En lisant un récent billet de Michel Dumais, un autre de Mario Asselin sur la mort de son père (il est à noter ici que Mario ne parle que très rarement de sa vie personnelle) et en me remémorant mon propre coming out, j’en arrive à supporter l’hypothèse émise par l’un de mes lecteurs, que le blogue, dans certaines circonstances (dont l’authenticité), peut servir d’outil cathartique pour le lecteur et thérapeutique, pour l’auteur.
Dans Paperblog.fr on pouvait lire :
Qu’un blogue d’affaires à succès génère en même temps des bénéfices sociaux, voilà une belle contribution. Mais en plus, et là j’émets une hypothèse, je crois que cette histoire nous démontre également qu’un blogueur peut tirer un bénéfice personnel de sa popularité sur le Web pour mieux vivre une « crise ». Dans l’isolement, est que Michelle Blanc aurait eu la vie plus facile? Car on s’entend que ce qu’elle vit doit être extrêment difficile, le vivre publiquement encore plus. À ma première lecture du billet que je vous suggère plus haut, je me suis dis « Wow, ça doit être l’enfer d’annoncer ça à tous ses lecteurs ». Avec le temps, j’ai conclu que ce fut somme toute assez positif de pouvoir en parler avec tant de gens, avoir des discussions, recevoir des encouragements et faire avancer la compréhension sur la question.
La Catharsis, concept d’Aristote, est (selon Wikipedia) :
La catharsis est la purgation des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l’être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux. Pour Aristote le terme est surtout médical mais il sera interprété ensuite comme une purification morale. En s’identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classicisme une valeur morale, une fonction édifiante. Plus largement, la catharsis consiste à se délivrer d’un sentiment encore inavoué.(il faudrait de plus dire que l’opinion d’Aristote est contraire à celle de Platon et de saint-Augustin. )
Les commentaires de mon billet de coming-out et ceux du copain Mario Asselin sont tous plus positifs et profonds les uns que les autres. Les gens peuvent s’identifier aux émotions qui sont transmises par les révélations d’épreuves de vie comme en témoigne ce premier commentaire au billet de Mario :
Merci de partager cette réflexion personnelle avec nous tous, Mario. Quand je perdrai de vue qu’il est possible d’apprendre dans une épreuve, je relirai ce billet. Ta franchise et, surtout, ta sérénité dans ce moment douloureux me vont droit au coeur.
Les gens peuvent être et sont touchés émotionnellement par la lecture des blogues. Même s’ils ont une fonction éducative, d’affaires, politiques, personnelles ou autre, les blogues sont écrits par des humains qui vivent des situations dramatiques qu’ils se doivent quelquefois de partager. Mais la fonction thérapeutique des commentaires des lecteurs touche aussi le blogueur. Je peux en témoigner et je me souviens encore mes propres larmes à la lecture de ceux-ci de même que celles de mon ex-femme lorsqu’elle prit connaissance de tout cet amour que l’on m’écrivait. Mario aussi fut grandement touché par la lecture de ses commentateurs comme il le dit si bien lui-même :
En ce vendredi soir de spectacle, après avoir été entouré comme rarement dans ma vie, je suis seul à la maison (puis-je dire enfin?) et je prends le temps de relire ces réactions, tout doucement…
Comment vous remercier?
Ma famille a beaucoup apprécié ces témoignages de gens qu’elle ne connaît pas. Il a fallu que j’explique… Les blogues, la communauté des édublogueurs, La Toile, etc.
Merci.
J’ai vécu des moments extraordinaires ces derniers temps. Ce soir, je peux dire que la page est tournée. Pas grand-chose de «pas nettoyé», comme a dit Marie-Josée… Et la cérémonie de jeudi… Ouf! Quel ambiance… Vous étiez parmi nous, ne serait-ce que parce vous étiez dans plusieurs conversations 😉
Je ne reprendrai pas chacune des interventions, mais disons simplement que vous m’avez fait beaucoup de bien, chacun de vous.
Les prochaines semaines seront chargées professionnellement et je me sens d’attaque comme rarement je me suis senti.
Un gros gros merci.
En conclusion, il m’apparaît clair que le partage, via les blogues, des événements dramatiques et réels que vit le blogueur, procure un effet de catharsis aux lecteurs, tout en le réconfortant grandement à son tour. Le blogue d’affaires est donc plus que strictement un outil commercial, il sert aussi à humaniser le blogueur et (peut-être même dans une certaine mesure à guérir, d’où la catharsis) la sphère de ses propres lecteurs…
MAJ
Je vous invite aussi à lire le billet de Jean-Michel Billaut Hello, qui témoigne de l’épreuve de se faire amputer la jambe comme suite à un anévrisme et de prendre connaissance des centaines de commentaires qu’il suscite…
Faut il vraiment s’entêter à faire une différence théorique entre blogues personnels et blogues d’affaires? Les seuls blogueurs « d’affaires » vraiment intéressants sont ceux qui écrivent avec leur coeur plus qu’avec leur tête.
Dans bien des cas, je crois que l’on passe plus de temps à expliquer à nos clients qui « veulent un blogue pour avoir un blogue » que ça prendra du coeur tout autant que de la tête pour alimenter leur objectif de communication…
Les « affaires » c’est ça, des humains.
Mais on dit la même chose sacré blogueur personnel qui fait des affaires avec sa tête et son coeur et des fois son blogue
Très intéressant ce billet. Dans ce monde virtuel où la frontière entre vies personnelle et professionnelle est de plus en plus ténue (Facebook en est la meilleure preuve!), on peut se permettre de dire des choses qu’on ne dirait pas face à face. Positif? Négatif? Courageux, surtout. Parce qu’il faut assumer. On a souvent parlé de l’aspect thérapeutique de l’écrit, mais le blogue permet d’aller encore plus loin. Écrire permet de se confirmer des choses à soi; bloguer nous amène de l’autre côté de l’écran. Un pas en avant. Un pas qui peut nous aider plus facilement à faire le grand saut dans le «réel». Petits ou grands coming out, bloguer permet de communiquer tant des informations que des émotions. Tout est dans le «comment».
Cela dit, je pense qu’il y a une certaine limite à respecter. Celle de la pudeur de nos proches. Certains blogueurs étalent les détails de leur vie sentimentalo-sexuelle ou leurs problèmes conjugaux sans aucune gêne. Pas de problème, tant qu’ils sont les seuls à pouvoir être identifiés.
P.S.: Perso, j’ai trouvé votre coming out très inspirant. Touchant. Important. Le billet de Mario Asselin m’a profondément touchée également. Et je ne suis certainement pas la seule…
Le mot est un peu «lourd de sens», mais tu l’emploies à bon escient Michelle, «catharsis». Il est vrai que je «ne parle que très rarement de ma vie personnelle» sur mon blogue, mais j’ai appris à nommer des aspects de ma vie professionnelle, sur une base régulière, que je n’aurais jamais pensé partager, avant de bloguer…
Ce billet révèle que nous marchons sur un fil quand même assez mince; je continue de croire qu’il faut continuer d’écrire pour soi, sans trop penser aux lecteurs, mais j’avoue qu’en écrivant ce billet dont vous évoquer l’existence, j’ai aussi pensé à mes enfants qui ont pu se poser bien des questions sur ce «grand-père mystère» qui était le leur… Tout comme pour toi, j’imagine, le blogue repousse certaines limites que nous aurions pu anticiper «moins ouvertes» dans le dévoilement de «qui nous sommes» et c’est probablement un aspect «du business» qui mérite réflexion, dans ce contexte du Web participatif. Serais-tu surpris d’apprendre, que je me surprends parfois à ne pas être si à l’aise avec certains volets de ma pratique carnetière une fois certains billets postés? Bien que CFD ait raison de mentionner que «Les “affaires” c’est ça, des humains»,je me dis qu’il y a des limites à ne pas franchir en matière «d’épanchement» de soi et je demeure alerte, tout comme toi j’imagine, à ne pas aller trop loin sur ce sujet dans un espace qui demeure public, ne l’oublions pas… Continuons d’y réfléchir… ensemble!
Merci aussi à Marie-Julie pour ses bonnes paroles!
« Le blogue … sert à humaniser le blogeur »
N’importe quoi.
Je dirais même le contraire, on blogue dans le langage plus tout à fait humain qui nous classe au mieux dans la machine Google.
@Olivier, à certains égards tu as raison, mais à d’autres, tu es complètement dans le champ. Le billet de Mario Asselin sur la mort de son père est l’un des textes les plus humains et vrai qu’il soit possible de lire, dans un livre, un blogue, un site ou sur quelque support que ce soit. Il n’est certainement pas écrit pour Google. Si tu ne peux pas percevoir ça, c’est probablement ta propre humanité qui est déficiente…
Qu’aurait eu de moins humain le billet de Mario Asselin écrit ailleurs que sur un blogue ? En quoi le blogue l’a humanisé ?
Bon là, dans ton style troll habituel, tu détournes ton discours pour le simple plaisir de foutre le bordel. Si je reprends ton premier commentaire, « on blogue dans le langage plus tout à fait humain ». Alors, son billet écrit dans un blogue ou ailleurs serait toujours aussi humain. Et son billet l’humanise parce qu’il met à jour sa vulnérabilité, sa profondeur, ses qualités d’introspection et qu’il permet à d’autres de s’identifier à sa douleur et à ses questionnements.
C’est bien le questionnement constructif et c’est encore mieux les réflexions qui font avancés. Tu es une personne brillante et ce serait le fun que des fois tu utilise ton intelligence dans ce sens…
Ping : Mon passage à Christiane Charrette et signet choisis… • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure
Ping : Télévision versus le Web et paradoxe perçu • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure
Lorsque la situation du blogueur l’expose au jugement de l’entourage, aux pharses toutes faites, aux remarques éculées, les commentaires des lecteurs permettent au blogueur de «normaliser» ce qu’il vit, de trouver su soutien, et de briser une certaine forme d’isolement.
Mon blogue a été «thérapeutique» parce qu’il m’a permis d’exprimer ma propre version d’un pan d’histoire personnelle, de fermer les livres à ma façon ; un geste essentiel pour retrouver cette paix en accomplissant que les anglais appellent «closure».
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