- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Des projets d’intégration au gouvernement du Québec, de CGI et de l’absence d’usage des Web services

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L’un des sujets qui m’est chers et dont je ne vous parle pas souvent parce que c’est un peu trop technique est celui de Web services. C’était d’ailleurs mon mémoire de maîtrise [2](PDF) et une publication scientifique subséquente au prestigieux CIRANO [3](PDF) (il y a déjà dix ans).

Je vous parle de ça parce que le sujet revient d’actualité dans un récent papier de l’excellente journaliste Valérie Lesage de LesAffaires La gestion des contrats en TI par le gouvernement plus que jamais sous la loupe [4]. Elle y déniche une citation savoureuse du chef de la direction de CGI. Elle y dit :

D’autre part, le travail se fait souvent selon une approche d’intégration classique qui nécessite de rebâtir les connexions informatiques toutes les fois qu’une nouvelle application est souhaitée. C’est une méthode fastidieuse, dont la nécessité est défendue par CGI, mais que beaucoup d’experts remettent en question, en préconisant plutôt des approches plus flexibles et moins coûteuses, comme les services Web. Ceux-ci permettent une interopérabilité des applications, sans rebâtir les systèmes.

«Vous n’avez pas le choix de faire de l’intégration classique, répond Serge Godin, président du CA de CGI. Nous travaillons avec des systèmes qui peuvent absorber des volumes complexes de gestion interne. On ne parle pas d’interroger des données, on parle d’émettre des chèques, de gérer des comptes de banque et des fonds de pension, et ça demande une précision extrêmement poussée.»

Je ne suis vraiment pas de l’avis de monsieur Serge Godin. D’ailleurs, il semble que je ne sois pas seule.

Guy Bégin, professeur au Département d’informatique de l’UQAM, spécialisé dans la sécurité informatique, a une lecture différente : «Ça se défend comme raisonnement lorsqu’un système doit enregistrer des informations à la seconde ou qu’on doit vérifier qu’un dossier patient n’est pas confondu avec un autre, mais il ne faut pas repousser toutes les approches non traditionnelles.»
(…)
M. Bégin préconise le développement de systèmes informatiques par modules indépendants qu’on peut ensuite relier ensemble par les services Web.
«C’est plus avantageux que d’avoir un gros bloc qu’il faut changer complètement toutes les fois qu’on veut une amélioration», précise-t-il.
(…)
«Mais le système actuel est sécurisant. Jamais un directeur informatique n’a perdu son job pour avoir recommandé CGI, souligne-t-il. Le poids des grands cabinets a ralenti le développement de l’informatique au Québec par rapport à ce qui se fait ailleurs. Ils font travailler des milliers de personnes, et s’ils devenaient plus productifs, il leur faudrait trouver plus de contrats.»

Mon anecdote CGI et Web Services

Il y a une dizaine d’années, en présence de l’un de mes mentors, toujours professeur à l’Université de Montréal j’eu l’insigne honneur de diner avec l’un des gros VP de CGI. C’était plus fort que moi alors je lui demande:

Pourquoi ne faites-vous pas et ne parlez-vous pas de Web services au gouvernement du Québec, vous connaissez ça certainement les Web services?

Sa réponse : Notre business ce n’est pas de faire de l’éducation, mais bien de faire de l’argent…

Fin de la citation…

MAJ

D’ailleurs pour faire échos aux propos de monsieur Godin qui avance qu’« On ne parle pas d’interroger des données, on parle d’émettre des chèques, de gérer des comptes de banque et des fonds de pension, et ça demande une précision extrêmement poussée.» Il y a déjà 10 ans, certaines entreprises (notamment bancaires et financières), utlisaient des web services dont voici quelques exemples tirés de ma publication au CIRANO [2](PDF), pp11-12

Par exemple, il cite le cas de Merrill Lynch qui a réussi un projet d’intégration à un coût de $30 000 plutôt que les $800 000 initialement prévus, grâce à l’utilisation des Web Services.

Dans un autre projet, Merril Lynch a réussi à intégrer des données provenant de près de 2000 différents SI de support à la clientèle. Dans la première phase de ce projet, Merrill Lynch a développé un système d’analyse de portfolio à partir des données sur la clientèle, les produits et sur les marchés en temps réel. La deuxième phase de ce projet vise à rendre Ces données accessibles à partir de téléphone traditionnel et mobile, ainsi qu’à partir d’assistants numériques personnels (Personal Digital Assistants).
(…)

Hagel III mentionne aussi que Citibank a développé CitiConnect à l’aide des Web Services. Ce service permet le traitement des paiements électroniques pour les places de marché. Grâce à cette initiative, le temps de règlement des comptes entre les acheteurs et les vendeurs a été réduit de 20 à 40% et les coûts associés au règlement de la transaction autant pour les acheteurs que les vendeurs ont été réduis de 50 à 60%.

Chez Dell, on se sert des Web Services afin de rendre disponible à toutes les 2 heures les horaires de production, permettant à ses fournisseurs à leur tour d’ajuster leurs livraisons. Cette initiative a permis à Dell de réduire le temps de détention sur stock de 26-30 heures à 3-5 heures, soit une réduction de 80%