L’aveuglement des grosses agences

Pin It

MAJ

Ceci est un cas un peu fictif et exagéré aux fins de la démonstration…

Hier soir, j’étais au rendez-vous qu’avait donné le copain Yannick Manuri pour le lancement de sa nouvelle entreprise Espresso. Après le cocktail, plusieurs copains dont Guillaume Brunet et moi-même somment allé souper dans un petit resto. L’un des convives est un bonze marketing Internet de l’une des grandes agences de pub (je ne dévoilerais pas son nom pour protéger son identité). Guillaume et moi le haranguions à l’effet que sa grosse agence était extrêmement bien placée pour positionner convenablement le commerce électronique, le marketing internet, le web 2 et toutes ces innovations « user generated content » pour ses gros clients. Il nous répondit que nous, les petits consultants qui travaillent avec de petits budgets pour de petites boîtes nous ne serions pas capables avec nos blogues de dépenser les sommes colossales que ses clients dépensent pour afficher leurs produits de masse (il parlait de $X dizaines de millions par ans).

Guillaume lui disait que de faire des sites en Flash, qui s’excluent de 60% de trafic naturel, pour ensuite faire de la bannière et pas de SEM était une solution facile pour générer des revenus pour sa boîte, mais que c’était de la merde et qu’ils ne donnaient pas les bons signaux aux marchés. Alors, le débat devint vite très animé et il nous disait que feriez-vous pour untel afin de dépenser les $X dizaines de millions qu’ils nous donnent?

Le débat était si vif que jamais je n’ai pu vraiment lui dire le fond de ma pensée. La voici donc!

– La firme $X dizaines de millions dont il parle a déjà lancé son blogue corporatif (au niveau international) et ce blogue a permis d’arrêter (à tout le moins de ralentir) la baisse de vente constante que connaît cette entreprise. Faites la même chose au niveau national.
– Un de ses compétiteurs a ouvert un blogue extranet sécurisé pour gérer les interactions avec les journalistes mondiaux qui s’intéressent à leur produit. Ça pourrait aussi se faire pour cette entreprise.
– Ses compétiteurs ont eu le flair d’aller dans Second life et de jouir de retombés PR et marketing gigantesque à moindres coûts. De plus, ils font de la R&D avec le Web 3D et ces apprentissages seront très rentables à moyen terme (il voulait savoir comment dépenser le fric du client. Me semble que ce serait une manière intelligente et instructive pour l’agence et son client, de le faire).
– Faite un site en HTML avec du Flash intégré, travaillez le positionnement naturel (oui je sais c’est long, ardu et les marges bénéficiaires de l’agence ne sont pas si bonne pour quelqu’un qui travaille  vraiment. Alors, augmentez celles-ci et expliquer au client pourquoi ça coûte plus cher à court terme et comment ça rapportera plus à long terme) et faites des campagnes de SEM. Le taux de clics et de conversion est plus fort que la bannière.
– Annoncez dans les blogues avec de la pub d’image. Le CTR est plus fort que dans les portails et le lectorat plus assidu.
– Faite des wikis explicatifs et évolutifs au lieu de l’abondante littérature papier qui accompagne ce produit. Rendez ces wikis accessibles sans fil.
– Développez du viral intelligent et de l’advergame.
– Permettez aux clients finaux d’exprimer leurs besoins et les spécifications techniques qu’ils aimeraient voir ajouter au produit, en temps réel, au lieu de faire des focus groups à ne plus finir et qui ne donnent souvent que très peu de suggestions innovantes de toute façon.
– Faites du blog seeding et invitez les blogueurs à essayer le produit gratuitement, sans demander d’éloge, mais en exigeant leur critique objective en retour.
– Embrassez le web 2.0 et expliquez en profondeur à votre client pourquoi il devrait faire de même.

Il est trop facile de se cacher derrière le mur du « mon client veut faire de la télé et on lui dit que le Web est bon, mais il ne nous croit pas ». Le ROI se mesure et c’est vrai que le ROI du panneau routier est difficilement mesurable, que le P.D.G. aime se voir sur ce panneau et que si on compare un média très mesurable (comme le web) à un média qui ne l’est pas, comme le panneau routier, le média mesurable peut souffrir de la comparaison.

Finalement, au début de ma carrière de consultant marketing internet, l’un des anciens patrons de cette agence, avait demandé à Guillaume et moi, comment faire pour attirer les clients finaux dans les points de vente de son client, mais sans impliquer le marchandisage, les RP, la pub traditionnelle, la promo et toutes les autres divisions de l’agence. Il m’explique qu’il était plus facile de gérer un budget seul que de travailler avec ses confrères des autres divisions et qu’il cherchait un stratagème pour faire tout cela strictement avec le web. Il nous dit que si nous avions une réponse à cette question, qu’il aurait des mandats pour nous. Je retournais donc au bureau et durant une semaine nous avons fait des recherches sur le sujet et avons tourné cette question dans tous les sens. Après avoir trouvé la seule réponse possible, nous avons rappelé le patron en question. Après plusieurs appels restés sans réponses, j’ai conclu que ce patron était un trou de cul, qu’il nous avait fait travaillé inutilement pendant une semaine pour trouver « la réponse » à sa question et qu’il aurait été plus honnête de nous dire simplement que jamais il ne travaillerait avec notre petite boîte de débutant. Voici donc notre réponse :

De se dire une agence intégrée est une chose. De l’être vraiment en est une autre! La voie du succès marketing internet est de réellement travailler en collaboration avec tous les départements intégré d’une agence et de l’input de chacune de ses divisions jailliras l’activité publicitaire géniale qui aura réellement de l’impact. Le plus bel exemple de ceci est l’initiative "Miller Lite Virtual Racing League" (VRL)

solution
The Miller Lite Virtual Racing League, a fantasy game that allows consumers to run their own fantasy stock car racing team, complete with a stock car, a garage and a bank account with sponsorship money. By making decisions about their race team, like hiring a crew chief, recruiting and training a driver, and buying new tires, participants got to simulate the thrills of real racing. The game was designed to be the foundation of a cross-medium strategy where consumers could collect promotion codes in print and online ads, in Miller Lite packaging, and by watching Miller-sponsored broadcasts of actual stock car racing events. Back in the game, these codes could be redeemed to add funds to their sponsorship account.

results
In 2002, the site attracted nearly 305,000 registrants, a 290 percent increase over the previous year. In addition, Miller Lite Virtual Racing League was named Best In Show across all media categories from the International Food and Beverage Awards, and awarded a Gold medal in the New Media category.

Imprimez ce billet Imprimez ce billet

Commentaires

  1. danydumont

    Pas fort la réponse de ton gars!!! En fait, il semble dire qu’il se fiche éperdument de bien répondre aux besoins de son clients en autant qu’il arrive à bien dépenser son budget!!!!
    Selon moi, il est toujours préférable d’enseigner à son client en prenant le temps nécessaire afin d’assurer une solution optimale plutôt que de seulement chercher à dépenser le budget… surtout si il sait que ce n’est pas bon pour lui.
    Pas fort, pas fort et surtout pas tellement intègre!
    Bonne soirée Michel et au plaisir de se revoir prochainement.

  2. Etienne Denis

    Une petite histoire… Un homme d’affaires entre dans un taxi coin Sherbooke et McGill dans le centre-ville de Montréal. “A l’aéroport svp, j’ai 200$ de budget.” Et le taxi de faire un llloonnnng détour par Laval.

    Mon point est que l’agence qui se demande comment dépenser les $40 millions de son client est aussi médiocre (je pèse le mot) que le chauffeur de taxi qui se demande comment mettre $200 à son compteur.

    La question devrait plutôt être “que faire pour répondre aux besoins du client, pour atteindre ses objectifs?”.

    Bien sûr, il y a la réalité des affaires et la pression de rentabilité de l’agence, et bla bla bla bla. Notre hypothétique chauffeur de taxi a lui-aussi sa réalité financière : le loyer à payer, les comptes de carte de crédit, etc. Est-ce que ça justifie de facturer cinq fois le prix pour obtenir le même résultat?

    Certains seront tentés de répondre : “Oui mais si le client est assez épais pour payer ça…”

    Si vous êtes du côté client, comprenez le message : ces agences-là vous prennent pour un épais.

  3. Martin Ouellette

    Il est facile d’attaquer les grosses agences.

    Elles ont de plus en plus une pression de résultats et elles ont accès à des données sur le marché. Ainsi, elles se préoccupent toujours du court terme et souvent des moyens traditionnels pour avoir ces fameux résultats.

    D’ordinaire, et c’est le cas ici, elles factures honnêtement : elles chargent cher pour un très bon service.

    Les petites agences – et j’en suis – essaient de justifier leur pertinence dans le marché soit en diminuant leurs frais face aux grosses (ce qui draine le marché et égorge bien des organisations), soit en innovant d’une façon quasi maladive.

    Comparer des organisations de tailles aussi différentes est dangereux.

    PS: Dans les grosses, il y a des projets déficitaires expérimentaux.

    +++

    Pour le $X dizaines de millions. Je ne serais pas capable de le dépenser. Pas parce que je crois que c’est trop payer pour aller à l’aéroport, juste parce que je n’ai pas la compétence ni l’organisation pour dépenser autant d’argent en aussi peu de temps.

    Tes idées sont bonnes Michel, mais elles ne dépendent pas d’un budget. Elles sont tributaires d’un client 2.0 et d’une agence 2.0. Et cette combinaison est rare.

    Finalement j’aime ce «bonze» et je trouve ça dommage que vous avez, semblerait-il, déployés vos divergences plus que vos similitudes dont l’obsession des résultats par exemple.

  4. Administrator

    T’as raison Martin. Le bonze et moi on s’est parlé “off record” et les choses sont maintenant rétablies. Il était “en boisson” et arrogant et moi je n’ai écouté qu’une portion de ses arguments (j’allais fumer dehors souvent) et j’ai fait un cas d’espèce de ce qu’il a réellement dit. J’ai aussi le tord d’avoir voulu répondre à son défi et de m’être servi de son défi aux fins d’éducation 2.0 des lecteurs de ce blogue. De plus, je suis aussi capable d’être baveux et arrogant. Maintenant je sais que cette agence ne dépense pas inutilement le fric de leur client et qu’ils font aussi de très bonne chose. Disons que ce n’était pas dans le discours inaugural. Celui qu’il m’a été donné d’entendre à tous le moins. Moi aussi je l’aime bien ce bonze et je suis convaincu que sobre, c’est un type extrêmement brillant, sympathique et plein d’idées 2.0. On prendra certainement un café un de ces 4 et je ferais peut-être un billet pour expliquer comment ils font aussi de la très bonne job innovante.

  5. Etienne Denis

    Je ne crois pas que ce soit un débat entre grosses et petites agences. Grosses et petites peuvent, comme Martin l’écrit, “charger cher pour un très bon service” (ce que nous faisons)

    La situation décrite par Michel était le cas d’une agence dont le principal objectif n’était pas d’obtenir les résultats voulus, mais plutôt de dépenser le budget du client.

    Nous avons tous vu des clients payer 75,000$ pour un CMS qui ne fait rien de plus que WordPress, alors que WordPress a des fonctions supplémentaires qui permettraient au client de vendre plus à moindre coût.