- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

L’importance de la symbolique du mouvement étudiant

Pin It [1]

Il y a quelque semaines de ça, le réputé anthropologue Serge Bouchard parlait à Radio-Canada de la crise étudiante [2]. Il soulignait entre autres l’importance de la symbolique de la crise étudiante. La veille, il était cité par Marie-Claude Lortie dans son article La fête, le risque et les casseroles [3] :

Selon l’anthropologue Serge Bouchard, on est en train, sans s’en apercevoir, loin de nos divertissements solitaires, de «découvrir le plaisir d’être dans la rue, de respirer et d’exister collectivement».
Dans les médias, on parle beaucoup de la casse, des blessés, de la violence de la police et de certains manifestants… Mais combien de fois faudra-t-il répéter que ce n’est vraiment qu’un aspect très spécifique de ce qui se passe dans la rue?
Pour le reste, la foule porte le roi en dérision dans la joie et le bruit.
Et nos gouvernants devraient le comprendre.
«C’est typique, explique Serge Bouchard. Tout cela a été analysé souvent. Jean Baudrillard, notamment, a écrit là-dessus.»
Il serait intéressant, d’ailleurs, qu’on profite de ces recherches et réflexions pour donner au cabinet un petit cours accéléré de sociologie. Ainsi, ses membres pourraient comprendre ce que tout le monde ici voit bien en regardant les gens taper sur leurs casseroles: ce mouvement, aussi joyeux soit-il, n’a plus rien de rationnel.
On est dans un univers qui relève du cri du coeur et des symboles. On ne demande plus un gel des droits de scolarité, on demande du respect pour les gens dans la rue, un signe démontrant que leur colère n’a pas été méprisée, mais bien entendue et prise au sérieux. «On est dans le symbolique et pour sortir de ça, il va falloir nécessairement du symbolique», ajoute l’anthropologue.
Car il faut penser à une sortie de crise, c’est clair.
«La ligne entre la fête et l’émeute est extrêmement fine, continue Bouchard. Et on est dans un emportement qu’on ne contrôle pas.»

Quels sont certains des symboles de la crise étudiante?

L’AnarchoPanda [4]

La Banane Anarchiste [5]

Le carré rouge [6]

La casserole [7]

Le printemps érable [8]

Le drapeau noir [9]

Le salut hitlérien [10]

Le SSPVM [11]

Les hashtag Twitter #GGI [12] #Manifencours [13] #Casserolesencours [14]

Manifestations nue [15]

L’affiche La Liberté guidant le peuple [16]

Certains des mots-clés
Perturbations, combat, anticapitalistes, lutte des classes…

Il serait vraiment intéressant que des sociologues neutres (si ça existe encore) s’intéressent à ces questions et nous aide à comprendre sans le parti pris de la gauche, ce phénomène nouveau au Québec. De mémoire d’homme, jamais un sigle politique (le carré rouge) n’avait été porté par une frange importante de la population ici. On sait sans doute que d’autres éléments symboliques politiques ont eu cette portée ailleurs dans l’histoire récente (le col mao, la barbe islamiste, la croix gammée), mais ici, au Québec, je ne trouve pas de corolaires. Dans vos commentaires, évitez de me dire que la jeunesse est belle et que c’est une saine expression de la colère. Je sais déjà tout ça et la jeunesse qui est belle a déjà très bien servi Hitler ou Mao (qui étaient de droite et de gauche). Comme le soulignait Bouchard, nous sommes maintenant dans l’irrationnel symbolique et ça va prendra sans doute un autre symbole pour nous sortir de cette crise.

Entretemps, regardez le clip du film The Wave, qui basé sur une expérience réelle, à Palo Alto en 1967, recréa la montée du nazisme dans une classe étudiante…