- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

La vérité, la responsabilité et les « cheaps shots »

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La vie est faite entre autres de recherche de vérité, de saine confrontation d’idées et de « cheaps shots » qui arrivent de nulle part. Prenez par exemple les politiciens. Encore mieux, prenez les ministres. Ils sont souvent la cible de « cheap shot ». On va fouiller dans leurs vies personnelles pour dénoncer des points de vue idéologiques qui n’ont absolument rien à voir avec les débats idéologiques. Vous me direz, mais oui, ils ont choisi en connaissance de cause de devenir politiciens, qu’on fouille dans leurs poubelles et qu’on y trouve des détritus qui servira à démontrer qu’ils ne sont pas intègres, qu’ils ont des agendas cachés, qu’ils magouillent. Souvent ils sont parachutés à des ministères et doivent supporter l’odieux de décisions qui sont prises par d’autres.

Il n’y a pas longtemps je discutais avec un pote fonctionnaire. Comme tous, je parlais de la magouille gouvernementale, du scandale de la construction, de celui des TI dont on ne parle que très peu encore et il eut une réflexion que je trouvai vraiment très juste. Il me dit, tu sais Michelle, il y a certainement de la magouille. Il y a aussi certainement des gens qui sont bien et qui s’efforcent vraiment de faire leur travail avec éthique. Prenons les sous-ministres par exemple. Ils ne sont jamais scrutés par personne. Ils sont ceux qui prennent réellement les décisions. Ils sont ceux aussi qui donnent des contrats faramineux et qui quelques mois plus tard, traversent travailler pour les entreprises qu’ils ont rendues riches. Le vrai scandale il est là. La sclérose du gouvernement est là aussi. Entretemps on s’amuse aux dépens des politiciens qui dans le fond ne mènent pas vraiment les dossiers. Pire encore, souvent ce sont les propres fonctionnaires d’un ministre qui coulent l’information aux journalistes pour planter le ministre et qu’il décrisse. J’ai souvent vu des hauts fonctionnaires se tordre de rire de voir leur ministre se faire plomber par les journalistes. Pourtant eux savent être intouchables. Ils peuvent faire les conneries qu’ils veulent, jamais ils ne passent à la télévision. Jamais on ne va fouiller dans leurs poubelles, dans leurs vies privées.

Plus récemment encore, j’étais avec un compétiteur à avoir une discussion professionnelle devant un auditoire. J’ai exprimé un point de vue stratégique web très spécifique. J’en ai parlé sans nommer de clients ou de fournisseurs. Ce point de vue ne faisait pas l’affaire de mon compétiteur parce qu’il a une boîte à faire vivre. Parce qu’il a un pay-roll. Parce que mon point de vue dérange « son modèle d’affaires ». Plutôt que d’en débattre avec des arguments convenables, il est allé dire devant tout le monde « le vrai problème est que Michelle a perdu son client, la compagnie X. Ce client est maintenant avec moi et j’ai augmenté tel aspect financier de Y. Ce n’est pas Michelle qui aurait fait ça “gros rire gras”. La réalité que mon compétiteur savait très bien est que oui j’ai perdu ce client, simplement parce que le V-P marketing avec qui je transigeais a changé de job, qu’un nouveau V-P est arrivé et qu’il a décidé de travailler avec mon compétiteur. Ce sont des aléas d’affaires qui n’ont strictement rien à voir avec la compétence ou les résultats. C’est un changement de garde, voilà tout. De plus il sait très bien que je n’ai pas travaillé sur l’aspect stratégique qu’il se vante d’avoir gonflé tout simplement parce que c’est le genre de pratique d’affaires Web que je trouve inacceptable. Pire encore, je crois qu’il a fait ce stratagème Web qu’il sait être contre les pratiques “kosher” de la plate-forme pour laquelle il l’a fait et qu’il risque de mettre en péril la présence web de son nouveau client si jamais la plate-forme s’en rend compte, et faire disparaître les propriétés de son client, probablement parce que ça donne des résultats rapides et surtout que ça entre de la business pour les salaires qu’il doit payer à la fin du mois.

Mais il a usé d’une “cheap shot” pour faire passer son point. La galerie l’a trouvé intéressant. Moi je n’ai pas relevé en public sa mesquinerie et ai continué le débat, irrité, mais sans le coincer à son tour comme j’aurai pu le faire, en sortant à mon tour des “cheap shot” (réelle cette fois-ci) que je connais sur lui et sur son entreprise.

Dans les débats qui vont s’ouvrir avec la commission Charboneau, dans les débats politiques qui s’engageront lors des prochaines élections, dans les débats d’idées qui ne cessent d’alimenter les discussions entre passionnés du web ou de tout autre sujet, il est important de faire la différence entre un argument, un contreargument et une “cheap shot” qui n’y est que pour faire dévier le débat ou marquer un point. Des fois, les vrais responsables s’en sortent, d’autre fois nous payons collectivement ou individuellement pour les conneries de responsables que nous ne trouverons jamais et des fois nous serons la cible ou l’instigateur de petites mesquineries faciles. Mais dans tous les cas, la recherche de la vérité et l’intégrité personnelle peuvent certainement aider à garder la tête haute.

Je me sens de plus en plus comme une politicienne étant donné mon statut de “gourou”, “papesse” et/ou grande gueule notoire. J’ai certainement moi-même envoyé des “cheaps shots” inconscientes plusieurs fois. Mais lorsqu’on est la cible de tels procédés, ça illumine. Ça fait prendre un recul. Ça fait prendre conscience que personne n’est parfait et surtout, ça aide en criss à relativiser et à saisir des subtilités “des discours” qu’on ne saisissait peut-être pas avant…