- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

De l’utilité du blogue comme outil de catharsis

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En lisant un récent billet de Michel Dumais [2], un autre de Mario Asselin sur la mort de son père [3](il est à noter ici que Mario ne parle que très rarement de sa vie personnelle) et en me remémorant mon propre coming out [4], j’en arrive à supporter l’hypothèse émise par l’un de mes lecteurs [5], que le blogue, dans certaines circonstances (dont l’authenticité), peut servir d’outil cathartique pour le lecteur et thérapeutique, pour l’auteur.

Dans Paperblog.fr on pouvait lire [5] :

Qu’un blogue d’affaires à succès génère en même temps des bénéfices sociaux, voilà une belle contribution. Mais en plus, et là j’émets une hypothèse, je crois que cette histoire nous démontre également qu’un blogueur peut tirer un bénéfice personnel de sa popularité sur le Web pour mieux vivre une “crise”. Dans l’isolement, est que Michelle Blanc aurait eu la vie plus facile? Car on s’entend que ce qu’elle vit doit être extrêment difficile, le vivre publiquement encore plus. À ma première lecture du billet que je vous suggère plus haut, je me suis dis “Wow, ça doit être l’enfer d’annoncer ça à tous ses lecteurs”. Avec le temps, j’ai conclu que ce fut somme toute assez positif de pouvoir en parler avec tant de gens, avoir des discussions, recevoir des encouragements et faire avancer la compréhension sur la question.

La Catharsis, concept d’Aristote, est (selon Wikipedia [6]) :

La catharsis est la purgation des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l’être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux. Pour Aristote le terme est surtout médical mais il sera interprété ensuite comme une purification morale. En s’identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classicisme une valeur morale, une fonction édifiante. Plus largement, la catharsis consiste à se délivrer d’un sentiment encore inavoué.(il faudrait de plus dire que l’opinion d’Aristote est contraire à celle de Platon et de saint-Augustin. )

Les commentaires de mon billet de coming-out [7] et ceux du copain Mario Asselin [3]sont tous plus positifs et profonds les uns que les autres. Les gens peuvent s’identifier aux émotions qui sont transmises par les révélations d’épreuves de vie comme en témoigne ce premier commentaire au billet de Mario :

Merci de partager cette réflexion personnelle avec nous tous, Mario. Quand je perdrai de vue qu’il est possible d’apprendre dans une épreuve, je relirai ce billet. Ta franchise et, surtout, ta sérénité dans ce moment douloureux me vont droit au coeur.

Les gens peuvent être et sont touchés émotionnellement par la lecture des blogues. Même s’ils ont une fonction éducative, d’affaires, politiques, personnelles ou autre, les blogues sont écrits par des humains qui vivent des situations dramatiques qu’ils se doivent quelquefois de partager. Mais la fonction thérapeutique des commentaires des lecteurs touche aussi le blogueur. Je peux en témoigner et je me souviens encore mes propres larmes à la lecture de ceux-ci de même que celles de mon ex-femme lorsqu’elle prit connaissance de tout cet amour que l’on m’écrivait. Mario aussi fut grandement touché par la lecture de ses commentateurs comme il le dit si bien lui-même :

En ce vendredi soir de spectacle, après avoir été entouré comme rarement dans ma vie, je suis seul à la maison (puis-je dire enfin?) et je prends le temps de relire ces réactions, tout doucement…

Comment vous remercier?

Ma famille a beaucoup apprécié ces témoignages de gens qu’elle ne connaît pas. Il a fallu que j’explique… Les blogues, la communauté des édublogueurs, La Toile, etc.

Merci.

J’ai vécu des moments extraordinaires ces derniers temps. Ce soir, je peux dire que la page est tournée. Pas grand-chose de «pas nettoyé», comme a dit Marie-Josée… Et la cérémonie de jeudi… Ouf! Quel ambiance… Vous étiez parmi nous, ne serait-ce que parce vous étiez dans plusieurs conversations 😉

Je ne reprendrai pas chacune des interventions, mais disons simplement que vous m’avez fait beaucoup de bien, chacun de vous.

Les prochaines semaines seront chargées professionnellement et je me sens d’attaque comme rarement je me suis senti.

Un gros gros merci.

En conclusion, il m’apparaît clair que le partage, via les blogues, des événements dramatiques et réels que vit le blogueur, procure un effet de catharsis aux lecteurs, tout en le réconfortant grandement à son tour. Le blogue d’affaires est donc plus que strictement un outil commercial, il sert aussi à humaniser le blogueur et (peut-être même dans une certaine mesure à guérir, d’où la catharsis) la sphère de ses propres lecteurs…

MAJ
Je vous invite aussi à lire le billet de Jean-Michel Billaut Hello [8], qui témoigne de l’épreuve de se faire amputer la jambe comme suite à un anévrisme et de prendre connaissance des centaines de commentaires qu’il suscite…