ces champs d’activités, ce ne sera qu’une infime portion de la population qui en profitera. Pour le commun des mortels, ça demeurera des mots creux. On parlera de « grappes » alors que le champ de vigne et le plat de fruit collectif demeurent d’un vide sidéral.

Ce document est ouvert à tous et apolitique. Il est donc souhaitable que vous le commentiez, que vous vous en inspiriez et pourquoi pas, que vous le fassiez vivre dans les propositions politiques des divers partis 

Quelques-unes de mes idées pour un projet de société de révolution éconumérique tranquille

Nationalisation de l’eau

Nous avons une ressource naturelle qui vaut maintenant plus cher au litre que l’essence raffinée. Pourtant, nous ne faisons pratiquement rien de l’eau que les multinationales viennent pomper ici et revendent à fort prix partout dans le monde. En outre, nous gaspillons et polluons allègrement cette ressource renouvelable dont nous pourrions tirer collectivement profit.

Si le Québec exportait 10% de ses 1000 milliards de m3 d’eau douce renouvelable par an à un prix égal au coût actuel de dessalement de l’eau de mer, soit 0,65 $/m3, et si le gouvernement percevait 10% de cette somme en redevances, cela générerait des revenus de 6,5 milliards $ par an pour le gouvernement, soit 5 fois plus que le dividende versé par Hydro-Québec.
tiré de Le Québec et sa vision économique du 19e siècle

Nationalisation des infrastructures numériques et cellulaires

Comme ça a été le cas pour l’électricité, les infrastructures numériques deviennent des outils de développements économiques majeurs. Ces infrastructures sont désuètes à la grandeur du Québec. Plusieurs études démontrent que la croissance de la pénétration de la fibre optique sur un territoire augmente significativement le produit intérieur brut de ce même territoire. Ces infrastructures se paieraient elles-mêmes et deviendraient un outil d’attraction des capitaux étrangers et de croissance de la main-d’œuvre.

most studies conclude that broadband penetration has an impact on GDP growth. However, one observes that such a contribution appears to vary widely, from 0.25 to 1.38 per cent for every increase in 10 per cent of penetration

Tiré de Pourquoi la Caisse de dépôt et placement ne s’intéresse-t-elle pas à la fibre optique ?

Voir aussi:

Internet, un impact économique plus important que l’agriculture ou l’énergie

Le pourquoi de la nationalisation des infrastructures numériques

La Blague de IEDM et du CRTC à propos de l’internet haute vitesse au Canada

La piètre qualité des services internet québécois nuit aux exportations

L’internet en région ou comment handicaper l’essor économique

Création d’un ministère de la révolution numérique

Ce ministère à vocation transversale supervisera la transformation numérique de l’état et de la société. Il valorisera le code source ouvert dans l’appareil d’état et ses sociétés paragouvernementales. Il évaluera les besoins de transformation de la main-d’œuvre pour s’adapter à la révolution numérique. Il mettra sur pied un comité de sages qui feront des recommandations juridiques, économiques, politiques et sociétales pour faciliter la transition vers l’économie numérique.

Travailler à des solutions des problèmes structuraux du commerce électronique que sont le transport et la taxation.
Certains des problèmes structuraux du commerce électronique au Canada

Mettre en place les recommandations du Rapport d’étonnement

• Créer une Agence du numérique qui relèverait de l’Assemblée nationale (comme la Société Hydro-Québec qui a pour mission de gérer toutes les questions énergétiques). Cette agence relèverait du Parlement et devrait transcender les partis politiques et le pouvoir exécutif.

• Coconstruire un Plan numérique avec l’ensemble des acteurs et la population de toutes les régions du Québec, capable de développer à la fois l’économie, la culture et les savoirs, dans notre société qui doit s’adapter, comme toutes les autres, au XXIe siècle.
• Créer un Conseil national du numérique qui serait formé des représentants reconnus de l’ensemble des secteurs d’activités et de la société civile. Il serait obligatoirement consulté par le Parlement et les ministères pour toutes questions concernant le développement du numérique sur le territoire québécois. Nous pensons au modèle du Conseil supérieur de l’éducation à l’intérieur de la Loi sur l’instruction publique…

• Créer un forum de participation citoyenne indépendant du gouvernement, soutenu par celui-ci et une fondation par exemple, avec une gouvernance assurant sa neutralité. Un modèle inspirant : NESTA en Angleterre ou http://www.worldwatch.org/

• Investir prioritairement dans le savoir, et non dans l’avoir, c’est-à-dire principalement dans les transferts et la mutualisation des connaissances.

• Investir aussi dans le déploiement de réseaux à très haute vitesse (100 Mb symétrique et plus) et gérer selon les règles “OpenAccess” afin de rendre nos infrastructures interopérables, ouvertes et performantes pour communiquer entre nous et avec l’ensemble des pays avec qui nous entretenons des relations politiques, sociales et économiques.

Tiré de : Les étonnés et le rapport d’étonnement

 

Exploitation du travail à domicile

Avec des réseaux hautes-vitesses à la grandeur du territoire habité, nous n’aurions plus besoin d’autant de tours de bureaux et de l’énergie et capitaux pour les chauffer et les entretenir. En outre, la congestion routière diminuerait sensiblement. Nous pourrions commencer à songer aux campagnes intelligentes plutôt que strictement aux villes intelligentes. La délocalisation du travail est une réalité planétaire. Plus vite nous nous y adapterons, meilleur sera les chances de notre force de travail. Avec différents programmes et crédits d’impôt, nous pourrions complètement modifier nos pratiques en ce sens.

 

Production et développement des produits garantis à vie et à énergies vertes

Le temps de l’hyperconsommation et des produits à obsolescence programmée tire à sa fin. Plusieurs pays émergents se sont positionnés dans la fabrication de tels produits avec une main d’œuvre à bas coûts. Pourquoi ne pas nous positionner comme étant LA société qui valorise les produits garantis à vie et ou avec des composantes biodégradables et réutilisables ? Ce serait un nouveau marché hautement lucratif.

Voir aussi:
DES PRODUITS QUI DURENT TOUTE LA VIE

Financement de la recherche sur l’énergie solaire, le transport électrique à haute tension (nous perdons 50% de l’électricité produite à cause des fils électriques désuets), des tours de transport électrique design et sur les batteries hautes-performances.

En Islande, un projet de pylônes à forme humaine

L’extraordinaire concept de tours électriques en forme de cerf

 

Financement de la recherche en
-Électrification de la machinerie, camions, tracteurs, autobus
-Pavages et toit à énergie solaire
-Conduite autonome
-Modèles d’affaires de copropriété et partage des équipements roulants
-Chaine d’approvisionnement et logistique

(Lire mon billet et écouter le vidéo qui y est présenté pour comprendre l’importance de ce financement) Pourquoi le REM est inutile et qu’Hydro-Québec doit se réinventer

Valorisation de l’agriculture urbaine, autonome, de proximité et des serres biologiques communautaires

L’objectif est de viser l’autonomie alimentaire 4 saisons dans toutes les régions du Québec.

Afin de viser à une autonomie alimentaire, nous devons être capables de nous nourrir convenablement et de continuer à nous approvisionner d’aliments frais même en plein hiver. Nos aïeuls colons avaient cette compréhension et nous pourrions retourner à ces sources de l’autosuffisance alimentaire grâce aux technologies et au partage des connaissances agricoles en terre libre et en serre avec l’ensemble de la population. Instauration de cours de jardinage dès le primaire et d’élevage et d’écologie au secondaire et transformation des plates-bandes urbaines, de portions des cours d’école et des terrains gouvernementaux en jardins communautaires et ouverts à tous. Création de crédits d’impôt pour la construction de serres bio.

Lire aussi: CourrierFrontenac : Les Incroyables comestibles : le mouvement est lancé à East Broughton

Fruits et légumes dans les parterres de l’Assemblée nationale

Les Jardins du cœur prennent racine à Victoriaville

Des poules en ville à Nicolet?

Inauguration d’une serre communautaire multifonctionnelle – Une première montréalaise en agriculture urbaine

Parler de développement durable c’est une chose, le mettre en pratique une autre…

 

Développement écoresponsable des ressources naturelles et du grand-nord

Nous avons un territoire immense qui regorge de ressources naturelles. Or ces ressources appartiennent à tous les Québécois et aux diverses nations autochtones qui peuplent notre territoire. Le développement des ressources naturelles n’est pas une course contre la montre. Que nous les exploitions ou pas, ces ressources prennent et prendront de la valeur étant donné les capacités limitées de notre planète. Alors, aussi bien analyser soigneusement les opportunités de développements des ressources naturelles et le faire en codéveloppement gouvernemental.

Aussi, pourquoi ne pas donner des « terres de la couronne » aux colons du XXIe siècle qui voudraient partir coloniser notre territoire en haut du 48e parallèle ? Ce développement devrait se faire sans créer d’autoroutes pour s’y rendre (sauf des routes de terre battue et l’utilisation de motoneiges en hiver) et valoriser les véhicules de types 4X4, Quad, chenillette, hydravion et hélicoptère. On pourrait développer un système de trains pour le déplacement des personnes, de la machinerie et des marchandises. On réduira ainsi les coûts associés au développement d’infrastructures routières, tout en préservant le plus possible l’environnement boréal. On y pratiquera et développera les services de santé à distance et approvisionnera numériquement les nouveaux villages grâce aux réseaux micro-ondes.

Santé

Planification, financement et implantation de services de santé ambulatoire, de la médecine à distance, des soins psychologique et services sociaux à distance et des chirurgies automatisées et à distance. Valorisation des services spécialisés dématérialisés tels que radiographie à distance et autres services diagnostiques spécialisés, délocalisés et numérisés. Planification et instauration des services des super-infirmières.

Instauration et financement des aidants naturels. Jumelage et expérimentation des modèles d’intégration des garderies et des centres de personnes âgés.

Éducation

Rétablissement des cours d’histoire et de sexualité au secondaire et développement de cours d’économie, de philosophie, d’agriculture et d’élevage, de cuisine et de métiers d’art et de numérique (Cours de base de codage, de vie citoyenne numérique et de réseaux).

Développement de cours de codage et de langue seconde (avec un choix plus varié que strictement l’anglais) dès le primaire.

Développement et mise en œuvre des MOOC (Multiple Open Online Courses) pour les niveaux CEGEPs et Universitaires.

Formation aux adultes
Cours sur les usages du numérique, de codage, programmation, bureautique à code source ouvert et de réseautique.

Ministère des Infrastructures physiques

Démantèlement du Ministère des Transports du Québec et révision de fond en comble des politiques d’appel d’offres. Instauration d’appel d’offres incluant des clauses d’entretien obligatoire (comme cela se fait en Allemagne) (avec évaluation périodique par les ingénieurs du ministère) de 10, 15 ou 20 ans des infrastructures livrées et démantèlement des clauses « du plus bas soumissionnaire ». Ce ministère supervisera autant les travaux routiers, qu’immobiliers et autres infrastructures nécessaires (comme la construction des voies ferrées du Grand-Nord, les barrages et ligne de tension d’Hydro-Québec et l’établissement d’un réseau de fibres optiques et cellulaire national) au bon fonctionnement du gouvernement.

Ce ministère sera en outre responsable de la R ET D Génie civil visant à doter le Québec des infrastructures les plus performantes (au prix juste) et avec une garantie de longévité au-delà de ce qui se fait de mieux sur la planète.

Pourquoi devrions-nous faire tout ça?

De l’urgence d’un plan pour bénéficier positivement de l’économie numérique

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Commentaires

  1. Jocelyne Richard

    Je soutiens vos propositions elles m’apparaissent gagnantes.

    Merci de ce document rempli d’espoir.qui repense autrement mais efficacement le savoir faire le mieux vivre ensemblé.

    Jo

  2. Normand Lamothe

    Document intéressant comme toujours.

    Je vous invite à aller plus loin sur le sujet de l’éducation, surtout quant à la manière de développer des compétences numériques de classe mondiale au Québec. Le texte suivant résume ma pensée sur la question. En espérant que cela vous soit utile dans vos travaux d’ambassadrice du numérique au Québec.

    http://quebec.huffingtonpost.ca/normand-lamothe/levier-rebatir-quebec-fort_b_16870540.html

  3. Yves Carignan

    Très bon billet Michelle!

    Cette démarche demandera un courage politique sans précédent et une ouverture syndicale sans précédent également. Mais pour avoir un but commun, on doit tous travailler ensemble.

    Je me garde un bémol quant à l’implication de l’État dans l’économie… Je crois que le rôle des gouvernements est de créer des conditions (infrastructure, fibre optiques, etc) afin que le privé prenne les risques et créent les emplois. La nationalisation a ses bienfaits et des faiblesses… Et comme tu sais, mon penchant vers la droite me dit d’être prudent avec toute intervention de l’État! 😉

    J’aime bien ton approche et elle peut être le sujet de très beaux débats !

    Soyons constructifs ! 🙂

  4. Dario LeBlanc

    J’adore !

  5. Marika Laforest

    Bonjour Michelle,
    Depuis un peu plus de quatre ans, différents acteurs du milieu de la culture agissent pour mettre en oeuvre le Plan culturel numérique du Québec. À certains égards, plusieurs de ces mesures peuvent sembler être “du rattrapage”, d’autres sont davantage tournées vers l’avenir. Mais au moins, il y a du mouvement. On se penche sur différents enjeux reliés à l’exportation et à la découvrabilité par exemple.

    La culture, c’est le fondement d’un peuple, c’est par ses aspects culturels qu’un peuple se définit. Sans y voir nécessairement un discours partisan, la révolution éconumérique que tu proposes peut être aussi propulsée et portée par la richesse de notre culture québécoise, par ses acteurs portés par la créativité, l’ingéniosité, l’identité. Aider nos organisations culturelles et se développer, à créer des revenus autonomes et à rayonner ici et ailleurs dans le monde. La culture comme richesse économique, c’est une belle idée non?

    Je t’invite à y réfléchir et, à ta façon, ajouter une dimension culturelle à ta proposition.

    À bientôt!

  6. Guillaume Pellerin

    Bons points, qu’est-ce qu’on attend?!

    Nous aurions besoin d’une révolution féroce, pas tranquille!

    Le gouvernement du Québec est tellement mou et lent à prendre le virage vert et numérique que c’est plus facile et rapide de partir son entreprise verte ou numerique en Allemagne ou ici en Irlande que d’avoir du support au Québec.

    C’est d’un énorme coup de pied au cul que le Québec à besoin si il veut competitionner avec la Norvège, la Chine ou la Hollande.

  7. Richard Lavigne

    Michelle vous êtes une battante, persévérante et enthousiasmante.

    Merci pour ces réflexions stimulantes mais quelques fois un peu trop naives. Je pense que les partis politiques ont des visées à trop courtes vues et électoralistes pour s’aventurer à développer ou réaliser le quart de ces idées innovantes. Par exemple une agence du numérique relevant de l’Assemblée Nationale ? Aucun gouvernement ne laissera des fonctionnaires contrôler ce potentiel. L’industrie sera plus à même de le développer en autant qu’elle y trouve son profit.

    Pour le Grand Nord tu parles de développement ? Il y en a d’autres qui se sont cassé les dents sur la glace et le froid pour quelques cailloux… Ce n’est pas facile mais si on trouvait un filon de terres rares ou de coltan peut-être ! Autrement le marché n’est pas là donc pas de développement.

    On pourrait y envoyer des dirigeables pour transporter des outils et rapporter des vieux débris que les vieilles mines et industries y ont laissé. Trop cher !

    Enfin continue ne nous alimenter ça prend des rêveurs pour stimuler les imaginations. Je souhaite que tu puisses au moins présenter ces idées à quelques réalisateurs, entrepreneurs aussi enthousiastes que toi mais les politiciens… j’ai perdu la foi en eux depuis longtemps.

    Merci

  8. serge blouin

    Vos propositions sont très intéressantes.

    J’aimerais vous faire part d’une proposition pour améliorer la fierté Québecoise mais cette fois-ci d’un point de vue économique.

    Je suis toujours émerveillé d’entendre des reportages sur des émissions comme Les Dragons, la réussite d’entreprises québecoises mentionnés dans RDI Economies,(Jean Coutu, Couchetard, Moment factory, m. Lassonde dans les royautés), du dynamisme de l’entrepreurship (tel les Dutil pour le volet educatif de l’entrepreneurship), des idées novatrices concrétisé par m. Jacques Parizeau sur le REA, la Caisse de dépôts.

    Il serait intéressant de déployer un site web pour nos entreprises québecoises désireuses de se connaître pour créer des opprtunités de partenariat dans des contrats québecois, canadiens et pan-canadiens, des brevets déposés par ces compagnies et d’autres sujets pertinents pour faire rayonner davantage nos entreprises québecoises et qui profiterait aussi à la population québecoise.

    Merci, pour permettre une telle tribune