Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

Je lis une très bonne nouvelle ce matin dans la presse dans l’article Un recours se dessine contre Bell, Telus et Rogers. On peut y lire

Selon le document déposé à la Cour supérieure du Québec, les tarifs d’itinérance internationale pratiqués par Bell et Rogers étaient de 30,24$ le Mb en 2010. C’est presque le triple du tarif moyen de 10,56$ pratiqué dans les 34 pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

(…)Au Québec, Fido offre un gigaoctet (l’équivalent de 1024 Mb) pour 12,50$ et, en France, le groupe Orange facture 12,82$ pour la même somme de données. En ajoutant un «généreux» pourcentage de 20% pour la facturation, on arrive à un prix de 30,38$ le gigaoctet, indique la requête.

Or, en appliquant les prix facturés par Fido pour l’itinérance en France, un utilisateur devrait payer… 31 948$ pour un gigaoctet! Mille fois trop cher, en d’autres mots. «L’écart est tellement monumental que cela démontre que le défendeur a agi de mauvaise foi et profité des consommateurs», peut-on lire.

C’est sensiblement le même type d’arnaque que nous vivions au Québec avec l’électricité il y a de ça plusieurs décennies telles que je l’expliquais dans mon billet La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain.

La domination des grands monopoles régionaux, « le trust de l’électricité », sera cependant contestée dans l’opinion publique. Cette contestation donnera lieu à une enquête publique, l’implantation d’organismes de surveillance et mènera en 1944 à la nationalisation de la MLH&P et à la création d’une société publique, Hydro-Québec, avec l’adoption de la loi 17, créant la Commission hydroélectrique de Québec.

Un plan numérique pour le Québec devrait entre autres se pencher sur les infrastructures cellulaires et numériques afin qu’elle permette un sain développement de l’économie numérique et donne accès aux citoyens à ces infrastructures à un prix juste, honnête et compétitif.

Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement

L’un des arguments les plus percutants militant en faveur de l’établissement d’un plan numérique pour le Québec, hormis tous les autres arguments qui sont tout aussi percutant, mais qui ne frappent peut-être pas autant l’imaginaire tel que la réduction des dépenses gouvernementales par le logiciel libre, la vision d’un développement économique par le numérique, le développement d’infrastructures numériques publiques permettant de compétitionner avec le reste de la planète, une vision de la place du numérique pour l’éducation, la santé, la culture, l’économie, le législatif, la gouvernance, la participation citoyenne et encore bien d’autres sujets, est un plan numérique pour éviter de se faire fourrer dans l’attribution nébuleuse des contrats aux fournisseurs gouvernementaux en conseil TI.

C’est le vérificateur général du Québec qui a déposé hier son rapport 2012-2013 dont un chapitre porte sur les Contrats de services professionnels liés au traitement de l’information. Imaginez-vous que le vérificateur n’a observé qu’un mince échantillon de ce qui se donne comme contrat informatique au Québec et que ses analyses et conclusions donnent froid dans le dos. Si le vérificateur avait fait ce travail de vérification pour l’ensemble des ministères et sociétés d’État et qu’en plus des services-conseils, il y avait inclus l’analyse des dépenses logicielles, matérielles et d’infrastructures informatiques et de communications, je pense que nous aurions une belle révolution.

Déjà, comme le rapportent La Presse et Le Devoir, ce petit échantillon d’analyses nous révèle d’inquiétants faits. Dans le milieu, on sait depuis des années l’omniprésence de ce que nous appelons les trois lettres. Nommément LGS, CGI et DMR. Ainsi, dans LaPresse on peut lire:

Trois firmes ont décroché 46% du milliard de contrats informatiques accordés par tous les ministères et organismes en 2009-2010 et en 2010-2011, a-t-il constaté. Il s’agit du Groupe LGS, de CGI et de DMR (division de Fujitsu).
(…)
Selon le rapport, il y avait des problèmes de neutralité dans les comités de sélection des fournisseurs pour 36 contrats. Contrairement aux règles, soit il y avait dans un comité un membre appartenant à l’unité responsable de la réalisation des travaux, soit il y avait un lien hiérarchique entre les membres du comité.
Le CSPQ a également accordé neuf contrats à une somme supérieure à la soumission retenue. Par exemple, un contrat a été signé à 7 millions alors que la soumission était de 4,8 millions, un écart de 46%. Cette situation est «inacceptable» et n’est «pas équitable» pour les autres soumissionnaires, juge M. Samson.

Et selon Le Devoir

C’est ce que révèle le vérificateur général du Québec, Michel Samson, dans son dernier rapport pour l’année 2012-2013 qu’il a rendu public jeudi. Le VG a analysé 38 contrats de plus de 25 000 $, totalisant 271 millions, qui représentent 25 % des contrats informatiques signés en 2009-2010 et 2010-2011. Pour son échantillon, le VG s’est penché sur les contrats qui ont été accordés par le Centre de services partagés du Québec, Revenu Québec, la Régie des rentes du Québec et le Secrétariat du Conseil du trésor.
(…)
Le VG a précisé qu’il n’avait pas le mandat d’enquêter sur la collusion ou la fraude, mais que, faute de concurrence, « il n’en demeure pas moins qu’il y a des risques importants ».
(…)
Le VG a constaté diverses anomalies. Pour 35 contrats, les besoins n’étaient pas documentés ou l’étaient mal. Dans trois cas, la firme qui a obtenu le contrat a participé à la définition des besoins. Dans neuf autres cas, le montant du contrat était supérieur au prix inscrit dans l’offre qui a été retenue, une injustice pour le soumissionnaire qui avait été écarté.

C’est dans l’article Les penseurs du numérique mettent de la pression sur le gouvernement de Valérie Lesage dans Les Affaires qu’on pouvait lire le délicieux passage

Jean-François Gauthier, fondateur de Démocratie ouverte, écrira la partie du document portant sur le gouvernement ouvert ; la meilleure façon selon lui de s’assurer de la gestion honnête et efficace des projets informatiques ou autres. «J’ai trouvé aberrant qu’on parle de collusion dans la campagne électorale sans qu’on parle de publication de données pour régler le problème, s’étonne M. Gauthier. Le jour où tu publieras sur le Web les informations sur les contrats, il n’y en aura plus beaucoup de collusion. Quand tu allumes les lumières, les coquerelles s’en vont.»

La publication des données, rendue facile par les outils Web créés ces dernières années (infonuagique, services Web, logiciel libre), permettrait aussi à chacun de connaître les meilleures pratiques et de s’en inspirer.

«Une émulation se crée, parce que les gens se parlent pour voir comment se produisent les réussites des autres», soutient M. Gauthier.

À propos du groupe de travail bénévole pour un Plan numérique pour le Québec

Ça fait déjà plusieurs années que je parle d’économie numérique, d’un plan numérique pour le Québec et de la nécesité d’ouvrir nos horizons et d’enfin percevoir comme je le disais encore ce matin dans mon billet Autopsie d’une gaffe politique bénéfique pour l’économie numérique , que Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique.

C’est pourquoi lorsqu’un groupe de gens bénévoles, apolitiques et éclectiques s’est formé pour tenter de faire avancer le dossier du numérique auprès de nos instances gouvernementales, j’ai accepté avec joie d’offrir mon humble contribution. Ainsi, voici une lettre commune ayant pour but de vous informer de l’existence de notre groupe et de la démarche que nous entreprenons. Notez que vous êtes tous invité, ici et chez les potes qui sont tous hyperliés, à fournir votre input additionnel, votre passion, vos connaissances ou votre temps, lorsque notre plate-forme collaborative sera en ligne.

Pendant la campagne électorale, nous avons tous déploré l’absence de débats et d’engagements autour du numérique et du gouvernement ouvert. Encore plus préoccupant, bon nombre d’entre nous avons constaté un réel manque de sensibilité à tout ce qui est numérique ou nouvelles technologies de l’information et des communications (NTIC) chez nos politiciens en général. En effet, lorsque interrogés sur ces sujets, peu d’entre eux sont en mesure d’exprimer une vision claire du potentiel que représentent les idées et les capacités du savoir faire de nos entrepreneurs et de la société civile québécoise sur les questions du numérique et du gouvernement ouvert.

À la suite de l’élection du 4 septembre dernier, Monsieur Jean-Francois Gauthier, co-fondateur du mouvement Démocratie ouverte, a contacté monsieur Claude Malaison, lui aussi membre du collectif, pour lui faire part d’une idée: amorcer une collaboration citoyenne entre les personnes préoccupées par les enjeux du numérique au Québec et du gouvernement ouvert afin de proposer un plan de match pour l’avenir.

L’un et l’autre ont contacté des gens autour d’eux pour valider leur intérêt à y participer. Les personnes suivantes ont accepté:

Mme Michelle Blanc
M. Cyrille Béraud
M. Michel Chioini
M. Mario Asselin
M. Sylvain Carle
M. René Barsalo

Le groupe s’est réuni une première fois et a immédiatement convenu de la nécessité d’être inclusif et transparent dans la démarche. Suite à une seconde rencontre, le groupe s’est élargi par l’ajout de personnalités importantes de la scène québécoise du numérique, soit M. Michel Cartier et Hervé Fischer. Voici les suites que nous proposons : au cours des prochains jours, nous publierons sur le site de Démocratie ouverte un premier document de réflexion sur lequel il sera possible de réagir.

Pour ce faire, nous structurerons les débats autour d’un outil qui permettra la participation et la collaboration. Nous souhaitons identifier de nouvelles idées ou pistes de solutions et générer des consensus. Nous souhaitons construire rapidement une stratégie numérique cohérente et attractive qui pourrait être proposée aux autorités politiques concernées. Nous pourrons par la suite jeter les bases d’un plan numérique pour le Québec.

Pour l’instant le numérique est encore perçu comme un outil parmi tant d’autres. Nous croyons qu’il pourrait être un puissant levier de développement économique, social, culturel et démocratique. Plus qu’un outil, la révolution numérique est une des pierres d’assise sur laquelle nous devons construire le Québec de demain !

Les membres du groupe de travail bénévole
Pour un Plan numérique pour le Québec

De l’importance des geeks dans l’établissement d’un plan numérique pour le Québec et/ou le Canada

C’est via un statut de Sylvain Carle sur Facebook (celui-là même à qui on doit l’expression Le plan Nerd) que j’ai pris connaissance de l’excellent article de Arstechnica Geeks are from Mars, wonks are from Venus A prominent computer scientist tells us what he learned from two years in DC. On peut y lire :

In the long run, Felten hopes to see more technologists have a formal role in the policy process. “We’ve had some degree of success in intervening when something big is up, but that’s not a sustainable model,” he said. He’d like to see technologists become “a community that is known and engaged consistently over time.”

“I’ve thought about how other disciplines have managed to integrate themselves into the process,” he said. “Economists are a good example. They’ve been very effective in convincing policymakers that their expertise is important.”

It would obviously be foolish for senior government officials to make economic policy without seeking input from trained economists. Perhaps someday, it will be seen as equally foolish to make technology policy without a computer scientist in the room

.

Au moment d’écrire ces lignes, nous ne savons toujours pas si le nouveau gouvernement Marois ouvrira substantiellement la voie vers un énoncé économique numérique clair et si elle décidera de donner au numérique une place prépondérante dans une vision d’un développement économique québécois. Nous savons déjà qu’il n’y aura pas de « ministre du numérique » dans cette législature. Nous ne savons pas non plus ce qui se trame au fédéral quant à l’avenir du numérique au Canada, mais de mes sources bien informées, me disent qu’ils travailleraient hardiment là-dessus.

Ces derniers mois j’ai beaucoup écrit sur ce sujet. Il y avait d’ailleurs un excellent article de Nathalie Collard dans LaPresse du Week-end : À quand un ministre du numérique?

Mais si on revient à l’article du Arstechnica, on y apprend de la bouche de Ed Felten qui a été le premier CIO de la puissante Federal Trade Commission, l’incompréhension des avocats (qui sont grandement majoritaires chez les législatifs gouvernementaux) quant aux possibilités, limites et problématiques inhérentes au numérique. Lorsqu’une problématique est soulevée, les avocats ont tendance à croire que si on y met assez de ressources, tous les problèmes peuvent être résolus. Ce n’est de toute évidence pas le cas. Pire encore (je ne me ferai pas beaucoup d’amis chez les avocats ici) lorsque je fais des conférences sur l’adoption des affaires électroniques en fonction du secteur d’activité, les avocats et les comptables sont malheureusement pire encore en ligne que le secteur de la construction. Ce sont pourtant eux comme groupe qui décident en majorité de ce que le gouvernement fera pour la société en général.

Je me souviens d’ailleurs de ma présence à certains forums organisé par Industrie Canada (il y a bien des années) et présidé par notre actuel gouverneur général, son excellence David Johnston. J’y faisais partie des 50 experts canadiens consultés par Industrie Canada afin de déterminer les objectifs et politiques du gouvernement du Canada en matière d’économie numérique pour le marché intérieur ou pour la position canadienne aux forums internationaux comme l’OCDE. Or à ces forums, la grande partie des autres experts étaient justement des juristes et des économistes. Très peu ou pratiquement pas de geeks. Il y avait une pelletée de vice-président affaires règlementaire des grosses Telco et entreprises technologiques canadiennes, mais très peu de gens qui semblaient réellement comprendre les enjeux sur le terrain.

Je sais que monsieur le député Gautrin qui a déposé son 2e rapport a lui consulté nombre de geeks. Madame la première ministre du Québec Pauline Marois m’a dit de vive voix qu’elle comptait se servir de ce rapport comme base de réflexion importante pour son gouvernement. Je sais aussi que certains intervenants du gouvernement fédéral rencontrent plusieurs geeks en vu de se faire une tête sur le numérique. C’est déjà ça. Mais je sais aussi que le numérique n’est malheureusement pas encore compris et promu à sa juste valeur dans nos lois, politiques et vision économique globale. C’est à nous les geeks d’accepter de jaser de ça lorsqu’on nous demande notre avis et à continuer nos efforts de vulgarisation auprès des décisionnels et législatifs gouvernementaux. Mais c’est aussi aux décisionnels gouvernementaux et aux parlementaires d’avoir l’humilité de requérir l’aide des geeks qui ont la connaissance du terrain et du potentiel et des limites des technologies…

Vous aimerez aussi sans doute mes billets

Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique?

Le plan nord, le plan nerd et LeWeb

Un plan numérique pour le Québec devrait-il faire une place au logiciel libre ?

Les scandales TI aux gouvernements du Québec et du Canada, tentative d’explication

Un plan numérique pour le Québec devrait-il faire une place au logiciel libre ?

C’est dans la tribune du 16 janvier que nous pouvions lire l’article Le logiciel libre propose un potentiel d’économie incroyable. On y apprend que le 800 Millions de dollars que le gouvernement s’apprête à donner à Microsoft (et qui me scandalisait déjà) serait maintenant, peut-être plutôt 2,6 milliards.

Un choix « critique pour le futur » attend le gouvernement Charest en février, acculé par le géant Microsoft qui cessera de supporter son système d’exploitation Windows XP dans deux ans. Résultat? Une migration massive à prévoir pour les quelque 400 000 postes informatiques de l’État, estimée à 800 millions $.

Des chiffres jugés encore trop timides par Benoît des Ligneris, président de l’Association professionnelle des entreprises de logiciels libres (APELL) et de Révolution Linux.

« La migration est évaluée à environ 2000 $ par poste de travail. Nous pensons que le coût total réel est plutôt compris entre 3000 et 6000 $ par unité. Comme tous les gros projets, nous sommes incapables de prédire la dépense exacte, mais nous croyons que ça pourrait aller jusqu’à 2,6 milliards $ », affirme-t-il.

Un plan numérique contenant une vision claire sur le développement informatique du gouvernement, mais aussi de l’entreprise privée pourrait sans doute changer juste un peu la donne. C’est ce qui a entre autres été fait, il y a sept ans, par ce gauchiste de Lula, au Brésil.

Simon Phipps, Chief Open Source Officer at Sun Microsystems, relates a conversation that he had with a Brazilian Government minister who said that the reason that Brazil spends heavily on Open Source software is that “95 cents of every dollar spent in Brazil on proprietary software goes to North America. 95 cents of every dollar spent on Open Source software – stays in Brazil.”

Ironiquement tiré d’un article qui se questionne sur la stimulation de l’économie Écossaise grâce au logiciel libre Stimulate the Economy in Scotland by Using Open Source Software. Mais pourquoi donc, hormis les économies (nous sommes un pays riche, d’économiser n’est certes pas l’une de nos priorités), un plan numérique pourrait-il inclure le logiciel libre ? (tiré de Opensource.com)

Take Brazil, for example. Last year, President Lula was honored by the ITU in Geneva for the country’s success in crossing the digital divide by bringing not just technology, but government services and economic potential into its rural and impoverished areas. This success has caught the attention of many governments, including the US.
There are three main reasons why governments are interested in adopting open source technology:
1. They find that open source software helps improve national sovereignty, which is a very important goal for helping the government to do its job.
2. Open source improves economic development.
3. Open source helps to grow global knowledge.

Si toutefois, l’idée de ne pas dilapider l’Argent de contribuables traversait l’esprit de nos gouvernements et qu’ils étaient curieux du strict aspect financier de la chose, il serait sans doute ravi d’apprendre que (source escholarship.org)

According to the data provided by Mr. Marcos Mazoni, the President of SERPRO (Federal Service for Data Processing), the Brazilian state-owned institution that provides Information Technology and Communication services for the government and other state owned institutions around the country, the amount of money saved on software licenses by the Government in 2008 was around R $371.700.500,00 (reais), or USD $196.000.000

Dernière question, 196 millions (US) en 2008 ça fait combien en dollars canadiens en 2012 ? Et si on multiplie cette économie annuelle par le nombre d’années qu’on s’apprête à signer avec Microsoft, on parle de combien ? Sans doute des réponses auquelles pourrait répondre le lobbyist de Microsoft auprès du gouvernement du Québec, Martin Daraîche de la firme de Relations Publiques National, comme le dévoile LeDevoir

Selon le registre public des lobbyistes, le géant Microsoft embauche en effet depuis décembre 2008 un important lobbyiste de Québec, Martin Daraiche de la boîte de communication National, afin d’influencer les «propositions législatives et réglementaires» en sa faveur et positionner l’entreprise dans les appels d’offres gouvernementaux, peut-on lire. Son mandat est, pour le moment, valable jusqu’à la fin de l’année.

Pourquoi il faut un plan numérique pour le Québec

On peut discourir longtemps sur les raisons de notre retard en économie numérique et noter les statistiques qui ne sont malheureusement pas à notre avantage, comme je le fais sur une base régulière dans ce blogue. Mais pourquoi devrions-nous nous inquiéter de ce retard flagrant. Qu’est-ce que cela changera pour nous? Nous avons des ressources premières, on a un beau train de vie, alors pourquoi se casser la tête avec l’économie numérique?

La réponse à ces questions est particulièrement claire dans ce vidéo déniché via Éric Baillargeon.

Après l’avoir vu, vous serez peut-être enclin à pousser dans l’cul de nos élus qui disent vouloir parler d’économie durant l’élection présente, mais qui ne parlent strictement pas (encore) de cette économie qui fera vivre nos enfants…

Un plan numérique pour le Québec, l’entrevue à Radio-Canada

J’ai eu beaucoup de plaisir à répondre aux questions très pertinentes du journaliste de Radio-Canada Bruno Guglielminetti à propos du retard du Québec en ce qui a trait à l’économie numérique et aux correctifs que l’on peut y apporter. Comme par hasard, hier j’écrivais le billet Signets pour une gentille candidate aux élections et pour un fonctionnaire de bonne volonté ou vous trouverez tout les hyperliens se rapportant à cette discussion.
Le billet : Le cyber retard du Québec
L’entrevue avec Bruno Guglielminetti 13 :24 min.

MAJ
Je n’aime pas ma voix qui est encore trop grave. D’un autre côté, c’est un sujet grave…

L’innovation numérique en entreprise : l’expérience utilisateur au cœur des priorités

Article commandité

Plus que jamais, les technologies sont omniprésentes dans notre quotidien. Nous sommes branchés, connectés, interconnectés, et la plupart de nos activités, même les plus banales, font désormais appel au numérique. Il en est de même pour les entreprises. Pour se démarquer, elles doivent s’adapter et innover en développant des solutions numériques qui bonifient l’expérience client. Des produits et services qui répondent aux besoins des utilisateurs doivent être offerts en toutes circonstances, sur différentes plateformes et au moment le plus opportun.

Innovation, adaptation et personnalisation
Pour atteindre leurs objectifs commerciaux, les entreprises n’ont d’autre choix que d’intégrer de nouveaux outils. Or, la mise en place de ces outils entraîne des changements majeurs tant sur le plan des technologies que des processus de travail et de collaboration.

Si la pandémie a démontré l’importance des solutions numériques et en a accéléré la mise en place, elle a aussi illustré que toutes les entreprises avaient avantage à les adopter. À terme, malgré les efforts requis pour modifier leurs pratiques internes et renouveler les relations avec leur clientèle, elles y gagnent une meilleure connaissance de leurs clients ainsi qu’un engagement accru des employés et des partenaires.

En plus d’avoir transformé nos façons de communiquer et de commercer, la technologie permet aujourd’hui d’offrir une expérience utilisateur plus rapide et mieux adaptée grâce à des procédés numériques assurant l’automatisation des processus, la personnalisation des contenus et la sécurisation des informations personnelles.

Un impératif : améliorer l’expérience utilisateur
On sait que les internautes quittent rapidement un site, une application ou toute autre plateforme numérique si l’expérience s’avère laborieuse, sans compter qu’ils partagent souvent cette impression négative avec leur entourage. Les clients connectés ont des attentes élevées et l’expérience client qui leur est proposée doit répondre à leurs besoins. Ces attentes sont d’ailleurs croissantes, c’est-à-dire qu’un client qui apprécie l’expérience utilisateur proposée par une entreprise pour un produit ou un service ne s’attend pas à moins lors des fois suivantes. Les entreprises doivent donc sans cesse redoubler d’efforts pour optimiser leurs pratiques et répondre aux attentes de leurs clients!

L’optimisation de l’expérience utilisateur se révèle le meilleur moyen de retenir les visiteurs et de les convertir en clients. Comprendre, voire anticiper les attentes est dorénavant nécessaire pour accéder à de nouveaux marchés et répondre à des besoins en constante évolution. En plus de contribuer au développement et à la rétention de la clientèle, d’améliorer la crédibilité de l’entreprise et d’optimiser le référencement naturel du site, une expérience utilisateur positive peut réduire les coûts d’acquisition et d’assistance de la clientèle.

Par ailleurs, pour s’assurer de bonnes conversions et ainsi atteindre leurs objectifs, il importe que les entreprises soient proactives, qu’elles s’appuient sur des données pertinentes, fiables et de qualité, et qu’elles suivent de près l’évolution de l’expérience client afin de l’améliorer en continu. Mais pour cela, il faut d’abord avoir amorcé sa démarche d’optimisation numérique.

L’innovation numérique dans le domaine de l’assurance
Malgré la persistance des canaux traditionnels dans le processus de vente d’assurance, une vague d’innovations est en voie de métamorphoser l’industrie généralement plus traditionnelle de l’assurance. La plupart des assureurs ont compris l’importance d’adopter de nouvelles stratégies afin de saisir les opportunités du virage numérique. Ainsi, ils envisagent de nouvelles approches pour développer la relation client et rendre les processus d’achat plus attrayants, efficaces et sécuritaires.

Les nouvelles applications numériques permettent de diversifier le développement de produits, de multiplier les expériences numériques et de transformer diverses fonctions entrepreneuriales. En plus de faire évoluer les assureurs vers un modèle opérationnel plus profitable, de nouvelles technologies permettent même d’envisager le passage d’un mode de vente de produits à un service global de sécurité financière, voire à une approche de gestion des risques grâce à la domotique et à la télématique.

Comme en témoigne une étude réalisée par le CEFRIO, ces nouveaux modèles d’affaires offrent de nombreux avantages pour les entreprises dans un marché confronté à la concurrence croissante de joueurs non traditionnels. Intégrer une approche continue d’innovation numérique profite à tous, assureurs, assurés, employés et partenaires.

L’innovation numérique chez Promutuel Assurance
Promutuel Assurance a déjà largement renouvelé son approche utilisateur en mettant en place un espace client qui regroupe tous les documents d’assurance d’un membre-assuré dans un lieu unique et simple d’accès en plus de permettre les réclamations en ligne. D’entrée de jeu, le site Internet donne un aperçu général clair de l’offre de services et met de l’avant des outils pour demander des soumissions, quel que soit le produit recherché. Promutuel Assurance est également un des premiers assureurs au Québec à avoir lancé le certificat d’assurance numérique pour l’auto, qui vous permet d’avoir en version électronique toutes les informations d’assurance de votre véhicule sur votre téléphone intelligent. Enfin, l’assureur propose l’application mobile APPI, un programme unique de récompenses basé sur l’analyse de la conduite du client.

Par son approche utilisateur innovante, Promutuel Assurance s’assure d’être présent partout, en tout temps pour répondre aux besoins personnalisés de ses clientèles.

Article rédigé en collaboration avec Promutuel Assurance

Qu’est-ce qu’un actif numérique et pourquoi ça peut avoir un impact dans un contexte de repreneuriat?

Depuis plus d’un an, je suis l’une des expertes de CTEQ, le Centre de transfert d’entreprise du Québec . J’aide les organisations à vendre ou acheter les entreprises, de manière éclairée. Voici donc mes réponses à certaines des questions que peut se poser un entrepreneur dans ce genre de contexte.

Les actifs numériques d’une entreprise, qu’est-ce que ça comprend exactement ?

Un actif numérique est un actif intangible (qu’on ne peut pas toucher, voir, gouter, entendre ou sentir). Une grande variété d’intangibles peuvent entrer dans les actifs d’une entreprise. Il peut s’agir d’une adresse internet (URL), d’un site web, d’une présence sur les médias sociaux, d’un algorithme, d’un logiciel, d’une application, d’une base de données avec les éléments qui y sont inclus (par exemple une liste de clients avec leurs données personnelles), d’éléments numériques artistiques ou techniques telles que des plans, photos, enregistrement audio ou vidéo, contenus textuels. Cela peut aussi être des logos, images, processus et techniques protégés par une marque de commerce ou un brevet. On peut donc aussi songer à des jeux vidéos, des enregistrements musicaux, des applications ludiques et/ou commerciales, des films (web-série ou autre) des podcasts, des cryptomonnaies ou des œuvres NFT.

Pourquoi est-ce important d’évaluer les actifs numériques d’une entreprise ?

Si on songe à Facebook, Twitter à des logiciels de gestion ou à un site web ou à une base de données client on réalise vite que les actifs numériques peuvent avoir une très grande valeur. Malheureusement les institutions financières sont encore en retard dans l’évaluation de tels actifs. Historiquement, ce sont les fonds de placement ou les capitaux risqueurs qui ont été les premiers à investir et à évaluer de tels types d’actifs. Le scénario d’un film peut rapporter des centaines de millions et un logiciel, des milliards. Le site transactionnel d’une PME qui vend quelques millions de dollars de bien et de services en ligne a très certainement une grande valeur. De même qu’une adresse internet ou un profil média social qui est visité plusieurs dizaines de milliers de fois par mois, devrait eux aussi avoir une valeur monétaire.

Comment évaluer les actifs numériques d’une entreprise ?

Il faut d’abord faire l’inventaire de ces actifs et à l’aide d’outils spécialisés et de comparable de transactions passées basés sur des actifs comparables, évaluer la valeur de ceux-ci.

Quand est-il pertinent d’évaluer les actifs numériques d’une entreprise ?

Il est très certainement pertinent d’évaluer les actifs au moment de la vente, mais aussi de l’achat d’une entreprise. Mais en fonction de la situation commerciale de l’entreprise (est-elle en bourse ?) à plusieurs moments de la vie de l’organisation, il peut être important d’évaluer les actifs de celle-ci. Par exemple le cas de Twitter est très intéressant comme un exemple d’analyse d’un actif numérique. Twitter doit faire régulièrement des déclarations de vente et de revenus de même qu’un rapport sur le nombre d’usagers actifs et d’activités sur sa plate-forme pour ses investisseurs, mais aussi pour la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC). Or, dans ces différents rapports, Twitter a toujours prétendu n’avoir que 5% de faux comptes dans ses usagers. Ce pourcentage est aussi présenté aux publicitaires qui investissent sur le site. Elon Musk qui est en processus d’acquérir Twitter met en doute ce pourcentage qu’il affirme être beaucoup plus élevé. Si c’est le cas, la valeur de Twitter serait proportionnellement moindre. Or, pour le svoir la seule manière de le valider est d’avoir accès aux algorithmes et à la base de données qui sont des secrets d’entreprises. Tôt ou tard Elon Musk aura accès à ces informations et nous saurons si Twitter disait vrai ou s’ils ont fait de la fraude depuis plusieurs années.

Selon votre expérience, est-ce que les institutions financières reconnaissent la valeur des actifs numériques d’une entreprise à leur juste valeur ? Sinon, comment les entrepreneurs peuvent-ils leur faire valoir la valeur de leurs actifs numériques ?

Un actif numérique qui génère déjà des ventes sera considéré pour son apport au chiffre d’affaires et pour la projection des ventes sur 5 ans, selon l’historique des ventes passées. Par contre, la valeur en propre de l’actif numérique responsable de ces résultats lui ne sera peut-être pas considérée. C’est à l’entreprise de faire valoir ses arguments. D’ailleurs, ces actifs devraient figurer aux documents comptables annuels. Encore une fois, ce ne seront pas tous les comptables qui voudront prendre ces actifs en compte. Ils prendront les dépenses associées aux actifs et les ventes qui y sont associées et probablement amortiront la valeur des logiciels et des équipements informatiques. Mais rares sont ceux qui prendront réellement le temps de comprendre et de comptabiliser la valeur des actifs numériques à moins que l’entreprise n’en soit une de logiciel, de gaming ou de commerce électronique déjà rentable et imposante.

Cela ne devrait cependant pas vous décourager. Tout comme pour une propriété immobilière « en brique et mortier », d’autres considérations « intangibles » feront varier la valeur d’une propriété. Ce sera au vendeur et au courtier de les faire valoir. Est-ce que la propriété est en face d’un lac, près d’une école et de tous les services, est-ce un secteur recherché, est-ce une terre arable d’une valeur écologique exceptionnelle et reconnue? Plusieurs éléments pourront donc faire augmenter sensiblement la valeur d’une propriété. Il en sera de même pour la valeur d’une entreprise. Ce sera à celle-ci de faire valoir spécifiquement les éléments intangibles d’actifs qui peuvent être considérés dans le prix demandé.

Est-ce que le potentiel de développement des affaires en ligne, peut être est considéré dans l’évaluation des actifs numériques ?

Oui le potentiel de développement des affaires en ligne peut-être considéré. Surtout si ce potentiel est déjà démontré par des ventes passées. Sinon, il faudra démontrer avec chiffre à l’appui, la potentialité de ventes à venir. Cela peut se faire en démontrant l’achalandage d’un site, la richesse d’une base de données, la valeur avérée d’un concurrent semblable avec un marché déjà développé ou avec des équivalents technologiques déjà transigé.

Qu’est-ce qu’un expert en affaires numériques ? Comment peut-il aider à valoriser une entreprise ?

Maintenant il semble que tout le monde et son beau-frère soient devenus un expert numérique. Par contre le niveau d’expertise peut varier grandement. D’ailleurs ce n’est pas parce qu’on se peigne le matin que ça fait de nous un coiffeur. Idéalement, une expertise doit reposer sur une formation académique de haut niveau, par des publications et par de nombreuses années d’expertise avec référence à l’appui. Personnellement j’ai une M.Sc commerce électronique, 20 ans d’expérience en consultation, de nombreuses publications et conférences scientifiques, didactique et de vulgarisation et je suis déjà considérée comme témoin expert dans des causes civiles. J’ai aussi été juge pour le Fond des médias du Canada pour déterminer l’à-propos des modèles d’affaires qui pourraient bénéficier de dizaines de millions de dollars en subvention ou été consultante pour certaine multinationale locale et internationale qui se posait des questions sur le changement de leur modèle d’affaires induit par le numérique. J’ose humblement croire avoir une certaine expertise, voire une expertise certaine.

Avez-vous des conseils pour les entrepreneurs qui souhaitent faire un virage numérique à leurs entreprises et qui ont un magasin physique (brick and mortar) ?

Mon conseil serait de se faire un site transactionnel avec une technologie à code source ouvert, dans le genre de Woocommerce avec WordPress. De valoriser le marketing de contenus qui offre une pérennité de l’investissement puisque les contenus demeureront en ligne et qu’ils auront une durée de vie de 2 ans, comparativement à un statut Facebook qui a une durée de vie de 5 heures. À mesurer la conversion de ses activités marketing et tout en respectant les politiques de vie privée du marché dans lequel on évolue, de collecter systématiquement les données clients dont on aura besoin pour relancer la clientèle et faire la 2e et 3e vente. Dans une étape subséquente, de se procurer un CRM permettra de suivre son client tout au long de l’évolution de ses besoins.

Pour comprendre ma vision des enjeux numériques au Québec

C’est le pote Éric Le Ray Ph. D. qui a insisté pour que je participe à son émission de télévision virtuelle Occident. Nous nous connaissons depuis des années entre autres, parce que nous avons été conférenciers ensemble pour discuter d’édition numérique et d’autres sujets touchant la transformation numérique de nos sociétés. Il voulait parler du plan numérique pour le Québec que j’avais développé pour le Parti Québécois. Mais il voulait aussi discuté du $4M que le gouvernement Trudeau va investir dans le numérique au Canada, d’identité numérique, d’infrastructures numériques, d’intelligence artificielle et de bien d’autres sujets.

C’est sans doute l’entrevue la plus complète que j’ai jamais donnée sur ces sujets. Éric étant une personne qui fouille ses dossiers, ses questions m’ont forcé à faire le tour de plusieurs questions.

P.-S.
L’entrevue était sur zoom et à cause d’un pépin technique, je ne voyais pas Éric tout au long de l’entrevue. Il était donc difficile d’interagir avec lui au travers de l’écran qui était noir. Mais ça ne semblait pas déranger Jean-Philippe Lemieux qui disait de cette entrevue sur Twitter.

wow.
Michelle, merci pour l’image, le style, le verbe, le naturel, la vie.
Merci aussi pour le propos, mais encore plus pour la forme. Le caractère, l’audace.

Comme quoi nous sommes souvent le pire de nos critiques…

Voici d’ailleurs certains hyperliens de textes dont nous discutons dans cette entrevue.

Le plan numérique du Parti Québécois, trop fière de ces engagements

L’identité numérique peut servir le bien, tout comme le mal. Quelle direction prendra le Québec?

Pourquoi je choisis le Parti Québécois et ma réflexion politique

Les étonnés et le rapport d’étonnement

Projet de société pour le Québec ? Vers une révolution éconumérique tranquille….

La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain

Pourquoi la Caisse de dépôt et placement ne s’intéresse-t-elle pas à la fibre optique ?

Les Web Services et leur impact sur le commerce B2B