Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique?

Pin It

Je suis interpellée par Marie-Claude Ducas dans son billet La campagne 2012 et le mirage de « l’élection 2.0 ». Elle y dit :

consultante et blogueuse bien connue Michelle Blanc (d’abord avec le chef libéral Jean Charest, ensuite celui de la CAQ François Legault, puis avec Jean-Martin Aussant d’Option Nationale ) je veux bien. Et c’est sûr que, comme plusieurs le soulignent, comme l’a fait, dans ce billet, le spécialiste René Barsalo , il faut s’intéresser à autre chose qu’aux routes et aux ressources naturelles quand on parle de développement économique. Mais… pourquoi serait-ce tellement plus pertinent que si les patrons d’agence de pub allaient demander aux candidats « ce qu’ils comptent faire à propos de l’économie de la publicité »? Ou les comptables, s’enquérir de leur opinion « à propos de l’industrie des firmes de comptabilité et de consultation »? Pourtant, ce sont des enjeux économiques au moins aussi valables : il y a eu bien des fusions et des rachats, récemment, dans ces deux domaines; idem parmi les bureaux d’avocats, d’ailleurs.

Ma réponse

Se questionner sur l’économie numérique est plus pertinent que se questionner sur l’économie de la publicité ou de celle de la consultation strictement parce que le numérique touche toutes les sphères de l’activité humaine, que ça représente 25 milliards de revenus pour le Québec (à l’heure actuelle et avec 40 000 emplois), que ça participe de l’économie du savoir et que comme pour l’électricité qui a permis un gain de productivité énorme pour toutes les industries, le numérique engendre les emplois et la “valeur économique” du XXIe siècle. Déjà en 1994 Nuela Beck parlait de la nouvelle économie et de comment la “valeur” avait transité des biens matériels aux biens immatériels. On a qu’à penser à la valeur de Facebook, d’Apple, d’Amazon et autres pour s’en convaincre. Malheureusement ce ne sont pas les banques qui capitalisent sur ces “valeurs intangibles” mais plutôt les fonds collectifs de placement. Ils sont ceux qui désormais (et depuis le tournant des années 2000) ont l’avoir collectif du capital…

La nouvelle économie de Nuela Beck (1994), Résumé

L’économie nord-américaine subit depuis nombre d’années une transformation radicale. Nuala Beck indique le sens de ces bouleversements et montre les chemins de l’avenir. Affirmant que les statistiques sous-estiment les forces motrices qui animent les industries nouvelles, l’auteure distingue trois cycles: celui des matières premières a dominé la révolution industrielle, celui de la production de masse a alimenté l’ère de la consommation et de l’automobile et la technologie domine le cycle actuel.

Dans La nouvelle économie, Nuala Beck présente le prochain cycle qui nous entraînera dans l’ère de l’intelligence artificielle, du génie génétique, de l’espace et des matières premières nouvelle génération.

M. Barsalo qui est aussi cité par madame Ducas dit avec raison dans un billet du Journal de Montréal, Notre avenir… numérique? :

La triste réalité est, qu’au tournant historique de notre civilisation vers le numérique, aucun des partis présents ne prends cette opportunité au sérieux. Les routes, les ressources naturelles et l’administration des services publics sont pour eux les seuls « vrai » enjeux. Pourtant, les deux sont inter-reliés. En termes d’infrastructures, l’accès au code via un réseau qui relie adéquatement l’ensemble du territoire, ses institutions, ses entreprises et ses citoyens est aussi important que l’eau courante et l’électricité dans la société qu’y émerge. En termes de réduction des coûts, l’utilisation du numérique en matière de planification, de suivi ou de réalisation permet d’assurer une meilleure gestion des ressources et des budgets tout en augmentant la qualité des biens et services.

En abordant de front la question de l’informatisation et de l’ingénierie en réseau des services publics, en partenariat avec le citoyen et l’entreprise privée, nous pourrions initier un chantier numérique dont le Québec entier sera le premier bénéficiaire. Mais avant de dépenser, il faut réviser le processus d’appels d’offres de projets informatiques. Tout comme celui de la construction, on y remarque depuis quelques années des dépassements de coûts vertigineux.

Le meilleur moyen d’assurer ce changement est de mettre de l’avant l’ouverture et la transparence, si chère à la génération des natifs du numérique qui n’attends que ce signal pour s’impliquer. Patenteux comme nous le sommes, avec la mise en place d’un tel chantier, nous pourrons non seulement améliorer notre société et réduire les coûts de l’État, augmenter le niveau de transparence et l’implication citoyenne, mais aussi créer au passage une avalanche de nouvelles entreprises technologiques, équipées pour affronter l’avenir plutôt que de creuser des trous. Dans toutes les régions, unis par le réseau, celles-ci profiteront du succès collectif et exporteront leur savoir faire au reste de la planète, tout en participant à notre croissance économique.

MAJ

En commentaire, Martin me dit ceci :

Vos statistiques reliées à l’économie numérique parlent d’eux mêmes… mais pouvez vous mentionner vos sources car des chiffres sans références peuvent perdre de leur crédibilité… malgré le fait qu’ils proviennent d’une plumes aussi respectée que la votre.
Merci et continuer de vous faire entendre!

Il a raison, mais ça fait TELLEMENT de fois que je montre ces statistiques que je tiens pour acquis qu’elles sont connues et il semble que ce ne soit pas le cas. Donc ces statistiques sont colligées dans mon billet Le Tourisme vs Les TIC au Québec, met-on nos œufs dans le bon panier?

je citais Paul Journet dans l’article Le tourisme québécois sévèrement critiqué qui disait aussi ceci :

L’industrie touristique représente 2,5% du PIB du Québec. L’année dernière, elle a rapporté des revenus de 10,4 milliards et fourni 134 600 emplois directs.

Or, je me suis amusé à comparer l’industrie du tourisme à celle des Technologies de l’information avec les chiffres que donnent Affaires étrangères et Commerce international Canada

Le secteur des TIC est un moteur de l’économie du Québec, puisqu’il génère des ventes de plus de 25 milliards de dollars. Ce secteur, qui compte quelque 5 000 entreprises dans la province, emploie approximativement 140 000 personnes. La production des TIC est en grande partie exportée (surtout vers les États-Unis) et représente 35 % de la production totale du Canada dans ce secteur.

Si je récapitule ces chiffres, l’industrie du tourisme génère 10,4 milliards et fournit 134 600 emplois et celle des TIC 25 milliards et 140 000 emplois

Imprimez ce billet Imprimez ce billet

Commentaires

  1. mcducas

    Tout à fait d’accord avec ce que tu soulignes, Michelle. Et je suis contente qu’on aille finalement plus loin sur ce genre de question.
    Parce que, on est d’accord, il y a aussi pas mal de “hype” par des gens qui y trouvent leur intérêt. Ou qui, tout bonnement, ont le nez un peu trop collé dans leur univers de “geek”, et perdent un peu la perspective. Et ça finit par faire perdre de vue ce qui se passe réellement… et ce qui ne se passe pas encore. De même que les vrais aspects qui méritent d’être débattus. Et l’angle sous lequel ils méritent d’être abordés.

  2. Pierre Longpre

    Historiquement, le changement fait peur et se heurte à une résistance pour ne pas dire à un refus catégorique.

    On a cru que la terre était plate… que le téléphone ne fonctionnerait pas… etc.

    Un jour, un leader y verra une opportunité inégalée pour l’économie numérique et le reste du Québec suivra. Comme il a toujours suivi d’ailleurs.

    Le Québec n’a jamais été au-devant de l’évolution sauf, pour les droits de la personne. Là on est champion !

  3. Martin

    Vos statistiques reliées à l’économie numérique parlent d’eux mêmes… mais pouvez vous mentionner vos sources car des chiffres sans références peuvent perdre de leur crédibilité… malgré le fait qu’ils proviennent d’une plumes aussi respectée que la votre.
    Merci et continuer de vous faire entendre!

  4. Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? […]

  5. Michelle Blanc

    à Martin j’ai fais une MAJ (mise à jour) de mon billet pour vous citer les données…

  6. mcducas

    Pour compléter ce que je disais dans mon premier commentaire, plus haut: cela aidera aussi quand les évangélistes du numérique apprendront un peu mieux à parler au commun des mortels, sans les porter à se sentir ridicules, dépassés et “largués” au départ. Genre: “ah tiens, un tel vient ENFIN de se lancer sur Twitter, mais c’est évident qu’il sait pas comment faire…” On s’entend pour dire que ce genre d’attitude est courant, comme en témoignent les commentaires que j’ai reçue suite à ce billet: http://marieclaudeducas.com/2012/aux-champions-du-2-0-qui-tapent-sur-les-deconnectes/ . Et sur lesquels je suis revenus dans cette chronique d’Infopresse: http://www2.infopresse.com/blogs/actualites/archive/2012/07/06/Fossestechnoculturels.aspx .

  7. Élections au Québec : quelle place pour le règlement en ligne des litiges ? | Cyberdispute | Virginie Gaquière, médiation, online dispute resolution, règlement en ligne des litiges, commerce électronique

    […] Parmi les candidats, il y a consensus sur l’utilité de cette économie mais aucun n’a précisé d’actions concrètes pour créer un Ministère de l’économie numérique. Pourtant, comme le souligne Mme Blanc Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? […]

  8. Bilan de mes rencontres avec les chefs des partis et leur vision du numérique • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? […]

  9. Denis

    On a pas avance9 certain: abOn est 4 ans en rterad!!!bb Je suis de ceux qui pensent que nous avons avance9 et appris tous pleins de choses. Nous avons fait nos erreurs comme le restant de la plane8te. Il ne faut pas oublier que le domaine n’existe pas depuis 100 ans. C’est une industrie qui a encore la couche aux fesses. Dans 5 ans, les outils absaveur du moisbb actuels (WordPress, Twitter, FaceBook et cie) auront e9te9 remplace9s par de meilleurs outils plus performants et encore plus adapte9s e0 nos besoins.Nous avons de belles initiatives et elles me semblent avoir un futur glorieux. Il y a des abshops webbb qui sont tre8s solides et pertinentes, e0 mon avis. La collaboration et l’entraide me semblent toujours des concepts tre8s forts ici.Comment fait-on pour montrer que le Que9bec peut encore eatre progressiste et en avance sur son temps? On fait comment pour faire nommer un ministre du de9veloppement nume9rique? Un e9lu qui ne ferait que e7a? On se prend un rendez-vous avec notre Premier Ministre et on lui explique la patente?

  10. De l’importance des geeks dans l’établissement d’un plan numérique pour le Québec et/ou le Canada • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? […]