La Faecum sur Twitter avec le hashtag #TLMEP ou comment se tirer dans le pied

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La semaine dernière j’ai reçu un message de l’un des organisateurs d’une manifestation étudiante de la FAECUM qui projetait de tenir en otage le hashtag #TLMEP, de la populaire émission Tout le monde en parle sur Twitter. Je lui ai signifié que c’était une très mauvaise idée et l’ai dirigé vers mon billet Ambush marketing, guérilla marketing et marketing d’opportunité. De toute évidence, il n’a pas pris mon conseil (et comme je le dis souvent, un conseil gratuit est un conseil qui ne vaut rien, j’aurai dû le facturer). Je dois admettre que je ne suis plus très chaude à suivre les débats relatifs aux émissions de télévision sur Twitter, que l’on nomme le twivage. Je trouve qu’au début c’était « cute et divertissant », mais c’est maintenant rendu un phénomène trop « populaire » et envahissant. Alors, ça fait déjà un bout que j’ai décroché.

Ce matin, sur le mur de ma page Facebook, j’apprends que les étudiants y sont allés tout de même. On me parle du billet Le fil #TLMEP assiégé par les étudiants de l’UdeM! Dans lequel on note :

Est-ce réellement le début d’une vague de manifestations 2.0 ? Qui sait… Mais bien que cette méthode ingénieuse ait une portée médiatique difficilement mesurable, mais considérable (le quotidien Le Devoir a aussi repris la nouvelle), il va sans dire que plusieurs acteurs du milieu médiatique et surtout des habitués du fil Twitter de TLMEP se sont indignés contre la méthode invasive des étudiants pour attirer l’attention sur leur cause. Plusieurs ont livré l’argument que cette méthode s’apparentant à un SPAM puisse simplement importuner les utilisateurs de Twitter au lieu de réellement les rallier à la cause étudiante.

Les contre-arguments des universitaires se sont vite pointés, vous vous en douterez. Il est toujours mieux d’importuner des gens sur les réseaux sociaux pour se faire entendre que de casser des fenêtres au Centre-Ville… Reste à voir si les répercussions de cette « manifestation 2.0 » se feront sentir dans les prochaines semaines. Dossier à suivre!!

Quant à lui, le pote Dominic Arpin y va d’un questionnement dans son billet La FAECUM s’invite à TLMEP sur Twitter : Brillant ou déplacé ? Il y mentionne :

Sur Twitter, ce genre de « manifestation » orchestrée est probablement une première au Québec. Elle dénote une très bonne compréhension du fonctionnement du site et des influenceurs québécois qui s’y trouvent. Aussi ingénieuse soit-elle, elle a toutefois soulevé l’ire de plusieurs abonnés qui se sont sentis « spammés » par la horde d’étudiants. À vrai dire, c’est un peu comme si la FAECUM avait débarqué au milieu d’un party où elle n’était pas invité. Quelqu’un a même utilisé le terme « prise d’otage » pour définir la démarche des étudiants.
Alors, coup de génie pour passer un message ou détournement agressant d’un mot-clic populaire sur Twitter? Le débat est lancé.

Alors cher Dominic, mon point de vue est que c’est d’une « pochitude » extrême. Oui, le message est parvenu au 2e groupe le plus influent du web après les médias traditionnels que sont les usagers de Twitter. Mais ce message en est un d’arnaque, d’opportunisme éhonté et de manque de classe. Si comme le mentionnent les étudiants « . Il est toujours mieux d’importuner des gens sur les réseaux sociaux pour se faire entendre que de casser des fenêtres au Centre-Ville » l’un est sans doute l’équivalent de l’autre dans le virtuel. L’un des objectifs d’une campagne sociétale, quelle qu’elle soit, en plus de faire passer son message, est d’obtenir l’adhésion. Dans ce cas-ci, le message est certainement passé, mais au lieu de l’adhésion, j’ai comme l’impression que c’est plutôt un rejet massif que les étudiants vont récolter.

Qui plus est, c’est la deuxième fois qu’en un court laps de temps, que j’entends parler de ces jeunes qui ont la bonne idée d’arnaquer des usagers Twitter (ambush marketing). J’espère que ce n’est pas représentatif de cette nouvelle génération pour qui la fin justifie les moyens…

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Commentaires

  1. christophe

    Excellent billet et tout à fait d’accord avec toi !

    je pense que ce genre de manifestation ne les aidera pas et au contraire je crois que cela va se retourner contre eux.

    Il y a des moyens plus ingénieux de faire passer un message.

  2. Nicolas2305

    Je suis étudiant à l’UQAM et suis grandement sympathique à la cause étudiante ayant moi-même été président d’une association étudiante collégiale.

    Toutefois je trouve déplacé cette guerilla virtuelle qui va déranger les gens à un moment où ils ne désirent peut-être pas recevoir ce type de communications. Pour atteindre un auditoire et les rallier à une cause il faut avant-tout qu’ils soient disposés à entendre le message, ce qui n’est évidemment pas le cas lors de ce type de manifestation.

    Dans cette manoeuvre, je vois des organisateurs en mal de popularité/visibilité de leur évènements qui désirent atteindre un maximum de visibilité avec un minimum de participants. Je n’ai aucun chiffre concernant le nombre de participants mais une dizaine d’usagers Twitter suffisent pour prendre en otage un hashtag.

    Finalement, pour répondre à l’argument facile et tendencieux que ce type de manifestation est moins pire que casser des vitres au centre-ville je répondrai : Casser des vitres au centre-ville est moins pire que poser une bombe dans un édifice public. Il y a toujours quelque-chose de pire que ce qu’on s’apprète à faire, ca n’en justifie pas plus nos actes.

  3. Gabrielle

    Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en…

  4. denis

    Je n’aime pas cette idée….j’ai l’impresssion que c’est une invasion de domicile.

    Je suis peut être trop naif mais j’aimerais qu’on respecte
    les nouveaux moyens de communication sans reproduire d’anciens modèles de revendication.

    Je vois dans les média sociaux une porte ouverte sur l’élaboration de nouvelles façons de faire.

    Désolé moi ça me déçoit de voir “les prises d’otage”
    et j’ai beaucoup de difficultés avec ce concept

  5. Sophie

    Spam, arnaque, prise d’otage…
    Dites moi en quoi les utilisateurs de twitter ont été lésés dans tout ça ? Un peu plus de message que d’habitude dans le fil de commentaires sur Tout le monde en parle ? Ouf, c’est grave ! La seule chose dont les étudiants pourraient être «accusés» c’est d’avoir quelque peu troubler le dimanche soir des internautes twittant sur #tlmep. C’est effectivement une offense effrayante et condamnable du plus grand mépris, n’est-ce pas ?

    Il faudrait donné des arguments autres que le fait que ça dérange…. car croyez-le ou non, c’est le but d’une manifestation, virtuelle ou non ! Un petit 2h de spam? Oui, ça peut déranger… Se faire imposer, d’un coup, 1625$ de plus par année pour aller à l’université ? ÇA ça dérange, quand ceux qui n’ont pas les moyens de payer n’ont d’autre solution que de travailler encore plus ou d’arrêter leurs études, car aucun plan de prêts et bourses adaptés ne vient avec cette nouvelle hausse.

    Je ne dis pas que les universités n’ont pas besoin de plus d’argent. Mais quand on les voit faire des pubs complètement inutiles à des coûts beaucoup trop élevé ? Franchement, ça ne donne pas le goût de payer sans rien dire ! Comme si l’UdeM avait vraiment besoin de faire de la pub pour attirer des étudiants… pffff

  6. bien s'habiller

    je considère que les étudiants ont fait ce qu’il était le plus malin pour eux de faire ! réagir avec leurs moyens et réussir à attirer l’attention pour défendre leur interet;

  7. Lucie

    Je suis bien d’accord avec Sophie. J’ajouterais qu’ils auront réussi s’ils sont invités à TLMEP la semaine prochaine!;)

  8. Claude Arsenault

    On est loin de la prise d’otages. Il faut mettre les choses en perspective: il suffit de fermer l’ordinateur, ou de migrer vers une autre plateforme, pour ne plus être “importuné” par ce genre d’activité.

    Je travaille dans le building où est situé le bureau de Jean Charest et, comme tous mes collègues, nous sommes fréquemment “importunés” par des manifestants.

    Reste que c’est leur droit de manifester, et surtout de le faire là où ils seront le plus entendus. Et que si ça nous importune, on n’a qu’à déménager.

  9. Alexandre Gauthier

    Ce qui est intéressant avec les actions sur les médias sociaux c’est que ce n’est pas tant l’action elle-même qui donne de la visibilité. C’est les médias traditionnels qui en reparlent par la suite…

  10. Édouard Lavallière

    Moi j’ai bien aimé l’invasion des étudiantEs. Pour une fois que Twitter n’était pas uniquement aux mains des experts en marketing sur Internet, des pousheurs de gadgets et des flagorneurs qui passent leurs journées à faire leur auto-promoion …

  11. Steve

    Franchement madame, on parle de quoi là? Est-ce que des étudiants sont venus manifester et crier jusqu’à 23h chez chacun des utilisateurs twitter qui se disaient “pris d’otage”?

    Je croyais qu’une experte en réseaux sociaux aurait fait son devoir d’étude étymologique du terme “social” ou “réseau social”. On entend par là quelque chose qui n’appartient pas à un individu, ni à quelques individus. C’est une place publique. Cela va de soi avec la logique de la démocratie et de la liberté d’expression sur la place publique. C’est très peu illégitime, et d’ailleurs le public cible était segmenté pour celui de TLMEP.

    La société dans laquelle nous vivons est l’une des plus déplorables si on en arrive à irriter des gens assis sur leur fauteuil, devant leur ordinateur parce que des étudiants lancent des messages sans vulgarité, avec argumentation et interpellation du public, et cela concernait les affaires publiques autant que la majorité des sujets discutés à TLMEP (le public-cible, le pigez-vous? Émission de grande écoute à un public qu’on doit supposer intéressé aux affaires publiques). On parle d’un réseau social madame, sur un ordinateur!

    Cela dit, si vous aviez assisté à cette “prise d’otage”, vous aurez remarquez qu’il y avait des tweets d’auditeurs qui disaient que les étudiants avaient été relativement respectueux, sans écart de langage, sans vraiment d’insultes à ceux qui ne sont pas contre cette hausse des frais de scolarité. Certes, ces mêmes tweets espéraient par contre que cela ne se produise pas à chaque émission!

  12. Jocelyn Bourbonnais

    Je suis 100% d’accord avec tout ce que vous avez écrit Michelle. Et, pour une fois, je considère que vous n’avez même pas fait de l’enflure verbale. «Du spam, ça reste du spam», comme vous venez de le spécifier sur votre fil Twitter. Et du spam, c’est franchement détestable.

    Bravo!

  13. Alexandre

    Les étudiants ne sont pas, en vérité, intervenus au courant de l’émission de TLMEP dimanche passé pour transmettre un message d’information au sein de la population déjà sensibilisée de Twitter, qui n’est qu’un maigre échantillon de la société.

    Ils l’ont fait pour obtenir de la visibilité au sein des médias en entreprenant une voie peu empruntée et donc digne de révérence au sein des publications et c’est exactement ce que vous leur offrez en publiant un commentaire comme celui-ci sur leur conduite que vous jugez douteuse, mais qui finalement, porte ses fruits!

    D’autant plus que #TLMEP c’est pour “Tout le monde en parle” et je ne sais pas où vous vivez, mais dans mon monde étudiant à moi, je vous assure que la hausse des frais de scolarité en fait jaser plus d’un!

  14. MPDG

    @ Sophie: Ce ne sera pas une augmentation de 1625$ par année pour 5 ans, mais bien 325$ par année pour 5 ans pour une hausse TOTALE de 1625$.

    Avant de chialer, il faut être informé.

  15. Sophie

    Madame Blanc, étant une étudiante de l’UdeM, je suis très bien informée sur la hausse des frais de scolarité. Peut-être le ”du’un coup” ajouter à ma phrase peut porter à confusion, mais je parlais plutôt de la façon dont nous l’avons appris et non de la hausse en tant que telle. Un jour, on nous parlait des dépenses exorbitantes et inutiles des universités dans les journaux (par exemple, les bonus salariales aux anciens recteurs) et le lendemain, on nous annonce qu’il y aura une augmentation substantielle des frais de scolarité universitaire.

    Reste que 1625$ en cinq ans, c’est beaucoup alors que les frais de scolarité ont été gelés pendant si longtemps.

  16. Gabriel

    Nous sommes des étudiants, nous sommes gâtés et tous nos parents nous paient nos Blackberry/iPhone. Nous ne devrions pas être autorisés à sortir et à avoir des dépenses en dehors de l’école et lorsque nous parlons nous ne pouvons qu’avoir tort et nous y prendre de la mauvaise façon. On ne peut pas allé dans la rue ça dérange les messieurs à cravate qui n’ont pas payé très cher leur université et si on s’exprime sur le net on spam ceux qui croit que twitter devrait être utilisé pour parler de la couleur de la chemise de Guy A.

    PS. Si vous n’avez pas remarqué, l’UdeM qui manquerait d’argent en se moment se paye des pubs pas données à #TLMEP

  17. Stéphanie

    Si je me souviens bien de 2005 dans le cadre des 103 millions lorsque les étudiants sont débarqués pour interrompre le gala de l’adisq pour manifester leur désaccord, on n’avait pas qualifié cette action de “prise d’otage”.

    Aujourd’hui, quelques étudiants débarquent sur un twitter pendant quelques heures pour protester contre la hausse de 1625 $ qui leur a été imposée et aussi contre le fait que l’université a dépensé 100 000 $ en publicités pendant tlmep et le monde se sentent “importunés”…

    Défendez vos idées tant que vous ne venez pas me déranger jusque dans mon salon ?

  18. Annie

    Si le but de cette manifestation virtuelle était d’attirer la sympathie de la population, je crois que c’est raté. Si le but était de passer un message aux politiciens et au haut-fonctionnaires, je crois que c’est raté. Si, par contre, on voulait attirer l’attention sur la cause, alors là, peut-être. Ce sera une manifestation virtuelle réussie si les étudiants sont invités à TLMP. Å suivre…

  19. Genevieve Piquette

    Moi je dis Bravo à cette initiative… «Tout le monde en parle» et c’est ce qui importe ! Evidemment si ce genre d’action devient coutume elle serait ignorée… Mais quand c’est nouveau ça fonctionne… Pour ce qui est de la «prise d’otage» je crois que le terme est un peu fort non ? Twitter est un moyen/média pour s’informer et se divertir, et je ne crois pas que qui que ce soit ait été brimé dans ses droits fondamentaux ! Allez relaxons !

  20. Renaud Giraldeau

    Quelle est la différence entre faire intrusion dans le foyer des gens via de la Pub payée pendant une émission de grande écoute (ce que l’Université de Montréal a fait avec notre argent) et l’utilisation du média twitter par les étudiants?

    L’action des étudiants n’a pas été payée par nos taxes. Merci bonsoir.

  21. La Faecum sur Twitter avec le hashtag #TLMEP ou comment se tirer dans le pied | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] La semaine dernière j’ai reçu un message de l’un des organisateurs d’une manifestation étudiante de la FAECUM qui projetait de tenir en otage le hashtag #TLMEP, de la populairePour lire la suite de l’article écrit par Michelle Blanc: https://www.michelleblanc.com/2011/10/18/faecum-sur-twitter-hashtag-tlmep-ou-comment-se-tirer-dans-le… […]

  22. Etienne Chabot

    McLuhan disait: “The Medium is the Message”…

    Nos pôvres petits étudiants font encore la preuve que malgré les coups d’éclats et le fait qu’ils trouvent des moyens ingénieux de faire parler d’eux, leur message ne passe pas. Ou s’il passe, ne convainc pas. Au lieu de se creuser le pompon à trouver des façons modernes de faire parler d’eux, ils devraient mettre autant d’énergie à trouver des arguments rationnels pour nous faire croire à leur cause et nous convaincre. Ici, c’est raté.

  23. Francois Garon

    Malheureusement il y aura toujours des gens pour croire que la cause est plus importante que la manière de la mener. Hors c’est notre manière de mener une cause qui la rend importante.