En affaire, les questions « existentielles » sont parfois fondamentales

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Cette semaine je rencontrai de jeunes entrepreneurs. Depuis plusieurs années ils sont inséparables. Ils sont copropriétaires à 50% de plusieurs entreprises. Ils ont comme principal actif une PME qui emploie une trentaine d’employés et qui semble être le cœur de leur « union d’affaires ». Mais ils ont aussi des investissements dans l’immobilier et une technologie web qu’ils avaient développée d’abord pour les besoins d’interactions entre leur PME et leurs clients, mais qui devint un « produit » avec sa propre structure financière et une entité séparée de leur PME. Depuis maintenant 6 ans ce produit leur rapporte un $100K par an avec un investissement minimal. Or il s’avère qu’il y a 5 ans, un produit pratiquement similaire a été développé ailleurs et que l’entrepreneur qui l’a mis au monde fait maintenant des millions strictement avec ce produit. De plus, des centaines d’autres concurrents sont maintenant apparus dans ce même marché. De surcroit, on peut facilement prévoir qu’à cause du développement des pratiques informatiques, d’ici 5 ans, ce type de produit devra complètement être repensé au risque de devenir une « commodité » pour laquelle les entreprises n’auront plus à débourser. Ces jeunes entrepreneurs me rencontrent donc pour me parler de leur produit et d’une vision stratégique pour son développement.

Le hic est que durant la première moitié de notre rencontre nous ne parlons strictement que de leur PME. Ils me racontent leurs enjeux, les écueils de leur business et je partage avec eux mes réflexions sur ceux-ci. Puis vint le moment de discuter du produit. Ils sentent que ce produit a un potentiel énorme et que même s’il roule avec celui-ci depuis des années, ils ne se démarquent pas de la concurrence, ils n’ont pratiquement rien investi en marketing et ne sont jamais allés chercher de partenaires ou d’investisseurs. Avec la feuille de route actuelle du produit en question, il serait certainement facile de trouver de petits investisseurs pour en continuer son développement. Mais pour aller chercher du capital de risque, il faudrait y investir du temps, de l’argent et surtout des efforts.

C’est alors que je pose la question de la passion.
-Mais qu’est-ce qui vous fait réellement triper ? On est ici pour parler de votre produit, mais déjà depuis une heure vous me parliez plutôt de votre PME. Où est votre cœur ? Où est votre passion ?

Ils répondent que la passion est de développer des entreprises, de faire de l’argent et de gérer.

Mais pour moi cette réponse n’est pas satisfaisante. Je fais valoir qu’ils doivent retourner faire leur introspection et se demander combien de temps, d’effort, d’argent et de sueur ils sont prêt à investir dans ce produit. L’un d’eux est-il prêt à complètement oublier la PME pour faire vivre le produit ? Sont-ils prêts à investir complètement le $100k de revenu de celui-ci dans le développement et le marketing (et même beaucoup plus) pour le faire passer à un autre niveau ? Seraient-ils même prêts à complètement oublier, voire vendre la PME (non je ne leur ai pas suggéré ça, car je savais d’instinct la réponse) pour se concentrer sur ce produit ?

La diversification des investissements, des sources de revenus et des activités d’entreprises est souvent très sage. Mais dans une journée nous n’avons malheureusement que 24 heures. Des fois, au-delà des stricts critères stratégiques et d’affaires, il y a aussi des critères plus ésotériques à aussi prendre en considération. Une bonne idée, même une excellente idée, pour se développer a besoin de temps, de ressources et souvent de passion. La stricte potentialité de « peut-être faire du cash » n’est souvent pas assez. La réponse est ailleurs…

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Commentaires

  1. Stéphane Guérin

    Vouloir tout faire et vouloir tout avoir. C’est difficile de faire des choix, surtout quand on ne sait pas lequel est le bon. Mais je suis d’accord, mieux vaut se demander sérieusement ce qui nous allume et de garder la réponse comme bousole en temps incertains.

  2. Vouloir tout faire et vouloir tout avoir — Le blogue à Steph

    […] Blanc nous a pondu un excellent billet. Le genre qui me rejoint beaucoup parce que ça rejoint des expériences passées, des présentes […]