Le « n’importe quoi » sur Twitter et dans les études à son propos

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Hier j’ai écrit le billet Questions réponses à propos de Twitter et le premier commentaire à son propos disait ceci :

“En fait, Twitter est une rivière d’information qui coule constamment. Il ne faut pas essayer de boire la rivière, mais plutôt de boire de celle-ci.”
Très jolie comparaison !
Et ça serait bien que certains évitent de la polluer aussi, mais ça malheureusement, on n’y peut pas grand chose…

C’est un peu le point de vue d’une étude de Pear analytics Twitter study, August 2009 (PDF), reprise ce matin par eMarketer. On y découvre que 40.55% de ce qui s’y véhicule est de la « Total pointless bable », ce qu’on peut traduire par du « n’importe quoi » ou encore « de la pollution ».
Je vais me permettre de répondre à ce que je considère être « des inepties ». Dans mon billet d’hier, j’expliquais que Twitter est un peu comme le fumoir des entreprises. Vous imaginez-vous entrer dans un lieu comme ça et dire à quelqu’un :  ne me parle pas de ta soirée au cinéma d’hier, c’est de la pollution, ne me dis pas que tu es découragé que ton cellulaire te coûte trop cher avec Bell Canada ou je me fous que le canal de télévision TQS change de nom parce que ces informations sont de la pollution? Tout d’abord, vous seriez perçu comme quelqu’un ayant peu de tact et qui ne comprend pas le sens d’une « conversation », qui se doit d’aller du pertinent au badinage, à la réflexion ou à l’information de première qualité. Ces exemples de n’importe quoi peuvent devenir des sources très importantes d’informations clients pour le producteur du film dont on parle, Bell Canada ou encore TQS. Ces informations sont pourtant classées comme du « Total pointless bable ». Dans les médias sociaux, comme dans la vie, il faut un peu respirer par le nez, reconnaître que le badinage fait parti d’une saine communication et qu’au travers ce qui semble être du « n’importe quoi », des informations d’affaires et personnelles pertinentes peuvent être extraites. J’irai peut-être voir le film qu’on dit qui est si bon et j’y songerai peut-être à deux fois avant de signer mon téléphone cellulaire avec Bell Canada. Quant à l’étude de Pear analytics, je vais peut-être la considérer comme du « pointless bable »…

MAJ
Petite réflexion supplémentaire : LE succès de la télévision américaine de la dernière décennie était Seinfeld, qu’il décrivait lui-même comme « a show about nothing »…

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Commentaires

  1. Vincent François

    Bref, c’est subjectif, quoi.

    La « Total pointless bable » des uns peut être l’information importante des autres, surtout si elle est additionnée, compilée, mâchée…

    Et on n’est effectivement pas tenu d’expliquer à nos collègues et amis la part de « n’importe quoi » que contient leur babille gracieux, en ligne ou IRL (dans la vie réelle qui inclut tout de même celle en ligne)…

  2. On the Web with Kim Vallee

    Ce que je reproche aussi à ce genre d’étude est la hiérarchie des sujets. Je n’aime pas ce côté élitique. Il me semble que l’on a le droit de prioriser les sujets que l’on veut.

    Twitter est avant tout un médium pour converser. Il faut voir cela comme lorsque l’on assiste à un party avec 500 invités, on choisit avec qui on parle selon nos intérêts.

  3. Jean-François Paradis

    L’existence de «pollution» sur Twitter est en soi une bonne nouvelle, car cela indique qu’il s’y trouve d’abord et avant tout une information viable (pour les uns, pour les autres ou pour tout le monde) qui sert de norme.

    Je crois que la pertinence de Twitter va générer – et c’est déjà le cas – sa propre auto-régulation, sa propre «néthiquette», ses propres lois d’usage et plus ça ira, moins on y trouvera de bruit de fond.

  4. Stéphane Beaudin

    Bien dit, excellente mise au point!

    Ce week end je parlais de Facebook avec des membres de ma famille (qui sont dans la soixantaine avancée, et attention je ne dit pas qu’il y a un âge pour utiliser les médias sociaux ou être branché, loin de là).

    Toujours est-il que les personnes à qui je parlais me disaient ne pas comprendre pourquoi les plus jeunes (lire : leurs enfants adulte) étaient aussi accros à facebook et autres sites du genre, que ce qui se disaient était du n’importe quoi.

    Ce à quoi je leur ait répondu: lorsque l’on parle au téléphone, est-ce que l’on a toujours de grandes conversations philosophiques? Ceci les as fait réfléchir.

    Alors les médias sociaux, je considère que c’est en partie un déplacement / une extension des conservation téléphoniques (ou bien des fumoirs comme vous l’exposez si bien dans votre article).

  5. camillejung

    Je suis on ne peux plus en accord avec vous, Michelle, sur ce billet !

    Dans l’un de mes articles (http://bit.ly/10OsKA) j’avais déjà repris l’image du fumoir pour illustrer twitter.
    Il faut arrêter avec les termes du même acabit que “pollution”. Twitter sert aussi à ce genre de discussion…comme pour tout moyen de communication il y a des choses intellectuellement intéressantes, et d’autres moins.

    Un exemple avec mon compte hier : je tweet la difficulté que j’ai éprouvé avec mon déménagement, effectué dans la journée. Ce tweet n’a aucun intérêt pour des tas de gens qui sont des followers sans être des amis, c’est à dire la majorité des personnes qui me suivent.
    Pourtant je l’ai tweeté car c’est vraiment la chose que j’avais le plus à l’esprit, ce qui a marqué ma journée.
    A l’inverse après une bonne nuit de sommeil, je tweet et RT des infos plus technos, plus politiques et qui, celles-là peuvent apporter quelques choses à mes followers.

    C’est donc comme cela que je conçois twitter : comme la cafétéria de l’université où l’on connaît un peu tout le monde, ne serait-ce que de tête et où l’on peux entrer dans des discussions…on écoute un peu ce qui se dit, puis on peux y participer. Des fois nous entendons des choses inintéressantes, révoltantes ou alors des choses tellement intéressantes que l’on va se joindre à la discussion et faire de cette ou ces personnes nos amis.

    Alors, sincèrement parler de pollution…pour moi ces gens n’ont pas compris twitter ou du moins n’ont pas la même vision de l’outil que moi !

  6. VincentAC

    La réaction de danah boyd à cette étude de Pear Analytics est, comme toujours, fort éclairante:

    «Conversation is also more than the explicit back and forth between individuals asking questions and directly referencing one another. It’s about the more subtle back and forth that allow us to keep our connections going. It’s about the phatic communication and the gestures, the little updates and the awareness of what’s happening in space. We take the implicit nature of this for granted in physical environments yet, online, we have to perform each and every aspect of our interactions. What comes out may look valueless, but, often, it’s embedded in this broader ecology of social connectivity. What’s so wrong about that?»

    Le billet au complet vaut le détour: http://www.zephoria.org/thoughts/archives/2009/08/16/twitter_pointle.html

  7. Olivier

    “Quand je veux éteindre mon cerveau j’ai ma TV, quand je veux l’allumer j’ai mon ordinateur.” – Steve Jobs
    C’est moins vrai avec Twitter, mais il nous reste toujours des millions de sites web versus des dizaines de chaines TV. Le danger serait que Twitter devienne un lieu rêvé de marketing, comme l’émission débilifiante Oprah par exemple.

  8. Martin Lessard

    Il y aura toujours plein de monde qui vont considérer la parole comme étant “sacrée” (et surtout l’écrit). On ne devrait pas l’utiliser si ce n’est pas pour dire des choses “sérieuses”.

    Si on considère Twitter véritablement comme une conversation (on ajouterait “phatique” en science de la comm.), où la légèreté côtoie la lourdeur, sans pour autant y mettre une hiérarchie, on n’oserait jamais nommer ça “bavardage futile”.

    VincentAC, plus haut, pointe vers le billet de Dana Boyd auquel je souscris complètement.

    La communication médiatique ne veut pas dire que l’on n’écoute tout. Dans les faits, on choisit. La communication n’est rien d’autre que ça : repérer du signal dans une mer de bruit (le bruit étant ce que l’on veut pas chercher — ce qui ne veut pas dire “pointless bable”)

    J’écrivais hier qu’il est donc “inutile de souligner que 40% des gazouillis sont futiles, ce n’est que répéter qu’il y a du bruit (c-a-d, qui ne fait pas de sens pour nous) et on ne fait que parler pour ne rien dire”. Des “des inepties” comme tu le soulignes toi aussi.

    Plus de détails : http://zeroseconde.blogspot.com/2009/08/parler-pour-ne-rien-dire.html

  9. Olivier

    Mesdames et messieurs … Je vous signale tout de suite
    que je vais parler pour ne rien dire.
    Oh ! je sais !
    Vous pensez :
    “S’il n’a rien à dire… il ferait mieux de se taire!
    Evidemment ! Mais c’est trop facile! … c’est trop facile!
    Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n’ont rien à
    dire et qui le gardent pour eux?
    Eh bien non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien
    à dire, je veux qu’on le sache!
    Je veux en faire profiter les autres!
    Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire,
    eh bien, on en parle, on en discute!
    Je ne suis pas ennemi du colloque.
    Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire,
    de quoi allons-nous parler?
    Eh bien, de rien! De rien!
    Car rien… ce n’est pas rien.
    La preuve c’est qu’on peut le soustraire.
    Exemple:
    Rien moins rien = moins que rien!
    Si l’on peut trouver moins que rien,
    c’est que rien vaut déjà quelque chose!
    On peut acheter quelque chose avec rien!
    En le multipliant
    Une fois rien … c’est rien!
    Deux fois rien … c’est pas beaucoup!
    Mais trois fois rien !… Pour trois fois rien on peut déjà acheter
    quelque chose!… Et pour pas cher!
    Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien:
    Rien multiplié par rien = rien.
    Trois multiplié par trois = neuf.
    Cela fait rien de neuf!
    Oui… ce n’est pas la peine d’en parler!
    Bon ! Parlons d’autres choses! Parlons de la situation, tenez!
    Sans préciser laquelle!
    Si vous le permettez, je vais faire
    brièvement l’historique de la situation,
    quelle qu’elle soit!
    Il y a quelques mois, souvenez-vous
    la situation pour n’être pas pire que celle
    d’aujourd’hui n’en n’était pas meilleure non plus !
    Déjà nous allions vers la catastrophe, nous le savions…
    Nous en étions conscients!
    Car il ne faudrait pas croire que les responsables d’hier étaient plus
    ignorants de la situation que ne le sont ceux d’aujourd’hui!
    Oui la catastrophe, nous le pensions, était pour demain!
    C’est-à-dire qu’en fait elle devait être pour aujourd’hui!
    Si mes calculs sont justes!
    Or, que voyons-nous aujourd’hui?
    Qu’elle est toujours pour demain!
    Alors je vous pose la question, mesdames et messieurs:
    Est-ce que c’est en remettant toujours au lendemain
    la catastrophe que nous pourrions
    faire le jour même que nos l’éviterons?
    D’ailleurs je vous signale entre
    parenthèses que si le gouvernement actuel
    n’est pas capable d’assurer la catastrophe,
    il est possible que l’opposition s’en empare !

    Raymond Devos

  10. Etienne Chabot

    Comme s’il n’y avait pas de filling et de pollution dans les médias trad. C’est n’importe quoi ces études à la con.

  11. Pascal

    Bien d’accord avec le besoin de relativiser ces études. N’empêche que la grosse différence avec un fumoir ou une conversation de salon, c’est qu’on n’y est pas branché toute la journée avec la crainte de manquer quelque chose d’important, et le risque d’être distrait à tout moment de conversations plus importantes