Comment se prouve le retard de nos entreprises sur le Web?

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Ça fait déjà de nombreux billets que je publie spécifiquement sur ce sujet qui n’est pas nouveau mais, à force d’en jaser avec vous, peut-être que les choses vont avancer juste un peu. C’est aussi que, suite à mon billet Pourquoi nos entreprises sont-elles en retard sur le Web?, un lecteur a comme l’impression que je fais mon argent sur le dos du retard du Québec sur le Web comme il me le mentionne ici :

Nicolas Ritoux

(…) C’est facile de taper sur le Québec pour pousser sa cause commerciale, mais franchement je trouve qu’on est une société qui a 10 ans d’avance sur la France sur bien des points.

En france l’internet est encore beaucoup vu comme un “push media” qui reflète bien la conception unilatérale de haut en bas et la stratification élitiste de leur société en entier. Ils nous refont le coup du minitel en plus coloré et brillant (le minitel, ils auraient pu inventer le courriel avec ça, mais au lieu de ça ils ont choisi d’en faire un canal unilatéral de haut en bas).

Mon point de vue est très radical et généralisateur, mais c’est juste pour contre-balancer les attaques perpétuelles totalement injustes de Michelle contre la société québécoise qui est ultra branchée dans sa vie quotidienne, à commencer par ses universités, qui étaient déjà full internet il y a 12 ans quand je suis arrivé et que mon université française offrait un poste d’accès 56k sur réservation à 10,000 étudiants. (…)

Ma réponse :

@Nicolas
Vous dites n’importe quoi. Moi je ne parle pas que d’impressions et que le Québec soit en retard, ça n’affecte pas ma business, au contraire. Si nous étions en avance, j’aurais peut-être même moins de job. Cependant, des indices externes comme ceux qu’évoque Le Devoir de ce week-end et qui vient de l’Union Internationale des Communications ou encore les différents éléments présentés dans La lettre ouverte au premier ministre du Québec ou ceux du eReadiness Index du non moins sérieux The Economist, me donnent certainement raison. Avant de m’accuser de n’importe quoi, faites votre travail de journaliste (ce que vous êtes, je crois) et fouillez un peu plus la matière afin de valider si ce ne sont que des impressions que j’émets, ou si c’est un peu plus fondé. Aussi, relisez la mise en garde du journaliste qui dit lui-même « Michelle ne m’a pas raconté que les misères du e-commerce à Montréal mais c’est ce que j’ai conservé de notre entrevue. »

À la décharge de monsieur Ritoux, il s’excuse aussi ici :

Nicolas Ritoux

Michelle, je me rends compte en me relisant que j’ai emprunté un ton un petit peu agressif, mais ce n’était vraiment pas contre toi. Je m’excuse si c’est ainsi que tu l’as intrerprété. C’est juste que dès qu’on parle de la France je ne contrôle plus ma passion (i.e. d’immigrant qui a tourné le dos à son pays d’origine et qui renie tout ce qui en provient).

Pour ce qui est du contenu de mon intervention, je ne parlais pas à titre de journaliste mais à titre personnel, c’était une perception personnelle. Je continue à penser que d’un point de vue culturel, dans la vie de tous les jours, dans la psyché collective, l’Internet est beaucoup plus ancré dans les moeurs au Québec qu’en France. Maintenant, du point de vue des infrastructures et des efforts des acteurs majeurs de l’industrie, c’est autre chose, comme l’indiquent les sources que tu m’as indiquées et que je n’avais effectivement pas lues auparavant.

On peut recommencer à se tutoyer maintenant?

MAJ
En plus, je suis tellement chauvine pour le Québec, que si nous étions en avance, je serais la première à nous vanter. Aussi, monsieur Ritoux et moi, on va recommencer à se tutoyer. S’il ne le prend pas personnel, il va sans dire…

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Commentaires

  1. modotcom

    Comme quoi on ne devrait pas critiquer sans être informé. Bien que je partage la perception de M Ritoux quant à l’intégration de l’Internet dans la vie de tous les jours au Québec (je vis à Montréal) – je ne peux parler de la situation en France – il m’est arrivé de lire les mêmes articles que vous relatifs à la piètre performance de nos réseaux, nos capacités, le coût élevé des communications comparativement à l’Europe. C’est donc très inégal comme accès à l’échelle de la province. D’autre part, si vous me répondez “Vous dites n’importe quoi.”, j’avoue que je resterai coite!

  2. Romain

    Bonjour,

    @Nicolas Ritoux

    La France avait un retard sur le web, mais avec les efforts de ces 10 dernières années, les choses ont bien changés…

    “C’est juste que dès qu’on parle de la France je ne contrôle plus ma passion (i.e. d’immigrant qui a tourné le dos à son pays d’origine et qui renie tout ce qui en provient).”

    Vous reprochez de “taper” sur Québec, mais pourquoi faire de même pour la France?

  3. Denis Canuel

    Dès que l’on sort de notre petit pays on voit rapidement à quel point on est en retard du côté de la technologie. Pas juste le web.

    Il ne faut jamais se “péter les bretelles” car la course ne s’arrêtera pas d’ici peu. Nous sommes et seront un monde un monde de plus en plus sans frontière.

    Un exemple: la première fois que j’ai commandé un truc de Hong Kong sur eBay, j’ai presque eu peur. Maintenant, je n’y pense même plus. Pas disponible au Québec? Tant pis et allons la où s’est disponible.

    Je crois qu’il y a plusieurs gros problèmes:

    – L’internet lui même et son manque de compétition au Canada. Les prix sont trop hauts et la vitesse trop basse. Oubliez le piratage et pensez plutôt téléconférence HD et de brasser les affaires “in the cloud”. Ca prend beaucoup de bande passante et de vitesse. Nos choix Internet actuels se comparent à Hotmail il y a quelques années avec son 2MB d’espace disque. Il fallait Google avec 1GB gratuit pour que Hotmail se réveille.

    – Technologie mobile inabordable. Quoi dire de plus? Une vraie arnaque. L’iPhone est offert partout dans le monde sur des plan illimités sauf le Canada. Et il a fallu tordre le bras à Rogers pour qu’ils offre un plan à 6GB pour 30$.

    – Manque de financement des petites compagnies. Quelques fonds sont disponibles mais tous semble être en train de dormir. Pourquoi n’y a-t-il pas l’équivalent d’un “Amazon” Québécois? La plupart des programmeurs vont malheureusement travailler pour des firmes à 3 lettres plutôt que de démarrer leur propre entreprise.

    – Manque de vision du gouvernement. Certains pays Européens ont, ou vont avoir, une carte d’identité nationale utilisant la technologie OpenID. Ici? Une carte facilement “hackable” à distance avec l’information non chiffrée..! Way to go!

    – Manque de vision des entreprises. Les gens ont encore la mentalité de la boutique du coin. Si tu ouvres un site web, assures-toi de pouvoir vendre à toute la planète. Pourquoi limiter ton marché? Ton compétiteur n’est plus celui en face de toi mais celui à Hong-kong.

  4. Nikonoel

    Alors, vous pouvez recommencez à vous tutoyer, maintenant ?
    😀

  5. Sébastien

    Un retard pour les commerces, un retard pour les organisations, et surtout, un retard pour les citoyens. Dans mon coin de pays, la Gaspésie, c’est à peine 80% de la population qui ont accès à la haute vitesse. Et souvent, dû à la conjoncture économique qui prévaut depuis l’entrée de la Nouvelle-Écosse dans la confédération canadienne, le prix de la HV est trop élevé pour une grande partie de la population. Certaines bibliothèque fonctionnent encore en basse vitesse.

    Autre problème, les dinosaures qui occupent le pouvoirs ne connaissent pas les possibilités qu’offre les TICs pour le développement économique. Nous sommes ancré dans un immobilisme qui empêche la réalisation d’excellents projets et qui démoralise la jeunesse à vouloir s’investir pour leur réussite et le développement de leur région.

    Le manque de vision et de leadership, le monopole de certaines compagnies sur le marché de la téléphonie, sont des plaies qui bloquent le rattrapage technologique du Québec.

  6. Christian Aubry

    Denis a mis le doigt sur le différentiel majeur: la mobilité. Nous sommes très en retard par rapport à la France à ce chapitre. Là-bas, le téléphone mobile est véritablement ancré dans les moeurs, tandis qu’ici, les tarifs d’accès sont encore trop prohibitifs pour que l’Internet mobile décolle au-delà de quelques couches privilégiées de la société.C’est avec tristesse que j’ai appris récemment le rachat de Virgin Mobile Canada par Bell. Cela va dans le sens d’une concentration des services sans fil canadiens entre les mains de quelques gros joueurs et ce n’est pas ce qu’il faut pour que les lois du marché fonctionnent.Sébastien a raison de plaider pour un meilleur accès en région. Les Québécois font à ce niveau-là figures de défavorisés. Par contre, le succès de projets communautaires comme Ile sans fil et Zap Québec facilitent l’accès et la mobilité des “nantis numériques” dans les grandes villes, et ce à un point inégalé en France.Enfin, je me demande ce que les Tamouls pensent de ce débat 🙁