Facebook et les agences, vendre de la bullshit

Il m’arrive d’entendre certains clients me dire à quel point ils sont ravis de leur x milliers, dizaines de milliers, centaines de milliers de fans sur Facebook. Ça leur coûte la peau des fesses en promo, en temps média, en coupons-rabais et oui en conseils d’agence pour en arriver là. Jamais l’un d’entre eux ne m’a encore réellement parlé de ROI. Il parait qu’il faut y être sur Facebook. Que c’est facile à gérer. Tous veulent y être. Mais pourquoi? Peu le savent.

Il y a quelques années, l’agence Sid Lee qui est très à la mode cette semaine avec son événement C2-MTL, hautement financé par notre gouvernement, décidait de fermer son blogue et avisa qu’elle ne serait plus que sur Facebook et Twitter parce que c’était « les plates-formes de l’avenir ». Le blogueur Patrick Dion, commentant ce « risque » concluait :

Maintenant, seul le temps dira si Sid Lee s’est planté ou on. Mais il faut quand même avouer que l’entreprise, en posant un geste de la sorte aujourd’hui, vient de montrer qu’elle a les couilles grosses de même.

Il y a encore plus longtemps, j’avais écrit un billet the proof is in the pudding I et II. J’y comparais ma propre présence web d’une consultante “qui est seule au monde” avec celle de mega agences qui ont plusieurs centaines voire milliers d’employés. Je m’étonnais qu’une personne seule, puisse clencher de manière si évidente, des grosses machines à faire de la pub et du web. Il me semblait y avoir quelque chose qui cloche. Les bottines ne suivent pas les babines. On dira certainement, cordonnier mal chaussé. Or il semble que dans le milieu des agences, les cordonniers sont réellement nus pieds.

MERCI FACEBOOK DE PERMETTRE DE «CALLER LA BULLSHIT»

Jusqu’à tout récemment, lorsque nous visitions une page qu’on ne gérait pas, la seule info externe que nous avions était le nombre de fans. S’ensuivit un gros concours de kékette. Ce concours de kékette se répercuta chez les clients des agences. Il fallait avoir la plus grosse kékette que son compétiteur. Alors les clients crachaient le fric pour pouvoir se vanter de leur kékette. Mais les chiffres hors contexte ne veulent souvent rien dire. Et des fans, ça s’achète à coup de promos et à coup de dollars. D’ailleurs plusieurs scandales ont éclaté notamment dans les milieux politiques alors que les candidats rivalisaient de faux fans. Mais maintenant, Facebook vient d’ajouter un élément d’analyse comparative très intéressant. En plus d’afficher le nombre de fans, il affiche aussi le nombre de “gens qui en parlent” ou de “gens qui y sont allés”. Évidemment, dans les gens qui en parlent ou qui y sont allés on ne sait pas combien d’employés de la boîte en question devraient théoriquement être exclus du nombre, mais enfin, supposons que les fans et les visiteurs sont tous externes. Déjà, ça nous donne un indice d’interaction. D’ailleurs dans un récent billet Facebook « x personnes en parlent » ou pourquoi on y perd souvent son temps je citais Facebook qui définit cette première mesure d’interaction

La mesure Personnes qui en parlent représente le nombre de personnes ayant créé une actualité à propos de la publication de votre Page. Les actualités comprennent :
• Le fait de partager votre publication, d’indiquer qu’on l’aime ou de la commenter
• Le fait de répondre à une question
• Le fait de répondre à un évènement
• Le fait de demander une offre

Le blogue neighbourhoodbuzz.com parle en ces termes de cette nouvelle métrique qu’il nomme le ratio d’interaction (engagement ratio).

This metric is exceptionally important as it gives a read on the level of people currently actually active on your page. PLUS it is now listed immediately below the page likes on the main page – so, a page can no longer hide behind 1000′s of likes and be deemed successful. It is the combination of both ‘likes’ and ‘people talking about that’ will be the new defining metric.

To illustrate the importance of this, I’ve seen some pages out there that have 100,000′s of ‘likes’ but only 10 people talking about! That gives them an engagement ratio of 10 over 100,000 or a 0.01%! Pretty embarrassing really!

100,000

like this

10

talking about this

ENGAGEMENT RATIO =

=10/100,000

= 0.01%

What does this mean for property managers? It means it’s not enough to just ‘create’ a page with boring content. Content needs to be lively, ongoing, consistent and encourage engagement to truly gain a benefit from this platform

Overall, it is a great step forward for Facebook and the manner in which we evaluate Facebook pages – because it will make all of us better marketers and better property managers.

On peut donc en tirer, par une règle de trois, un pourcentage d’interaction de sa base de fans. Si Facebook est TELLEMENT efficace pour les clients des agences, il me semble qu’ils devraient s’en servir pour eux-mêmes? Ils pourront par contre objecter que ce n’est efficace que dans un contexte B2C et que dans un contexte B2B ce n’est pas tellement la bonne stratégie. Je rappellerai donc que c’est pourtant la stratégie qui a été privilégiée au détriment du blogue par l’agence la plus en vue de Montréal Sid Lee et j’ajouterai que moi-même, je fais du B2B, que je répète à qui veut l’entendre que Facebook c’est de la merde (mais qu’il faut tout de même y être efficacement en minimisant son investissement qui devrait plutôt se faire sur le blogue) et que j’ai moi aussi une page Facebook solitaire. Donc, comme je l’avais fait pour mes billets The proof is on the pudding I et II, voici un comparatif de ma page de «loner», à celles des agences de pub et des agences web, qui devraient savoir comment ça marche Facebook, puisqu’ils vendent à gros prix l’expertise d’y être…

Tableau du ratio d'interaction des fans Facebook de certaines agences publicitaires, web et de relations publiques de Montréal

Une chance pour les agences que je crois que Facebook c’est de la merde. Imaginez seulement si j’étais réellement convaincue de son efficacité redoutable 🙂

MAJ
Bravo à l’agence Absolunet dont le ratio 1309 fans / 181 personnes en parlent est de 13.8%. Je n’ai de toute évidence pas fait le tour de toutes les agences de Montréal et pour la grande majorité d’entre elles, c’est certainement tant mieux 🙂

Facebook, la fin du concours de kekette gratuit

Dans mon billet Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette, j’ironisais l’utilisation des médias sociaux et de Facebook que font nos partis politiques qui n’y étaient souvent que pour la « grosseur » du nombre d’adeptes de leurs pages respectives. Bien des entreprises ont aussi eu la « folie de la grosseur » avec leur présence Facebook. Il faut dire que jusqu’au premier avril, Facebook leur facilitait la chose. Il suffisait de faire un concours quelconque et de diriger le trafic vers une « landing page » spécifique à votre page Facebook. Pour participer au concours ou pour voir le contenu de la page il fallait cliquer « j’aime » et ce « j’aime » était par la suite partagé dans le fil d’accueil des activités de votre fan, pour l’appréciation collective de sa propre communauté.

Malheureusement pour le gratuit, c’est maintenant terminé. Ou plutôt c’est encore possible, mais pour ce faire vous devrez payer Facebook (en plus de l’employé ou du fournisseur externe qui vous montait le petit stratagème). C’est d’ailleurs très bien expliqué dans le billet Timeline pour les pages entreprises : les vraies causes et conséquences sur votre stratégie d’acquisition de fans.

Désormais sous le nouveau design des Pages Facebook appelé Timeline il n’est plus possible de définir l’onglet d’atterrissage par défaut des visiteurs ! Autrement dit toute cette stratégie d’acquisition est remise en cause en retirant aux community managers un puissant levier de transformation !

Pire, si le nouveau design intègre un grand visuel appelé cover ou couverture celle-ci ne peut intégrer aucun « call to action » c’est-à-dire aucune incitation à devenir fan ou à se rendre dans l’application contenant votre Fan Gate.

Certes il est possible de créer des visuels personnalisés pour les boutons/raccourcis d’applications mais vu leur taille (11*74 pixels) l’impact sera très limité (taux de clic sur le bouton faible)!

(…)Si vous ne pouvez plus définir l’onglet par défaut de vos visiteurs dans l’interface de gestion de votre page depuis l’arrivée de la Timeline, cette possibilité est toujours accessible lors de la création d’une campagne publicitaire Facebook !

(…)en fait j’ai déjà parlé du Edge Rank plus haut c’est Facebook qui décide ou non par cet algorithme s’il va ou non affiché votre contenu à vos fans !

En moyenne seul 16% de vos Fans voient les publications de vos pages relayées sur leur mur… Mais ne vous inquiétez pas Mark Zukerberg et son équipe ont pensé à tout vous pouvez désormais payer pour augmenter la visibilité de vos publications de pages auprès de vos Fans (ou non fans)…

De plus, la collecte de données est maintenant assujettie à une nouvelle politique de Facebook tel que le mentionne ITBusiness.ca:
Another section of the new Pages terms that bears mentioning regards data collection. Facebook states:

“If you collect content and information directly from users, you will make it clear that you (and not Facebook) are collecting it, and you will provide notice about and obtain user consent for your use of the content and information that you collect. Regardless of how you obtain content and information from users, you are responsible for securing all necessary permissions to reuse their content and information.

“You will not collect users’ content or information, or otherwise access Facebook, using automated means (such as harvesting bots, robots, spiders or scrapers) without our permission.

Any data you obtain from us must comply with Section II of our Facebook Platform Policies.

Ces nouvelles règles sont certes plus restrictives. Elles risquent d’ailleurs (encore une fois) de changer sans préavis. La récréation est terminée, mais malgré tout, il est important d’être sur Facebook. La question est désormais (quoiqu’elle l’a toujours été) quelle portion de notre budget devrions-nous continuer d’investir dans Facebook et quel sera la pérennité de cet investissement ? Pour y répondre, je vous suggère de consulter mes autres billets :

Facebook = vous n’êtes pas chez vous!

Pourquoi Facebook ne devrait pas être le fer de lance de votre stratégie Web

Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires

Des précisions sur Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires

Pourquoi Twitter est supérieur à Facebook dans une optique de marketing et relations publiques?

Pourquoi Facebook me fait tant réagir et que j’ai mentionné que c’était de la merde?

Nouveaux arguments sur pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires

Pourquoi Twitter est supérieur à Facebook dans une optique de marketing et relations publiques?

Pourquoi Twitter est supérieur à Facebook dans une optique de marketing et relations publiques? Pour différentes raisons que j’ai déjà exprimées dans une myriade de billets que je vous remets en fin de mon argumentaire. Mais je vais plutôt ici vous faire un petit récapitulatif (partiel) de certaines différences que j’observe.

Facebook:
C’est pour la masse, mais cette masse n’a que peu de chance de voir vos contenus de page Facebook à moins qu’il ne soit vos amis (et seulement eux auront accès à vos contenus). Le processus permettant de faire croitre les « amis » est long et dispendieux. Vous pouvez décider de faire un concours pour attirer des amis, mais il faut débourser plusieurs milliers de dollars et les conditions sont contraignantes. La très grande majorité des contenus de Facebook sont hermétiques au reste du Web. Vos contenus peuvent disparaître n’importe quand. Il est difficile de fouiller dans vos archives et la pérennité de celle-ci est loin d’être certaine.
Twitter :
C’est pour les « early adopter », le 2e groupe le plus influent du Web après les médias traditionnels c’est-à-dire les recherchistes, les journalistes, les super blogueurs, les faiseurs de tendances. Dans un processus de marketing ou de relations publiques, il semble très pertinent d’entretenir un dialogue avec ceux qui peuvent réellement multiplier l’impact d’un contenu dans les médias trad., dans leurs blogues et sur les moteurs de recherches. Twitter est complètement ouvert au reste du Web. Il n’est pas nécessaire d’être « ami » avec quelqu’un pour voir son contenu. Les contenus mis en ligne sur Twitter apparaissent dans les moteurs de recherche dans la nouvelle fenêtre de ceux-ci pour les contenus du « web en temps réel ». Twitter a une myriade d’outils d’extraction de données et de contenus. Le trafic vers un site Web généré par twitter est supérieur à celui généré par Facebook. Les recherches par sujet sur Twitter sont de beaucoup supérieures que celle de Facebook. À ce propos, j’ai un nouveau client qui est guide de chasse à l’ours noir. Une requête « bear hunt » dans Twitter (ou l’un des très nombreux outils de recherches externes à twitter) fait apparaître rapidement des centaines de clients potentiels et d’interlocuteurs (et de détracteurs) vivement intéressés par le sujet. Faire la même chose dans Facebook est d’une lourdeur désarmante.
Pourquoi les gens retwittent-ils?
Ces organisations qui ne comprennent pas Twitter
Twitter, comment suivre des milliers d’usagers et les Twittersnobs
Les moteurs de recherche en temps réel
LeLab VOXtv, chronique Twitter explication et l’impact sur les médias
Twitter, le profil sociodémo, les bénéfices et le point de vue de son CEO
Questions réponses à propos de Twitter
7 raisons pour lesquelles les gestionnaires de produits se doivent d’être sur Twitter
Twitter pour les entreprises sans buts lucratifs
Pourquoi les entreprises se plantent sur les médias sociaux en général et Twitter en particulier

et le toujours pertinent
Les compagnies sur Twitter et Twitter comme outil de marketing et de relations publiques

Je vous invite aussi à lire ou relire mes billets Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires et Des précision sur Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires.

Retombées d’affaires des médias sociaux pour une artiste

Le week-end dernier j’étais à Ottawa, à la galerie SAW pour parler de médias sociaux aux artistes des quatre coins du Canada francophone qui y étaient (je vous en parlais d’ailleurs dans mon r.cebt billet La culture et le choc des cultures numériques). Ils seront sans doute heureux de lire le témoignage suivant, d’une photographe, qui vient de m’écrire dans LinkedIn. Je crois que l’étude de cas est assez « parlante » ☺

Chantal Fournier has sent you a message.
Date: 2/23/2012
Subject: Vive la REINE du marketing et du réseautage web!

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Ma très chère Michelle …..

Je prends sérieusement le temps de t’écrire mon histoire pour te dire que ce que tu écris, c’est loin d’être de la merde et qu’après avoir longuement lu divers articles que tu as publiés, je peux t’assurer que TU L’AS L’AFFAIRE … !!

To make a long story short …

Depuis les 6 derniers mois, je bosse comme une malade pour me faire connaître en tant que photographe pas très populaire mais tout de même bonne – du moins je crois, sans que mon égo éclate. Bref, je ne peux désormais compter le nombre d’heures que j’ai passé et que je passe encore aujourd’hui sur le web à tenter de me faire connaître et reconnaître mon travail : retouche de mes photos exclusives, téléchargements interminables un peu partout, activation de e-réseaux, liens entre les réseaux pour augmenter ma visibilité, recherche de concours de photographies, pubs-marketing…. et j’en passe.

Après avoir lu et ri sur “Facebook c’est de la merde” (drôle mais ô combien véridique), j’ai vite réalisé que j’ai tellement bien fait d’agrandir mon réseau ailleurs justement à défaut de ne m’en tenir qu’à ma page FAN Facebook qui m’a pris 6 mois avant d’atteindre 85 fans – quel exploit! (rire jaune). Et tout cela, sans parler de ma page perso qui ne mène professionnellement parlant nulle part, surtout quand ton groupe « d’amis » parle constamment, entre autre, de foutues tartes aux pommes et de leur odeur délectable dans la maison. (Who cares!!! J’suis pas là pour faire des critiques d’art culinaire). J’ai ainsi rapidement apprivoisé d’autres réseaux tels que LinkedIn, Twitter, Flickr, 500 px, Google+, Zenfolio et Cie. Ces derniers sont considérablement plus professionnels, gratuits – ou pratiquement – d’autant plus que les fans et suiveux abondent… de vrais intéressés quoi!

Tout cela pour te dire que … BANG! … c’est le 22 février (chiffre maître en passant) que le premier miracle s’est produit juste après le Mardi Gras et le début du Carême. (C’est assuré qu’ici, je ne carêmerai pas professionnellement).

En gros, ce matin-là, 8h00, un proprio de stock de photos me contacte pour me dire qu’il a découvert mon travail via Flickr et me demande gentiment, par le biais d’un courriel personnalisé qui prouve qu’il a bien vus mes « bests shots », de contribuer avec de sérieux droits de photographies et un pourcentage des recettes dépassant très largement mes attentes, directement dans mes poches, pour les ventes en ligne. De plus, après lui avoir fait une proposition à propos d’un contexte de vente unique de stockage de photos, il a trouvé mon idée tellement géniale qu’il l’a mise en application sur son site! SUPER … next …

Et ça continue … Même soir, 20h30, je reçois un courriel d’un magazine en ligne “Musée Magazine” établi à New York qui mise sur la visibilité des photographes émergents ayant un potentiel en art photographique. Et bien, l’une de mes 5 photos envoyées a été retenue sur plus de 5000 reçues au total. Tout cela, après avoir activement fait de la recherche via Twitter et les liens mentionnés en ligne. C’est payant finalement tout cela! NOT BAD AT ALL! … next …

Un peu plus tard ce soir-là, vers 21h30, je reçois un autre courriel cette fois-ci du magazine en ligne “Seven by Five Mag” me disant avoir vu mon travail sur Flickr (Oui bien sûr … mais ils connaissaient certes d’autres magazines aussi … ça aide le e-réseautage). Bref, ils m’ont offert de faire … tiens-toi bien … de petites chroniques sur l’art photographique et de publier quelques photos par mois! J’en reviens toujours pas! Tout cela parce qu’ils sont TOMBÉS également sur 2 de mes tweets sur le traitement de photos que je préconisais et ainsi de suite. L’histoire est plus longue mais je m’arrête ici en insistant sur le fait que ce succès est arrivé quelque temps après tes recommandations. ;o)

En bout de ligne … ce fut l’une de mes meilleures journées depuis le début 2012. Merci infiniment Michelle de m’avoir lue … Vive tes livres, tes tweets et ton blog!
Oui, sérieusement, tu es la Reine du Marketing | réseautage sur le web, une auteure qui sait exactement de quoi elle parle! Et j’attends le premier qui ose écrire le contraire dans le détour! Il ne faut juste pas oublier que expertise + recommandations riment avec réaction + action… les cadeaux ne tombent pas du Ciel.

J’t’adore! Bisouxx

Mon bilan médias sociaux et numérique 2015

Non je ne vous parlerai pas de #JesuisCharlie, de @Caitlyn_Jenner ou de ces autres hashtags ou comptes médias sociaux qui ont déjà fait ad nauseam la manchette. Je ne vous parlerai pas non plus des réseaux sociaux. Le réseau c’est l’ensemble d’un groupe, tandis que le média, c’est l’outil. Déjà trop de médias, journalistes ou « spécialistes médias sociaux » disent n’importe quoi et revisitent les lieux communs que même ma conjointe qui est pourtant une « ordinausore » connait déjà. Alors, allons-y.


Facebook

Après l’échec majeur de Facebook Commerce en 2012, Facebook tente une nouvelle fois de se réinventer en plate-forme commerciale avec son Buy Button. Étant donné que Facebook détient une part de lion dans le web mobile, il croit miser sur cet aspect pour faire finalement lever les ventes sur leur plate-forme. Pour le Québec, on s’entend que le web mobile est encore une utopie puisqu’à 50km des grands centres, l’internet ou les ondes cellulaires c’est de la merde. On remarque aussi que comme c’était le cas en 2012, si on va sur Facebook ce n’est pas nécessairement pour se faire imposer un pitch et les entreprises elle-même, surtout celles qui ont massivement investi dans Facebook et qui ont observé le déclin alarmant de la portée naturelle de leurs contenus (j’an ai parlé dans Facebook zero) n’ont sans doute par intérêt à se faire lessiver de nouveau. Par ailleurs, pour la première fois, on a observé un déclin substantiel du partage de contenu par les usagers eux-mêmes sur Facebook (ce qui a été démenti par les principaux intéressés). N’empêche que Facebook demeure le média social numéro un de la planète.

Par contre, il faut noter que les jeunes quittent Facebook en masse. Ce n’est plus cool d’être sur la même plate-forme que sa mère et sa grand-mère. Ils préfèrent aller sur Snapchat, la Canadienne Kik (qui concurrence sérieusement la Chinoise Wechat), Instagram (pour entre autres faire des selfies et voir les photos de Taylor Swift) et Twitter, pour avoir l’impression d’être branchés avec leurs « boyz band » favoris et partager des hashtags insignifiants de leurs idoles (la moitié des retweets les plus populaires de Twitter sont associés au groupe One Direction). D’ailleurs, les médias sociaux les plus populaires auprès des jeunes, dans l’ordre, sont : Snapchat, Kik, WeChat, Tumblr et Instagram.


L’année Émoticon

Le dictionnaire Oxford fait entrer l’émoticon « larmes de joie » (Face with tears of joy emoji en anglais) dans son célèbre répertoire de mots et d’expression. À noter que certains des autres mots qui étaient en compétition pour ce palmarès (qui nous donne une bonne idée des sujets chauds de l’année) sont :
Économie du partage (sharing economy)
Bloqueur de publicité (ad Blocker)
Et Web profond (dark web).


MCommerce

Le commerce mobile prend son envol partout, sauf au Québec. 8 usagers internet sur 10 ont un téléphone intelligent et on entend de plus en plus parler des termes webrooming et showrooming. Le premier étant le magasinage en ligne qui évolue par la suite à un achat en magasin, tandis que le second est le magasinage en magasin qui résulte en un achat en ligne. Pourquoi ces tendances ne sont pas encore très fortes au Québec? Pour les mêmes raisons citées plus haut. Nos services cellulaires, particulièrement en région, sont d’une « pochitude » A_BER_RAN_TE. On se souviendra aussi d’applications mobiles tels que Foursquare qui faisait un tabac dans les grandes villes américaines et européennes et qui n’a jamais levé au Québec.

Recrutement ISIS sur les médias sociaux

L’actualité nous a permis de constater que même ici, au Québec, nos jeunes se font recruter sur les médias sociaux pour aller combattre avec ISIS en Syrie. C’est un problème mondial et c’est cette année qu’on a pu mesurer l’ampleur de l’expertise d’ISIS en recrutement en ligne, bien qu’ils y soient déjà très actifs depuis quelques années. Les entreprises médias sociaux tels que Facebook ou Twitter, ont bien modifié leurs politiques aux usagers pour bannir les « menaces indirectes de violences » et Anonymous s’est engagé à troller ISIS dans tous les recoins du web, mais force est de constater que la tâche est énorme et que c’est toujours ISIS qui a le haut du pavé.

Le web au Québec et au Canada

En septembre 2014, Philippe Couillard lors de son propre Forum des idées, s’engageait à définir une stratégie numérique pour le Québec. Le Ministère de la Culture et des Communications du Québec a bien déposé sa stratégie culturelle numérique du Québec et le Ministère de l’Économie, Innovation et Exportation du Québec a mis sur pied un « groupe conseil » qui devra accompagner:

« le Ministère dans l’élaboration de la Feuille de route en économie numérique. Regroupant une dizaine de membres, le groupe conseil contribuera à établir un diagnostic de l’économie numérique au Québec, à déterminer les priorités d’action et à définir les grandes lignes de force où le Québec devrait investir afin de prendre une place enviable dans ce domaine.»

On s’entend qu’on est encore très loin d’une « stratégie numérique pour le Québec », qui idéalement serait transversale et toucherait tous les aspects de l’économie, tous les ministères et toutes les activités humaines, comme le numérique le fait déjà. À la place, on semble avoir une vision à la pièce, que pour quelques pans de l’économie.

Au fédéral, notre premier ministre a promis d’investir plusieurs milliards dans les infrastructures. Malheureusement, à ce que je sache, aucune discussion quant aux infrastructures numériques n’a encore été mentionnée.

En résumé, nous sommes donc et risquons d’être encore en retard pour un bout, sur les grands mouvements numériques de la planète…

MAJ

J’ai oublié de vous souligner que les médias journalistiques qui sont sur Facebook et qui comptent sur le média social pour se faire du trafic ont pris une méchante débarque cette année. Ainsi, selon Fortune

While some publishers saw an increase in traffic from Facebook—including Vice Media and Refinery29—the majority saw it fall. And to compound the problem, the more reliant a media outlet was on the social network, the more they saw their traffic from Facebook drop this year. The Huffington Post saw a decline of more than 60%, and BuzzFeed saw its Facebook referrals fall by more than 40%.

Le web-trash et la prostitution

Cette semaine je donnais une entrevue à Mike Tremblay à propos du far-web, web trash ou appelez ça comme vous voudrez. L’entrevue est en ligne sur son site. Il me demandait comment on pourrait faire cesser ça. Question difficile. Je suis en effet aux prises avec une colonie de calomnieux depuis des années. Ça fesse fort. Ça déstabilise. Ça affecte le couple. Ça coûte cher de psy, d’avocat et de temps de travail perdu et improductif. C’est une plaie.

Je suis toujours la victime de ces énergumènes et je connais personnellement plusieurs de leurs victimes. D’ailleurs, il y a quelques semaines, le père de l’une des victimes m’a téléphoné ne sachant que faire. Nous avons longuement discuté pour que je lui offre des pistes de solutions. Malheureusement, chaque piste de solution coûte un bras et une jambe, sans parler de l’impact émotif sur la victime, son entourage immédiat et élargie de même que sur le travail et la vie de tous les jours de chacun d’eux. Le premier réflexe de la victime est de développer de l’agressivité et de la diriger contre tout et n’importe quoi. Cette agressivité est le couvert qu’on met inconsciemment sur la tristesse qui est plus profonde et de laquelle on se protège. Après beaucoup de psychothérapie et de dialogue, on se rend compte de ça. Ça aide. Mais ça fait mal en tabarnak. J’ai eu de nombreux appels en pleurs de personnalités très connues qui sont victimes de ces attaques vicieuses et répétitives. Lorsque je leur demande s’ils sont capables d’en témoigner, elles disent que c’est trop douloureux et préfèrent penser leurs plaies en privé. On appelle ça la rançon de la gloire et elle est très chèrement payée.

Mais comment enrayer le web trash?

C’est alors que j’ai songé à la prostitution. Tout comme la méchanceté gratuite, la calomnie et l’injure, c’est vieux comme le monde. Et tout comme la prostitution, ça paye et ça fonctionne avec un système. Il y a le pimp, la pute et le client. Pour le web trash, des fois la pute aux contenus douteux est elle-même son pimp. D’autres fois comme récemment avec la plate-forme Trouble du Journal Voir, les putes à calomnie se trouvent un pimp. Il faut donc légaliser la calomnie, l’insulte, le mépris, ou légiférer et se dire collectivement que ça n’a pas de criss de bon sens. Mais vous me direz le droit civil gère déjà ça? Je vous répondrai que pour avoir passé par là, ça coûte la peau des fesses et que lorsque la pute a un pimp corporatif, c’est le pimp et/ou son assurance responsabilité qui ramasse le bill, tandis que la victime elle est laissée pour contre et doit payer plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de dollars. Je vous dirai aussi que nous sommes tous égaux devant la loi, sauf en droit de la diffamation. La personne connue a moins de protection que le quidam. Elle est réputée avoir l’épiderme plus épaisse. Pour le doit criminel, hormis le fait que la police n’est vraiment pas formée et équipée pour traiter ce genre de dossier, la différence entre un contenu extrêmement outrancier et de mauvais goûts et du harcèlement criminel ou de la littérature haineuse, est empreint d’une très grande subjectivité. Ton dossier a besoin d’être vraiment béton et la victime, très forte de caractère, pour que peut-être la police daigne prendre le dossier. À moins que la prostituée à contenu trash ait fait l’erreur de menacer physiquement directement, les allusions ne seront pas prises en compte. Les « on se met toute la gang pour aller faire chier un tel sur son mur Facebook, sur Twitter ou sur son site » ne seront malheureusement pas pris en compte. Les incitations à fesser du fif, si elles sont enrobées d’un pseudohumour, même si des gais sont sauvagement battus par des clients de ces putes de merdes, le relation de cause à effet peut être difficilement démontrable.

En outre, de varger sur la personne connut, ça attire les foules de clients demeurés. Ils aiment ça qu’on fesse sur des idoles. Ils n’avaient qu’à rester des inconnus s’ils ne pouvaient prendre la pression, peut-on lire.

Les solutions potentielles restent donc de s’attaquer aux putes autoéditées, aux pimps, ou encore aux clients. De surcroit, il n’est pas non plus inutile de rappeler que des campagnes sociétales (comme pour la prostitution), peuvent certainement aider. Je souligne aussi que plusieurs efforts ont été et sont fait pour la cyberintimidation qui touche les jeunes (notamment par la fondation Jasmin Roy), mais pour le cyberharcèlement, qui lui touche les adultes, c’est le néant total.

C’est pourquoi je jongle avec l’idée de faire une fondation qui aurait justement pour but d’attaquer ce problème et de fournir des ressources aux très nombreuses victimes de cyberharcèlement, dont on ne parle pratiquement jamais…

Trolls, ça va maintenant être moins facile de se cacher derrière un écran

Depuis des années déjà je me fais invectiver à cause de ma différence. Ce sont des gens bien en vue qui incitent à la calomnie, à l’insulte et à la diffamation. On me dit « don’t feed the troll ». J’ai essayé. J’ai vraiment essayé. Et non, la méchanceté gratuite ne s’arrête pas si facilement. On me dit aussi être une moumoune de m’en faire avec si peu. Vraiment? Si peu? Et vous en savez quoi? Ma job entre autres est de faire du monitorage web. Je vois TOUT ce qui passe. Et si jamais je manquais quelque chose, bien des gens bien et mal intentionnés ne se gênent pas pour me faire suivre la marde qu’on trouve sur le web.

 

On me dit aussi que j’ai l’épiderme sensible. Si on est agressée, il faut inévitablement présenter l’autre joue? Je ne suis plus chrétienne depuis belle lurette et je me tiens debout devant les agresseurs. C’est pourquoi, j’ai commencé un nouveau Tumblr qui est encore caché et qui s’intitule LaRanconDeLaGloire. Vous y découvrirez toute la méchanceté gratuite dont je peux être victime. Il sera visible dès que légalement, je pourrais le rendre public. J’ai encore plusieurs affaires légales en suspend disons. Vous y découvrirez aussi les ramifications soi-disant « second degré de l’humour trash qui serait parait-il la nouvelle tendance de ce que l’on nomme injustement le far-web ». C’est vrai que ça fait « marketing » le far-web. Déjà mon pote et ancien associé Guillaume Brunet en parlait en 2006 dans un tout autre contexte, et plus récemment encore LesEchos décrivait le Far-web comme :

 

L’actualité de l’insécurité numérique est riche parce que le web, le Cloud ou le Big data sont des bébés dans l’échelle de l’évolution des pratiques documentaires. Ce nouveau “far web” est encore pour partie une zone de non-droit où sévissent des bandits attirés par les richesses contenues dans vos informations.

 

Mais il semble que maintenant, selon Joël Martel, (ancien du Voir) le far-web soit plutôt le lieu qui “représente l’univers d’un dépendant de l’ordinateur”. Mais bon, on ne s’enfargera pas dans les fleurs du tapis numérique. Le far-web pour certains, c’est le nouveau cool. C’est du moins ce qu’affirme Martel:

 

Mais bon, si l’on ne s’en tenait qu’à l’avis de plusieurs individus, faut croire que tout ce qui provient du web est sale. Jean-Paul Sartre aurait publié ses premiers écrits par l’intermédiaire d’un blogue et on l’aurait qualifié de troll. Les Beatles se seraient fait connaître via Bandcamp et on les traiterait de swagfag tandis que Madonna aurait certainement hérité du prestigieux titre de « pute à likes ».

Mais ce qui est le plus troublant dans cette perception négative et discriminatoire du web, c’est que ce point de vue est grandement entretenu par des gens qui travaillent dans le milieu des communications.

Quoi qu’il en soit, au moment d’écrire ces lignes, je reçois l’appel de la Sureté du Québec pour fixer un rendez-vous avec le procureur de la couronne pour mon 3e dossier de menaces de mort web en trois ans. Je commence aussi à être pas mal exaspéré de tous ces petits couillons fans de soi-disant “far-webistes”, qui sous le couvert du pseudonymat, me vomisse dessus allègrement. Je vais donc commencer à leur montrer la face (quitte à me faire poursuivre) jumellé à leur grand art humoristique 2e degrée (mettons). D’ailleurs ce qui m’inquiète vraiment, ce ne sont pas les trous de cul patentés du far-web, mais ce sont les centaines de milliers de fans qu’ils ont et la potentialité qu’un seul d’entre eux, pour se faire une pseudogloire d’être reconnu sur le web, me tire dans le dos un de ces jours…

 

Voici donc mes trois premiers mon premier sans-génies

 

 

Francis Robert Transphobe et raciste

 

 

 

 

 

MAJ

c’est de la cyber-vigilance far-web second degré expérimentale cool que faisait peut-être les punks à une autre époque #TLMEP

MAJ2

Les far-webistes se sont des putes à l’injure et leurs fans, des clients. Tout comme pour combattre la prostitution, il est bien de s’en prendre aux clients. De savoir que ta face de troll peut être associée à tes calomnies, ça risque d’en calmer une couple…

MAJ3

Ce matin (le 25 février 2015), j’apprends de la journaliste de Châteleine, Geneviève Pettersen, qu’elle est aussi victime de Francis Robert. Il lui dit:

 

 

 

Ça me rappelle que le 13 décembre dernier, ce même monsieur Robert plaidait dans ma messagerie Facebook pour le retrait de sa photo ici sur mon blogue. Voici donc l’édifiante conversation que j’ai eu avec ce personnage.

13 décembre 2014
Francis Robert
2014-12-13 15:02
Francis Robert
Ça vous tenterait pas d’enlever ma photo de votre site web ?
(Francis Robert, le troll, Far-Web, blablabla)
Aussi, je voudrais savoir si vous trouvez que je ferais une belle femme autant que je fais une bel homme.
Mes yeux magnifiques et mon nez parfait trouverait sûrement grâce à cette conversion, ne trouvez-vous pas ?
Je sais pas si vous vous tenez encore au Plan B sur l’avenue Mont-Royal, mais tous les gens qui venaient vous aborder pour démontrer leur ouverture et se donner bonne conscience aurait plutôt dû vous…… Vous quoi ?

Michelle Blanc
vous quoi?

Francis Robert
vous sommer de retirer ma photo de votre site web, d’autant plus que malgré l’aigreur de mon commentaire, je n’ai pas récidivé et c’était le première fois que je faisais ce genre commentaire à votre propos (peut-être la 2e), vous êtes pas le genre de cible que je privilégie. De plus, sachez que j’écoute parfois l’émission de radio de Félipe Fehmiu et que je trouve que c’est un bon animateur. Bref, croyez-vous que c’est facile de jouer les méchants de service ? Je le fais parce quelqu’un doit le faire, lol… Qu’est-ce que vous voulez que je fasse pour que retiriez ma photo de votre site, j’estime que troller est un droit démocratique et ça fait 13 ans que je me tiens sur le web (j’ai été formé sur les forums) et câlisse qu’on était bien entre hommes blancs avant 2005-06, l’année où la paix cybernétique s’en ai allé pour faire place

Michelle Blanc
Vous avez tellement raison. Considérez donc mon billet et votre photo comme l’exercice de mon droit démocratique de troll

Francis Robert
okay ouin,,, L’Article original contenait 2 autres photos qui ont été retirées je ne sais pas quand… Vous devriez me réserver le même traitement.

Michelle Blanc
Leurs comportement ont été différents du vôtre dans les jours qui ont suivis. Pas un an plus tard, avec des pointes d’ironies, sans excuses et avec des insultes renouvellées.
Life is a bitch and as it happen, you’re on of them…

Francis Robert
ouais je me souviens, j’aurais dû saver mon commentaire, stait particulièrement brutal. J’ai estimé que je ne méritais pas de me faire taguer comme ça, comme si j’étais un most wanted du Far West (votre logique). D’ailleurs, vous ne savez même pas qui je suis… En tout cas, j’étais à l’aise avec le fait que vous fassiez ma publicité, mais je vais bientôt mettre un terme à ma carrière de troll donc votre billet va forcer devenir caduc. Soyez à jour !

Michelle Blanc
Bonne chance à vous

La naissance et le « soi-disant » scandale des Janette

(Crédit photo: Nathalie Mongeau)

Sont drôles parfois les journalistes à chercher de la merde où il n’y en a pas et à échafauder des théories du complot. Sont sexistes aussi des fois.

Tout ça pour répondre à ces attaques vicieuses envers madame Julie Snyder « qui aurait usé de son cash et de son mari pour faire du lobbying par en arrière pour favoriser le PQ ».

J’ai été personnellement invitée à me joindre aux Janette par l’instigatrice du mouvement, madame Marie-Anne Alepin via Facebook. Je lui ai fortement suggéré d’inviter la sexologue Jocelyne Robert, mais elle était déjà prise cette soirée-là. Ainsi, le groupe s’est formé autour de madame Alepin et chacune de ses invitées suggérait à leur tour d’autres femmes qui complèteraient bien le tableau. Julie Snyder étant sa grande amie, la marraine de l’un de ses enfants et, occasionnellement, une collaboratrice (madame Snyder avait aussi participé à l’évènement Le moulin à parole dont madame Alepin était aussi l’une des organisatrices) de même que l’une de ses nombreuses clientes. Madame Snyder, comme nous toutes, a aussi invité d’autres femmes, dont madame Janette Bertrand, Denise Robert et Édith Cochrane..

Madame Alepin voulait qu’on fasse la réunion dans le sous-sol d’une église près de chez elle et qu’on se fasse venir du St-Hubert BBQ. Ce qui aurait très bien fait l’affaire. Mais madame Snyder insista pour qu’on fasse plutôt ça au 357C et que personnellement elle ramasse la facture. Pour elle, s’était sa façon de contribuer. C’était d’ailleurs très drôle pour le personnel du 357C qui ont l’habitude des réunions d’hommes d’affaires. Le maître d’hôtel a avoué qu’il arrivait souvent qu’il reçoive des groupes d’hommes, mais que ce fût une première qu’ait lieu une rencontre strictement de femmes dans leur prestigieuse enceinte.

Lors de ce souper, que je n’oublierai jamais, les échanges étaient vifs, émotifs et très engagés. Il a été décidé d’un commun accord que madame Bertrand écrirait la lettre (elle s’est offerte puisqu’elle avait déjà envie d’en écrire une avant même la rencontre) qui rassemblerait ce qui était le point commun de nos échanges. Je suggérais que l’on se nomme « Les Janette » et cette idée rassembla l’adhésion générale immédiate, mais il mettait par le fait même, un poids énorme sur les épaules de madame Bertrand. Je m’excuse ici à madame Bertrand de lui avoir indirectement causé de très nombreux soucis avec ce choix d’épithète de notre groupe.

Pour la petite histoire, je mentionnais aussi lors de ce maintenant légendaire repas que mon impression était que « les femmes voilées » étaient malheureusement et non intentionnellement ciblées par ce débat, alors que toutes les religions, sauf très rares exceptions, sont contre les femmes. Point à la ligne.

J’ajouterais aussi que l’une des vingt Janette du début dû se retirer et rester dans l’ombre par crainte de représailles de sa communauté musulmane. Elle est fréquemment intimidée par des islamistes parce qu’elle refuse obstinément le voile, qu’elle est femme d’affaires et n’est pas un homme et qu’elle refuse que ses filles aussi soient voilées. C’est d’ailleurs LE motif principal de son immigration au Canada. Elle n’en pouvait plus de vivre la montée de l’islamisme et son rejet des femmes dans son pays d’origine. Ce n’est pas l’avenir qu’elle voulait pour ses filles. Elle dut donc être remplacée pour qu’on puisse garder le chiffre magique de vingt, et c’est madame Filliatreault qui vint la remplacer. Or, madame Filiatrault n’était pas de ce souper, mais était tout à fait d’accord avec la lettre de madame Bertrand.

Il est aussi bon de noter que n’ayant pas de budget et d’organisation pour nous chapeauter, nous n’avions pas de firmes de RP, de plan de comm et de moyens financiers pour appuyer notre démarche. Que de la bonne volonté, de la passion et un objectif commun prolaïcité et pro égalité homme/femme à faire valoir. Bien qu’il y ait eu des déclarations malheureuses et maladroites dont nous nous sommes excusées, notre message sur l’égalité homme femme a sublimé le débat et à fait prendre conscience à la population de l’importance de l’enjeu pour l’égalité des sexes.

Par la suite il fallait un site web, une page Facebook, un groupe et une organisation pour faire la marche. Nous avons toutes collectivement contribué en temps, en idée, en disponibilité médiatique, en expertise, en passion et oui en argent. Pratiquement toute la coordination médiatique a été faite par madame Alepin. La coordination et consultation web était de mon ressort. Madame Snyder étant aussi « qui elle est », entière passionnée et déterminée, a aussi contribué en support logistique. Certaines filles (dont Valérie Vennes, Isabelle Le Pain, Joëlle Morin et Stéphanie Blais) ont passé plus de 12 heures par jour sur le web en tant que modérateur sur la page Facebook, une autre s’occupait du contenu et lire tous les articles fait sur nous. Nous n’avons pas toutes l’aura d’une madame Bertrand, c’est pourquoi elle a contribué de sa propre image plus que chacune d’entre nous. Toutes n’ont pas non plus mon expertise stratégique web et marketing et c’est pourquoi, à ce chapitre, je peux humblement dire avoir contribué plus que toutes. Mais c’est là la dynamique d’un groupe. Chacun y va de son effort personnel pour le bien de l’ensemble. C’était un effort improvisé, pour le bien de notre société et offert gracieusement par des femmes, pour des femmes, avec ce que chacune pouvait mettre sur la table. Et ce n’est pas fini…

Alors lorsque je lis que c’est une initiative télécommandée par le PQ, que c’est pour faire plaisir à monsieur dont madame Snyder est la marionnette ou que c’est madame Snyder elle-même qui a monté tout le truc, je trouve ça très « capilotracté » (tiré par les cheveux), sexiste, tendancieux et dégueulasse. Ça devait être dit et c’est maintenant aussi écrit pour la postérité.

Merci à toutes les Janette d’avoir mis vos efforts et votre passion dans cette prise de position politique. Merci à Marie-Anne Alepin d’avoir été l’étincelle initiale et merci à tous ces gens qui s’impliquent positivement et avec conviction à faire avancer leurs idées, quelles qu’elles soient. Et aux autres qui n’y voient que machiavélisme, vos efforts seraient sans doute mieux investis à faire avancer positivement la société au lieu de chercher des bibittes là où il n’y en a pas…

P.S.:

J’avoue, qu’avant de l’avoir rencontrée, j’étais contaminée par ces perceptions négatives qu’on aime bien propager à propos de madame Snyder « la nounoune » de service. Lors de ce souper, elle m’a très favorablement impressionnée par sa verve, son audace et sa présence. Elle y dit entre autres une phrase que je n’oublierai jamais « Vous savez dans la vie on peut se battre pour avoir raison. Mais moi je me fous d’avoir raison. Ce que je veux, c’est avant tout de gagner. Une fois qu’on a gagné, on pourra toujours dire qu’on avait raison ».

MAJ

Ce billet est repris sur le HuffPost

À propos des changements du travail journalistique

Il m’arrive d’avoir des discussions passionnantes ailleurs que dans la vraie vie ou que dans mon blogue. Pour preuve, voici un extrait d’une discussion que j’ai eue avec Marc Desjardins, sur le mur Facebook (oui vous savez cet outil que d’aucuns disent inutile) de la copine Geneviève Lefebvre qui a eu la gentillesse de publier mon billet La crise appréhendée des journaux au Québec, sur celui-ci. Elle pousse même la délicatesse jusqu’à en faire un billet sur son propre blogue Tout le monde veut aller au ciel * . Or donc, voici la discussion :

Marc Desjardins, à 08:18 le 18 février
Je suis d’accord avec vous sur le besoin du changement dans la vision journalistique. J’ai par contre une interrogation et une inquiétude. Je me demande pourquoi, dans toutes les crises évolutives de ce genre, ce sont les patrons qui conservent avantages et profits alors que les travailleurs doivent céder. Ensuite, cette démocratisation de la création de contenu, que nous valorisons tous et toutes, ne risque-t-elle pas d’entraîner, par contre, une forme de dilettantisme dans la diffusion de l’information, un dilettantisme qui risque de faire du tort au sens critique et à la capacité d’analyse?

Michelle Blanc, à 08:24 le 18 février
@Marc, le dilettantisme est là avec les médias trad et le restera avec la convergence. Cependant, à cause des hyperliens externes et de la puissance des commentaires, la merde restera au fond et les pétales de roses flotteront à la surface… Il ne faut pas prendre les lecteurs pour des imbéciles. Ils savent très bien discerner le pertinent du non pertinent (de même que Google) et c’est le pertinent qui sortira gagnant. Il y avait d’ailleurs déjà eu une confrontation de pertinence entre Encyclopedia Britanica et Wikipédia et c’est Wikipedia qui a gagné. Mais cet argument de perte de qualité rassure bien l’égo journalistique blessé…

Marc Desjardins, à 08:33 le 18 février
@Michelle, je suis d’accord pour Wikipedia, qui est un outil encyclopédique, donc enrichi par la force du nombre. Par contre qu’en est-il du journalisme d’enquête, du reportage fouillé et recherché, avec la présentation de points de vue contradictoires, dans un seul vecteur de diffusion? Qu’en est-il, surtout, de la pensée divergente, de celle qui ne suit pas la pensée populaire? Ne risque-t-on pas de voir se propager plus souvent la pensée dominante si on ne se base que sur la force du nombre? Cette pensée dominante est un peu l’envers de notre vision d’un Web ouvert d’esprit. Ce n’est, pour l’instant, qu’un point de réflexion pour moi.

Michelle Blanc, à 08:39 le 18 février
Justement l’écrémage des médias qui sont lus souvent qu’autrement redondants permettra un renouveau de ce journalisme d’enquête, ne serait-ce que pour émerger de la masse. Je ne crois pas que The Economist disparaisse et je prédis que les gens seront prêts à payer pour de l’actualité fouillée. Pour le reste, Reuter, AFP PC et les autres feront leur boulot. C’est justement dans l’opinion éclairée que le journalisme tendra et les plus éclairés seront ceux qui auront la part du gâteau.

Marc Desjardins, à 08:45 le 18 février
Je souhaite que ta vision prévale Michelle… mais c’est celle d’une visionnaire des communications généraliste et une praticienne avancée du Web. La vision journalistique (comme celle des publicitaires d’ailleurs) a plus tendance à se raccrocher aux anciens poncifs, tout en se croyant avant-gardiste. Ayant navigué dans les divers champs, j’en sais quelque chose… Il faudra trouver un moyen de fusionner les forces pour lutter contre l’inertie.

Michelle Blanc, à 08:49 le 18 février
amen