Un autre point de vue sur la crise des médias

Préambule

Mon premier emploi était camelot. Je passais les journaux du dimanche comme Le Dimanche Matin et les magazines comme Femme au Foyer, Tv Hebdo, Photo police ou Pif Gadget ou Pilote. Je me levais aux petites heures pour en lire le plus possible. Tout ça pour dire que les médias, quels qu’ils soient, ont fait partie de ma vie depuis le plus jeune âge. Et même avant d’être camelot, je dévorais la revue Perspective (une sorte de la revue L’Actualité avant son temps) qui était en encart dans le journal Le Soleil, afin de faire mes travaux scolaires.

Je ne suis plus jeune et j’ai vu des médias disparaître (comme l’infect Trouble.Voir) et d’autres apparaître (comme l’excellent Caribou). J’ai écouté les nouvelles de Radio-Canada depuis ma tendre enfance et j’ai observé ses nombreux changements. J’ai aussi écouté la radio durant toutes ces années. Je suis donc grande amatrice de nouvelles, de magazines et de médias. J’ai d’ailleurs chroniqué pour les Affaires, le défunt Canal Argent de même que sur VoxTV en plus d’être invité régulièrement à LCN et RDI, avant de demander un cachet et de changer de sexe. Après je n’étais plus que transsexuelle.

J’ai été témoin de nombreuses transformations découlant du numérique et de plusieurs secteurs économiques qui en ont été affectés. Songeons d’abord au secteur hôtelier qui s’est fait manger tout rond par les hotels.com et autre Expedia, avant de devoir s’ajuster et faire face à cet autre défi que sont les prestataires de AirBnB. Comme quoi les médias sont loin d’être les premiers, les seuls ou les derniers à être affectés par les transformations qu’engendre la société numérique.

Les médias eux-mêmes sont en transformation depuis des siècles. Songeons entre autres à l’avènement de l’imprimerie, du télégraphe, de la dactylo, de l’ordinateur, des moteurs de recherche et maintenant de l’intelligence artificielle? Nous n’avons encore rien vu de ce qui pourrait subvenir.

Récemment j’ai écrit ce statut :

#LaQuestionQuiTue Les médias sont dans le trouble. C’est la faute de la publicité qui n’y est plus, des lecteurs/auditeurs qui ne lisent/n’écoutent plus et du modèle d’affaires chambranlant. Mais quand les journalistes vont-ils se remettre en question? Quand les médias vont-ils reconnaitre leurs responsabilités de cette débandade?

J’ai cherché la réponse et je ne l’ai pas trouvée. Par contre, j’ai bien des pistes de réflexion venant des médias eux-mêmes.

Résumé de l’état de la situation

Dans la conclusion du document Les médias québécois d’information, Daniel Giroux,État des lieux, on peut lire :

Des dizaines de millions de dollars ont déserté les médias québécois pour Google, Facebook, YouTube, Kijiji, Les Pac.com
et les autres plateformes en ligne. Cela s’explique par les facteurs suivants :
• Les nombreuses heures passées en ligne à d’autres activités que celles impliquant des médias ; ces activités ont une valeur pour les publicitaires ;

• L’interactivité des sites des petites annonces qui permet aux éventuels acheteurs de repérer rapidement les articles qui les intéressent.

• Le vieillissement des auditoires des médias classiques, ce qui rend ces derniers moins attrayants pour ceux qui achètent de la publicité ;

• Les nouvelles habitudes des utilisateurs qui délaissent les outils traditionnels (papier, télévision et radio linéaires) pour le numérique et une consommation à la pièce ;

• Les Google, Facebook, YouTube et autres Snapchat disposent d’informations sur les champs d’intérêt de leurs utilisateurs qui leur permettent de proposer des cibles très précises aux annonceurs du Web ;

• L’offre de fenêtres publicitaires à vendre s’amplifie de manière exponentielle alors que la demande (les dépenses des annonceurs) n’évolue qu’en fonction de la croissance de l’économie. Cela fait en sorte que le cout pour rejoindre mille personnes (CPM) y est moins élevé que celui qu’on observe dans les plateformes traditionnelles. Un lecteur numérique rapporte bien moins qu’un lecteur papier, un internaute sur le site TVA Nouvelles moins qu’un téléspec- tateur qui regarde le téléjournal de 18 h.

Les problèmes des médias

La perte de crédibilité des médias

Ici comme ailleurs, les médias ont perdu de la crédibilité au fil des ans. Dans un article de Radio-Canada :

Baisse marquée de la confiance
Ainsi, après le bond favorable de 2021, la confiance à l’égard de la plupart des nouvelles, la plupart du temps, selon la définition du DNR, a reculé de sept points chez les francophones pour se situer à 47 % au début de 2022 et de cinq points chez les anglophones, où elle est à 39 %. Fait à noter, cet écart de confiance entre francophones et anglophones est une constante au fil des ans dans ce rapport.
(…)
Ils sont aussi 26 % à croire que les médias priorisent leurs propres opinions politiques devant les intérêts de la société, contre 27 % qui pensent le contraire. Sans surprise, là aussi, les répondants qui s’identifient comme étant de droite sont encore plus nombreux à croire que les médias placent leurs propres intérêts devant ceux de leurs auditoires.

Et dans une étude collaborative entre l’Université d’Ottawa et l’université de Sherbrooke, La crédibilité des médias est à la baisse au Québec révèle une vaste enquête, on souligne :

Quelques faits saillants de l’enquête

La crédibilité de tous les médias est à la baisse même si les personnes répondantes estiment encore de façon majoritaire (sauf pour Internet) que les choses se sont passées vraiment ou à peu près de la façon dont les médias les racontent. La télévision demeure le média le plus crédible.

Plus de 45 % des personnes croient qu’il arrive parfois ou souvent que les journalistes contribuent à créer et à diffuser de fausses nouvelles.

Généralement, le jugement porté sur la crédibilité et la confiance des médias est plus sévère et critique chez les personnes s’identifiant au Parti conservateur du Québec.

Plus de 54 % de celles et ceux qui connaissent bien un sujet sont d’avis que les journalistes font preuve d’exactitude dans les faits qu’ils rapportent.

De plus, les médias sont perçus comme étant biaisé politiquement, idéologiquement, et la sacro-sainte « objectivité journalistique » ne semble plus qu’un souvenir dans la mémoire de certains.

Dans le New York Times: How to Destroy (What’s Left of) the Mainstream Media’s Credibility

It is hardly a secret within America’s newsrooms that our profession has lost much of the public’s trust. Gallup, which has polled “Confidence in Institutions” for decades, found that, as of last summer, just 16 percent of Americans had either a “great deal” or “quite a lot” of confidence in newspapers — down from 25 percent a decade earlier and 35 percent in 2002. For TV news, the latest results were even worse. Eleven percent of Americans trust it. Fifty-three percent don’t.

(…)
We are not simply disinterested defenders of democracy writ large. We are actors within that democracy, with a powerful megaphone that we can sometimes use in problematic ways. When, for example, paparazzi snoop on celebrities going about their regular days, are the interests of democracy being served — or merely the interests of the press in selling copy? The same goes for public figures accused of salacious activities that remain unproven: How well was American democracy served by rumors of a pee tape?

(…)
Finally, the purpose of journalism in a democracy is not just about reporting. It’s also about listening. “A good newspaper, I suppose, is a nation talking to itself,” Arthur Miller once remarked. Downie and Heyward are right that more diverse newsrooms can help readers gain the perspectives of people from marginalized communities, which don’t always have large megaphones of their own. But that listening must also extend to the sorts of Americans much of the mainstream media now sees, at best, as a foreign tribe, and at worst, grave threats to democracy itself: people like religious conservatives, home-schoolers, gun owners and Trump supporters.

Dans le Harvard Business Review: Why the News Is Not the Truth

The news media and the government are entwined in a vicious circle of mutual manipulation, mythmaking, and self-interest. Journalists need crises to dramatize news, and government officials need to appear to be responding to crises. Too often, the crises are not really crises but joint fabrications. The two institutions have become so ensnared in a symbiotic web of lies that the news media are unable to tell the public what is true and the government is unable to govern effectively. That is the thesis advanced by Paul H. Weaver, a former political scientist (at Harvard University), journalist (at Fortune magazine), and corporate communications executive (at Ford Motor Company), in his provocative analysis entitled News and the Culture of Lying: How Journalism Really Works.

(…)
Companies routinely use research studies to promote products or positions. White bread won’t cause you to gain weight and is nutritious, a study by the Cooper Institute for Aerobic Research found. Its sponsor: the maker of Wonder Bread. Chocolate may actually inhibit cavities, concluded a study by the Princeton Dental Resource Center, which is funded by Mars, the maker of M&M’s and other chocolate candies. The U.S. public’s faith in so-called scientific research gives the studies impact, even when they contradict common sense and are patently self-serving. “Most members of the media are ill-equipped to judge a technical study,” Crossen correctly points out. “Even if the science hasn’t been explained or published in a U.S. journal, the media may jump on a study if it promises entertainment for readers or viewers. And if the media jump, that is good enough for many Americans.”

Dans The Walrus : Journalism’s Wicked Problem: Save What’s Lost or Invest in What’s New?

The media is also partly to blame. It lost faith in journalism and tried to compete with an internet awash in cat videos, listicles, and misinformation.
(…)
The handful of print outlets that have managed to turn a profit through online subscriptions and other revenue—like the New York Times, The New Yorker, and the Washington Post—shows that, if you build a product that people value enough, you don’t necessarily need advertising to survive; digital customers will follow.
(…)
“The decimation of journalism unfolded over a quarter century, and nobody did boo,” says Winseck. “Instead of looking in the mirror and at their own complicity, the media is pointing fingers at Google and Facebook. And that’s just crazy.” Legacy media companies, in other words, have become the carriage maker who, after the invention of the automobile, stands around crying, “But we made very good carriages!”

Et finalement dans le Associated Press : Americans fault news media for dividing nation: AP-NORC poll

Nearly three-quarters of U.S. adults say the news media is increasing political polarization in this country, and just under half say they have little to no trust in the media’s ability to report the news fairly and accurately, according to a new survey from The Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research and Robert F. Kennedy Human Rights.
Americans fault news media for dividing nation: AP-NORC poll

La perte des auditeurs et du lectorat

Selon le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval


La moitié (50 %) de la population adulte du Québec lit régulièrement1 un quotidien en semaine. Pendant une semaine type complète (7 jours)2, ces journaux rejoignent un peu moins des trois quarts (73 %) des Québécois. Les Canadiens sont proportionnellement moins nombreux à s’informer de cette manière que ce soit du lundi au vendredi (42 %) ou sur une semaine complète (66 %).

Mais je dois souligner que les problèmes des médias sont beaucoup plus complexes et nombreux que le bref survol que je viens de vous présenter. Le site VisualCapitalist en présente succinctement 33 dans le tableau ci-bas.

Existe-t-il des solutions?

L’un des articles passionnants que j’ai pu lire au sujet des solutions est Is the Media Doomed?From a Big Tech crackdown to the rebirth of local news, 16 future-minded thinkers predict where journalism will be in 15 years. Certaines des piste de solutions:

Faire plus de journalisme d’investigation

L’une des pistes de solution est de mettre plus d’efforts dans le journalisme d’investigation. Ce journalisme coûte cher et il requiert de longs travaux. Par contre, il est possible, comme cela a été le cas pour les Pandora Papers, que plusieurs médias travaillent ensemble afin de le financer et de faire les recherches qui y sont nécessaires.

Collaborations are increasing, whether globally, as with the Pandora Papers project in which reporting teams worked together to expose corruption, or the Dallas Morning News partnering with the Texas Metro News, a Black-press outlet. Each helps supply what’s missing in the other.

Éduquer les jeunes à identifier les bonnes sources d’information et à être capable de les valider

Valoriser le journalisme de solution

News consumers want “solutions journalism.” Don’t just tell them the problem; what can they do about it?

Favoriser les micropaiements

I’ve long been an advocate for a kind of E-ZPass for news — micro-charges per page — which would allow people to read what they want without onerous subscriptions. That’s the only way that most people will pay for news.

Embaucher des journalistes qui couvriront les enjeux régionaux avec de bons salaires

Over the next decade, major news organizations need to get in the game, hiring journalists to work — with real salaries — from where they live, reporting on communities they know. Companies with editorial and technological heft must help train reporters in the field. Not just for national stories that might get picked up by cable news channels, but for covering school boards, zoning boards, city and county councils, courts and police unions, universities, and state governments.
(…)
If we can find a balance between national news and journalism and politics that engage and empower people locally, then maybe, just maybe, we can protect — even improve — our national democracy.

Le retour du microjournalisme comme en 1837

By 2037, the American media landscape may look more like 1837 than 1937. There will be few professional reporters. Many outlets in 1837 were single-person outfits, just as many news operations will be single-person Substacks or equivalents in 2037. Journalistic norms and standards will be the exception, not the norm.

La renaissance des coops de journalisme local

Today, we’re seeing the first sprouts of this growing movement. Local, nonprofit journalism is beginning its post-crash renaissance: Report for America, which places journalists in local papers around the country, is growing enormously, as is LION, a kind of guild for small local news startups.

Et finalement la création de médias locaux surspécialisés.

Authoritative new sites surfaced with rigorous reporting on specific fields, such as education, criminal justice, public health and other subjects that do not typically pump up clicks or subscriptions.
Relying on a crazy quilt of disparate financial models, more sites must arise to cover topics of climate, democracy, alienation, addiction, you name it — together offering a patchwork system of news.
Taken together these news sources would knit people together as part of larger communities, not just as interest groups or psychographics to be pitched. They would build a journalism that treats people as citizens and neighbors, not just consumers.

 

Qu’est-ce que je pense de tout ça?

Qu’est-ce que je pense de tout ça? « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme» (Lavoisier, repris du grec Anaxagore de Clazomènes, en 450 avant Jésus Christ). Les médias sont le médium qui transporte « les nouvelles ». Nous aurons toujours besoin de « nouvelles ». La forme et le(s) médium(s) changeront comme ils ont changé depuis la Rome antique qui avait des crieurs publics. Il est même très possible que les lecteurs de nouvelles (l’équivalent actuel des crieurs anciens), ne soient même plus humains, comme c’est déjà le cas en Chine.

Par contre, le travail de colliger les faits et d’en donner une version, voire interprétation, sera toujours nécessaire. Les manipulations de ces faits par les états, les acteurs économiques et les visées personnelles des analystes, continueront malheureusement aussi à faire des dégâts. Cependant, le besoin de « savoir ce qui se passe » étant fondamental, une industrie de l’information perdurera quoi qu’il advienne. Il est cependant clair que le modèle d’affaires qui a subsisté depuis le dernier siècle est brisé et qu’il doit être réinventé de différentes manières. Plusieurs idées sont déjà présentes dans ce billet et plusieurs autres sont en cogitation dans mon propre esprit et dans celui de plusieurs autres observateurs. Une suite est donc inévitable à ce billet. D’ailleurs, il y a quelques jours, j’ai participé à un long podcast sur le sujet de la crise des médias. Je le mettrai en ligne sous ce billet dès qu’il sera disponible…

Transformation numérique des organisations, statut quo et résistance aux changements dans l’automobile

Depuis quelques années, j’observe que certains secteurs industriels sont réfractaires à la numérisation de leurs activités. Souvent, ce n’est pas par mauvaise volonté. C’est par peur du changement, peur de la réaction du patron, peur de perdre des acquis ou par confiance démesurée envers des fournisseurs qui en profitent allègrement.

 

J’ai déjà traité dans mon billet Comment l’immobilier résidentiel et les concessionnaires automobiles se font bouffer par la transformation numérique, pourquoi ces secteurs sont en retard et qu’ils se font « manger la laine sur le dos parce que bien qu’ils soient en ligne, ils y sont d’une manière déficiente et étant dépendant des pressions externes qui sont exercées sur eux. »

 

Voici donc quelques exemples qui mettent en contexte ces problèmes, en particulier dans le secteur de l’automobile. Un gestionnaire intermédiaire qui a suivi mes formations est maintenant au fait des graves problèmes de la fraude publicitaire et de l’arnaque de la « programmatique » en publicité. (vous pouvez lire L’alternative à l’endémique fraude par clic, La pourriture marketing web Partie 2 (fraude par clic), La fraude publicitaire en ligne est le crime numérique le plus payant ou aperçu de la cybercriminalité ou La pourriture marketing web Partie 1)    Durant une rencontre à plusieurs gestionnaires avec une « très grosse agence de publicité » qui gère leur compte de plusieurs centaines de milliers de dollars, il ose poser la question :

 

« Il semble qu’il y a 20 ans, la fraude par clic était de 20% et qu’elle serait maintenant de 50%. Que faites-vous pour contrôler ce problème? »

 

La réponse de l’agence :

 

« Êtes-vous en train de remettre en question l’intégrité, la probité et le professionnalisme de notre agence? »

 

Il s’en suivit un silence et un froid à couper au couteau. Le supérieur hiérarchique du gestionnaire mis un terme à la question et invita l’agence à continuer de présenter comment ils envisageaient de dépenser les centaines de milliers de dollars de publicité en programmatique.

 

Un autre de mes clients travaille dans le secteur de l’automobile. C’est une personne qui est issue d’un autre secteur économique et qui a une compréhension fine et aiguisée du web, de la publicité numérique et de l’importance des données clients pour croitre le chiffre d’affaires et faire la 2e, 3e ou même la 4e vente. Il me dit être scandalisé par l’ineptie du manufacturier (il travaille pour une chaîne de concessionnaires) et les différentes arnaques dont il est témoin envers celui-ci, tant par les agences publicitaires que par les intermédiaires de marché. Mais le secteur automobile est extrêmement conservateur et souvent, les gestionnaires du manufacturier, de l’association des concessionnaires ou des concessionnaires eux-mêmes, n’ont aucune formation pratique ou une compréhension en web ou en publicité numérique. Ils sont donc dépendants de ce que peuvent leur dire les nombreuses agences avec qui ils travaillent. De surcroit, bien souvent, les décisions seront prises au niveau du manufacturier qui imposera celles-ci aux concessionnaires, qui devront suivre les directives au risque de se voir couper des nombreuses primes au rendement ou pire encore, de voir leurs inventaires amputés au profit d’un autre concessionnaire qui sera plus enclin à suivre aveuglément les directives du manufacturier. C’est donc une situation plutôt délicate et pour le concessionnaire et pour le gestionnaire marketing de celui-ci qui serait le moindrement conscient de l’importance de la transformation numérique auquel fait face l’industrie tout entière.

 

Ajoutons à ça que dans l’industrie automobile, c’est le concessionnaire qui a le contact avec le client. Le manufacturier n’a pratiquement aucune donnée sur sa clientèle directe. En outre, ce sont très souvent des intermédiaires (dont plusieurs ont été nommés dans mon précédent billet, comme, disons Autotrader) qui collecteront les données clients et les utiliseront comme levier marketing pour leurs propres places de marchés de ventes d’automobiles neuves et usagers. Donc pour y vendre des voitures neuves ou usagers, les concessionnaires (qui sont leurs clients) devront payer de nouveau ces intermédiaires, pour rejoindre leurs propres clients (le consommateur). En outre, certains manufacturiers dans « un esprit de conformité et d’uniformité» exigeront que les concessionnaires cèdent à une agence externe unique, le contrôle total de leur publicité, des statistiques de leurs présences web et pire encore, de leurs données clients. En plus de revendre aux manufacturiers l’analyse que l’agence intermédiaire fera de ces données, ils les utiliseront à leur profit pour compétitionner les concessionnaires sur leur propre place de marché. Vue de l’extérieur, ça saute aux yeux à quel point c’est ridicule.

 

Quelques opportunités manquées.

 

La durée de vie d’un client dans le contexte que je viens de vous expliquer est donc dont très courte. Pourtant, un consommateur moyen achètera probablement 7 voitures dans sa vie. En outre, il fera de nombreux entretiens et réparations et dans certains cas, il pourrait même être un adepte de la personnalisation de son véhicule, ce qui est particulièrement payant pour un concessionnaire. Aussi, le consommateur sera peut-être aussi le propriétaire d’une entreprise qui pourrait vouloir acheter de nombreux véhicules pour celle-ci (pour la livraison de pizza par exemple), ou sera peut-être un parent attentionné qui voudra un véhicule pour célébrer la réussite académique de son enfant.

 

Par ailleurs, certains manufacturiers ont une gamme de véhicules très étendus à des prix très variables. Malheureusement, plusieurs de ceux-ci ont des gestionnaires de marques dont la fonction première est de faire la gestion et la promotion de la marque. Pas de suivre l’évolution de la santé financière d’un client et de partager avec ses collègues, les données qui permettraient aux manufacturiers de vendre des voitures de plus en plus dispendieuses, d’une marque différente du même manufacturier, en fonction de l’évolution des besoins et des capacités financières du client.

 

Une vue unique du consommateur et l’intégration des différentes bases de données avec des tableaux de bord pour suivre la vie du client seraient fondamentales pour identifier les opportunités de ventes additionnelles. Une division marketing performante avec des spécialistes de publicité numérique, de marketing de contenus, de placement média et d’analyse de marché à l’interne du manufacturier avec transfert de connaissance vers les concessionnaires éviterais de se faire pomper des millions par les agences publicitaires et les agences web et leurs places de marchés automobiles qui concurrences directement les concessionnaires avec leurs propres données et leurs propres inventaires. Il y a 20 ans je trouvais scandaleux que les hôteliers se fassent laver par les Expedia et hotels.com de ce monde. 20 ans plus tard, les intermédiaires de l’automobile sont encore pires (ou plus astucieux) que ne l’étaient les sangsues du domaine hôtelier…

 

Entretemps les nouveaux joueurs comme TESLA communiquent directement avec le client et ne sont pas empêtrés dans les dédales structurels historiques des anciens joueurs de cette industrie…

 

Pour en savoir plus sur la fraude par clic, vous pouvez visiter le profil LinkedIn d’un spécialiste mondial de la question, le Dr. Augustine Fou, et lire les nombreux articles qu’il partage sur le sujet.

Vous pouvez aussi prendre connaissance des acétates de mon cours Qu’est-ce que le marketing de contenus et pourquoi la publicité coute cher et que le contenu est ROI


VALEURS, NICHE, MODÈLE D’AFFAIRES, ANALYSE STRATÉGIQUE WEB, BASE DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE

Voici le sixième cours de Marketing Entrepreneurial que j’enseigne à HEC Montréal. Il traitera de:

  • La valeur et le modèle d’affaires,
    Le « pense-bête » stratégique web
    bundling, versioning, longue traîne, modèles open source
    Le pitch
  • Le 1er cours qui est une revue sociodémographique des médias sociaux est ici
    Médias sociaux et le web pour les entrepreneurs (le web ce n’est pas une question de budget, mais de philosophie)

    le 2e cours
    Qu’est-ce que le marketing de contenus et pourquoi la publicité coute cher et que le contenu est ROI

    le 3e cours
    Rédiger pour le web et les médias sociaux de façon stratégique

    le 4e cours
    Monitorage, veille et comment chercher sur le web

    le 5e cours Analyse compétitive web

    Musk, Twitter, les changements qui viendront et la panique de certains médias

    Le soi-disant « méchant » Elon Musk devrait transformer Twitter en égout à ciel ouvert. C’est du moins ce que laissent entendre plusieurs médias. Il aurait même l’outrecuidance de pardonner à Donald Trump et le laisser réintégrer la plate-forme. Même que les employés actuels de Twitter seraient sur le bord de la crise de nerfs et pourraient démissionner en bloc. C’est dire à quel point la prise de possession hostile de Twitter par Musk serait « la fin » de cet emblème du web en temps réel, de cette agora des communications, de la politique et de l’intelligentsia internationale qu’est Twitter.

    Je suis très loin de cet avis. Je n’aime pas particulièrement Trump, mais j’ai déjà discuté avec le Professeur Vincent Gautrais du changement de paradigme, de la censure et des implications majeures que cette décision de bannir à perpétuité Trump apportait dans le paysage légal des médias sociaux. Par contre, je dois avouer aimer Musk, apprécier plusieurs de ses positions et critiques de l’outil Twitter et être enthousiasmée des changements qu’il compte faire. Il semble même que Jack Dorsey, le fondateur de Twitter et celui-là même qui avait banni Trump, soit aussi de cet avis. Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Via le NewYorkPost :

    D’ailleurs, la célèbre et très critique ACLU (American Civil Liberty Union) est aussi d’avis que le bannissement à perpétuité de Trump est vraiment allé trop loin. Dans leur récent communiqué de presse, on peut lire :

    “You’d be hard-pressed to find a more steadfast opponent of Trump and his policies than the ACLU, but Elon Musk’s decision to re-platform President Trump is the right call. When a handful of individuals possess so much power over the most important forums for political speech, they should exercise that power with restraint. If Trump violates the platform rules again, Twitter should first employ lesser penalties like removing the offending post — rather than banning a political figure.

    “Like it or not, President Trump is one of the most important political figures in this country, and the public has a strong interest in hearing his speech. Indeed, some of Trump’s most offensive tweets ended up being critical evidence in lawsuits filed against him and his administration. And we should know — we filed over 400 legal actions against him.”

    Pour revenir aux employés, certains seraient sur le bord de la crise de nerfs selon certains médias :

    Twitter employees go ‘absolutely insane’ after Elon Musk buys company

    Babylon Bee skit mocks Twitter employees as sensitive, gets flagged by Twitter for ‘sensitive content’

    ‘Super Stressed’ Twitter Employees are Complaining About the ‘Sh-t Show’ of Elon Musk Becoming the Major Shareholder

    Et paradoxalement, les demandes pour travailler chez Twitter auraient augmenté de 250%.
    Job interest in Twitter skyrocketed more than 250% since Elon Musk moved to take over. But current employees are nervous.

    Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres.

    Il faut cependant noter que Musk sera très exigeant quant à l’éthique et aux capacités élevées de programmation de ces prochains employés. (sur Fortune)

    “If Twitter acquisition completes, company will be super focused on hardcore software engineering, design, infosec & server hardware,” he tweeted on Friday morning. “I strongly believe that all managers in a technical area must be technically excellent. Managers in software must write great software or it’s like being a cavalry captain who can’t ride a horse!”

    Encore une fois Dorsey, l’ancien fondateur de Twitter, lui semble tout à fait en accord avec certains des changements technologiques proposés par musk.

    Certains critiques de Musk prédisent qu’il va se planter avec la monétisation de Twitter et qu’il n’aura d’autre choix que de rendre l’outil payant pour les usagers. Ils oublient sans doute que Google n’a jamais été payant pour les usagers et que c’est l’une des entreprises les plus prospères de la planète. Le modèle d’affaires de Twitter a aussi encore beaucoup de possibilités d’innovations et son modèle d’affaires peut certainement encore évoluer magistralement. Cela semble être l’avis de Musk et c’est ce qu’il a présenté à plusieurs investisseurs dans un PowerPoint dont le New York Times a obtenu copie et qui est ici repris par blogdumoderateur :

    Voici les objectifs ambitieux d’Elon Musk pour Twitter :
    1. Chiffres d’affaires : 26,4 milliards de dollars d’ici 2028. Pour comparaison, le chiffre d’affaires de Twitter en 2021 était de 5 milliards de dollars. L’ambition du milliardaire est donc de multiplier par 5 les revenus de Twitter.
    2. Revenu moyen par utilisateur : Le rapport annonce aussi une hausse du revenu moyen par utilisateur, 30,22 dollars en 2028 contre 24,83 dollars en 2021.
    3. Nombre d’utilisateurs : 931 millions d’utilisateurs actifs d’ici 2028 (600 millions d’utilisateurs d’ici 2025). Pour comparaison, le nombre d’utilisateurs actifs sur Twitter est seulement de 229 millions d’utilisateurs en 2022.
    4. Abonnements Twitter Blue : 159 millions de dollars de revenus d’ici 2028 (69 millions de dollars d’ici 2025) pour son abonnement premium Twitter Blue, lancé en juin 2021.
    5. Nouvel abonnement « X » : selon le rapport, Elon Musk aurait prévu de lancer un abonnement appelé « X », pour le moment, en 2023 qui pourrait compter 104 millions d’utilisateurs en 2028.
    6. Abonnements (dans sa globalité) : les revenus liés aux abonnements devraient atteindre 10 milliards de dollars en 2028.
    7. Revenus publicitaires : la publicité devrait représenter à termes 45 % des revenus de Twitter, contre 90 % actuellement (chiffres de 2020). Ainsi, les revenus publicitaires représenteraient en 2028 : 12 milliards de dollars de revenus.
    8. Activité de paiement : une activité de paiement pourrait être développée en 2023 sur Twitter (peu d’informations à ce sujet), ce qui permettrait de générer des revenus à la hauteur de 1,3 milliard de dollars en 2028.
    9. Nombre d’employés : 2 700 nouveaux employés d’ici 2025. Actuellement, ils sont environ 7 500 collaborateurs.

    Quoi qu’il en soit, Musk continuera à faire couler beaucoup d’encre et d’affoler ses détracteurs qui le voient comme le gros méchant milliardaire égocentrique d’extrême droite qui veut ouvrir les vannes de la méchanceté sans limites au monde entier. Pour ceux-ci, il en a déjà rajouté une couche

    MAJ

    Elon Musk suspend le rachat de Twitter, l’action s’effondre

    MAJ2

    @elonmuskStill committed to acquisition

    Tourisme, développement économique et recrutement, pourquoi pas une agence d’attractivité?

    Je n’avais jamais entendu parler du concept d’agence d’attractivité avant d’avoir eu le mandat d’accompagnement stratégique et de développement d’une stratégie de commercialisation numérique de l’AAAT (Agence d’attractivité de l’Abitibi-Témiscamingue).

    Mais qu’est-ce qu’une agence d’attractivité?

    En fait c’est un concept qui semble émaner d’Europe et de la France en particulier. (selon banquedesterritoires.fr)

    29 agences d’attractivité existent actuellement en France. Leur nombre est en augmentation. Dans une étude publiée durant l’été, le Cner – la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation – se penche sur leurs caractéristiques. Et constate la diversité de leurs initiateurs (régions, départements, intercos), la mixité de leurs cibles, l’élargissement de leurs missions avec une porosité entre attractivité économique et attractivité touristique de marketing… et une dynamique particulière sur le littoral.

    Ces agences, de plus en plus nombreuses, sont aussi de plus en plus diversifiées. En termes d’échelon, d’abord, car elles sont créées autant par des régions que par des départements, des métropoles ou des intercommunalités. Mais aussi en termes de contexte territorial, certaines d’entre elles étant créées pour renforcer l’attractivité d’une capitale régionale quand d’autres sont chargées de la promotion d’une destination touristique, et d’autres encore de valoriser un territoire rural…

    (…)Au-delà de ces deux dynamiques (création d’agences d’attractivité ex nihilo et élargissement des missions d’organismes de promotion de la destination à l’attractivité), l’étude mentionne deux autres évolutions favorables à l’émergence des agences d’attractivité : les fusions entre agences de développement économique et organismes de promotion de la destination (offices de tourisme, comme “Toulouse a tout”, comité départemental, comme Vaucluse Provence Attractivité, ou comité régional du tourisme, comme l’agence d’attractivité de l’Alsace) et le repositionnement d’agences de développement économique qui font évoluer leur objet et leur nom pour y intégrer la mention, voire la dimension “attractivité” , comme Aveyron Expansion devenant Aveyron Ambition Attractivité.

    Agence d'attractivité

    Source: https://www.iva.se/globalassets/info-trycksaker/attraktionskraft-for-hallbar-tillvaxt/keys-to-greater-attractiveness-and-competitiveness.pdf

    En fait les acteurs économiques, touristiques et sociaux se sont rendu compte que l’investisseur, le touriste, l’étudiant ou le futur employé, doivent souvent connaître une région, avant de choisir de s’y installer. Le « public cible » devient dès lors le même, que ce soit pour développer économiquement, touristiquement ou pour attirer des étudiants ou des employés. Ils ont aussi réalisé qu’en joignant les différents budgets marketing sous un seul chapeau, ils auraient plus d’impact sur ces publics cibles et qu’une fois sur les lieux, les acteurs spécifiques pour chacun des publics, pourraient prendre la relève et faire ce qu’ils font de mieux pour accompagner l’investisseur dans les dédales gouvernementaux afin qu’il puise investir dans une région, aider l’étudiant ou le futur employé à trouver à se loger et à s’acclimater à son nouvel environnement et au touriste, à profiter des atouts de la région.

    …« l’analyse comparative des structures portant l’appellation « agence d’attractivité » a permis d’identifier deux points communs à la plupart des agences:
    Premièrement, des démarches de marketing territorial, pouvant passer par le portage de marques territoriales;
    Secondement: une mixité des cibles, allant des entreprises aux habitants, en passant par les professionnels, les touristes d’agrément ou encore les touristes d’affaires.

    Ainsi une agence d’attractivité apparaît comme une structure qui appuie le marketing de son territoire en intervenant à la fois dans l’attractivité productive dans l’attractivité résidentielle, pour reprendre la définition liminaire de l’attractivité

    « En servant également la fierté locale, elle est aussi implicitement un moyen de rendre visible l’action des élus et de contribuer à leur réélection »

    « l’agence d’attractivité ordonne, arrange et dispose comme dans une vitrine tous les atouts pour rendre visible la destination. Ici la vitrine à destination des entreprises, là celle pour les futurs résidents, en bas une autre vitrine qui attire les start-ups, et puis une bien plus grande encore pour les touristes. Tous ces messages portent les mêmes valeurs de bienveillance, de bien-être, de développement, de réussite personnelle et professionnelle, et se déclinent selon les cibles visées et les objectifs poursuivis. »
    « La co-construction, entre acteurs publics et privés, est ainsi devenue une méthode incontournable – et plutôt bien éprouvée – dans l’élaboration des stratégies d’attractivité et des stratégies marketing qui en découlent. Gage de transversalité, de mise en cohérence et d’appropriation, la méthode a favorisé l’émergence de nouvelles dynamiques collectives dans les territoires, fait naître de nouveaux modes de fonctionnement, plus transversaux, insufflant une culture du travail en mode projet et conduisant à un début de transformation des organisations. »

    Source: Les agences d’attractivité en France, état des lieux, Clémence Binet, juin 2020, CNER (Fédération des agences d’attractivité et développement et d’innovation)

    D’autres régions hors de France telles que des régions de l’Angleterre ou des États-Unis ont eux aussi réalisé que l’économie d’échelle, l’impact financier positif d’une mise en commun budgétaire marketing de même que le développement d’une expertise de commercialisation numérique interne à l’organisation, pouvaient profiter à tous et leur permettre, une fois les clients atteints et en route pour la région, de déployer leurs expertises propres, auprès de ces nouveaux arrivants.

    Mais pour que cela fonctionne, il y a certains paramètres fondamentaux à respecter. Il faut éviter « les guerres de clocher » entre les différents joueurs d’une région qui veulent tous tirer la couverte de leur bord et se vanter d’avoir un succès éphémère avec un budget qui l’est tout autant. Il faut que les joueurs régionaux réalisent que leurs missions n’est pas que « marketing » et qu’ils sont souvent plus à l’aise avec les fonctions d’accompagnements spécifiques au secteur duquel ils œuvrent et que finalement, les élus, réalisent qu’ils augmentent les chances de succès de la région (incluant leurs villes, MRC, université, CEGEP, CLD ou agence touristique) et que les nombreux bénéfices seront collectifs plutôt qu’individuel.

    À ce chapitre, il n’est pas surprenant que l’Abitibi-Témiscamingue ait été la première région du Québec à adopter une telle approche. L’entraide régionale est déjà bien ancrée dans le tissu collectif. D’ailleurs, l’Abitibi-Témiscamingue étant une région dite « éloigné », ils ont très vite compris que la cohésion avec les voisins était l’atout parfait pour se doter d’infrastructures, quelles qu’elles soient et que seul on va plus vite, mais qu’en groupe, on va plus loin…

    Je mettais d’ailleurs ce « trait de caractère collectif » en évidence dans mon billet Comment mettre en place une initiative d’achat local dans sa région ou sa localité?

    Cependant, ces efforts, s’ils ne sont pas jumelés à une vision plus holistique des problématiques et des solutions possibles aux défaillances de commerce régional, ne seront pas suffisants. Il est impératif que l’ensemble des acteurs économiques d’une ville ou d’une région, agissent de concert pour développer chez les entrepreneurs locaux, le réflexe d’aller en ligne, de travailler ensemble et d’informer les citoyens de la localité de l’existence de leurs entreprises de proximité (que souvent ils connaissent peu ou pas du tout), des produits et services qu’ils ont à offrir et des moyens de se les procurer. En outre, une ville ou une région peut bien se faire une page Facebook et un site web répertoire des entreprises pour favoriser l’achat local, mais si les citoyens ne savent pas que cette page ou que ce site existe, ces initiatives isolées ne serviront pas à grand-chose. En outre, si les entrepreneurs ne sont pas habilités à être eux-mêmes proactifs en ligne, les retombées économiques et réelles de ces efforts risquent de ne pas être au rendez-vous. Et quoi qu’on en pense, les médias locaux traditionnels, les bannières et la signalisation locale physique en point de vente et dans la localité, ont encore une grande importance et ne doivent vraiment pas être négligés.

    Je parlais aussi de cette multiplication ad nauseam des efforts marketing régionaux non coordonnés dans Le capharnaüm du commerce en ligne et des répertoires.

    TROP C’EST COMME PAS ASSEZ

     

    Étant donné la réalité de la covid-19, tout le monde veut acheter local. C’est une très bonne chose. Mais comment acheter local est LA question que se posent de nombreux consommateurs? D’innombrables initiatives sont donc nées de ce besoin d’achat local. Chaque hiérarchie administrative, qu’elle soit sectorielle, municipale, régionale, chambre de commerce, provinciale, aide au développement économique ou autre, propose SA solution. Le problème est que LA solution doit se battre avec l’enflure de compétiteur et le commerçant ou le consommateur ne savent plus où donner de la tête et Google et Facebook pleuvent de soi-disant ressources qui se compétitionnent entre elles sans pour autant rejoindre le consommateur. J’en vois de ces pages Facebook d’achat local qui se parle entre les promoteurs qui l’on mit en place. Ou pire encore, une région que je ne nommerai pas, a mis en place un « groupe fermé » d’achat local pour lequel on doit d’abord être approuvé avant d’y avoir accès. BONJOUR L’ACQUISITION DE CLIENT???

    Puis il y a les répertoires. Les très (trop) nombreux répertoires. Chaque administration a le sien. Ajoutez à ça les répertoires de joueurs indépendants « qui ont flairé la bonne affaire », ceux des joueurs sectoriels et tous les autres.

    MAJ

    Les Cantons-de-l’est ont aussi leur initiative d’attractivité.

    Chez Tourismexpress.com

    Cantons de l’Est: une nouvelle organisation pour attirer, accueillir et retenir davantage de gens dans la région

    Depuis maintenant plus de 2 ans, la démarche Vision attractivité mobilise les citoyens, les acteurs socio-économiques et le milieu municipal afin de déployer des stratégies communes pour attirer, accueillir et retenir davantage de résidents, de travailleurs, d’entrepreneurs, d’étudiants et de visiteurs dans la région des Cantons-de-l’Est. Après des mois de concertation et de travail collectif, les partenaires et les élus de la région mettront officiellement sur pied, au cours des prochaines semaines, un OBNL dédié à l’attractivité dans la région des Cantons-de-l’Est. Le président de la Table des MRC de l’Estrie, monsieur Hugues Grimard, souligne: « Comme président de la Table des MRC de l’Estrie, je suis très satisfait que les partenaires de la région se soient donnés une vision pour travailler l’attractivité de façon concertée et non plus par secteur d’activité ou par territoire de MRC. »

    et

    Chaire de tourisme Transat: Analyse – Des territoires, une image : Vision attractivité Cantons-de-l’Est

    Beaucoup d’efforts, de rencontres et d’échanges sont nécessaires pour la réussite d’un projet d’attractivité territoriale. Il faut faire ressortir la personnalité du territoire et mobiliser les acteurs de tous les secteurs derrière une vision commune porteuse d’actions structurantes.

    Les associations touristiques régionales (ATR) possèdent de nombreuses ressources et connaissances en matière de marketing, de promotion et d’accueil. Et si leur intérêt et leurs compétences se transformaient pour mettre sur pied un projet d’attractivité territoriale en mobilisant l’ensemble des acteurs d’une région ? Voici le cas de Vision attractivité Cantons-de-l’Est/Estrie.

    Comment l’immobilier résidentiel et les concessionnaires automobiles se font bouffer par la transformation numérique

    Il y a deux secteurs en particulier qui sont réfractaires à la transformation numérique et qui en payent le prix sans pour autant oser le changement. Les structures historiques de ces secteurs y sont pour quelque chose. Mais bientôt, certains joueurs devront se réveiller. Il s’agit des secteurs de la vente immobilière résidentielle et des concessionnaires automobiles. Les deux secteurs ont en commun d’avoir valorisé « les vendeurs », d’êtres déjà en ligne, mais de se faire manger la laine sur le dos parce que bien qu’ils soient en ligne, ils y sont d’une manière déficiente et étant dépendant des pressions externes qui sont exercées sur eux.

    Secteur de la vente immobilière résidentielle en ligne

    Avez-vous déjà remarqué que les sites des bannières immobilières focalisent à grands frais sur les acheteurs? On y présente avec moult détails, les propriétés à vendre. Ils oublient l’un des éléments fondamentaux de la transaction immobilière, celle des vendeurs. La structure historique de l’immobilier est composée d’un agent immobilier indépendant ou faisant partie d’une agence immobilière. Cette agence fait partie à son tour d’une bannière. Ce sont les bannières qui feront le marketing numérique des agences et des courtiers. Mais leur clients sont avant tout les agences. Or, les agences et les courtiers ont toujours valorisé leur mainmise sur les vendeurs. Ce sont eux qui signent des contrats avec les vendeurs et qui insistent auprès de la bannière pour avoir « l’entier contrôle » sur eux. Ils useront de diverses tactiques marketing comme des envois postaux, des publicités traditionnelles et numériques, des publicités avec affiches de propriétés à vendre sur la façade de leurs bureaux et la publication de leurs propriétés à vendre sur CENTRIS. Mais il n’y aura pratiquement rien pour parler aux vendeurs sur les sites de bannières. C’est comme une loi non écrite qui interdit à celles-ci de communiquer avec eux. Comme les clients des bannières et leurs sources de revenus sont les agences et les courtiers de la bannière, ils n’ont d’autres choix que d’obtempérer et de ne pas leur déplaire.

    À contrario, DuProprio ou Fairsquare (anciennement Purplebricks) ne sont pas embourbés dans la guerre de tranchée historique des relations courtier/agence/bannière et parlent abondamment aux vendeurs. C’est même la communication principale que l’on trouve sur la page d’accueil des sites. Ils ont compris que pour avoir un inventaire de maisons à vendre, il fallait d’abord convaincre les vendeurs de leur confier leur propriété. De plus, en se faisant, le vendeur sauvera énormément sur la commission au courtier qui ne sera plus que de 3%.

    Il s’agit donc là de deux modèles d’affaires bien différents. Mais gageons qu’à moyen terme, les modèles d’affaires de DuProprio ou Fairsquare, feront de plus en plus mal aux bannières, strictement parce qu’ils n’osent toujours pas parler directement en ligne aux très nombreux propriétaires qui voudront vendre leurs maisons…

    Secteur de la vente automobile

    Le secteur de la vente automobile souffre lui aussi de la sclérose aux changements que vit l’industrie de la vente immobilière et que vivait l’industrie hôtelière en ligne il y a quelques années. Autour des années 2000, les hôteliers investissaient très peu dans leurs sites web et leurs marketing internet. N’y connaissant pas grand-chose, ils préféraient laisser les hotels.com, booking.com et Expedia.ca le faire à leurs places. Sauf qu’à un moment donné, ils réalisèrent que les commissions devenaient exorbitantes et qu’ils perdaient le contact essentiel avec le client qui devenait celui des agences de ventes en ligne. C’est un peu la même chose qui se passe avec le secteur de la vente automobile. Ils ont externalisé leurs présences web à des agences qui incidemment, offrent aussi leurs propres sites web de vente de véhicules neufs et usagers. Ils font donc les sites de concessionnaires, à gros prix. Ils sont souvent barrés et pour ajouter un pop-up de promotion, un blogue ou une fonctionnalité additionnelle, ça se fera encore une fois à gros prix, avec de très longs délais et cela si le fournisseur accepte de faire les changements. D’ailleurs, soi-disant pour assurer la sécurité de leurs plate-formes, le client sera souvent exclu des fonctionnalités de l’interface de gestion, ce qui lui aurait permis de faire lui-même les modifications additionnelles sur une plate-forme WordPress standard par exemple. Finalement, ce qui est particulièrement payant pour les concessionnaires comme l’entretien et le service y sera présent avec le strict minimum. Ces sites seront donc perméables pour moteurs de recherches pour le strict minimum comme pour les requêtes « nom de marque/ville » ou « nom de concessionnaire », mais totalement absent pour « changement d’huile/marque » ou « pneu/marque/ville » qui sont pourtant le pain et le beurre des concessionnaires. D’ailleurs pour les requêtes de type « marque X/usagé/région » les concessionnaires seront totalement absents des résultats naturels (à moins de faire des publicités Adwords qui incidemment seront gérées par les mêmes fournisseurs) et ce seront les sites développés par et des fournisseurs qui garniront les résultats naturels et des requêtes. Ils se serviront d’ailleurs de ceux-ci pour vendre des espaces publicitaires à leurs clients « concessionnaires » à un tarif préférentiel s’ils ont déjà l’ensemble de leur portefeuille numérique.

    Voici quelques-unes de ces agences:

    360.agency
    d2cmedia.ca
    dealer.com
    auto123.com

    Tout ça pour vous dire que si un concessionnaire gérait à l’interne ses présences web et sociale et sa stratégie et publicité numérique et qu’il travaillait sur le positionnement naturel de son entretien et de ses ventes de véhicules neufs et usagers avec un marketing de contenus adéquat, il s’en tirerait certainement mieux en termes de coûts associés au Web. Il pourrait même couper par deux ces coûts tout en augmentant significativement les retombées économiques d’une saine présence web.

    Comme c’était le cas pour les hôteliers autour de l’an 2000, comme ça l’est encore pour plusieurs commerces de détail et comme ça l’est pour l’immobilier résidentiel et les concessionnaires automobiles, la transformation numérique n’est pas que d’être en ligne en sous-traitant ses présences à un joueur externe. C’est surtout de comprendre comment son propre modèle d’affaires doit s’adapter au numérique, comment les consommateurs trouveront (ou pas) ce qu’on a à vendre et surtout comment on peut, avec le moins d’intermédiaires qui ont des conflits d’intérêts et grugent une portion importante de nos revenus, se positionner pour tirer le maximum de revenus avec le minimum de coûts associés…

    La recette magique pour une saine présence web

    J’ai l’habitude de cuisiner « au pif » comme le faisait ma mère. Et sauf pour les desserts, les recettes peuvent et doivent être adaptées au goût de la cuisinière et des convives. D’ailleurs, quelqu’un me demandait dernièrement sur Facebook combien de temps je faisais cuire mes poulets. Ma réponse fut « ça dépend ». En effet, la grosseur des poulets y est pour quelque chose de même que le mode de cuisson et la chaleur du four. Il n’y a donc pas de réponse toute faite si ce n’est qu’un poulet cuit doit atteindre 180F.

    Je vous parle de ça parce que c’est un peu la même chose avec le Web. Quelle est la recette magique pour une saine présence web? Ça dépend. Ça dépend d’une foule de facteurs et comme pour les desserts, certaines proportions sont fondamentales pour arriver à un résultat sain. Vous pourrez toujours user de créativité pour décorer votre gâteau, mais la base de celui-ci devra contenir des éléments avec des proportions qui seront pratiquement toujours identiques. Par ailleurs, pour la cuisine, nous avons de grandes écoles hôtelières, des confréries, des compétions, des associations professionnelles et ultimement des clients « goûteurs » qui trouveront les mets appétissants ou pas. Pas besoin d’avoir eu des cours très poussés pour aimer ou pas. Nos sens prennent la relève et le verdict est instantané. Pour le web c’est plus délicat. Bien certainement on trouvera un site web beau (ou pas) et on aura une facilité à naviguer et à trouver les infos que l’on cherche (ou pas). Mais c’est là que le bât blesse. Bien des propriétaires d’entreprises ou de gestionnaires ont cette capacité à évaluer superficiellement un site web et une présence sociale. Ils n’ont pas les outils pour en évaluer la performance, l’efficacité et le retour sur l’investissement. Mais comme ça a l’aire facile de prime abord, ils donnent des contrats et attendent les résultats. Ils vont souvent s’attarder « au beau » et « aux concepts publicitaires et graphiques »qu’on leur présentera. Pour le reste, ils feront confiance au fournisseur qu’ils auront choisi.

    Je vous parle de ça à cause de deux récents mandats que j’ai eus. Le premier en est un de témoin expert pour une cause civile de plusieurs centaines de milliers de dollars. Je n’entrerai pas dans les détails techniques pour préserver la confidentialité de mon dossier, mais disons qu’un acheteur n’étant pas content de la vitesse de téléchargement du site transactionnel qu’il a commandé, a décidé de ne pas payer le fournisseur, d’où la poursuite de celui-ci. Je dois donc analyser les aspects techniques du site et témoigner en cour de mes observations pour éclairer la cour au niveau technique. Cependant, si on m’avait contacté au début du mandat, j’aurais sans doute rédigé l’appel d’offres et participé à la sélection du fournisseur afin d’éviter ce triste événement.

    Le deuxième mandat est celui de l’un de mes anciens clients à qui j’avais transféré mes connaissances quant à ses présences web. Une dizaine d’années plus tard il me téléphone pour que je lui fasse une analyse de mots-clés. Je regarde rapidement son site web et immédiatement je m’aperçois de plusieurs lacunes majeures dans celui-ci. Je lui dis donc que je peux certainement faire l’analyse de mots-clés qu’il me demande, sauf que si c’est pour mettre dans son site web actuel, ce serait de l’argent tiré par la fenêtre. Je lui dis aussi que j’étais surprise de la technologie qu’il avait choisie plutôt que celle que je lui avais recommandée à l’époque. Il me demande donc plutôt de lui faire une analyse technique de son site. La semaine dernière je lui ai présenté le résultat de mon audit. Il est catastrophique. Son site est d’une très grande beauté. Son fournisseur travaille principalement dans l’événementiel et dans ce secteur le tape à l’œil vaut son pesant d’or. Dans le secteur de l’ingénierie civile, c’est sans doute aussi important. Cependant, à moins de continuellement dépenser en publicité en ligne, son site est pratiquement invisible aux moteurs de recherche. Au bout d’un moment, ça fait dispendieux « de la présence web ». Il me dit avoir pourtant dépensé dans les 6 chiffres pour cette présence médiocre « d’une grande beauté ». C’est un superbe gâteau de mariage, mais sans gâteau à l’intérieur.

    Lorsque des clients viennent me voir en demandant un beau site web, je leur réponds : Avez-vous déjà visité Amazon? Trouvez-vous ça beau? Avez-vous visité Harvard Business Review? Est-ce sexy? Voulez-vous faire du cash ou trouver que votre site est beau?

    Pas besoin d’avoir fait les grandes écoles pour être un bon cuisinier et le client saura d’office si le plat est bon ou pas et s’il est bien présenté ou pas. Avec le web, c’est pas mal plus difficile. Zuckerberg n’a jamais fini son bac et il est pourtant maintenant l’un des hommes les plus riches de la planète. Pareil pour Bill Gates. N’empêche que ce sont des cas d’exception. Ça prend 5 minutes pour faire une page Facebook ou pour ouvrir un compte LinkedIn, Instagram ou Twitter. Pour avoir des résultats, c’est un peu plus compliqué et pas mal plus long. Ce n’est pas parce qu’un étudiant a fait un cours de programmation HTLM au CEGEP et qu’il se présente comme expert du web qu’il en est un. Ce n’est pas parce que quelqu’un a été gestionnaire de communauté pour une émission de télé qui s’adonne à avoir levé comme jamais auparavant que cette personne connaît les médias sociaux et qu’elle en est une experte.

    C’est un peu ça le problème du web et des médias sociaux. Tout le monde pense connaître ça ou dit être expert. Ce sera vrai jusqu’à ce que les résultats arrivent ou pas. Lorsqu’ils n’arriveront pas, je serai là pour fournir les réponses. C’est seulement triste qu’on me téléphone après plutôt qu’avant. Je suis certainement plus dispendieuse que bien de mes « compétiteurs » sauf qu’à la longue, ça risque d’être pas mal moins cher…

    L’avis (indépendant) stratégique et technique web et médias sociaux, ça coûte moins cher avant, qu’après…

    Enjeux sociaux, activisme et marketing et relations publiques

    Les entreprises sont de plus en plus interpellées directement ou indirectement, par l’évolution des enjeux sociaux, politiques et environnementaux. Avec l’évolution de la pratique des relations publiques et du marketing est apparue la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) (Corporate social responsibility (CSR)). Les praticiens de la communication se sont rendu compte qu’il fallait répondre aux aspirations des différents publics assez rapidement, mais pas trop.

     

    La responsabilité sociétale des entreprises (RSE, en anglais corporate social responsibility, CSR) désigne la prise en compte par les entreprises, sur base volontaire, et parfois juridique1, des enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques dans leurs activités. Les activités des entreprises sont ici entendues au sens large : activités économiques, interactions internes (salariés, dirigeants, actionnaires) et externes (fournisseurs, clients, autres).

     

    Les trois piliers de cette responsabilité sociétale des entreprises reposaient sur les considérations environnementales, sociales et économiques. C’était en quelque sorte l’extension stratégique et communicationnelle de ce que ferait l’organisation pour valoriser le concept de développement durable. C’est toujours et c’était une réponse appropriée aux enjeux de la mondialisation et aux défis environnementaux gigantesques auxquels nous faisons tous face.

    Cette responsabilité vient de toute évidence avec des devoirs et elle doit s’arrimer aux valeurs intrinsèques de l’organisation. Faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait. Une organisation ne peut être tout pour tous et quoiqu’elle fasse, ou ne fasse pas, elle sera toujours en phase avec des acteurs internes et externes et en contradictions avec certains autres acteurs. C’est entre autres pourquoi il est si fondamental que la vision et la mission de l’entreprise soient clairement définies afin que les positions de l’organisation aillent de soi.

    Ces dernières années, les enjeux environnementaux ont continué d’alimenter l’actualité et les changements climatiques aidants, ont forcé les entreprises et organisations à se positionner face à ceux-ci. Mais nous avons aussi connu un bouillonnement nouveau des enjeux sociaux avec les épisodes de #metoo, le #trumpisme, #blacklivesmatter, la montée du #wokisme et de la culture du bannissement (#cancellculture) et maintenant la #Covid. En Amérique du Nord, des changements démographiques importants ont aussi fait passer le groupe de consommateurs et d’employés le plus important, des baby-boomers aux millénariaux. J’en parlais d’ailleurs lors d’une Conférence : Comment les millénariaux modifient le commerce en ligne, une présentation de SAS Canada. Or ces millénariaux, en plus d’être la nouvelle cohorte des employés et clients, sont aussi très friands et revendicateurs de ces nouveaux enjeux sociaux. C’est maintenant avec eux, que vous le vouliez ou non, que vous devrez communiquer afin d’établir de saines relations et d’améliorer ce que l’on nomme le capital de marque.

    Devez-vous faire de l’activisme de marque?

    Il a été mainte fois démontré qu’il y a des avantages à s’impliquer dans les grandes causes sociétales pour les entreprises. Il y a cependant aussi de gros risques. Il y a aussi l’historique de l’organisation et comme je le disait plus haut, sa mission et ses valeurs avec lesquelles le positionnement sociétal se fera. Ainsi, le président d’une très grande entreprise avec laquelle je travaillais avait déjà reçu des menaces d’enlèvement de ses enfants. Il avait donc développé une vision des relations publiques tout à fait minimale afin de ne pas s’exposer (et exposer ses enfants) à l’envie et à la violence potentielle que les succès de son entreprise pourraient engendrer. Ce qui est une réaction tout à fait saine et même normale. Il valorisait le fait d’être invisible et pratiquement anonyme, bien que son marketing soit très développé, mais strictement que pour ses produits. À contrario, Patagonia fut très vocable pour inciter les internautes à exprimer leurs opinions face à la possibilité que des gouvernements réduisent la superficie de terres protégées. Ce qui cadrait parfaitement avec leur mission, valeur et leurs produits qui sont utiles dans les grands espaces.

    Comment décider d’impliquer son organisation dans une cause sociétale?

    Dans certains cas, comme dans l’exemple de Patagonia cité plus haut, cela va de soi. Étant moi-même LGBT, depuis des années je suis impliquée publiquement et de manière privée, dans les causes et enjeux touchant cette communauté. Sundar Pichai, le CEO de Google est d’origine indienne. Lorsque le président Trump décida de fermer l’immigration aux É.-U.. Deux jours plus tard, il exprima sa vive déception et mit sur pied un fond de $4M pour soutenir légalement les réfugier Américains.

    Afin de s’impliquer (ou non) dans une cause sociétale, il faut se demander

    -Quelle est l’histoire de l’organisation
    -Quelles sont la mission et la vision de l’organisation et comment est-ce aligné avec la cause sociétale (ou non)
    -Qui est touché par nos produits et services? Quelles sont leurs préoccupations?
    -Qui sont nos publics internes et externes? À quoi sont-ils sensibles? Comment leurs préoccupations nous rejoignent-ils collectivement?
    -Quel est le changement que nous aimerions voir se concrétiser avec notre implication?
    -Qui sont les opposants, quelles sont leurs rhétoriques et comment pouvons-nous y répondre?
    -Est-ce que ça risque d’avoir un impact sur nos revenus, nos ressources humaines et notre approvisionnement?
    -Comment seront mesurés les efforts et les retombés de notre initiative?
    -Finalement, est-ce que ce mouvement sociétal est une mode? Est-ce que ça risque de durer longtemps? Qui en sont les acteurs? Les gourous? Existe-t-il des précédents?

    En principe, ce qui est bien pour tous est bon pour l’entreprise. Mais des fois, l’entreprise a aussi un devoir moral qui peut même aller dans le sens contraire de son intérêt économique. Dans ces cas, des questions existentielles fondamentales se posent et je n’ai pas la réponse (encore) pour ces cas d’espèce. Mais en principe, si ça affecte très négativement les revenus de l’entreprise, nul n’est tenu à l’impossible…

    Quelques lectures complémentaires

    RP et Web social : de l’idéal du dialogue aux enjeux sociaux de la « bonne communication »

    CORPORATE SOCIAL RESPONSIBILITY: THE ULTIMATE GUIDE

    Corporate social responsibility

    As political and societal crises impact brands, PR’s role more important than ever

    The Relationship Between PR and CSR

    New Campaign Against ‘Woke Companies’ Slams Them for Not Being Woke Enough

    Are Black Lives What Really Matter to Companies?

    Activism: Why Taking a Stand Will Build Your Brand

    How brand activism became a popular PR strategy

    5 Insights On Corporate Activism From Top PR Experts

    Télétravail, pourquoi certains gestionnaires en ont peur, comment optimiser celui-ci et pourquoi c’est l’avenir?

    C’est en lisant un article de TheAtlantic Why Managers Fear a Remote-Work FutureLike it or not, the way we work has already evolved que le sujet de ce billet m’est venu.

    Le paragraphe le plus percutant de l’article est :

    Remote work lays bare many brutal inefficiencies and problems that executives don’t want to deal with because they reflect poorly on leaders and those they’ve hired. Remote work empowers those who produce and disempowers those who have succeeded by being excellent diplomats and poor workers, along with those who have succeeded by always finding someone to blame for their failures. It removes the ability to seem productive (by sitting at your desk looking stressed or always being on the phone), and also, crucially, may reveal how many bosses and managers simply don’t contribute to the bottom line.

    Cela étant dit, et la pandémie n’étant toujours pas dissipée, le retour au bureau qui devait se faire cet automne, sera remis à plus tard pour bien des organisations. Mais pour ceux qui jonglent tout de même avec la possibilité d’un retour des employés au bureau (ou pas), ces questions pourraient leur permettre de trancher. Tiré et traduit librement (et avec quelques ajouts) de How to Manage a Remote Team.

    Les trois ingrédients d’une saine gestion des équipes de télétravail

    L’équipe
    – Engagez des exécutants qui font leurs travaux
    – Engagez des gens en qui vous avez confiance
    – Ayez confiance aux gens que vous engagez
    – Engagez des gens qui savent communiquer
    – Engagez des gens qui sont à l’aise avec le télétravail (mais prévoyez des moments de socialisation en personne pour vos équipes)

    Les outils
    Slack (espace de chat entre employés)
    Zoom (visioconférence)
    HelloSign (outil de signature électronique)
    Google Drive (permets de partager des documents et de les modifier en groupe)
    -Un blogue derrière le pare-feu peut permettre de rejoindre tout le monde et de centraliser des informations pour tous
    -Un wiki derrière le pare-feu peut servir de manuel de procédures, de guide et de réglementation pour tous.

    Le processus (comment nous travaillerons ensemble)
    -Tout le monde s’occupera du service client
    -Faire une réunion collective hebdomadaire
    -Jumeler des travailleurs différents chaque semaine afin qu’ils apprennent à se connaître
    -Faire une rencontre 1 à 1 entre le gestionnaire et ses employés
    -Développer une culture de responsabilité (tous les vendredis les employés présentent l’avancement de leurs travail/projets)
    -Maintenir l’esprit d’équipe par des activités de groupe occasionnelles

    Bien avant la pandémie, je m’intéressais au travail à distance et à son impact sur l’économie et sur la pollution. Je militais aussi pour l’infrastructure nécessaire à un tel bouleversement du travail, nommément la fibre optique. Dans une : lettre à mon petit-fils (pour célébrer le 50e de la Place Ville-Marie) j’écrivais :

    Beaucoup des emplois que nous connaissons aujourd’hui auront été modifiés. Au lieu d’un docteur, d’un professeur ou d’un journaliste, nous parlerons plutôt d’un facilitateur d’apprentissage, d’un sage médical et d’un analyste de l’information factuelle. Cette connaissance ubiquitaire aura toujours besoin de guides spécialisés qui servent à la valider, la mettre en contexte, la repartager et l’expliciter. Nous aurons toujours besoin de chirurgiens qui se « mettent les mains » dans nos blessures, mais ils ne seront désormais plus guidés que par leur mémoire. Nous aurons des conseillers pédagogiques, mais ils serviront davantage de support aux facilitateurs d’apprentissage qui auront de plus en plus de classes virtuelles. À cause du coût croissant de l’énergie, il sera maintenant plus pratique de travailler et d’apprendre de chez soi. Il y aura toujours des lieux utilisés pour des rencontres de travail et de partages occasionnels, mais la vocation des grands édifices à bureau, des écoles, des Bibliothèques et des hôpitaux, risque de grandement changer.

    Lors d’une conférence sur le piteux état de nos infrastructures numériques pour la COMAQ (La corporation des officiers municipaux agréés du Québec), j’avais une diapositive particulièrement révélatrice tirée du PGI 2016 Global Telework Survey que vous voyez ici-bas.

    bénéfices télétravail

    http://img03.en25.com/Web/PremiereGlobalServices/%7B28aa453d-300f-4292-ab54-7e925397de79%7D_2016_Global_Telework_Survey.pdf

    Tout ça pour dire que le télétravail est là pour rester. Bien évidemment, il ne sera pas pour tous. Il est clair qu’un garagiste, un électricien, un serveur ou un policier ne fera pas de télétravail. Cependant, une partie importante des travailleurs en fera et même certaines professions qui exigent une présence en personne pour certaines tâches (comme un chirurgien qui sera en salle d’opération pour opérer son patient), pourra tout de même effectuer d’autres tâches en télétravail (comme pour le chirurgien qui discute avec son patient avant et après l’opération). Nous sommes à l’aube d’un changement majeur de paradigme du travail et il y a de fortes chances que ces changements soient là pour rester…

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    Deux expériences récentes me font réaliser (encore une fois) pourquoi il est important pour les individus et les organisations d’être sur les médias sociaux. La première est reliée à mon récent voyage sur la Côte-Nord. Comme cela m’arrive parfois, j’aime bien mettre en valeur (gratuitement) sur les médias sociaux, des entreprises que j’apprécie. Je l’ai fait à plusieurs reprises durant mon dernier voyage. En montant vers havre St-Pierre, nous sommes arrêtées au casse-croûte Chez VérHo. J’ai partagé le statut ici-bas sur mon profil Facebook, ma page Facebook, sur Twitter et sur mon Instagram.

    À titre informatif, mes différents comptes sociaux ont plus de 100 000 abonnés. Disons que c’est une très intéressante publicité gratuite. Pourtant, aucune des entreprises que j’ai mentionné durant mon voyage n’a commenté mes statuts, fait de « j’aime » ou repartagé ces statuts. Je n’écris pas ce billet parce que je m’attends à des remerciements. J’ai fait ces statuts parce que cela me faisait plaisir de les faire. Cependant, j’observe qu’aucune de ces entreprises ne monitore les contenus qu’on fait sur eux et ne démultiplient gratuitement, la bonne publicité qu’on leur fait. Disons que ce sont là de nombreuses opportunités marketing qui passent dans le beurre. À la décharge du propriétaire de Chez VérHo, à notre retour, nous sommes arrêtées une deuxième fois pour commander leur excellente poutine. Lorsque je suis allée pour jeter les déchets qui restaient après notre repas, il m’a accosté pour me remercier de vive voix de leur avoir fait une si belle pub. Il en avait été informé par de la famille qu’il a à Victoriaville (à 530 km de là). Lui-même n’avait pas vu la publicité gratuite, mais on lui disait que la photo de sa poutine était très avantageuse.

    La deuxième expérience me vient d’une MRC. Le DG de celle-ci voulait que j’offre des ateliers médias sociaux aux maires de la région, afin qu’ils puissent être convenablement équipés pour participer et être sur les médias sociaux. Certains maires de la région se sont vus menacés et l’un d’eux a même démissionné comme suite à du harcèlement en ligne. Ce type de problème est même devenu endémique au Québec. En conséquence, les différents maires refusèrent donc d’être formés ou même d’être présents sur les médias sociaux. Le problème avec ça est que même si les maires ne sont pas sur les médias sociaux, les critiques, la virulence et les insultes y seront tout de même. Il est évident que de ne pas être conscient de ceux-ci protègera les élus des répercussions psychologiques possibles de toute cette haine. Par contre, bien des récriminations peuvent être amoindries et même gérées adéquatement si on sait qu’elles existent et qu’on est habilité à faire de la gestion de crise. Par ailleurs, il peut aussi être très instructif et permettre des améliorations notables pour la municipalité, si on est au courant des problèmes. Et finalement, les élus, sans y être nécessairement eux-mêmes, se devraient d’avoir des employés entraînés à monitorer ce qui se dit à propos des élus et de la municipalité. Il est évident qu’il est toujours plus aisé à répondre à une critique chez soi (et ainsi l’amoindrir) que de ne pas y répondre et qu’elle se démultiplie comme une trainée de poudre.

    “La connaissance est en elle-même puissance.”
    Francis Bacon

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