Le blogue et le marketing de contenu, plus pertinent que jamais

Je l’ai écrit souvent et je risque de l’écrire encore. La facilité donne rarement des résultats probants et malheureusement pour eux, les blogues sont loin d’être faciles. Les médias sociaux ont près de 20 ans et le blogue, y est toujours l’un des éléments les plus pertinents. Les BBS, Netscape, friendster, MySpace et bien d’autres réalités de ces médias ont évolués ou sont disparus, mais les blogues eux, sont toujours là. C’est que depuis 15 ans, nous avons maintenant Facebook. Facebook a été la pire meilleure chose à arriver aux médias sociaux dans la vague du Web2.0. C’est qu’il a donné à la population le moyen de s’exprimer facilement en ligne avec ses bienfaits et ses malheureux problèmes de trivialisation des contenus, de dérapage des « fake news » et autres théories du complot et d’intimidation. Facebook a aussi donné aux entrepreneurs l’illusion de la facilité du marketing en ligne et de l’acquisition de client. Tout le monde connait Facebook et d’y être, fera sonner le téléphone. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un se peigne en se levant le matin que ça fait de lui un coiffeur. Ainsi, une panoplie de nouveaux experts ont tôt fait de vendre de la création de contenus Facebook et de gestion de communauté devant révolutionner le marketing. Trop d’entreprises se sont engouffrées dans ce leurre et y ont malheureusement perdu leurs temps. Je ne reprendrai pas ici les nombreux problèmes associés à ce constat, en ayant largement déjà discuté dans ce blogue dans ma catégorie Facebook. Et encore une fois, je ne remets pas en question la pertinence des contenus payants et de la publicité Facebook. Je parle ici de la portée naturelle des contenus Facebook.

Mais pour en revenir au blogue, vous serez peut-être surpris d’apprendre que la durée de vie d’un contenu blogue est de très loin supérieure à la durée de vie de tout autre médias sociaux. En effet, comme le présente l’article 21 Ways to Extend the Life of Your Content [INFOGRAPHIC], un billet de blogue a une durée de vie de 2 ans comparativement à un statut Twitter (18 minutes), Facebook (5 heures), Instagram (21 heures) ou LinkedIn (24 heures).

Durée de vue du contenu

Cette statistique est loin d’être la seule qui est très favorable au blogue. L’article 2019 Upcoming Blog Trends présente entre autres que (traduit et adapté librement en fonction de mon expérience):

-Près de la moitié des internautes lisent les blogues
-55% des entreprises américaines considèrent le blogue comme l’une de leurs priorités marketing en 2018 et que cette tendance continue pour 2019
-qu’étant donné le phénomène des « Fake News » et des drames Facebook, que la confiance est de plus en plus recherchée et que les blogueurs continueront de s’efforcer d’offrir cette confiance
-Que le concept de « storytelling » devient de plus en plus important et qu’il sera intéressant d’observer comment les blogueurs s’adapteront à cette tendance lourde
-Que la vidéo est en vogue puisqu’il est prédit qu’ils seront derrière 85% du trafic des moteurs de recherche en 2019 et que le « live » devient lui aussi de plus en plus important (et ces formats sont adaptables au blogue)
-2019 sera aussi l’année où il faudra focaliser sur les contenus de niches et sur les contenus personnalisés pour vos publics cibles.

C’est d’ailleurs en 2008 que le gourou Seth Godin disait que le Marketing de contenu est le seul marketing qu’il reste “Content Marketing is the Only Marketing Left”. Il s’avère que le blogue, en conjonction avec les autres médias sociaux, mais tout en étant le point central, se révèle l’outil de prédilection pour mettre en place ce marketing de contenu. D’ailleurs depuis que je blogue (j’ai commencé en 2003), bien des médias sociaux ont disparu, d’autres disparaitront (dont Google + en avril 2019) et certains perdront de leurs éclats (dont Facebook qui est de plus en plus délaissé par les jeunes). Le blogue reste difficile parce qu’il demande de s’y astreindre, mais comme le phare dans la tempête, il est toujours là, fier et droit, et risque d’y être encore pour un méchant bon bout de temps…

Pour poursuivre votre réflexion, vous pourriez aussi aimer naviguer dans mes catégories blogue, blogue d’affaires ou marketing de contenu. Ma catégorie, à titre de conférencière, couvre elle aussi très largement ces sujets et vous pourrez y trouver de nombreuses présentations didactiques.

Les médias sociaux ne sont pas pour toutes les entreprises

J’ai une nouvelle cliente qui m’a été référée par un client actuel de longue date. Elle est la propriétaire d’un commerce de détail du secteur mode, dans la ville principale d’une « région éloignée ». Son site web actuel est une page qui redirige vers les sites des grandes marques qu’elle vend en magasin. Sur sa page Facebook, ses 6 derniers statuts sont pour dire qu’elle est en vente. Les seuls qui réagissent à ses statuts sont ses employés ou ses voisins. Elle a fait de la publicité dans sa localité, sans apparent grand succès. Elle est inquiète des changements majeurs que vivent présentement les détaillants du secteur mode au Québec et ailleurs dans le monde. Elle me demande de l’aider à être efficace sur les médias sociaux.

J’écoute sa problématique et je lui enseigne le B.a.-ba d’une saine présence Web. En discutant avec elle, j’apprends qu’elle est passionnée de course et qu’elle s’entraine une heure par jour. J’apprends aussi que dans son coin, on lui dit à la blague qu’elle est la Véronique Cloutier de l’endroit parce qu’elle connait tout le monde, qu’elle peut facilement identifier les bons restos et les activités trépidantes de la région, bref qu’elle est LA personne qui sait ce qui est « hot » dans sa ville. Je lui propose donc de faire du marketing de contenu, de discuter des tendances mode, de parler de sa vie d’entrepreneure en région, de faire parler ses employés, de partager ses passions (c’est là que j’apprends qu’elle s’entraine) et de faire sa Véronique Cloutier locale.

C’est là que notre entretien se corse. Combien de contenus devrais-je faire, combien de temps cela me prendra-t-il, comment vais-je trouver le temps de faire ça?

Je lui demande à quelle vitesse veut-elle avoir des retombées? Plus elle travaillera, plus les retombées seront rapides. Mais elle me dit être terrorisée par l’idée d’écrire. Je lui fais remarquer qu’elle s’exprime très bien alors je lui propose de plutôt dire ce qu’elle a à dire, de se filmer et de demander à une secrétaire de transcrire son vidéo. Mais elle a peur de ne pas savoir quoi dire. Je lui souligne qu’elle n’a pas à avoir « la science infuse », que je suis là pour l’aider et qui si elle se fait un mécanisme de veille, elle pourra partager les contenus qu’elle trouve intéressant ailleurs. D’ailleurs, elle a un droit de citation. Ce droit de citation est le droit de copier un extrait, d’en attribuer la paternité à son auteur et de le mettre en contexte. Mais l’extrait doit justement être mis en contexte et cette mise en contexte est la valeur ajoutée qu’elle contribuera et qui lui permettra d’humaniser sa marque auprès de la clientèle. Mais elle n’en démord pas. Ça va réellement prendre trop de temps. Mais je comprends plutôt que la réelle inquiétude est celle d’écrire et de partager.

Je lui fait observer qu’avant de courir son premier marathon, avant de s’entrainer la première fois, il y a eu un premier pas, un premier « commitment ». Elle me répond que c’est bien différent parce que c’est pour SA santé. Je lui fais valoir que c’est exactement la même chose pour LA santé financière et la pérennité de son entreprise. Je lui mentionne aussi qu’elle me dit être LA Véronique Cloutier de son patelin alors elle n’a qu’à mettre en ligne ce qu’elle dit à ses amies. Mais rien n’y fait. Ce n’est pas pareil.

Je lui dis que malheureusement, il n’y a pas de magie. Ou bien elle sort du gros cash et fait de la pub (ce cash représente des heures de travail et la pub n’a pratiquement plus d’effet), ou bien elle se retrousse les manches et fait du marketing de contenu et idéalement elle fait les deux, mais en s’assurant de mesurer les retombées de ses efforts marketing. Mais elle choke, la montagne est trop grosse. Elle me parle d’un éléphant qui se dresse devant elle, qu’elle ne pourra jamais manger.

Morale de l’histoire

Le marketing de contenu et le marketing médias sociaux ce n’est pas facile. Il n’y a pas de magie. Il y a beaucoup de travail et de dédicacions. Mais ce n’est pas le seul marketing possible. Ce n’est pas LA recette miracle. Le cout d’être efficace en ligne n’est pas celui de monter ses présences web, mais plutôt celui de les faire vivre et de les garnir de contenus « pertinents ». Ce n’est clairement pas pour tous et plusieurs préfèreront la tranquillité d’esprit de payer à fort prix des créatifs et du placement publicitaire pour se donner la certitude « qu’on fait quelque chose ». Mais d’être sur les médias sociaux et de réussir sans effort c’est un mythe, une chimère que même moi qui suis une experte de ces médiums, ne pourrai réaliser pour vous. Je ne le peux même pas pour moi-même.

En épilogue, voici deux extraits de l’article ‘You Need Editors, Not Brand Managers’: Marketing Legend Seth Godin on the Future of Branded Content de http://contently.com.

If you were trying to build a brand media property—if you were Gillette—how would you build it? Would you just give some really smart people the resources and creative freedom to go out and make great content?

I think the most important thing is to have an office that’s not in your building. I think what kills brands who try to be interesting is to have meetings where they’re not saying to senior management, “How can we be more interesting?” Instead, they’re saying, “How can we play this more safely?” That’s not what happens when you want to make a hit TV show or a website that people care about. You need editors, not brand managers, who will push the envelope to make the thing go forward.

So one easy way to do that is to set people up in an office down the street, only visit them once a month, and give them really significant metrics—not about pageviews, but about mattering. And give them the resources—not too much, just enough—to go do work that matters.

(…)
Let’s go back a little bit to the ideal brand newsroom—or whatever you want to call it—where you set up people up in an office and give them creative freedom. That kind of feels impossible at a lot of brands right now, simply because there isn’t that attitude towards content within the organization. How can marketers who agree with your vision convince people to make that kind of commitment?

I think that if you want to keep whining about the decline of advertising and the stress that retailers are being exposed to, by all means, feel free. If you want to find a way out of where you are stuck, you may have to do something that’s uncomfortable, that’s organizationally difficult, and worst of all, that is frightening. And I don’t know how to tell you how to do it, other than to point out that it might be frightening.