- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Retour sur le webothon Haiti

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Ce billet est une reproduction intégrale de Retour sur le webothon Haïti publié chez Fontaine de pierres par Sacha Declomesnil [2] et il est republié ici avec la permission de l’auteur que je remercie pour sa pespicacité.

Le dimanche 21 février se tenait le webothon Haiti, un évènement organisé par Michelle Blanc [3]en vue de venir en aide à Haiti et de parler de médias sociaux dans la sphère humanitaire.

Le résumé de l’opération, les capsules vidéo et le programme complet se trouvent ici [4].

Le webothon était une première à plusieurs niveaux et une innovation remarquable dans le domaine de la philanthropie 2.0. J’ai donc voulu en savoir plus sur les attentes et les résultats des principaux intéressés. J’ai interrogé certains des participant que je connaissais. Leurs réponses m’incitent à penser que nous verrons avant longtemps d’autres webothon pour d’autres causes.
D’abord et avant tout, contrairement à ce que le nom de webothon avait pu me laisser penser, il ne s’agissait absolument pas d’un téléthon sur le web. Comme me le précisait Michelle au téléphone, l’idée n’était pas de se péter les bretelles sur les montants donnés, ni de jouer à battre des records de donations… ce que j’ai effectivement toujours trouvé assez malsain à la télé. Par ailleurs, le webothon était entièrement bénévole, aucun participant n’a été rémunéré, et aucun argent n’a transité par eux: les dons étaient directement redirigés vers les via http://haiti.guignoleeduweb.org/ [5] aux organismes choisis:

Le webothon jouait sur la force du web, soit la création d’hyperliens. Or, si on cherche aujourd’hui webothon sur google, on tombe sur plus de 28 000 résultats. Pour un mot qui n’existait pas le mois dernier, c’est un premier joli succés…

Par ailleurs, Marisa Curcio [11] d’Oxfam Québec [12] m’a bien précisé que l’objectif premier de sa participation n’était pas forcément le montants des dons au cours de la journée mais plutôt de sensibiliser les ONG aux médias sociaux et surtout de venir faire partager l’expérience en nouveaux médias d’Oxfam. Le webothon n’aura certes eu que peu d’impact sur la fréquentation du site d’Oxfam, par contre, il est difficile de mesurer l’influence de la journée puisque tout le contenu est encore consultable – et consulté – sur Ustream (ce qui est un autre avantage par rapport au traditionnel téléthon télévisé).

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la philosophie de Michelle Blanc quand elle dit que « Donnez un poisson et vous nourrissez quelqu’un pour un jour, montrez-lui à pêcher et vous le nourrissez pour la vie ».

Le webothon se voulait donc avant tout une tribune pour parler d’Haiti et faire en sorte que les médias sociaux soient utilisés plus fréquemment et de manière plus pertinente en période de crise par les organismes caritatifs.

Par ailleurs, d’un point de vue plus technologique, Philippe Martin     [13] me faisait remarquer qu’une chaine de télé faisait ainsi pour la première fois l’expérience de la diffusion sur le web. En effet si l’évènement se tenait dans les bureaux de la chaine de télé Vox [14], sa diffusion avait lieu exclusivement sur Ustream [15], en utilisant également Skype afin de réunir des intervenants issus de plusieurs continents. Je retiens que mettre les moyens de la télé pour diffuser sur le web est une avenue que l’on commence à peine à explorer et je trouve passionnant de constater que c’est la philanthropie qui permets d’ouvrir cette voix.

Je me suis également demandé, et je m’en suis ouvert en toute transparence à Michelle, si au delà de la pertinence de l’opération, on ne parlait pas seulement à un groupe d’initiés: les afficionados des médias sociaux, qui sont déjà des convaincus.
Il est difficile de prévoir l’impact du webothon sur le traitement des prochaines crises par les ONG et impossible de mesurer son impact sur le taux de pénétration des médias sociaux au sein des ONG au cours de la prochaine année. Toutefois, je crois que Michelle a raison d’être optimiste à ce sujet puisqu’elle me signalait que la Vice-consul d’haiti l’avait contactée dés le lendemain du webothon pour un colloque, ce qui illustrait bien que l’on était déjà sorti du cercle des initiés.

Alors finalement le webothon, un succés?
– Au regard de l’importance de la discussion sur le web, assurément, rendu là, on peut même parler de buzz.
– En terme de levée de fonds, pas terrible certes, mais si on considère que ce qui a été accompli est un travail d’éducation, et que les ONG seront désormais mieux outillées pour lever des fonds sur le web, il y a lieu d’être optimiste et de ne pas attacher trop d’importance à ce critère, du moins à court terme.
– Enfin, troisième point, qui dépasse de loin le seul cadre de la philanthropie, si le webothon a permis de faciliter la diffusion par des chaines TV de contenu sur le web, c’est un pas en avant non négligeable pour toute l’industrie.

Bilan des courses: un succés oui, et une innovation qui dépasse largement le cadre de la philanthropie. Je ne serai pas étonné d’assister à d’autres webothons dans un avenir rapproché. Peut-être même, on peut bien réver, un webothon multi-causes, qui parviendra à ressouder les pots cassés lors de la polémique du téléthon…