- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Culture en péril et démocratie périlleuse

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Concernant mon billet Dadaïsme 2.0, en période électorale [2], voici certaines mises au point que j’aimerais faire.

Tout d’abord, le viral fait par le groupe de pression artistique encore inconnu est d’une efficacité exemplaire. Il est évident qu’en mettant ensemble sur le même plateau de tournage, Stéphane Rousseau, Michel Rivard et Benoît Brière et de ne diffuser une production vidéo commune que sur le Web, ça obtiendra une « viralité » hors du commun.

Je suis aussi très consciente des difficultés jurisprudentielles énormes que peut avoir n’importe quelle loi, lorsqu’appliquée sur le Web. Ce tournage aurait pu être fait entièrement à l’étranger et mis en ligne via n’importe quelle partie de la planète et nos lois, pourraient ne pas s’y appliquer du tout et pourtant, la vidéo virale aurait eu exactement le même effet.

Je fais aussi une différence entre l’expression citoyenne de gens qui mettent des contenus textuels, vidéos, photographique ou autre à saveur politique (et du non-sens pour Élection Canada de tenter de sévir on de réguler cet espace numérique) et la vidéo de Culture en Péril [3], qui peut difficilement se faire passer pour une expression citoyenne. Ne serait-ce que par la qualité du rendue, des équipements sophistiqués (éclairages, sono, caméras, montages, décors etc.), de l’équipe de création, de production, de maquillage de post-production, du scénario, etcetera, cette production est une production professionnelle. De plus, il s’agit de toute évidence d’un collectif plus grand que celui des trois vedettes millionnaires qui jouent dans le clip. C’est donc ce qu’on pourrait appeler un groupe de pression. Or, les groupes de pression, lors d’élection générale, sont aussi sujet à la loi et leur vidéo peut être très certainement considérée comme une publicité électorale faite par des tiers. Je vous suggère d’ailleurs de revoir le TABLEAU DES INFRACTIONS LOI ÉLECTORALE DU CANADA [4] et d’y remarquer le nombre impressionnant d’infractions que ce groupe de pression peur avoir commis, et les peines criminelles qui peuvent y être associé. Je comprends que les « artistes » ayant participés à cette « crosse » ne veulent pas se nommer. Ils sont peut-être couillons, mais ce ne sont pas des imbéciles. De plus, le bénévolat est permis dans les publicités électorales faites par des tiers. Cependant :

349. Les définitions qui suivent s’appliquent à la présente partie.
« dépenses »
(…)
• c) la valeur commerciale des produits et services donnés ou fournis, à l’exception du travail bénévole;
• d) les sommes égales à la différence entre les sommes payées et les dépenses engagées au titre des produits et services – exception faite du travail bénévole – d’une part et leur valeur commerciale d’autre part, lorsqu’ils sont fournis à un prix inférieur à cette valeur.

Les équipements, les services et tout ce qui entre dans la production de ce vidéo (hormis le « bénévolat ») doivent être comptabilisés et fournis au Directeur des élections. Ce qui n’est clairement pas le cas. Ça évite entre autres, les magouilles telles que celles qu’on a déjà connues lors du scandale des commandites…

En conclusion, ce n’est pas parce qu’il est difficile, voire impossible de réguler convenablement ce qui se fait sur le Web que je suis obligée de cautionner les conneries qui peuvent s’y faire. Il est clair que les partis eux-mêmes devraient s’inspirer de la viralité que « le groupe de pression artistique » a démontré dans cet exercice. Je suis POUR la culture et POUR son financement. Je suis cependant CONTRE les tactiques politiques déloyales, illégales, anonymes et clairement antidémocratiques. Lors du scandale des commandites, les firmes de communication marketing et de relations publiques faisaient aussi du bénévolat…