- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Lhasa de Sela, pseudodébat et pseudoéthique

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Avant de discourir du sujet du traitement de la nouvelle de la mort de la très grande chanteuse Lhasa De Sela, dans les médias sociaux, je tiens à offrir mes condoléances à sa famille, ses proches et ses fans.

Lhasa de Sela est décédé et la nouvelle de sa mort s’est d’abord manifestée sur Twitter puis Facebook Facebook puis Twitter. L’historique de l’événement est bien documenté sur les blogues des copains Nadia Seraiocco [2] et Geoffroi Garon [3].

J’ai appris la nouvelle via certains twitt qui m’interpellaient directement pour que je prenne part aux débats et par le téléphone de quelques journalistes qui voulaient mon avis sur ledit débat. J’étais en vacance et une fois par deux ans, ça me fait du bien de décrocher des petites guéguerres que se font des pseudopuristes des médias traditionnels versus certains adeptes des médias sociaux. Mais, après-coup, voici mon opinion sur toute cette situation (et j’admets que c’est plus facile de réagir à froid, que d’être dans le feu de l’action). Je précise aussi que le cas de la mort de Lhasa de Sela me rappelle péniblement celle de la mort de ma copine Renée Wathelet [4], qui a aussi été très médiatisée, notamment dans les médias sociaux. Renée n’était pas une vedette (elle l’était dans le cœur de ses amis mais elle n’avait certes pas le rayonnement médiatique de madame de Sela), mais les médias considéraient que la nouvelle de sa mort était d’intérêt public. Le cercle de ses amis proches, à appris le décès de Renée le jeudi soir, jour de sa mort. Nous avions décidé de ne pas en parler avant le lendemain matin et de dormir là-dessus. Étant donné les circonstances pénible de sa mort, nous avons aussi décidé d’un commun accord, et par respect pour le deuil de sa famille, d’honorer sa vie et de ne pas discourir indûment sur les causes de son décès et de laisser les médias et les policiers, faire leur travail de fouille-merde. J’y vois une certaine similitude avec le cas Lhasa de Sela. Il me semble clairement d’intérêt public d’annoncer le fait de la mort d’une artiste de l’envergure de Lhasa de Sela. Cela est de soi, une information journalistique pertinente. Les circonstances du décès peuvent quant à eux être retenues un certain temps, afin de ménager les membres de la famille et de leur permettre de faire le deuil de leur chère. Mais j’ai bien du mal à comprendre que l’on fasse un procès d’intention, et qu’on accuse de manque d’éthique ceux qui en ont parlé sur Twitter ou sur Facebook. Surtout qu’il appert que des membres de la famille de madame de Sela ont eux-mêmes partagé ces informations sur leur mur Facebook respectif. J’y vois de plus un deux poids deux mesures inquiétant. Dans le cas de Renée Wathelet, certains journalistes sans vergogne trouvaient normal d’insinuer que Renée connaissait son assassin alors qu’on s’indigne que la mort de madame de Sela ait été coulée sur Twitter, sans respect pour le deuil de ses proches? Une vedette aurait-elle donc un droit à la vie privée plus grand que celui d’une personne non proche des cercles journalistiques? Le fait véridique de la mort d’une personnalité est-il du domaine privé et combien de jours cette nouvelle doit-elle rester secrète afin de satisfaire le chagrin d’une famille endeuillée? Voilà des questions auxquelles je n’ai pas de réponses. Je sais cependant que la frontière vie privée/vie publique devient de plus en plus ténue. Je sais aussi qu’un fait, aussi douloureux soit-il, demeure un fait. J’observe aussi qu’avec la célébrité, vient un poids qui pèse sur la vie privée et qu’il est légitime pour une célébrité de protéger sa vie privée. Cependant, Twitter et Facebook ne sont que des moyens, des outils. Leur faire un procès est démagogique. Faire le procès de leur utilisation est déjà plus éclairé et les motivations d’une chasse aux sorcières médias sociaux devraient sans doute être analysées pour comprendre que la tempête dans un verre d’eau, demeure une tempête vraiment très, mais très localisée…