- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

De la discrétion des très très riches

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Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai beaucoup de très petits entrepreneurs et de start-up comme clients [2]. Mais j’ai aussi quelques clients qui sont très, très riches. Ces clients ont une chose en commun. Ils sont extrêmement discrets quant à leur fortune et veulent à tout prix passer sous le radar.

J’étais avec l’un de ces clients sur une terrasse de la rue St-Denis et nous parlions de la visibilité de son entreprise. Son produit culturel est dans une cinquantaine de pays, il est traduit dans une trentaine de langues et c’est sans doute le produit culturel québécois qui (avec le Cirque du Soleil et Céline Dion) a le plus de succès sur la scène internationale. Son produit est complètement développé dans des bureaux du vieux Montréal, et fait littéralement le tour de la planète. Je lui demande alors pourquoi un succès si éclatant n’est pas plus connu ici, pourquoi est-il si discret avec cette réussite extraordinaire. Il me répondit, tu sais Michelle, nous sommes assis sur une terrasse et personne ne me connaît. J’aime ça de même. J’ai déjà assez de ma famille qui me tète sans arrêt pour que je les aide financièrement, s’il fallait que le Québec au complet soit après moi, je n’aurais plus de vie. J’aime ça être un inconnu. La vedette c’est mon produit et je veux que tu m’aides à développer sa présence en ligne that’s it that’s all. Qu’on sache ici que c’est un succès planétaire n’a pas d’importance pour moi.

Un autre de mes clients détient 52% d’une entreprise qui a des ventes d’un milliard par an. C’est un gentleman-farmer, avec ses bretelles. Il sacre et fait des blagues salées, est on ne peut plus terre à terre et valorise le profil bas. Lors d’une discussion à propos d’un enjeu de relations publiques en ligne il me dit qu’il avait toujours valorisé de ne pas qu’on parle de sa boîte. Depuis des années, il avait le réflexe de se couvrir et de laisser passer la tempête. J’appris par accident la semaine dernière que ce monsieur est l’un des plus gros donateurs du Musée du Québec. Mais personne ou à peu près ne le sait. Ça risque d’ailleurs de rester dans les limbes éternellement.

Un autre de mes clients avait une entreprise techno. Il avait débuté dans l’entrepôt d’un petit dépanneur. Son entreprise grandissant, il fit un reverse take-over d’une exploration minière à la bourse de Toronto et cette entreprise (par accident) détenait les droits d’exploration pétrolière du Manitoba. On l’appelle maintenant le « scheik du Manitoba ». Si vous le rencontriez dans la rue, vous ne devineriez jamais ça. D’ailleurs ces trois clients sont tous de parfaits inconnus. Ils sont tous d’une simplicité et d’une gentillesse désarmantes. Ils sont habillés comme monsieur et madame tout le monde et pourtant, ils sont pleins aux as. Ce qu’ils veulent par-dessus tout est de rester anonyme.

On ne sait jamais à qui on parle et lorsqu’on le sait finalement, des fois on a une méchante surprise. La discrétion des très très riche est motivée par plusieurs facteurs, mais il est clair que ce facteur n’est pas toujours « de vouloir crosser le monde et de faire du cash sur le dos des pôvres travailleurs ».

Ils sont d’ailleurs devenus très riches par un travail acharné, un leg ou une chance inouïe. Dans tous les cas ce sont des entrepreneurs responsables, qui traitent vraiment bien leurs employés et qui sont d’une simplicité désarmante.

Je suis très fière de me promener et de me pavaner dans mon Alfa Roméo usager [3]. Mais de toute évidence, je ne suis pas discrète, je ne suis pas riche et je ne fais pas d’effort pour disparaître dans la foule…