- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Vivre de ce en quoi on est bon ou de ce qu’on aime?

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Hier soir j’étais au lancement du livre Sacré Dépanneur! [2], de la nouvelle copine Judith Lussier. On s’est rencontré par hasard à un dépanneur-restaurant de Montréal parce qu’elle y faisait un topo vidéo que voici [3]. Elle est venue me saluer et nous avons jasé dépanneur. Elle a écrit un livre que j’aurais aimé écrire. Quel beau sujet universel que « le dépanneur ». Quel phénomène identitaire québécois par excellence. Tout comme le pâté chinois [4], le dépanneur est dans nos vies depuis toujours et nous avons tous « des histoires » de dépanneurs. J’en ai d’ailleurs une que je lui ai racontée, celle du dépanneur Chez Beaulieu à Neufchâtel.
Lorsque j’étais enfant, au coin de ma rue il y avait le barbier, monsieur Beaulieu. Il était barbier pour enfants. Pour faire son marketing, il vendait aussi des bonbons. Mais après quelques années, comme il était un barbier médiocre, il vendait beaucoup plus de bonbons qu’il ne faisait de coupes de cheveux. Sa portion bonbons grandit donc de plus en plus jusqu’au jour fatidique ou finalement, la chaise de barbier pris le bord pour faire de la place à la bière, au lait, aux cigarettes et aux autres articles usuels d’un dépanneur. Mais comme nous en avions l’habitude, nous allions chez le barbier pour faire nos petites commissions. Nous appelions cet endroit « chez le barbier » jusqu’à la mort de monsieur Beaulieu. Après son trépas, en souvenir de ce chaleureux personnage, nous disions dorénavant « chez Beaulieu » et sa veuve et son gendre reprirent le commerce qui existe sans doute encore. Monsieur Beaulieu était passionné de coupe de cheveux, mais il n’avait vraiment pas de talent pour ça, mais comme commerçant, il était vraiment un crac. Comme quoi des fois dans la vie, ce n’est pas notre passion qu’il faut suivre, mais notre talent et les opportunités qui s’offrent à nous…

MAJ

Parlant de dépanneur, il y a aussi mon oncle Yvon. Il avait une boucherie dépanneur à Havre St-Pierre.  Il était si gentil qu’il faisait crédit à tout le monde jusqu’au jour on la banque ferma son magasin. Il se dut de prendre ses valises, ses onze enfants et refaire sa vie à Québec. Il arriva à Québec sans le sou (*dans ce temps-là faire faillite était bien différent) et recommença sa vie à 49 ans. Il devint homme de chantier, puis progressa lentement jusqu’à devenir l’un des contremaîtres les plus importants de la ville de Québec. C’est lui qui supervisa le chantier de la Place Laurier, du complexe G et de nombreux autres édifices importants de la ville. Lorsqu’il prit sa retraite, sa maison était payée et chacun de ses enfants qui voulaient aller à l’université y alla. Il avait refait complètement sa vie, à partir de rien, avec 11 enfants à nourrir, à 49 ans. Il est resté pour moi un modèle de détermination.