- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Les sites des partis et la peur d’avoir peur, voilà pourquoi les partis sont poches en ligne

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Le copain Frederic Gonzalo fait un bon portrait de départ de la présence médias sociaux des différents partis politiques dans son billet Campagne électorale 2.0 au Québec? Oui et Non [2]. Sans les chiffres à l’appui, dans mes billets Les prochaines élections provinciales seront-elles 2.0? [3] et La prochaine élection provinciale sera-t-elle média sociaux ? [4] j’avais déjà identifié que nos élections ne seraient probablement pas 2.0.

La peur d’avoir peur

Ironiquement, ce sont les nouveaux partis comme Québec Solidaire et la CAQ qui prennent le plus de risques sur les médias sociaux. Québec Solidaire est sur Twitter depuis la dernière élection et le chef de la CAQ, y est en lion depuis quelques semaines déjà. Les partis sont sur Facebook, mais j’ai de nombreuses fois écrit sur les écueils de Facebook dans un contexte organisationnel [5]. Il reste évidemment YouTube, Flickr, les sites des partis et les blogues. Il y a aussi une panoplie d’autres outils qui pourraient être utilisés à bon escient, mais les partis ont de la difficulté à se servir convenablement des outils de base, alors de là à faire un Hangout sur Google + avec des citoyens ordinaires comme le fit récemment Obama [6] ou encore de participer à des débats publics sur des univers 3D comme lors de l’avant-dernière présidentielle française [7], c’est certainement de la «rocket science» pour nos politiciens.

C’est qu’ils ont peur d’avoir peur et que nos partis ne sont en effet que des cultes aux chefs. Ces chefs sont entourés d’une garde rapprochée (vieille école), de consultants d’images, de gens de relations publiques traditionnels et finalement de conseillers en communications des différents partis. Avant qu’une bonne idée (comme d’être efficace en ligne et de valoriser la participation bidirectionnelle, voire la conversation) ne se rende au chef, plusieurs paliers décisionnels la mettront en boîte. Trop risqués, les autres partis ne prennent pas ce risque, et si on se faisait rabrouer, la campagne ne dure qu’un mois. C’est bien là la tristesse de la présence web des partis. Ils ne réalisent pas que ce qu’ils font en ligne est justement de ne tenter que de parler aux irréductibles ou aux opposants. Ils ne parlent absolument pas aux indécis. Ils croient que ce sera fait par les communications traditionnelles via les médias et lors du débat des chefs.

J’ai rencontré plusieurs intervenants de tous les partis. J’ai rencontré bien de ces gens qui croient au Web, le comprenne et qui sont éberlués que leur voix ne se rende pas aux chefs. D’ailleurs, l’effervescence (ou plutôt l’apparence d’effervescence) n’existe que depuis un mois. Cet hiver, l’an dernier, les partis ne se souciaient pas du Web. Trop dangereux. Les soupers spaghetti sont tellement plus propices à la conversation … du podium avec micro, éclairage et télésouffleur.

Au moment d’écrire ces lignes
Le site du parti Libéral [8] nous dit qu’il sera bientôt en ligne
Le site du parti Québécois [9] nous ressasse des communiqués de presse
Le site de la CAQ [10] a un onglet blogue (qui au moment d’écrire ces lignes envoie à une page d’erreur)
Le site de Québec Solidaire [11] ressasse des communiqués de presse
Le site d’Option Nationale [12] a la particularité d’être sur Google+ et LinkedIn (c’est déjà ça, mais exerce un discours de sourd comme le font tous les partis).

CETTE ÉLECTION SERA 2.0

Malgré les partis et leurs conseillers, cette élection sera définitivement web 2.0. Ce sera l’élection des internautes, des usagers, du petit peuple. Ils se chamailleront allègrement sur les médias sociaux. Ils feront malheureusement peut-être encore cette hargne 2.0 dont parlait ce matin le chroniqueur Mario Roy de La presse [13].

La conséquence la plus tangible des excès commis autour du conflit étudiant aura été, en effet, d’instaurer un climat de haine et de mépris tel que le Québec n’en avait jamais connu, même au cours des campagnes référendaires. Lesquelles débattaient pourtant d’une question autrement importante! Souvenons-nous de ce triste printemps 2012. Grossièreté extrême, insultes personnelles, intolérance totale, appels à la violence, menaces de mort… bref, une sévère régression collective que des «logues» sauront peut-être expliquer un jour.

Je vous invite aussi à relire mes billets
Crise étudiante, la gauche est plus active et intolérante sur les médias sociaux [14]

Le Lab VOXtv – Chronique : Barack Obama et sa gestion de la communication sur Internet [15]