Le suffixe .Quebec et les autres nouveaux TLD, méchant casse-tête en vue

Sur Twitter on me demande ce que je pense du nouveau suffixe .Quebec qui sera disponible dès novembre.

Que pense les experts du web/MRK du .quebec? cc: @mcducas @MichelleBlanc @LucDupont @guillaumebrunet http://cnw.ca/Bx5br
https://twitter.com/C_Croteau/status/502455364059947010

Ma réponse fut courte et assez directe

@C_Croteau @mcducas @LucDupont @guillaumebrunet d’une inutilité qui sera très dispendieuse pour les brands
https://twitter.com/MichelleBlanc/status/502473978192343040

Permettez-moi de développer un peu plus ici.

Ce n’est pas la première fois que l’ICANN autorise de nouveaux Domaines de premier niveau (TLD Top-level Domain) ou plutôt de GTLD (Generic Top Level Domain) dans ce cas-ci. À chacune des nouvelles apparitions de TLD ou gTLD, on me demande ce que je pense des ces ajouts. C’est toujours un peu la même histoire. Tout d’abord avec l’explosion du nombre de sites internet sur le web, il était évident qu’il fallait ajouter des TLD. Ce n’est cependant plus le cas depuis belle lurette. Les ajouts de nouveaux gTLD ne servent maintenant plus qu’à enrichir les vendeurs de noms de domaine et l’ICANN et à complexifier la tâche des marques qui doivent acheter à fort prix une multiplicité de TLD et de gTLD pour protéger leur propriété intellectuelle pour très peu ou plutôt aucun avantage additionnel. Moi qui ne suis qu’une très petite marque, déjà je reçois de multiples demandes de domaineurs qui veulent faire une piastre avec les différentes déclinaisons de Michelleblanc.com et Analyweb.com comme AnalywebS.com Analyweb.cn, .fr, et toute les déclinaisons de TLD ou d’épellations possibles de mes marques. Imaginez maintenant ces déclinaisons d’épellations associées aux gTLD comme .travel, .name ou .biz. Maintenant, ajoutez à ça les NewgTLD qui sont déjà autorisés (vous en avez déjà plus de 300 (PDF)) comme .Quebec, vous vous retrouvez avec un capharnaüm d’adresses internet à enregistrer et à surveiller. Les seuls qui seront réellement heureux de cette situation sont les registraires de nom de domaines, les escrocs qui feront du cybersquattage avec la propriété intellectuelle des autres et les avocats et les consultantes comme moi qui aideront les clients à ne pas se faire arnaquer par cette nouvelle tour de Babel…

Finalement, on ne sait toujours pas comment les engins de recherche réagiront face à cette avalanche de nouveaux gTLD et comment les sites qui en seront affublés se positionneront dans les résultats des engins de recherches. Encore un autre casse-tête additionnel à monitorer…

MAJ
Pour ajouter au mal de tête et en plus des 300 nouveaux gTLD qui seront bientôt ajoutés, visualisez sur une page les TLD de pays et les gTLD qui existent déjà, chez IANA (Internet Assigned Number Authority).

Primeur : Des sites du gouvernement du Québec squattés par des domaineurs

 

Plusieurs sites appartenant au gouvernement du Québec sont squattés par des domaineurs qui les utilisent à des fins pornographiques, de jeux ou de redirections payantes. Ces domaineurs utilisent une particularité de la langue française (l’utilisation de l’accent aiguë) pour capturer les visiteurs qui peuvent taper directement l’adresse du site dans la barre de l’URL en y inscrivant machinalement l’accent. À titre d’exemple, l’un des sites gouvernemental les plus visités au Québec est BonjourQuebec.com. Ces filous ont donc légalement acheté BonjourQuébec.com qui est en fait un site pornographique vantant les mérites physionomiques de jolies demoiselles. D’autres sites tels que :

emploiquébec.net
hydroquébec.com
hydro-québec.com
lotoquébec.com
loto-québec.com
téléquébec.tv
investquébec.com

sont aussi squattés de la sorte.

Qu’est-ce qu’un domaineur ?

(selon Wikipedia)

Le mot Domaineur est dérivé de l’anglais Domainer.
Un domaineur est un entrepreneur ou un spéculateur spécialisé dans les noms de domaine; il enregistre (crée) ou rachète des noms de domaine dans le but d’en tirer profit. Il est souvent confondu à tort avec le cybersquatteur.

Avant le boom du CPC, les domaineurs se focalisaient sur les noms de domaine dits “génériques” tels que “acheter.com”, “dormir.com”, etc.
Depuis, beaucoup de ventes de noms de domaine concernent les noms recevant du trafic (tels que les sites ayant existé et dont le domaine n’a pas été renouvelé) car ces derniers peuvent rapporter plusieurs milliers d’euros par mois à leur propriétaire.

L’exemple type est une page dite de “parking” qui propose au visiteur un panel de liens publicitaires; lorsqu’un visiteur clique sur l’un de ces liens, une certaine somme allant de quelques centimes d’euro a plusieurs euros est reversée au propriétaire du nom de domaine.

Est-ce dramatique ?

Non en ce sens que ce n’est que plus ou moins 10% des internautes qui taperont directement l’URL d’un site dans la barre d’adressage plutôt que de le chercher dans un moteur de recherche et qu‘un pourcentage de ce nombre tapera cette adresse avec un accent. Cependant, pour BonjourQuebec qui reçoit plusieurs millions de visiteurs par ans, ces pourcentages infimes représentent tout de même un trafic potentiel suffisamment intéressant pour justifier une telle arnaque. Là ou le bât blesse est que certaines directives gouvernementales internes ont déjà incité (ici et ici) les Webmestres gouvernementaux à acquérir (on parle d’une vingtaine de dollars par an) leurs domaines accentués et que cela ne semble pas avoir été fait. À leur décharge, il est aussi bon de rappeler que bien que ces sites soient sur le Web, les moteurs de recherches ne les prennent pas encore en compte notamment puisque les organismes de standardisations internationaux (notamment IPV6) ne se sont jamais entendus sur l’utilisation de ces caractères.

Cette information est donc anecdotique, mais témoigne tout de même du peu de vision proactive de certains webmestres gouvernementaux et inciteras certainement les entreprises qui possèdent des caractères accentués dans leur marque de commerce, à protéger dès aujourd’hui les domaines accentués qui pourraient y être associés.