L’anarcho-syndicalisme et la bourgeoisie syndicale

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Je me suis faite haranguée sur mon mur Facebook par le VP d’une centrale syndicale pour avoir publié ce statut.

MERCI Isabelle Maréchal pour ce texte pertinemment juste: Le carré de la honte http://www.journaldemontreal.com/2012/05/20/le-carre-de-la-honte #GGI #Manifencours

Voici donc une portion des échanges :

L’interlocuteur :

Quel texte insignifiant, sans argument et qui conforte les petits bourgeois prétentieux et ignorants. A-t-on vu un seul argument en faveur de la hausse? Jamais! Par contre, nos jeunes nous proposent la justice sociale. Mais, ça dérange le confort de ceux qui font passer les affaires avant les droits de la personne.

Isabelle Maréchal n’a visiblement pas lu la loi 78. Pérorer sans savoir, ça n’aide pas la crédibilité.

Que dit madame Maréchal de l’article 17 de la loi 78 qui oblige toute personne participant à une manif à se substituer à la police!

Les élans émotifs de Michelle Blanc souffrent d’un manque d’analyse flagrant. J’ai déjà dû la rappeler à l’ordre sur la désobéissance civile qui, grâce par exemple à Stonewall en 1969, a permis au mouvement LGBT de prendre son essor. Sans la désobéissance civile, aujourd’hui Michelle Blanc serait soit à l’asile, soit en prison, soit morte. Elle devrait lire la loi 78, étudier l’historique du conflit et sortir de ses pantoufles avant de porter des jugements à l’emporte-pièce et extrêmement superficiels.

Ma réponse

à XXX hey le syndicaleux qui travaille pour monter son futur chèque de paye avec des étudiants tout en faisant des clauses orpheline lorsque ça arrange la gang qui est déjà là, je ne crois pas avoir besoin de cours d’histoire du mouvement gai. Suis à gauche pour certaines bonnes raisons et à droite contre la connerie

L’interlocuteur

Alors, le chat est sorti du sac, la petite bourgeoise au service des affaires est dérangée. Elle crache sur le syndicalisme qui lui a fourni tant d’occasions de progresser. Des cours d’histoire sur tous les sujets, il faut, mais aussi des cours d’humanisme.

Quelle ignorance de croire que nos revenus augmentent selon le nombre de syndiqués ou d’adhérents! Ouf, ça vole pas haut!

Ma réponse

by the way, oui j’ai fait une mineure en relations industrielles et je connais l’histoire des syndicats qui ont fait de grands biens mais qui aujourd’hui ne sont plus là que pour leurs acquis et foutre la merde. La bourgeoisie et le corporatisme syndical sont des sangsues qui ne travaillent plus pour leurs bases, mais pour leur apparatchik dont tu fais partie… By the way, je ne vais jamais foutre la merde sur ton mur. Mais toi tu sembles aimer ça faire chier les autres chez eux. Est-ce symptomatique du mouvement que tu défends? Aussi, n’est-ce pas la FTQ qui finance Accurso?

Fin de la discussion

L’anarcho-syndicalisme

La CLASSE est financée et appuyée par les centrales syndicales. Les étudiants ne connaissent sans doute pas les célèbres clauses orphelins de ces mêmes syndicats. Ils ne savent sans doute pas non plus que si le gouvernement est corrompu, les syndicats le sont tout autant. Entretemps, on romantise la désobéissance civile et on pratique le clivage du discours et démonise ceux qui sont “contre”.

Anarcho-syndicalisme

L’anarcho-syndicalisme, anarchosyndicalisme, ou syndicalisme anarchiste est un syndicalisme basé sur les principes de fonctionnement de l’anarchisme(autogestion, libre fédéralisme, démocratie directe, mandatés élus temporairement et révocables, etc).
En d’autres termes, le militant anarchosyndicaliste pose le syndicat comme forme d’organisation des travailleurs, et refuse le principe de parti, d’association ou de regroupement corporatiste. Le syndicat est alors la structure qui permet aux classes opprimées de s’organiser à la base et de mener la lutte selon les choix des individus regroupés en collectifs et non selon des directives hiérarchiques données par un bureau politique (en d’autre termes, du bas vers le haut et non du haut vers le bas).

Pratiques et idéologie de l’anarcho-syndicalisme
Les militants anarchosyndicalistes ont théorisé nombre de pratiques syndicales. S’ils ont beaucoup réfléchi sur la grève générale comme moyen pour la classe ouvrière de seréapproprier ses outils de production, ils ont aussi popularisé l’action directe (occupations, piquets de grève), le sabotage3 (refus de produire des marchandises de qualité, et boycott par les prolétaires des produits en question) comme moyens d’action, ainsi que, dans certains cas, la réappropriation directe des richesses produites.

Morale de l’histoire
Ils sont tout de même brillants les syndicats d’instrumentaliser une certaine CLASSE d’étudiants et de leur faire expérimenter le romantisme de l’idéologie anarcho-syndicaliste. Si ça fonctionne pour les étudiants (et à ce jour ça marche plutôt bien), peut-être que ça fonctionnera aussi pour les syndicats? Mais ha, c’est vrai, les syndicats fonctionnent aussi de manière très corporatiste. Ça ne servira donc qu’à régler d’autres vieux comptes avec les libéraux et peut-être même faire oublier leur prope magouille et corruption syndicale…

Vive la solidarité pour une solidarité syndicale étudiante! (Notez ici que comme pour la dénomination de la Classe, le syndicat passé en premier…)

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Commentaires

  1. Mélanie Drapeau

    Bonjour Madame Blanc, ce que vous dressez un portrait très réaliste du type d’argumentation et de dénigrement que font ces personnes sur les réseaux sociaux. Et c’est la raison pour laquelle j’ai fini par ne plus supporter la cause, si noble soit-elle au départ, sur la hausse des frais de scolarité. Mais ça fait longtemps que les manifestations et tout le débat autour de cela, n’a plus vraiment de rapport avec l’école.

    Se faire insulter n’est pas un argument très convainquant.

    Ils n’hésitent pas à mentir aussi, mais le problème c’est qu’ils mentent mal et ça paraît.

    Il y a aussi le chantage affectif et le psychodrame nettement exagéré, dont vous parliez dans un autre texte.

    En passant, très beau site web. Très beau design!

  2. JPQuébec

    Toujours troublant lorsque l’analyse regarde d’un seul côté de la médaille.
    «La grogne monte contre la rémunération des PDG», titre un article des Affaires en date d’aujourd’hui.

    http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2012/05/grogne-monte-contre-remuneration-des-pdg.html

  3. Christian Aubry

    “La CLASSE est financée et appuyée par les centrales syndicales.” Cette affirmation n’est pas totalement fausse mais tronquée, déformée, réduite à une caricature. La CLASSE est une coalition ponctuelle et “élargie” d’associations étudiantes essentiellement financée par ses membres. Des syndicats de personnels éducatifs lui ont versé quelques dizaines de millers de dollars récemment, reconnaissant le rôle phare qu’elle joue dans la lutte contre la “normalisation” du système éducatif québécois que d’aucuns aimeraient rendre aussi inique qu’il l’est ailleurs en Amérique du Nord. C’est compréhensible, c’est acceptable et c’est leur droit. Reprocher ça à la CLASSE, c’est comme affirmer que le carré rouge symbolise le communisme et non pas le Parti Libéral. C’est biaisé et c’est à mon humble avis un argument populiste de mauvaise foi.

  4. Sébastien Hubert

    Très bon texte Michelle Blanc!! Il est triste de voir toute l’intimidation de ces gens qui sont supposés défendre les travailleurs et travailleuses. Même chose pour la CLASSE qui est supposée défendre les étudiants et étudiantes, alors que tout ce qu’elle fait est d’intimider et de lincher tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leur point de vue. Ils ont un discours de sourd. Ils agissent comme des syndicats, alors que l’école, ce n’est pas une job en entreprise, mais un droit à l’éducation. La loi du travail ne s’applique pas. À quand le gouvernement va enlever l’obligation de tous les étudiants de payer leurs cotisations étudiantes? Voilà un bon 100$ par année d’économisé!!!

  5. Francis Fleury

    Réaction typique des rouge… on attaque la personne et non les idées. On intimide. On tente de museler les opposants… on tente de nuire à la liberté d’expression. Liberté qui ne va que dans un sens.

    Toutefois, il ne faut pas cèder à l’intimidation. Il faut rester droit, debout. Ne pas baisser les yeux. Et surtout, garder son calme. Bref, montrer clairement que l’intimidation n’a aucun effet.

    Je défies tout syndicaleux ou tout carré rouge à venir discuter sans insulte.

  6. L’anarcho-syndicalisme et la bourgeoisie syndicale | Bienvenue! | %blog_URL%

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  7. Gilles Pelletier

    Pour répondre à M. Fleury, je n’appuis pas les mouvements violents quel qu’ils soient, mais je sais que ce sont ceux qui détiennent le pouvoir qui pointent leurs guns vers ceux qui n’en n’ont pas, alors je comprends que leurs seules armes soient l’insulte.

  8. La révolution accidentelle • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] La révolution accidentelle Il y avait dans l’air des revendications légitimes. Il y avait dans l’air un raz le bol tout aussi légitime. Il y avait dans l’air un gouvernement mal aimé. Il y avait dans l’air une gauche qui flairait sa chance inespérée. Il y avait dans l’air une loi excessive. Il y avait dans l’air des magouilles d’élus, d’entrepreneurs et de syndicalistes corrompus. […]