- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Retour sur la présence Web des parties

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Voici quelques graphiques illustrant les effets de la présence Web des partis politiques québécois.

Nombre d'hyperliens externes vers les sites des partis politiques Québécois [2]

Tout d’abord, pour le nombre d’hyperliens externes nous remarquons que ce sont les partis dits « marginaux » qui en ont le plus. L’importance des hyperliens externes est qu’ils permettent de mieux positionner les sites Web dans les résultats de recherches des moteurs tels que Google. En fait, ces hyperliens externes agissent un peu comme des votes de confiance des autres propriétés Internet. Plus vous avez d’hyperliens externes plus vous devriez être pertinents et plus vous devriez figurer bien dans les résultats des moteurs. On remarque que l’ADQ n’en a presque pas. Cela s’explique par le fait qu’ils ont développé une nouvelle URL pour la campagne actuelle. Les autres vieux partis ont aussi peu de liens externes. Ils ont aussi les vieilles habitudes de travailler avec des boîtes de communication qui ne connaissent pas grand-chose à l’Internet et de décider de revamper complètement leur site en début de campagne. Quelle mouche les pique ? Pourquoi ne pas avoir bâti sur ce qu’ils avaient déjà? Pourquoi ne pas avoir commencé à peaufiner leur présence il y a six mois, voire un an? Ne savaient-ils pas que des élections seraient à nos portes?

Ces présences Web représentent bien des activités Internet planifier à la dernière minute et misant sur le « plein la vue ». Une présence Web efficace prend du temps à s’implanter. Elle n’est pas efficace en quelques semaines, malgré le battement médiatique intense dont ils jouiront durant les quelques semaines de campagnes. De plus, si vous n’êtes pas partisan invétéré du parti ou opposant farouche, qu’y ferez-vous? Perdrez-vous votre temps à aller lire le ramassis de discours plates et maintes fois répétés à la TV, dans les journaux et lors des discours politiques? Non, je ne le crois pas.

Fire the publicist. Go off message. Let all your employees blab and blog. In the new world of radical transparency, the path to business success is clear.

Wired april 2007, p. 134

Parlons des blogues maintenant

J’en fais le même constat. Plate, inodore, sans saveur. Les partis n’ont pas compris que pour captiver il faut être vrai et discourir sur un autre ton. D’ailleurs, ça m’a fait rire de lire dans un billet du PQ « Bonjour la transparence! » [3] quand je n’ai aucune idée ni d’Eve ni d’Adam qui a écris ce billet! Parlant de transparence, dans l’édition de ce mois-ci du magasine Wired, il y a une section spéciale la « radical transparency » (transparence radicale) qui change complètement l’approche communicationnelle des entreprises qui l’utilisent et qui engendrent des bénéfices insoupçonnés en termes de chiffres d’affaires. C’est vraiment à lire, pour un chef d’entreprise et pour un directeur des communications politiques. Mais oseront-ils prendre le risque de cette transparence à outrance? Je ne le crois pas. D’ailleurs, lors du congrès LeWeb3 à Paris, l’un des spécialistes mondiaux de la politique et de l’Internet, dont j’oublie le nom, disait déjà qu’un politicien qui oserait admettre ses erreurs dans un blogue, se construirait très probablement un capital de sympathie incroyable. Nous sommes fatigués de ces façades et serions prêt à voter pour quelqu’un d’humain qui est capable d’erreurs et surtout de les admettre publiquement! Mais nous sommes encore loin de là.

Dans le graphique suivant, nous pouvons observer le nombre de fois que les sites des partis ont été mentionnés dans les blogues. Il est surprenant de voir le nombre de mentions de l’ADQ qui n’avaient pourtant pas de blogues. Ils ont même admis ne pas avoir eu de stratégies à ce sujet. Cependant, ils sont clairement les gagnants de la bataille des blogues [4], qui s’est gagnée, par défaut, puisqu’ils avaient déjà un bassin de blogueurs individuels qui connaissaient bien les rouages du médium.

Nombre de citations des URLs des partis dans les blogues [5]

À ce propos, le journaliste Tristan Péloquin [6] me demandait si cela avait pu avoir un impact sur la campagne. Je lui répondis que si les journalistes lisent les blogues (ce qu’ils font), qu’ils rapportent ce qui y est écrit et que le message de l’ADQ circule via ce médium d’information, ils ont certainement marqué plusieurs points. En outre, les lecteurs de blogues (de vrais blogues j’entends) sont des lecteurs assidus qui sont des faiseurs de tendances. S’ils ne voient que des contenus adéquistes, ils ont certainement plus de chances d’êtres contaminées par leurs contenus.

Considérer aussi que les journalistes eux-mêmes, utilisent les blogues comme sources d’inspiration et pour dénicher des scoops. En fait, selon Euro RSCG Magnet et Columbia University, la moitié des journalistes américains lisent les blogues régulièrement et 26% d’entres-eux, sur une base quotidienne

Les blogues ont gagné, seulement au cours de la dernière année, 450 000 nouveaux lecteurs au Québec. Ainsi, un adulte sur cinq (20 %) a déjà visité un carnet Web (12 % en 2005).

De cette statistique il faut aussi prendre en considération que plusieurs des personnes sondées lisent probablement un blogue sans savoir que c’est ce qu’ils lisent. À mon point de vue, les chiffres réels sont donc probablement de beaucoup supérieurs.

Le vainqueur du lectorat ?

C’est difficile à dire. Tout comme pour les sondages qui sont très serrés, la portée (le Reach en anglais qui est le somme de page vue et le nombre de visiteurs) des sites des partis ces derniers jours est somme toute assez similaire. Cependant, sur la durée de la campagne, le PQ semble dominer, suivit, par l’ADQ et le PLQ. Il faut cependant être prudent avec ces données puisqu’un webmestre avertit, peut inciter ces ouailles à visiter fréquemment le site du parti et ainsi fausser les données.

La portée des sites des partis politiques Québécois [7]