Journaliste versus blogueur = un poids deux mesures

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Sur Twitter, un chameau me traite de pute à clic parce que j’ai le mauvais goût de publier mon billet : Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes aujourd’hui. Pourtant, il y a une ribambelle d’articles journalistiques tous plus favorable à la position syndicale des lock-outés les uns que les autres aujourd’hui. Certains ne font que mentionner la date anniversaire et d’autres, font le procès d’intention de PKP. Tous (y compris moi) n’aiment certainement pas qu’un conflit perdure. Ce n’est pas bon pour l’économie, pour le patronat ou pour le syndicalisme. Mais je ne suis pas obligée d’être en accord avec le « bashing facile » contre « l’empire Quebecor ». Si je mets en ligne ce billet aujourd’hui je suis « une pute à clic ». Mais tous les médias qui en parlent en ne donnant qu’un côté de la médaille aujourd’hui on appelle ça comment? Aussi, contrairement à un journaliste, je suis PERSONNELLEMENT responsable de mes propos et de ceux que je publie ici. Il se peut que je reçoive une mise en demeure, une poursuite, un bâillon. C’est moi seule qui devrais me défendre. Pas de fond de grève ou d’avocats payé par mon patron pour me soutenir dans ce que je pourrais avoir comme conséquences de mes actes. Ça me rappelle cette histoire avec ma copine Renée Wathelet, dont on a finalement reconnu la culpabilité du tueur (qui je le rappelle avait aussi tué sa propre mère à coup de marteau) et dont les médias le lendemain de sa mort insinuaient qu’elle avait été l’amante de son assassin et qu’elle avait peut-être été la propre instigatrice de sa mort. Quelques semaines plus tard, on s’offusquait que la mort de Lhassa de Sela ait été coulée dans les blogues (après que sa propre famille ait informé les gens de cette mort sur Facebook) sans respect pour la vie privée de la famille de la défunte, comme l’auraient respecté les médias.

Moi j’appelle ça un poids deux mesures.

Si quelqu’un meurt et est l’ami des journalistes, on n’en parle pas. Si quelqu’un meurt et est un illustre inconnu de la gent journalistique, on écrit ce que l’on veut, car ça, c’est de la nouvelle. Si un conflit perdure et qu’il touche la gent journalistique, on va en parler abondamment en ne montrant qu’un côté de la médaille (celui de la gent journalistique), mais si un blogueur OSE présenter l’autre point de vue, c’est un taré qui ne veut que du clic…

P.-S. Je suis souvent à contre-courant « de la croyance populaire ». J’ai un certain don pour la polémique, mais j’aime bien les analyses qui sont dosées. Depuis que ce conflit existe, je n’ai jamais vu (outre dans le Journal de Montréal) d’analyses du côté patronal de cette situation conflictuelle. Mon billet n’est pas une vision neutre non plus. Il a au moins le mérite d’être clair dans son préambule et d’exposer mon biais. Les communications que j’ai mises en ligne me sont venues d’un contact sans que je ne les sollicite. Ce contact s’est déjà révélé fort pertinent à d’autres occasions et j’ai pu vérifier ses dires. Certains des éléments du billet Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes m’ont aussi été confirmés par d’autres sources. À mon titre j’ai ajouté le qualificatif « surprenantes ». J’ai des connaissances qui travaillent au Journal de Montréal et je sais que la situation est pénible et je souhaite de tout cœur et sincèrement que ce conflit se règle. Voilà…

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Commentaires

  1. Mathieu Lavallée

    Right on. D’ailleurs, tantôt, je ne te reprochais pas de publier ton billet, mais il m’a surpris étant donné les infos que j’ai de mon côté. Par contre, de là à te traiter de… bah, vaut pas la peine de le réécrire, c’était gratuit.

    Précision par contre : un journaliste peut être tenu responsable de ses propos. C’est juste que dans le cas d’un salarié, il a une entreprise pour le soutenir et partager la responsabilité (et donc les conséquences financières qui en découlent).

  2. Prospéryne

    Je n’ai rien contre les travailleurs du Journal de Montréal, mais je n’ai jamais aimé ce journal. Trop sensationnaliste à mon goût. Je ne dis pas que les gens qui y écrivent font du mauvais journalisme, mais je trouve qu’ils ne font pas de l’excellent journalisme. Mais depuis qu’ils sont en lock-out, tout le monde les appuie sans sembler réfléchir à ce qu’ils appuient comme média. Comme si se battre contre Québécor, contre une des grosses entreprises du Québec était suffisant pour justifier l’appui inconditionnel aux syndiqués en lock-out… Personnellement, je trouve extrêmement dommage que le conflit perdure, mais pas pour le Journal de Montréal en lui-même: c’est parce que ce genre de conflit larvé bouffe de l’énergie à tous et empêche les choses d’avancer. Peu importe les torts de chaque côté, car les deux côtés en ont, il est largement temps que ce conflit se termine.

    P.S. Michelle, te traiter de pute à clic, c’est bas en titi!

  3. Tweets that mention Journaliste versus blogueur = un poids deux mesures • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Michelle Blanc, Nathalie Boucher. Nathalie Boucher said: RT @MichelleBlanc: Mon billet: Journaliste versus blogueur = un poids deux mesures http://bit.ly/ftrlfJ […]

  4. Prettykitsch

    Bravo Michèle, bien riposté! Non mais ça va faire le lèche-bottes! Mossieur Chameau n’est pas en lockout depuis 2 ans, ça se voit… et quelle subtilité dans son analyse! Ceux qui ne sont pas du bord du pouvoir ont toujours tort et ne doivent pas demander leur reste, voilà! Et les médias sociaux, pour lui c’est de la bébelle! Pour ma part, qu’on publie dans n’importe lequel média, le sens de l’éthique c’est sérieux… Deux poids, une mesure.

  5. verret

    D’une façon ou d’une autre, merci à Michelle Blanc d’avoir ouvert un espace de débat où être sympathique ou pas carrément antipathique à l’employeur ne devient pas forcément source d’anathème.

    C’est lourd à la longue de voir les impératifs syndicalo-corporatifs des journalistes highjacker tout l’espace média.

  6. Criez-le!

    Journaliste versus blogueur = un poids deux mesures • Michelle Blanc…

    Sur Twitter, un chameau me traite de pute à clic parce que j’ai le mauvais goût de publier mon billet : Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes aujourd’hui. Pou……