Lynn Conway et Marie-Marcelle Godbout, deux femmes qui m’ont sauvé la vie

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Ce texte a été écrit pour la revue À Babord pour le numéro consacré aux femmes du mois d’avril.

Comme vous le savez sans doute, je suis une nouvelle femme. Mon parcours a été périlleux (surtout au début) et plein de défis et d’accomplissements. À l’automne 2007, je vivais une très grave dépression que l’on nomme une dysphorie d’identité de genre. Cette dépression était accompagnée entre autres d’idées suicidaires. À l’époque, je savais que la seule issue possible était de changer de sexe. Mais cette prospective s’accompagnait d’un profond désarroi et de la certitude que ma vie était finie. Que je serai une lépreuse pour le reste de mes jours et qu’on me cracherait dessus. J’avais la conviction que plus jamais, je ne pourrais être heureuse, que je perdrai mes clients, ma pratique, mes amis et ma famille.

Lors de périodes moins troubles, je naviguais sur le web à la recherche de réponses à ma détresse. Je lisais tout ce qui avait rapport de près ou de loin avec le sujet de la dysphorie d’identité de genre et la transsexualité. C’est ainsi que je suis tombée sur le site de Lynn Conway. Transsexual Women’s Successes. Ce site était une mine d’information sur la condition de transsexuelle, mais surtout d’histoires de femmes et d’hommes ayant survécu à ce changement majeur et ayant réussi leur vie sur le plan des affaires, de la science, du sport, des arts ou de la politique. Le site avait pour objectif de détruire les mythes, stéréotypes et l’invisibilité sociale souvent associée à la condition de transsexuelle et dieu qu’il a atteints son objectif. De savoir qu’on pouvait survivre à ça, me donna un courage de continuer mon chemin et surtout de garder la tête haute.

J’eu aussi le plaisir de discuter avec Marie-Marcelle Godbout qui depuis 30 ans, bénévolement, à bout de bras et de conviction, mène l’Association des transsexuels (les) du Québec, une ligne d’écoute et de référence et tient des rencontres de trans afin qu’ils (elles) puissent discuter en groupe de leurs enjeux et cheminements. Alors que j’étais présidente d’honneur des célébrations de la fierté de Montréal, lors d’un cocktail des bénévoles, j’eus le plaisir de la remercier publiquement et de souligner ses admirables efforts pour aider les gens comme moi et de dire qu’elle était l’un de mes très grands héros anonymes. Après le cocktail, elle vint me remercier toute émue, et me dit qu’en trente ans, elle n’avait que très rarement été remercier publiquement.

Ces deux femmes, à leur manière, m’ont permis d’être encore ici aujourd’hui et de vous parler d’elles. De communiquer, de partager positivement des histoires de vie et d’offrir des ressources informationnelles, aide d’une manière que vous pouvez difficilement imaginer, ceux et celles qui vivent une intense détresse. On appelle ça « la catharsis ». Moi j’appelle ça plutôt la grandeur d’âme, la générosité du cœur et l’ingéniosité du partage. Je suis en dette pour le reste de mes jours envers ces femmes et je suis certaine que vous aussi, peut-être même sans le savoir, êtes aussi en dette envers des gens qui vous ont montré la lumière au bout du tunnel…

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Commentaires

  1. Solange Chisaaon

    Quel beau texte ce matin!

    Vous êtes une survivante pleine de résilience pour avoir cheminé à ce point dans ce que vous aviez à vivre!
    C’est un exemple de courage et de réussite pour tous et bravo pour la personne que vous êtes devenue…

  2. Pierre Longpre

    Michelle

    Comment osez-vous ? Vous avez évoqué la fin , pendant un instant errant, alors que vous n’êtes qu’au début de votre vie ?

    Errer pour larmoyer c’est O.K. Mais parbleu revenez dans la réalité. Vous êtes indispensable. Alors remuez-vous les émotions. Vous avez beaucoup de bien à accomplir. Allez, au travail.

    🙂

  3. François Teasdale

    Votre texte m’a profondément ému. C’est vrai que des personnes nous font parfois beaucoup de bien sans qu’ils s’en rendent compte. Dans une moindre mesure vous avez joué le même rôle pour moi. Je suis hétérosexuel dans toute les fibres de ma peau. J’avais des préjugés et des difficultés à accepter la transsexualité, puis j’ai fais votre connaissance par les médias et je vous suis sur votre bologue et sur facebook. Je ne vois plus l’homme que vous étiez ou la femme que vous êtes devenue mais la personne compétente dans son domaine. Vos confidences sur le web qui concernent votre parcours de vie et la résilience dont vous faites preuve sont un exemple pous nous tous. J’ai de l’admiration pour vous et votre parcours et je me sers de votre exemple pour surmonter les petits problèmes que je dois parfois affronter. Je vous félicite pour être ce que vous êtes et pour les compétences indéniables que vous partagez généreusement avec nous.

  4. Marie-Marcelle

    Sincèrement *Merci !
    Moi aussi je veut te dire merci j’ai des faites des dizaine d’apparitions a la TV régulièrement pendant près de 30 ans pour démystifier la transsexualité afin de changer l’image de notre communauté il y a a peine 20 ans nous étions que des prostituées des voleuses , en d’autre mots que des moins que rien , moi de mon côté je disait qui avait des gens bien chez les transsexuelles mais qu’elle vivaient dans l’ombre !
    30 ans plus tard voilà que tu arrives a la TV pour confirmer ce que je dit depuis des années merci de nous représenter comme tu le fais si bien avec ta *FIERTÉ D’ËTRE*
    Du plus profond de mon coeur *MERCI*