- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Les sites web des entreprises québécoises sont d’une désuétude…

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Ça fait longtemps que je dis que notre économie numérique fou le camp hors du pays. Je cite souvent cette vieille statistique qui dit que chaque mois, entre 30 et 60% des dépenses des Québécois en ligne, sortent du pays. À la même date l’an dernier, j’étais d’ailleurs chez Christiane Charette pour documenter notre retard alarmant en termes d’économie numérique. [2] Je dis souvent qu’en 2000, toutes les entreprises voulaient être sur le Web puis juste après, la disette. Ou bien les entrepreneurs se disent « le Web c’est de la merde et je le sais parce que j’ai payé pour et que je n’ai eu aucun retour sur l’investissement » ou bien ils réalisent « le web, je n’ai peut-être pas fait la bonne chose ». Tout ça pour vous dire que je viens de recevoir ce courriel accompagné d’une étude locale à propos du web. J’ai comme l’impression que les observations tirées de cette étude pourraient se transposer aux autres régions du Québec et à celui-ci dans son ensemble. Néanmoins, vous trouverez sans doute que ce n’est pas des plus reluisant.

Madame,

Je me présente, Jacques Bernard de Granby, professionnel et passionné du Web. Une passion qui date de 1986, en comprenant clairement que ce nouvel univers numérique que créait l’ordinateur deviendrait et serait le moyen de communication tous azimuts.

Vous vous demandez probablement pourquoi je vous écriis à vous plutôt qu’à une autre personne. Parce qu’instinctivement je crois que vous êtes la bonne personne avec votre sens direct de la réplique et votre excellente connaissance de ce qu’est le Web, pour m’éclairer sur ma démarche professionnelle.
(…) Pour cela je vous envoie une analyse que j’ai fait sur 300 sites Web de ma région, qui je l’espère vous permettra de juger de mon professionnalisme.

Petite mise en contexte.

J’essaie de gagner ma vie en faisant du développement Web de façon professionnelle (il y a-t-il une autre manière?), mais le marché de ma région est loin d’être réceptif.

Lors de ma prospection, j’ai constaté que les gens d’affaires préconisent très peu le Web et son apport stratégique pour l’entreprise. Oubliez ici le Web 2.0, ne pensez pas même pas au Web sémantique, on a même pas encore maîtrisé le Web 1.0 dans ma région.

Devant ce manque de connaissances, je me suis dit que la chose à faire était d’instruire les gens sur ce qu’est un bon site Web. Mon pari est simple, plus un client est instruit, plus il peut prendre de meilleures décisions en termes de besoins et distinguer les professionnels des neveux, des cousins ou du beau frère.

J’ai donc développé des outils pour instruire les gens d’affaires (…) dont une analyse de 300 sites Web de Granby et région pour démontrer aux décideurs l’étât du Web de ma région.

J’ai offert gratuitement ces deux outils è la Chambre de Commerce de ma région, ainsi qu’à d’autres organisations oeuvrant dans le milieu des affaires, croyant qu’il revenait à celles-ci de faciliter le transfert des connaissances vers leurs membres, mais aucune réponse, l’ignorance totale.

(…)
Cordialement

Jacques Bernard
BeZen Studio

Points saillants et implications

  • 97,3 % des sites (292/300) comportent des problèmes d’accessibilité.
  • 80,3 % (241/300) des sites ne sont pas optimisés pour le référencement naturel (difficiles à trouver avec des mots clés).
  • Un fait surprenant, 17,6 % (49/267) des entreprises (parmi elles de grandes) ne sont pas propriétaires de leur nom de domaine.
  • 60,4 % (165/273) des sites dont nous avons pu obtenir l’âge, ont plus de sept ans d’existence.
  • 44,3 % (133/300) des sites sont de langue française seulement alors que 49,0 % (147/300) des sites sont de langue française et anglaise.
  • 88,7 % (266/300) des sites n’ont pas de politique sur la protection de la vie privée.
  • 92,0 % (266/300) des sites n’affichent pas de date de mise à jour.
  • 88,0 % (264/300) des sites n’affichent pas de page d’erreur personnalisée (qui explique l’erreur et oriente l’utilisateur à l’intérieur du site) lorsque l’utilisateur du site a cliqué sur un lien brisé ou tapé une adresse URL invalide.
  • Avec 99,3 % (298/300) des sites qui n’ont pas de blogue, 99,0 % (297/300) des sites n’offrent de lien vers les réseaux sociaux, 93,0 % (279/300) des sites n’offrent pas infolettre et 99,3 % n’utilisent pas la syndication de contenu (RSS). Les entreprises de Granby et région sont très loin d’avoir embrassé l’ère du Web 2.0.
  • 3,7 % (11/300) seulement des sites effectuent du commerce en ligne.

Ma conclusion
C’est pitoyable et ça devrait militer pour des programmes de formations aux entreprises, leur permettant d’être enfin positivement sur le Web.

L’étude complète : Analyse de 300 sites Web de Granby et Région Novembre 2009 [3] (PDF)