- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Autopsie d’une polémique

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Préambule

Depuis plusieurs années, c’est avec grand plaisir et empressement que je fais du bénévolat, afin de permettre aux affaires électroniques de prendre la place qui lui est due. Ainsi, j’ai donné gracieusement de mon temps à l’Association Marketing de Montréal, Interlogiq, Montréal Conférence on eTechnology, la M.Sc. commerce électronique, Canadian Marketing Association, HEC Montréal, Université de Montréal, Institut Canadien, Conference Board of Canada, Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, Chaire de commerce électronique RBC Groupe Financier, Association des hôteliers du Québec, Chaire en droit de la sécurité en affaires électroniques, Gouvernement du Québec et au défunt regroupement des stratèges Web du Québec (organisme de l’ancien Ministère Industrie Commerce). Mais le bénévolat dont je suis le plus fier, celui qui est le plus personnel et celui qui a engendré des bénéfices d’affaires directes à plusieurs personnes et organismes, est Yulbiz. Ainsi, grâce à Yulbiz, des entreprises se sont formées, des vocations se sont trouvées et des blogueurs d’affaires sont nés.

Yulbiz a pris vie suite à rencontre entre Philippe Martin et moi-même. Yulbiz vise à permettre à des gens de discuter d’affaires et de blogues dans un environnement décontracté et à terme, de faire la promotion des blogues dans un environnement corporatif. Quand on vante ou on critique Yulbiz, je le prends personnel puisque ça l’est! C’est même moi qui ai inventé le nom et comme je l’ai déjà mentionné, je ne fais pas une fortune avec ça. Ce serait même le contraire. C’est tout simplement un bénévolat qui me tient particulièrement à cœur.

Naissance d’une polémique [2]

L’idée de Yulbiz est indirectement issue de Yulblog. Dans la plupart des billets qui traitent de Yulbiz, j’honore Yulblog, je le mentionne et y fais référence presque systématiquement. Lors des rencontres Yulblog, j’ai dit bonjour à Martine Pagé et me suis présenté à elle au moins 4 fois et l’ai croisé certainement une dizaine de fois. À chacune des fois que je me suis présenté à elle (et non l’inverse), elle n’a semblé avoir aucun intérêt à poursuivre la discussion et à me connaître davantage. Peut-être ne suis-je pas le type de personne qui l’intéresse et avec qui elle veut avoir une discussion. C’est son droit le plus strict et je le respecte. Pour revenir à Yulbiz, une chose merveilleuse s’est produite. Nous avons reçu Fred Cavazza qui s’est tellement réjoui de son expérience parmi nous qu’il a décidé d’importer le concept chez lui. Simultanément, une initiative identique voit le jour dans ma ville natale, de Québec [3]. Dans une semaine particulièrement pénible (2 enterrements, hospitalisation d’un proche, problèmes divers, etc.), un baume vient ensoleiller mon quotidien. Il s’agit du billet de Fred Cavazza [4]qui part l’idée d’un Yulbiz-Paris, qui est reçu avec enthousiasme. La bonne nouvelle est reprise ici par Claude Malaison [5], Philippe Martin [6], moi-même [7], puis par le copain Martin Lessard [8]. Comme premier commentaire chez l’ami Martin, je vois la première note discordante de toute l’histoire. Il s’agit de celui de Martine Pagé [9]qui aurait pu tout aussi bien être aussi celui d’un homme, d’un handicapé, d’un homosexuel, d’un déficient intellectuel, d’un malentendant, d’un nouvel arrivant, d’un martien ou de l’une de ces autres catégories sociodémographiques que les biens pensants/politicaly correct aiment bien affubler les individus de nos sociétés. Dans ce commentaire qui aurait pu apparaître sur l’un des nombreux billets que Philippe Martin ou moi-même avons rédigé à propos de Yulbiz, on commence le débat, à propos du fait que Yulbiz-Paris devrait changer de nom. Puis un deuxième commentaire de la même personne d’une catégorie sociodémographique distincte, une femme, fait son apparition :

Je suis plutôt d’avis qu’il serait temps de changer ces appellations alors qu’il est encore assez tôt. Il me semble que d’avoir à justifier à chaque fois que “c’est parce que c’est inspiré de quelque chose qui a commencé à Montréal” devrait être une motivation suffisante pour faire le changement (dans le cas des évènements qui ne se déroulent pas à Montréal, du moins).

Je n’en reviens tout simplement pas qu’un débat, initié dans ma cour, par un collègue blogueur de surcroît, veuille faire disparaître toute trace de l’inspiration initiale qui vient de Montréal et qui est la mienne.

Pour que madame Pagé comprenne réellement la blessure que je subi, je la réfère à sa propre blessure des critiques qu’elle trouve injustifiées, [10] à propos de son dernier film “Whatever… party!”. (MAJ : le nom du film a été changé ici suite aux demandes de madame Pagé et afin de ne pas nuire à la production qui n’ont rien à voir dans ce débat. J’aimerais bien qu’il en soit ainsi pour Yulbiz, mais je doute de la chose) En outre, faisons un peu de scénarisation-fiction. Supposons que son film soit importé par un gros distributeur français, tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Supposons maintenant, que le distributeur débute la promotion de son film en France et que le premier commentaire qu’on en fait ici, soit une question toute simple, apparemment strictement motivée par un haut souci sémantique (disons), mais que ce commentaire vienne d’un autre scénariste en vue, à qui elle s’est déjà présentée, qui ne s’est pas déplacé pour aller voir son film ici, et que toujours par stricts soucis sémantiques, il se questionne sur la pertinence de renommer ce film “Whatever… la boum!”. (MAJ: idem)

Je l’invite à se poser la question à savoir qu’elle serait sa réaction si dans l’éventualité qu’un distributeur français décide d’importer son film «Whatever… party!» (MAJ: idem) et qu’ici, dans sa cour, au Québec, un collègue scénariste s’insurge de cette appellation de nom et des textes du scénario et suggère que le film devrait plutôt s’appeler « Whatever… la boum »(MAJ: idem), et qu’on change les expressions trop québécoises du scénario parce que :

Je suis plutôt d’avis qu’il serait temps de changer ces appellations alors qu’il est encore assez tôt. Il me semble que d’avoir à justifier à chaque fois que “c’est parce que c’est inspiré de quelque chose qui a commencé à Montréal” devrait être une motivation suffisante pour faire le changement (dans le cas d’un film qui n’est pas projeté à Montréal, du moins).

Garderait-elle son sang froid? Serait-elle blessée? Réagirait-elle vivement? S’en prendrait-elle à celui qui a parti le bal ou plutôt individuellement à chacun des interlocuteurs qui amplifient la discussion à leur tour? Je ne sais pas. Mais je sais par contre qu’elle a été ma propre réaction. J’ai tout d’abord démoli cette idée en interpellant directement madame Pagé, sur un ton, que je juge ma foi, civilisé.

Martine c’est étrange que le nom de Yulbiz t’interpelle, toi qui n’y as jamais, mis les pieds! Les seuls qui peuvent légitimement s’offusquer du nom sont Patrick, Philippe Martin ou moi-même. Moi je trouve ça passionnant de voir qu’une idée qui est née d’un café entre 2 blogueurs fait le tour de la planète et je serais ravi qu’on se rappelle que ça vient d’abord de Montréal, de Yulblog, puis de Yulbiz. Ça prouve que notre communauté est vivante et qu’elle engendre des petits ailleurs de par le monde. Pour ce qui est de la sémantique, je ne vois pas le problème. On appelle bien un chat siamois un chat qui peut se trouver au Québec et pas au Siam et un French-Fries des frites qui sont disponibles partout. Même le smoke-meat lorsque dégusté à Vancouver ou à New York s’appelle un Montréal smoked-meat. C’est quoi ton problème avec la possibilité de faire la promo de Montréal à l’international? Ou est-ce que le problème se trouve ailleurs? Pour ce qui est de Québec, ils ont jonglé avec le changement de noms puisque le Yul est très connu là-bas, mais je crois qu’ils le garderont. Dans tous les cas je m’en fou, mais je trouve ton attitude étrange, voire dérangeante

Elle réagit en proposant l’idée que ce n’est qu’une opinion et que mon dérangement est mal placé:

Oh la la, Michel! Qui a dit que je m’offusquais? Tu veux bien te relire et comparer le ton de ton commentaire au mien? Parce que tu sembles très offusqué par le simple fait que j’ai émis une opinion, opinion que j’ai offerte calmement et amicalement.

J’émettais un avis et j’ai bien précisé que c’était mon opinion et que je ne croyais pas avoir autorité en la matière. Si je ne suis pas allée à Yulbiz, ça n’a rien de personnel et je ne vois pas pourquoi tu te sens “dérangé” comme ça, au point de lire entre les lignes de mon commentaire.

“Les seuls qui peuvent légitimement s’offusquer du nom sont Patrick, Philippe Martin ou moi-même.” Ah bon? Tu me surprends, là. Il faudra m’expliquer la prochaine fois que tu me croiseras.

Madame Pagé, ici je vous invite à relire vos propos, mais de plutôt vous imaginer qu’ils viennent de cet autre scénariste, qui n’a jamais vu votre film et qui tout simplement, émet l’hypothèse anodine que votre distributeur français, doit changer le titre et les textes de celui-ci.

Réalisant que j’ai peut-être un tout petit peu exagéré le ton de mon commentaire, je m’offre en pâturage en admettant que je suis vite sur le piton. J’espère ainsi détendre un peu l’atmosphère que j’admets avoir moi-même alourdie.

Qu’est-ce que tu veux… j’ai toujours été vite sur le piton! Toi aussi d’ailleurs de partir une polémique ou il n’y en as pas…

Loin de détendre l’atmosphère, il n’est plus maintenant question de l’anodine interrogation initiale à savoir que Yulbiz doit changer de nom. C’est maintenant rendu une affaire personnelle et elle note que je fais un commentaire déplacé :

Complètement gratuit et déplacé comme commentaire, Michel. Tu sembles avoir un problème avec moi alors que je ne te connais même pas! Je ne sais même pas si on a déjà échangé deux mots! J’aimerais bien savoir à quoi tu fais référence, mais je n’embêterai pas Martin Lessard avec notre échange. Tu peux m’appeler si tu veux. Courriel: martineCHEZmartinepage.com

Je n’en peux plus et j’exagère à outrance certains traits de mon caractère. J’ironise même :

La polémique c’est maintenant déplacé à savoir si je suis un malotru ou pas. J’admets être un malotru alors il n’y a donc plus de polémique. Je revendique même le fait d’être un malotru notoire, un macho et un facho. Pour ce qui est de Yul, il n’appartient ni à yulblog, yulbiz ou même à l’aéroport de Montréal. Il appartient en fait à l’IATA qui incidemment est l’un de mes nouveaux clients….

Parlant de malotru, je débute désormais mes conférences en disant, il se peut que je dise des mots comme « tabarnak », « c’est de la merde » et « ça me fait chier », si ça vous dérange, vous êtes maintenant avertit! D’ailleurs, l’un des plus beaux compliments qui est venu à mes oreilles est de mon cousin à qui quelqu’un a dit Michel Leblanc est l’une des seules personnes pouvant se permettre de sacrer lors d’une conférence à HEC Montréal et être encore pris au sérieux… Ne le prends donc pas personnel, ça fait parti de ma signature…
(…)

En me relisant (il n’y a pas de possibilité de réécrire mon texte), je réalise tout l’absurde de la situation et de la polémique qui est faite à propos du nom Yulbiz-Paris qui est pourtant déjà adopté par les Français.

C’est juste que j’ai une réaction épidermique à l’encullage de mouches… Ou comme le dirait l’un de mes anciens patrons, aux sujets capilo-tracté (tiré par les cheveux).

Ça y est, maintenant le bal est parti. La polémique est née et les fouteurs de merdes, copain de la déesse des blogues, arrivent à la rescousse. Je suis un fasciste, sexiste, triste sir, bisbille marqueteur, enfargeur de bonne sœur et j’en passe…

MISE AU POINT, Je ne suis pas malotru, macho et facho. Je ne l’ai jamais été et ne le serez jamais. Je suis direct et sans embage mais toujours d’une grande politesse, d’une courtoisie et d’une sensibilité à fleur de peau. Je suis fier d’être un homme et je n’ai jamais été sexiste, misogyne ou à l’encontre des femmes en technologies ou dans la société en général. Je n’aime pas les féministes à outrance mais je suis décidément pour l’égalité des sexes. J’ai même à plusieurs reprises louangé des femmes ici dans ce blogue et ailleurs dans ma vie professionnelle et personnelle. Au niveau économique, je suis de centre droit et vraiment pas très prosyndicat. Mais je ne valorise en aucun cas les idéologies d’extrême-droite (ni d’extrême gauche d’ailleurs), le fascisme, la xénophobie ou toutes ces autres idées qui prônent la suprématie d‘un groupe, sur un autre groupe. Mon commentaire se voulait une ironie caricaturale qui je l’admet, est de mauvais goût et peut permettre à certaines langues sales, lorsque cité hors contexte, de projeter une image de moi qui est tout autre

Morale de cette histoire

J’espère sincèrement ne pas avoir trop entaché l’image du mouvement Yulbiz que j’ai moi-même créé.

Je n’ai pas que des amis dans la bloguosphère et il existe certaines cliques (de vieux de la vielle), dont je ne ferai de toute évidence, jamais parti.

Philippe Martin est mon ami, mais je ne suis pas responsable de ses interventions, idées et commentaires. Il n’est pas non plus responsable des miennes. Si je parle, c’est moi qui parle et si lui parle, c’est lui qui parle.

Mon ego et celui d’autres blogueurs sont démesurés.

Il est aisé de tirer une phrase ou un paragraphe d’un blogue et de lui faire dire n’importe quoi et/ou de lui prêter des intentions qui n’y sont pas.

Étant gueulard moi-même, il est normal que d’autres gueulards s’en prennent à moi. C’est le juste retour des choses. Je devrais sans doute être à mon tour plus modéré dans mes propos.

En conclusion

J’espère vivement que l’idée d’un Yulbiz-Paris et de Q-biz soit de grands succès. Je serais heureux que le nom de Yulbiz persiste hors de Montréal, mais si ce n’est pas le cas, j’aimerais bien que ce soit le choix des initiateurs locaux eux-mêmes. J’aimerais bien que ce ne soit pas des Montréalais qui dictent leurs volontés à l’extérieur de notre île.

MAJ
Le nom original du film de madame Pagé a été remplacé par le vocable “Whatever” afin de ne pas nuire indûment à la production du film. Dans un courriel reçu:

Les gens du milieu du cinéma comprennent très mal le Web, en général, et toutes ces histoires de blogues les perdent plus souvent qu’autrement. Ils sont très pointilleux, dans les départements de marketing en particulier, sur leur image publique. Si quelqu’un avec qui j’ai travaillé fait une recherche sur Google pour le film (et ils le font, crois-moi), et qu’il tombe sur toi, je pourrais avoir des problèmes. Ils ne voudront pas être associés à quelque polémique que ce soit et même si je leur explique que ça n’a rien à voir avec le film, ça ne changera rien pour eux. Évite-moi des problèmes, stp et retire la mention du titre du film. Il n’est pas nécessaire pour l’exemple que tu as apporté. J’apprécierais vraiment ta collaboration à ce sujet.

Je le fais donc volontairement et j’acquiesce au fait que le nom exact du film ne change rien à la démonstration. De plus, je n’ai jamais souhaité de problèmes à madame Pagé. C’est même tout le contraire. Je souhaite sincèrement que le film auquel elle est associée, connaisse un retentissant succès ici et ailleurs. J’aurais cependant aimé moi aussi que le nom de l’événement que j’ai créé avec Philippe Martin, connaisse un dénouement égal. Je suis en droit d’être aussi pointilleux sur mon image de marque, mais je comprends que la chose est hors des mains de madame Pagé et c’est bien dommage.

MAJ2

Yulbiz-Paris garderas le nom de Yulbiz-Paris et j’en suis ravi