Les consultants aussi se trompent #JeudiConfession

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Mon travail est d’accompagner mes clients, de les challenger, de mettre en perspective leurs initiatives, de critiquer et de proposer des solutions à leurs problèmes. Mais je ne suis pas dieu, je suis faillible et il m’arrive d’être dans le champ. Surtout lorsque je sors de ma zone de confort pour discuter de sujets qui ne sont pas vraiment de mon expertise. Dans la plus pure tradition des #jeudiconfession sur Twitter, je me confesse de m’être trompé avec mon client Tourisme Mauricie.

Il y a un an de ça, nous avions une réunion de réflexion stratégique et nous discutions de différentes problématiques de mon client. Entre autres, ils avaient un slogan quelque chose comme « La vraie nature du Québec ». Je leur fis remarquer que ce slogan était inadéquat. J’arrivais des îles turquoise et le pays avait un slogan sensiblement identique. D’ailleurs, plusieurs des ATR du Québec ont des jeux de mots « poche » avec Nature et à la grandeur de la planète, qu’on se le dise, la nature est là et elle est belle en Mauricie, dans les Everglades, à Hawaï, au Kenya, dans les alpes ou ailleurs. Il n’y a vraiment rien de distinctif à la nature de la Mauricie et en outre, ça sous-entend qu’il n’y a peut-être rien à faire à Trois-Rivières ou que si je « trip » sport, ni la nature ni la ville ne m’intéresseront vraiment.

C’est alors que mon client, André Nollet, demeurait silencieux et regardait la table comme hypnotisé. J’étais inquiète. L’avais-je vexé avec mon constat? Non, c’était plutôt qu’André était en lui-même et songeait à comment il pourrait faire démarquer sa région qui avait tant à offrir, sans l’emprisonner dans un slogan qui ne voulait finalement rien dire.

Quelques mois plus tard, lors d’une autre réunion, ils me présentèrent le concept qu’ils avaient créé, le concept des Ambiances vacances, puis ils me parlèrent d’un projet de marketing croisé avec une compagnie de peinture du coin, Peinture Laurentide. Je trouvais les idées vraiment capilotractées (tiré par les cheveux) et je ne comprenais vraiment pas comment une région touristique pouvait arriver à s’associer avec une compagnie de peinture. J’y voyais un opportunisme sans valeur ajoutée et poche. Par ailleurs, je trouvais déjà la navigation du site de Tourisme Mauricie trop lourde et d’ajouter une couche de complexité supplémentaire, risquait fortement de mêler davantage le client qu’autre chose.

Mon client décidé que c’était ce qu’ils allaient faire, je me résolus à sa volonté en participant donc à l’évolution d’une idée avec laquelle je n’étais pas d’accord. Lors de différentes réunions de production, je bonifiais le concept de différentes tactiques marketing et d’une structure de mesure du ROI.

Puis le concept fut lancé officiellement, puis je visualisai ce que fit Peinture Laurentide. Je dois admettre m’être royalement trompée. Je reconnais aujourd’hui que ce concept facilite grandement le magasinage en ligne des touristes, que le maillage Peinture Laurentide / Tourisme Mauricie, bien qu’inusité, est particulièrement savoureux et prometteur et que mon client, eu l’instinct d’innovation de prendre le meilleur de mes conseils et d’ignorer les critiques qui auraient pu faire avorter son projet. Je vous invite d’ailleurs à visiter la page de Peinture Laurentide et à visualiser par vous-même comment l’intégration « couleur de peinture / éléments touristiques distinctifs » a été faite.

Conclusion
Un consultant est là pour donner le meilleur de lui-même. Il n’est pas infaillible. Un client se doit de toujours garder son esprit critique, de croire à son projet plus que quiconque et de relativiser les arguments positifs et négatifs qu’il peut recevoir de consultants, d’employés ou de ses amis. L’innovation est de faire des choses différentes de ce qui se fait déjà et cette différence, jusqu’à ce qu’elle se concrétise, sera toujours un rêve « flyé » que peu de gens comprendront au début. Je suis fière d’avoir contribué à ce projet, mais encore plus fière de la tête de cochon d’André Nollet et de son équipe qui ont continué de travailler avec moi et à me tirer le « jus de cerveau » pour aller dans la direction qu’eux avaient choisi…

MAJ
Admettre qu’on se trompe des fois fait aussi parti d’une saine présence médias sociaux. Entre autres, j’aimerais bien que les politiciens comprennent ça 🙂

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Commentaires

  1. Jonathan Villiard

    Très intéressant ton billet Michelle. Effectivement, je vois beaucoup de clients qui nous engagent (les consultants) en s’imaginant que nous sommes infaillibles, et que nous connaissons tout, sur tout.

    Ils négligent parfois les compétences et les connaissances de leurs propres employés, qui connaissent bien mieux les produits et services de l’entreprise. L’idéal est bien sûr un mélange des 2…

    L’expertise et les connaissances du consultant et des employés combinés donnent habituellement d’excellents résultats, sur le web comme ailleurs… 🙂

  2. Maude

    L’erreur est humaine! Tout simplement.

  3. Lara Geinoz

    Le résultat est magnifiquement différent 🙂

  4. Anaïs Laurent

    Michelle,
    mon profil Facebook dit de moi “Bélier, ascendant lion, descendant de breton…ça donne une idée” ! Je suis donc bien cette cliente têtue (ou persévérante selon) que tu décris et ce que j’apprécie dans notre collaboration, c’est aussi ton ouverture à respecter les choix de tes clients, ce qui, par expérience, n’est pas le cas de tous les consultants. Je crois que le fruit de cette collaboration “vraie” nous a permis d’amener notre concept au plus loin selon nos moyens, ce qui est le but premier de notre relation d’affaire. 🙂 Merci.

  5. Michelle Blanc

    @Anaïs “descendant Breton”? Vraiment? Je n’aurais pas deviné hehehe. J’aime le fun qu’on a à s’obstiner dans le respect et j’aurai toujours des biscottes et des opinions tranchées pour toi ma chère. Gros bisou à André, Gabriel et la gang…

  6. Adam Rivet

    Très bel exemple d’intégration entre cette compagnie de peinture et cette agence de voyage de la Mauricie… Et, bravo Michelle ! Il faut se méfier des certitudes…

  7. Lili-les-Bains

    Merci Michelle pour ton billet, comme une autre bélier ascendant lion, tête de cochon, j’ai tendance à me retirer pour réfléchir. J’apprécie tes interventions, je les mijotent, me questionne, écoute ma petite voix… Et la tienne (que j’aime beaucoup). Puis j’en tire mes conclusions. Le plus important, c’est d’écouter sa petite voix, et les couleurs que font réfléchir des intervenants. C’est une expérience des plus stimulantes que j’ai eu a vivre depuis longtemps, et puis la cliente aussi peut être dans le champs. A nous de nous respecter et se ramener mutuellement. Merci la grande.

    Ta Lili, qui dose avec toi et Philippe, et qui adore ça!

  8. Michelle Blanc: Les consultants aussi se trompent #JeudiConfession | Pierre Duhamel

    […] Ce texte a déjà été publié sur le site de Michelle Blanc […]

  9. André Nollet

    Bonjour Michelle,

    ici tête de cochon, ascendant bélier. (Je trouve cela mignon, lololol) Nul doute que nos atômes crochus ont permis à Tourisme Mauricie d’avancer rapidement dans le Web 2.0. Comme tout entrepreneur, à quelque part, l’instinct est bien présent dans le “ce qu’il faut faire” et demeure parfois difficile à expliquer rationnellement.

    Beaucoup trop se cachent derrière des rapports longs, fastidieux et complexes, rédigés par X,Y ou Z avant de prendre une décision. Et trop souvent, jamais la décision n’est prise. Et d’autres prennent des mois avant d’agir et “le train est passé”. Parfois on me dit que je ne comprends pas les processus décisionels. Pas certain de cela moi, plutôt que je n’accepte pas l’inertie.

    Il y en a pour qui la paternité d’un concept est importante, voire existentielle. Grand bien leur fasse. Mais ce n’est pas mon cas. Pour moi, le résultat est bien plus important. Ta patience, ton ouverture, tes questions pertinentes nous ont fait avancer, avec notre couleur et notre réalité. Mes longs moments de silence ont trouvé des issues et j’en suis bien fier, tu t’en doutes.

    Ce matin, une dame de plus de 70 ans, me soulignait par courriel, la beauté du concept de Peinture Laurentide avec les ambiances et les félicitaient. Je lui ai donné un peu plus d’infos pour l’informer sur le processus qui a mené à tout cela.

    Toutefois, l’essentiel, c’est qu’elle l’a remarqué, apprécié et consommé. Et là, je te dis, ensemble nous avons gagné une manche.

    Comme disait Yogi Berra: La partie n’est pas terminée, tant que ce n’est pas fini !!! ou kkchose comme cela.
    Quel sera la prochaine étape, je ne le sais pas, mais avec mes deux oreilles, j’en apprends sûrement plus qu’en ouvrant ma bouche.

    C’est un vieux dicton cela, mais peu connu: “Difficile d’apprendre quand la bouche est ouverte”. Et je sais aussi, que les gens qui osent, font aussi des erreurs et que les gens intelligents, ne les répètent pas.
    Mais que ceux qui ne font rien…..ne font rien.

    Alors, je t’affirme que je vais continuer nos séances d’hyper brain-storming et d’avancer, car: Pierre qui roule, n’amasse pas mousse!!! Et qu’ensemble, le futur est au présent, car le présent est déjà passé.

    Alors, imagine la dynamique du bureau avec 2 béliers, ascendant tête de cochon ou de breton. Une chance que tu es notre Panoramix.

  10. Lili-les-Bains

    Toute la différence que de travailler avec des artistes qui ont une vision, que des technocrates qui cachent leurs insécurités derrière des rapports.

    A lire, Artistes, artisans et technocrates dans nos organisations, de Patricia Pitcher.

  11. Cindy Rivard

    Ce billet est la preuve même de votre professionnalisme! J’ai écrit un billet qui affirmait que l’expert c’était le propriétaire ou le dg de l’entreprise, pas le consultant. J’ai écrit ça quelques mois avant de me lancer officiellement à mon compte… http://cindyrivard.com/communication/consommateurs/vous-etes-lexpert/

    Plus facile à dire qu’à accepter. Évidemment, quand on conseille un client, on est persuadé d’avoir raison. Si non, pourquoi lui conseilleraient-on ces actions? Quand on se fait dire “non”, ça fait mal. Mais donner le meilleur de nous-même malgré le “non”, c’est ça aussi le travail de consultant. On est aussi là pour accompagner, supporter, conseiller dans le quotidien, aider à ajuster le tir au besoin. Un regard externe est toujours bienvenu parce qu’on fini par avoir le nez trop collé pour voir clair. Mais un regard externe peut aussi se tromper parce qu’il n’a pas tous les éléments en main. C’est le travail d’équipe qui est gagnant!

  12. Gilles Arbour

    Faut aussi dire que Laurentides est un modèle de succès dans cette région depuis les années 60. J’ai eu l’occasion d’aller visiter les fils Buisson en 1965 à leur maison familiale chez leur père (Gabriel), fondateur de Laurentides. Déjà la compagnie était florissante, rayonnait partout au Québec (et plus) et était bien implantée en Mauricie. M. Nolet devait être bien conscient de la portée et des connections de cette vénérable entreprise et de l’avantage énorme qu’il pouvait en tirer. La connaissance du milieu social et régional (ce qu’un consultant externe ne connaît pas aussi bien) est un élément important dans un processus décisionel de la sorte.

    “Errare humanum est, perseverare diabolicum” comme disait Sénèque. Mon bon ami Yves Brisson – avec qui j’apprenais le latin – aurait approuvé. Se tromper est humain mais ne pas l’admettre et persévérer est diabolique!

    Excellent billet! Merci.

  13. Le retour sur investissement (ROI) de l’entreprise 2.0 et des médias sociaux internes • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] sociaux. Ça me rappelle aussi ce que me disait mon client André Nolet (comptable de formation) à propos des analyses et des « business case ». (…)Comme tout entrepreneur, à quelque part, l’instinct est bien présent dans le « ce […]