- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Montréal, dans 50 ans. Lettre à mon petit-fils

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La Place Ville-Marie [2] fêtera son 50e anniversaire. Pour l’occasion, on me demande de rédiger un texte qui sera mis dans une capsule, pour n’être ouvert que dans 50 ans. Voici ce texte:

Dans 50 ans

Dans 50 ans je serai très probablement morte. Mais mon petit-fils lui sera toujours en vie. Au moment d’écrire ces lignes, dans 50 ans, Liam aura 50 ans et demi. Sa vie aura été tout autre que la mienne. Il devra sans doute encore travailler un autre 30 ans avant de prendre sa retraite. Il sera entouré de gens de provenance et de cultures diverses (dont beaucoup de Chinois) et il vivra dans l’un des pays les plus prospères, étant donné les grandes réserves d’eau potable que nous avons.

Il aura appris tant de choses qu’il m’est encore difficile de l’imaginer. La connaissance se transmettra, grâce aux réseaux sociaux, d’une manière fulgurante. Beaucoup des emplois que nous connaissons aujourd’hui auront été modifiés. Au lieu d’un docteur, d’un professeur ou d’un journaliste, nous parlerons plutôt d’un facilitateur d’apprentissage, d’un sage médical et d’un analyste de l’information factuelle. Cette connaissance ubiquitaire aura toujours besoin de guides spécialisés qui servent à la valider, la mettre en contexte, la repartager et l’expliciter. Nous aurons toujours besoin de chirurgiens qui se « mettent les mains » dans nos blessures, mais ils ne seront désormais plus guidé que par leur mémoire. Nous aurons des conseillers pédagogiques, mais ils serviront davantage de support aux facilitateurs d’apprentissage qui auront de plus en plus de classes virtuelles. À cause du coût croissant de l’énergie, il sera maintenant plus pratique de travailler et d’apprendre de chez soi. Il y aura toujours des lieux utilisés pour des rencontres de travail et de partages occasionnels, mais la vocation des grands édifices à bureau, des écoles, des Bibliothèques et des hôpitaux, risque de grandement changer. Une portion importante d’un édifice comme la Place Ville-Marie, ne sera plus à vocation d’affaires. Ce sera l’une des tours d’habitation haut de gamme et historique de Montréal, les plus en vue. Quelques étages seulement serviront de lieu de rencontre d’affaires, de salles de meeting et d’étage de partage holographique virtuels. Déjà en 2012 nous pouvons nous rencontrer virtuellement dans des univers 3D, mais en 2062, ces Univers et les gens qui la composent se retrouveront sur un plancher avec seulement quelques personnes physiques, pour interagir avec eux. Cette science-fiction nous la connaissons déjà dans certains de nos programmes de télévision. Nous avions une idée de ce type de salle dans une émission populaire de notre époque, Star Trek.

Comme les gens ne se déplacent presque plus, nous n’avons plus besoin de cette quantité phénoménale de routes qui font le quadrillage de Montréal. Plusieurs de ces rues sont maintenant des jardins et des parcs, qui permettent à la faune et à la flore locale de transiter d’un point à l’autre de l’île. On observe aussi certains enclos spécifiques, servant à garder le bétail pour la consommation humaine et tous les toits des édifices sont maintenant des jardins permettant une quasi-autosuffisance alimentaire. Il y a d’ailleurs beaucoup moins de monde à Montréal. Plusieurs sont partis peupler le nord du Québec, attiré par la météo plus clémente et la prospérité liée à l’eau et aux autres ressources naturelles qui y sont abondantes. Montréal est désormais une courroie de transmission des informations, un lieu symbolique du commerce et le siège de notre équipe internationale de hockey, les Nordiques (petite blague pour mes contemporains hehehe).

Liam aura eu une vie tumultueuse. Il est un homme et rendu à son âge de 50 ans, nous venons à peine de régler les problèmes masculinistes. Les hommes recommencent à aller à l’école au même niveau que les femmes, nos asiles et nos prisons ne servent plus de dépotoirs humains de troubles anxieux masculins et notre taux de suicide masculin s’est stabilisé. Nous jouissons finalement d’une égalité des sexes. Le droit à la paternité est reconnu et le besoin de violence masculine a été canalisé positivement lors des « jeux du mâle ».

Liam aura eu à gérer bien des crises sociales durant sa vie et à s’adapter à des changements politiques, sociologiques, technologiques, culturels, économiques et climatiques qu’il m’est difficile d’imaginer. Mais il aura eu la chance d’être entouré d’amour et d’avoir trouvé sa passion. Ce sont deux des ingrédients immuables que je lui souhaite et qui font que malgré les époques et les tumultes inévitables, la vie vaut la peine d’être vécue…