- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Grosse journée émotive aujourd’hui

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Lors de mon coming-out sur ma condition de transsexuelle, je n’irai pas par quatre chemins [2], je vous ai dit que je ne parlerais pas beaucoup de ce que je vis ici et que j’ouvrirais plutôt un autre blogue (femme 2.0 [3]) pour expliciter ça. Mais aujourd’hui c’est une journée charnière importante et très émotive pour moi. Pour mal faire, je reçois deux appels téléphoniques d’individus qui veulent me vendre leurs services et qui disent être allés sur mon site. Le premier m’appelle monsieur gros comme le bras et le deuxième, plus délicat, me demande cou donc, vous êtes un homme ou une femme? Ce à quoi je réponds « une transsexuelle en transition qui est en train de devenir une femme» et après avoir écouté son boniment, il termine en me souhaitant une bonne journée « monsieur ».

Toujours est-il que je sors du bureau du chirurgien qui va pratiquer sur moi une FFS (Facial Feminisation Surgery) [4]. Nous avons discuté des différentes portions de l’opération, des nombreux risques et complications possibles [5], de mes attentes, de mes angoisses et de ma basse capacité de vivre la douleur (il m’a assuré qu’ils avaient de la bonne drogue). Je reviens donc chez moi heureuse d’être fixée sur toutes ces transformations et impressionnée des exemples d’autres patients qu’il a déjà opérés. Mais je suis terriblement angoissée que mes comptes à recevoir arrivent et que mon budget permette de faire le paiement de plusieurs dizaines de milliers de dollars à l’échéance prévue. Je sais que ce sont des choses dont on ne parle pas habituellement, ma pratique va vraiment très bien, mais on parle tout de même d’un méchant gros montant à verser. J’ai aussi parlé avec mon ex. de ma rencontre avec le chirurgien et de ma peur de voir ce nouveau visage. J’ai pleuré abondamment et j’angoisse de ne plus me reconnaître, de souffrir, de peut-être y rester, de tomber du mauvais côté des statistiques et de la pression constante que j’ai sur les épaules pour affronter le monde avec dignité, de faire mon boulot comme si de rien était, de ne pas m’en faire avec les regards méprisants et les « monsieur » qu’on me donne de façon régulière et d’enfin être forte. Surtout que le but de cette opération n’est pas de faire de moi une « cover-girl » (quoique j’aimerais ça), mais plutôt de diminuer sensiblement les regards de mépris d’imbéciles, de me féminiser davantage et de faire que je puisse déambuler dans la rue sans être une attraction pittoresque. Deux touristes la semaine dernière me disaient comment elles me trouvaient « cute » et voulaient me prendre en photo. Elles pourraient dire à leur retour à la maison regarde la belle transsexuelle que j’ai prise en photo. Yé! Méchant beau compliment… C’est ce genre de truc que j’aimerais qui diminue.

Pour ceux et celles qui n’ont pas le cœur trop sensible, vous pouvez visionner ce montage photo d’une transsexuelle qui est déjà passé par là [6]. Vous comprendrez dès lors, une portion de mes angoisses et excuserez sans doute la digression à ma ligne éditoriale habituelle …