- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

De la transparence, de l’authenticité et de fermer sa gueule

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Dans WikiInfocom de L’université Paris Ouest [2] on définit la transparence en système d’information comme suit :

(…) La transparence en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) veut signifier le caractère non privé de l’information, elle sous-entend que le public y a accès très facilement.
Le terme qui s’oppose à la transparence est celui de l’opacité : ici, au contraire, l’information est privée et reste comme imperceptible du public.
Cette idée renvoit à la perception de la couleur pour la transparence et de matière pour l’opacité. L’individu parvient aisément à comprendre la signification de l’expression. Le dictionnaire Larousse ajoute cette définition : Parfaite accessibilité de l’information dans les domaines qui regardent l’opinion publique

Dans l’encyclopédie de l’Agora [3] on parle de l’authenticité en ces termes

Nous nous arrêterons ici à l’un des sens du mot authenticité, le plus récent celui que Le petit Robert résume ainsi: «Qui exprime une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions.» (…)
L’authenticité, c’est l’accomplissement antérieur à toute prise en charge consciente et rationnelle de soi-même. Un simple geste, unique et sûr de lui-même, peut être un signe d’authenticité. (…)
L’authenticité, c’est aussi la consonance intérieure. On dit parfois: j’ai senti qu’en posant tel ou tel geste, j’aurais forcé ma nature, rompu ma consonnance avec moi-même. La racine de l’authenticité est dans ce sentiment par lequel, le plus souvent sans le savoir, nous empêchons le geste faux de prendre forme.
C’est par un sens de la consonance analogue que l’artiste élimine les traits incompatibles avec son idéal encore implicite. Nous sommes inspirés de nous-mêmes comme l’artiste est inspiré par son idée. C’est la même faculté, flair ou sens de la musique intérieure, qui s’exerce dans chaque cas. Cette faculté est nourrie par la nature et par les oeuvres d’art dont on s’imprègne, dans la mesure ou ces dernières sont elles-mêmes authentiques. (…)

La transparence est donc une information à caractère « non privée ». En tant qu’employé, collaborateur, client ou fournisseur, il y a donc une multitude « d’informations privées », que nous ne pouvons pas communiquer librement tout en étant totalement transparents. Toute chose ne peut pas et ne doit pas être dite. Pour ce qui est de l’authenticité, on parle de « vérité profonde », de « consonance intérieure », d’idéal même. L’authenticité semble donc être le fruit du « vrai ». On peut donc être transparent, encore une fois, en ne disant pas tout et en ne réagissant pas sur tout. Je dirais même que l’authenticité et la transparence sont intimement liées au respect de soi, et de l’autre. Qu’il soit patron, collaborateur, client ou fournisseur. Tout n’est pas bon à dire et on ne peut « bitcher » impunément en se réclamant de la sacro-sainte authenticité. Je devrais dire plutôt qu’on peut, mais qu’il y a des risques à cela. Si votre entreprise vous fait signer un contrat d’embauche stipulant ce que vous pouvez ou ne pouvez pas dire et que vous enfreignez ce contrat, vous aurez beau vous vanter d’être « authentique et transparent », il y a de fortes chances que votre auditoire soit celui du bureau de chômage. De même pour les entreprises sur les médias sociaux, il y a un contrat « tacite » entre les abonnées, lecteurs, membres ou autre et celle-ci. C’en est une d’authenticité et de transparence, dans les limites permises par les lois civiles, criminelles et par les ententes contractuelles qui lient les employés à leurs entreprises. En somme, authenticité et transparence peuvent aussi être synonymes de respect…

épilogue :
J’ai de nombreux clients qui ne veulent pas nécessairement que leurs actions stratégiques se sachent, je suis sous contrat pour mon livre, il y a des sensibilités tout autour de moi dans ma vie personnelle et professionnelle que je me dois de respecter. À titre d’exemple, ma conjointe a toujours insisté pour que dans mes contenus, on ne puisse l’identifier. J’ai toujours respecté ça. Pourtant, je suis authentique et vraie comme je ne l’ai probablement jamais été dans ma vie. Mais des fois, il faut savoir fermer sa gueule. Même si ça nous démange. Même si ça fait du bien de gueuler à tous ces connards que le destin mets sur notre chemin, de répondre aux critiques, de faire la leçon publiquement à quelqu’un qui le mérite, de se vanter d’une réussite stratégique qui apporte plein de fric à un client. Des fois, par souci d’authenticité il faut prendre sa pilule et fermer sa gueule…

MAJ

On dit souvent que je suis prompte sur la gâchette. Que je ne présente que rarement l’autre joue lorsqu’on me gifle. On peut même avoir la fausse impression que je dis tout. Voici d’ailleurs une question de MC Gilles à laquelle j’ai déjà répondu [4] :

Près de dix mille personnes te suivent sur Twitter. C’est quand même incroyable quand on sait que la majorité de tes commentaires portent sur ta vie privée. Est-ce que tu es la même personne en ligne que dans la vraie vie?

Oui et non… Je suis toujours authentique. Les gens me disent: «Michelle, t’es tellement transparente, tu dis tout». C’est faux! Sur Twitter, j’ai une transparence relative, c’est moi qui décide de ce que je mets en ligne.

Je vois quantité d’informations à mon propos et je ne réagis probablement qu’au dixième de ce que je vois. Je vois énormément de choses à propos de mes clients et partenaires. Je n’en dis rien. J’ai d’ailleurs développé un profond respect des gens qui ont une vie publique. Je les comprends mieux maintenant. Ce n’est pas facile d’être une cible… De plus, vous ne savez que très peu de choses de ma pratique finalement. Comme je suis dans le conseil stratégique, je ne dis que ce que je peux dire et ce sont souvent plus les PME que les multinationales avec qui je travaille, qui me permettent d’en dire un peu. D’un autre côté, ça laisse aussi libres court à l’imagination débordante et débridée de certains. Des fois j’ai hâte d’être vieille pour écrire mes mémoires,  juste avant de crever…