La stratégie numérique du Québec, c’est sans doute pour avoir un meilleur Facebook

Vendredi dernier, la ministre Anglade accompagnée du premier ministre Couillard, ont déposé leur Plan d’Action en Économie Numérique du Québec(PDF). Tout le gratin technophile et économique y était. Mais monsieur/madame tout le monde, les médias et même les partis d’oppositions, ont l’air de s’en foutre éperdument. Ils ont tous deux exprimés des critiques disons, laconiques (ici et ici).

Le commun des mortels ne semble pas s’émouvoir de la gravité et de la précarité de notre position collective concurrentielle dans le marché maintenant mondial de l’économie et de ce changement de paradigme majeur qu’est l’économie numérique. Le plus ironique de la chose est que plus souvent qu’autrement, ce sont ceux qui ont peu à gagner de ces transformations, qui militent pour un réveil collectif. Les geeks font déjà de l’argent et ne risquent pas d’en faire moins avec ou sans l’appui de la population. Par contre, elle, cette population, pourrait se retrouver « gros Jean comme devant » si elle ne prend pas conscience des changements qui sont déjà là et qui continueront de s’accélérer.

Bien des agences de voyages ont fermé. Il y a dix ans, beaucoup de propriétaires d’agences de voyages paniquaient seuls devant leurs destins. Bien des chaines de commerce de détail ont fermé, pourtant seulement seulement 12 % des entreprises québécoises des secteurs de la fabrication, du commerce de gros, du commerce de détail ou des services
vendent leurs produits et services en ligne. Bien des usines de confection vestimentaire sont aussi disparues. Tous cela est maintenant fait en Asie. Les chauffeurs de taxi sont heureux de voir le gouvernement maté Uber mais ne s’inquiètent pas des voitures autonomes qui les feront définitivement disparaitre. Il y a deux ans, nous avions les états généraux de l’éducation supérieure et pas une fois le numérique ne fut mentionné. Nous avons bien un Plan numérique Culturel mais il ne servira qu’à rattraper l’indécent retard de cette industrie par rapport à la communauté internationale. L’Afrique se dote d’un Silicon Savannah alors que nous pourrions songer à un Silicone Boréal. Nous avons des services cellulaires et internet à des prix hors proportion pour des vitesses pitoyables mais on nous fait croire que c’est parce que le Canada est grand. On ne soulève pas les conflits d’intérêts des TELCOs qui sont câblo, diffuseurs de contenu, producteurs et régie publicitaire à la fois. On ne dit pas non plus qu’ils doivent installer trois fois des antennes cellulaires pour un même territoire strictement parce qu’ils utilisent des technologies non-compatibles. Notre dévoué CRTC juge que 5MBPS est une vitesse rapide pour tous les Canadiens. Pourtant, bien des pays du monde vise le 100MBPS ou même le 1000 MBPS.(PDF) C’est comme si lors de l’avènement de l’électricité, nous étions fiers de continuer de nous chauffer au bois et luttions pour sauver les vendeurs de glace et de charbon parce que le réfrigérateur et le calorifère électrique, bah, ce n’est pas très important. Ce qui importe, c’est de garder des jobs pour les semaines à venir et de toute façon, la technologie et la révolution industrielle, ils auront besoin de nos ressources naturelles, faut pas s’inquiéter. Nous pourrons encore draver pendant des années…

Voici d’ailleurs la critique que j’ai fait lors de l’émission 24 heures en 60 minutes, du Plan d’action de la stratégie numérique, tout de suite après l’entrevue de la ministre Anglade. Ironiquement, d’habitude c’est l’opposition officielle qui critique le dépôt d’un plan du gouvernement. Faut croire que les oppositions n’avaient rien à dire ou que les députés étaient déjà partis en long week-end. Je les remercie dont de m’avoir offert cette belle visibilité par leur absence 🙂

24/60 Politique numérique du gouvernement Couillard. Entrevue avec Michelle Blanc, à partir de 31:30

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Le SFPQ en beau fusil contre la collusion en TI, demande formellement une enquête publique

La semaine dernière, étant trop grippée pour travailler (d’ailleurs on me reproche d’avoir une vie et de la partager), je ne vous ai pas parlé de la récente sortie du SFPQ (Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec) qui a fait une conférence de presse afin de demander officiellement au ministre Stéphane Bédard, Président du Conseil du trésor, une enquête publique sur la sous-traitance dans le domaine informatique. Disons que le dossier est particulièrement bien étayé.

DÉPASSEMENT DES COÛTS EN INFORMATIQUE AU GOUVERNEMENT – LE SFPQ RÉCLAME UNE ENQUÊTE PUBLIQUE DANS LES PLUS BREFS DÉLAIS!

« CONSIDÉRANT LES TRÈS NOMBREUX PROJETS INFORMATIQUES TOMBÉS À L’EAU APRÈS DES DÉPENSES FARAMINEUSES ET DES ÉCHÉANCIERS NON RESPECTÉS AINSI QUE LE MANQUE DE CONCURRENCE FRÉQUENT DANS LES APPELS D’OFFRES EN INFORMATIQUE, IL EST PLUS QUE TEMPS D’ENQUÊTER SUR L’OCTROI DE CES CONTRATS ET DE METTRE UN TERME AUX GASPILLAGES DES DENIERS PUBLICS », SOUTIENT LA PRÉSIDENTE GÉNÉRALE DU SFPQ, LUCIE MARTINEAU.

AUTRES DOCUMENTS D’INTÉRÊTS

AUTRES GROUPES/PERSONNALITÉS QUI DEMANDENT UNE ENQUÊTE (DOCX)
INDICATEURS D’IRRÉGULARITÉS / POSSIBLEMENT COLLUSION(DOCX)
LISTE DES FIASCOS INFORMATIQUES MAJEURS AU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC (DOCX)

 

 

Mon interlocuteur syndical :

Sachez que les fonctionnaires qui nous ont contacté suite à ses sorties pour nous mentionner des situations précises au gouvernement du Qc ont été référés à l’UPAC.

La morale

L’une des avenues inévitables pour mettre de l’ordre dans notre efficacité TI au Québec est certes de faire une enquête publique sur le sujet. Mais de toute évidence, de se doter d’un Plan numérique pour le Québec comme le mentionnait notre Rapport d’étonnement, serait sans doute aussi une manière proactive d’éviter que ça ne se reproduise, de mettre des jalons permettant de mesurer l’avancement et l’atteinte de sains objectifs informationnels pour notre fonction publique, mais surtout, de prévoir l’avenir et de s’y préparer adéquatement. Malheureusement nous avons un gouvernement minoritaire au provincial et il semble plus enclin à conserver ses acquis et à ne pas faire de vagues en attendant une prochaine échéance électorale, qu’à réellement prendre le taureau par les cornes et faire de la « chose numérique » une vision qui nous permettrait de jouir de cette économie et de ces enjeux numériques qui transforment la planète

MAJ

Pour une fois que je suis d’accord avec un syndicat 🙂 …

Pourquoi il faut un plan numérique pour le Québec

On peut discourir longtemps sur les raisons de notre retard en économie numérique et noter les statistiques qui ne sont malheureusement pas à notre avantage, comme je le fais sur une base régulière dans ce blogue. Mais pourquoi devrions-nous nous inquiéter de ce retard flagrant. Qu’est-ce que cela changera pour nous? Nous avons des ressources premières, on a un beau train de vie, alors pourquoi se casser la tête avec l’économie numérique?

La réponse à ces questions est particulièrement claire dans ce vidéo déniché via Éric Baillargeon.

Après l’avoir vu, vous serez peut-être enclin à pousser dans l’cul de nos élus qui disent vouloir parler d’économie durant l’élection présente, mais qui ne parlent strictement pas (encore) de cette économie qui fera vivre nos enfants…

Un plan numérique pour le Québec, l’entrevue à Radio-Canada

J’ai eu beaucoup de plaisir à répondre aux questions très pertinentes du journaliste de Radio-Canada Bruno Guglielminetti à propos du retard du Québec en ce qui a trait à l’économie numérique et aux correctifs que l’on peut y apporter. Comme par hasard, hier j’écrivais le billet Signets pour une gentille candidate aux élections et pour un fonctionnaire de bonne volonté ou vous trouverez tout les hyperliens se rapportant à cette discussion.
Le billet : Le cyber retard du Québec
L’entrevue avec Bruno Guglielminetti 13 :24 min.

MAJ
Je n’aime pas ma voix qui est encore trop grave. D’un autre côté, c’est un sujet grave…

Signets pour une gentille candidate aux élections et pour un fonctionnaire de bonne volonté

Une jeune et gentille candidate aux prochaines élections provinciales est venue me parle mardi lors du dernier Yulbiz-Montréal. Elle voulait savoir quels étaient les problèmes de notre économie numérique et qu’elle était la position de Yulbiz et ou elle pouvait trouver la lettre au Premier ministre. Elle me dit vouloir pousser le dossier auprès des instances de son parti. J’ai de gros doutes sur sa capacité à faire bouger le dinosaure, mais on ne sait jamais. Par ailleurs, un fonctionnaire d’un ministère provincial me pose la même question dans le but avoué de faire la même chose dans son ministère. J’écris donc « ce billet à la mer » parce qu’on ne sait jamais et je ne mentionne pas les noms de ces interlocuteurs pour ne pas handicaper indument les efforts sincères qu’ils me disent vouloir faire. Bonne chance à vous…
Lettre ouverte au Premier ministre du Québec
Groupe Facebook, Monsieur Charest – Le Québec a besoin d’un plan numérique
Wiki Unplannumeriquepourlequebec.com
Ce qui explique ou prouve le retard de l’économie numérique du Québec

Les dépenses numériques canadiennes foutent le camp à l’extérieur du pays
Le Québec en retard sur le Canada sur le plan des acheteurs en lignes

ISIQ débute sa campagne, on fait peur au monde
Le gouvernement du Québec poursuivi pour avoir ignoré le logiciel libre
Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique
3,5 milliards $ d’achats en ligne sur un an au Québec
L’épouvantail de la sécurité des données et des renseignements personnels
Les éléments qui augmentent la confiance des consommateurs en ligne
Moins de 10% du vol d’identité vient de l’internet

Statistiques qui devraient inciter les stratèges politiques à considérer le Web

Élection américaine, Internet dépasse les journaux chez les jeunes
Quelques conseils aux partis politiques
Internet deux fois plus influent que la télévision et huit fois plus que l’imprimée

Au niveau philosophique, éléments de réflexion pour les stratèges politiques et les fonctionnaires

La perte de contrôle salutaire
Les sept leçons pour innovateurs radicaux de Barack Obama
Une lectrice limpide à propos de philosophie communicationnelle politique
Aider nos partis à acquérir une vision d’un sain marketing politique internet
Chier dans ses culottes
Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette
Le gouvernement du Québec apprivoise les médias sociaux sans reconnaître les efforts individuels
Mon mea culpa


Je ne suis pas diplomate