- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Bilan de mes rencontres avec les chefs des partis et leur vision du numérique

Pin It [1]

Cette semaine j’ai mis en ligne (par ordre inverse de leur rencontre) mes entrevues avec Pauline Marois [2], Amir Khadir [3] Jean-Martin Aussant [4], Jean Charest et François Legault [5] et nous discutions de l’économie numérique, des médias sociaux et de l’open source.

Tout d’abord ce qui m’a frappée de ces rencontres est l’affabilité des chefs. Ils étaient tous vraiment gentils et accessibles. Il est vrai que je ne suis pas journaliste, qu’ils me connaissaient déjà et qu’ils savaient que je ne cherchais pas à les coincer. N’empêche que leur ouverture et leur jovialité m’a grandement surprise.

J’ai aussi été surprise par leur manque de connaissance de l’impact majeur du numérique et des technologies de l’information sur l’économie du Québec. Tous ont été surpris d’apprendre que les TI génèrent plus de revenus pour le Québec que le tourisme [6]. À ma question êtes-vous pour l’établissement d’un ministère du numérique

Monsieur Legault fait passer le numérique par le 50 millions d’investissements dans la culture de sa plate-forme électorale (c’est donc un investissement par la bande). Il est pour l’instauration de l’open data comme mécanisme de transparence gouvernementale et aider les entreprises qui ont du rattrapage à faire (notamment en commerce électronique) via investissement Québec. Pour ce qui est d’avoir un ministère du numérique, il pense que c’est une bonne idée. Concernant le renouvellement des licences Microsoft (1,2 milliard) il est ouvert aux solutions open source et va regarder sérieusement la question (incluant l’octroi de certains contrats douteux aux petits amis).

Monsieur Charest, concernant le rapport Gautrin, les circonstances et les événements (sans que je sache lesquelles) ont fait en sorte que son premier rapport [7] n’a pas été implanté. Pour le deuxième rapport [7], il veut l’implanter progressivement, mais note que c’est un changement de culture majeur au gouvernement du Québec. Il veut instaurer des tableaux de bord permettant une plus grande limpidité de la gestion des projets gouvernementaux pour les citoyens et modifier les types d’appels d’offres pour inclure les plus petites entreprises et développer des expertises en open source. Concernant un ministère du numérique, le plan nord permet entre autres de développer le numérique et le gouvernement manque d’expertise par rapport aux Technologies de l’information. Mais le rapport Gautrin a bien mis la table et la création d’un ministère spécifique est une chose qu’ils vont probablement regarder s’ils sont le prochain gouvernement.

Monsieur Aussant m’a grandement surprise lorsqu’il a déclaré avoir reçu un million de visites sur son site web la journée du débat des chefs, à cause de sa présence sur Twitter. Un million de visites sur un site Web, c’est vraiment, mais vraiment très surprenant. Il est aussi pro open source, trouve qu’un ministère du numérique est une excellente idée, il veut brancher le Québec (et les régions en particulier) sur l’internet haute vitesse (lire ici la vraie haute vitesse avec comme exemple celle de l’Europe) et il veut que la commission Charboneau se penche sur les contrats informatiques gouvernementaux douteux.

Monsieur Khadir semblait réellement dépassé par mes questions sur le numérique, il se dit trop vieux pour s’intéresser à ces questions. Il n’en a pas discuté avec ses membres et la réflexion doit venir d’abord de sa base. Si on veut que Québec Solidaire ait une position, il faut la soumettre à son assemblée, même si on n’est pas membre de ce parti. Par contre Québec Solidaire a signé le pacte du logiciel libre [8].

Madame Marois va respecter les engagements pris par l’ancien gouvernement quant à l’octroi des contrats informatique (dont le 1,2 milliard pour mettre à jour les licences Microsoft), mais le ministre du Conseil du trésor aura un mandat de regarder attentivement ce contrat. Son ministre du développement économique aura un mandat spécifique de développer le numérique en prenant comme base le rapport Gautrin, mais il n’y aura pas de ministère pour le numérique.

MAJ

Ma conclusion

Comme je le disais dans le billet de mon premier entretien [5]

Mes buts dans ces échanges étaient d’abord de sensibiliser les chefs à l’importance de l’économie numérique et à la nécessité de développer « un plan numérique pour le Québec ». Vous remarquerez qu’ils y répondent sans vraiment avoir cerné l’importance de cet enjeu économique et sociétal majeur.

Les chefs semblent donc complètement déconnectés des réalités de l’économie numérique au Québec. Ce n’est vraiment pas rassurant comme perspective sociétale. Je suis triste et amère de ce constat, mais j’ai la satisfaction d’avoir ouvert le débat auprès d’eux et je rêve que certains parmi vous les talonnent pour qu’un jour, nous puissions nous targuer d’être une société innovante à ce chapitre. Bonne élection à tous et que le meilleur candidat pro numérique (qui ne semble pas être dans les choix que nous avons) gagne…

Vous aimerez aussi sans doute mon billet

Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique? [9]

Et mes entrevues avec
Choi RadioX [10]

La radio de Radio-Canada Québec [11]