- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

La gestion de la multitude sur les médias sociaux

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Comment gérer plusieurs milliers d’abonnés (Twitter Facebook et autres médias sociaux conversationnels) et demeurer accessible? C’est une question que l’on me pose souvent et qui est mis en exergue dans l’article de Owni, Les méfaits d’une grande audience sur twitter [2], qui est en fait une adaptation de Clive Thompson in Praise of Online Obscurity [3]. Les arguments de ces articles sont qu’à partir d’un certain nombre d’abonnés, la socialisation et la conversation ne sont plus possibles. On devient plus un médium de diffusion que de conversation. Les gens sont intimidés d’entrer en relation avec « la vedette » qui a tant d’abonnées et cette vedette, devenant consciente de sa portée, commence à s’autocensurer. Nous devrions donc valoriser l’obscurité et les petits groupes qui sont plus favorables à une communication vraie.
Après avoir partagé ce texte sur Twitter et Facebook, plusieurs personnes voulaient savoir mon avis là-dessus étant donné que je valorise la réciprocité dans les médias sociaux (si vous me faite l’honneur de me suivre, je vous dois la politesse de faire de même avec vous), que je suis contre le twitter-shobisme [4] et que j’ai plusieurs milliers d’abonnés.

Comment je fais pour gérer la multitude sur Twitter et Facebook?
C’est une question que me posa Friedrich Thor Nissen (le gestionnaire média social de Misteur Valaire) [5] lors d’un spectacle de Misteur Valaire.
Je lui répondis :

-Présentement nous sommes dans une salle avec 2000 personnes. Tu as pourtant l’impression que je suis vraiment en communication avec toi, que cette communication est vraie, que je t’écoute et que j’interagis. Pourtant, dans 2 minutes, je vais jaser avec quelqu’un d’autre dans la salle et je serai tout autant aussi vraie. Il est même possible que j’entende les conversations de gens et que j’intervienne dans celles-ci. Il est cependant clair que je ne tenterai pas de savoir ce que disent les 2000 personnes et que je ne « capoterais pas » de ne pas savoir ce qu’ils ont dit le temps que je suis ici. Aussi, au lieu d’être 2000 personnes, nous pourrions n’être que 10. Il est clair que les possibilités d’interactions et que la potentialité d’échanges en serait beaucoup réduite. Les médias sociaux c’est un peu ça pour moi. Je ne vais certainement pas tenter de savoir ce que 2000 personnes disent en même temps, mais je suis heureuse de savoir que je vais peut-être faire des rencontres surprenantes et que des 2000 personnes que je ne connais peut-être pas, je vais me faire de vrais échanges avec des inconnus comme cet échange que nous avons présentement, bien que c’est la première fois de ma vie que je te parle.

Il reste cependant la question de l’auto-censure. Je dois admettre que je me censure plus maintenant que lors de mes débuts dans les médias sociaux. En fait, je me suis toujours censurée. J’ai souvent répété à ceux qui croient que je suis un livre ouvert sur le web, qu’ils lisent ce que j’écris, mais qu’ils ne lisent pas ce que je n’ai pas écrit et qu’ils n’ont aucune idée de tous ce que je ne dis pas. Aussi, je suis un peu « politically incorecte », baveuse et un brin provocante. D’ailleurs, certains connards anonymes se font un plaisir de citer certains de mes 20 000 twitts, hors contexte, pour mousser leur démagogie. Par exemple, dernièrement dans un forum, on pouvait lire :

C’est toujours un peu particulier d’être au bureau, d’avoir ton boss en arrière de toi, et de voir “Jeudi confession: je m’ennuie de mon gros pénis parfois”

Il a évidemment oublié de mentionner que ce jeudi confession était fait le 1er avril et que c’était une blague salée comme j’aime bien en faire. De plus, je me méfie maintenant (outre les citations hors contexte de certains de mes twitts) des effets pervers de mes écrits. Je suis consciente des effets de mes écrits (par exemple ce restaurateur qui a vu son chiffre d’affaires gonflé après l’un de mes twits positif [6]) mais je découvre qu’il y a aussi des effet pervers que je n’avais jamais vu venir. Par exemple, certains de mes collaborateurs, fournisseurs ou partenaires, m’ont signifiés qu’après que j’eue mentionné mon bonheur de travailler avec eux et la compétence qu’ils avaient démontrée à mon égard, furent submergés de courriels et ou d’appels téléphoniques de gens disant « j’espère que vous m’en donnerez autant que vous en donnez à Michelle Blanc ou je ne suis peut-être pas une vedette comme « Michelle Blanc » mais j’exige que vous fassiez aussi telle ou telle chose. C’est donc étrange de remarquer qu’une observation positive sur quelqu’un ou sur une organisation puisse attiser la jalousie…