Je ne suis pas généreuse

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Pour la prochaine édition de L’Itinéraire qui paraîtra le 1er septembre, la rédaction du journal me demande de pondre une chronique pour leur section Feu Vert à la fin du magazine. Cette chronique apparaît ici dans le but de vous inciter fortement à encourager les camelots de L’Itinéraire qui grâce à ce médium, tente de se sortir de la rue. N’hésitez donc pas à acheter cette revue et à visiter le site http://itineraire.ca/ Le magazine qui fait du bien…

On me demande de chroniquer pour L’Itinéraire. Journal que je ne lis pratiquement pas. On me demande d’écrire un papier « dans lequel vous exprimez vos préoccupations sociales et humanitaires en toute liberté ». Le problème est que je ne me trouve pas généreuse. En fait je le suis, mais c’est toujours intéressé. Je suis de centre droit. Je préconise une ouverture à la différence et je milite pour un tas de trucs ayant référence aux droits humains, à la différence d’identité de genre et d’orientation sexuelle et j’appuie de nombreuses causes humanitaires. Mais ce n’est pas ce qui me fera aller au ciel.

Je n’ai pas cet élan gratuit. J’ai mis sur pied la Guignoléeduweb.org, le Webothon Haïti, je me mets aux enchères chaque année au profit d’une œuvre de charité, je suis l’une des marraines du Chaînon, je donne de nombreuses conférences gratuites dans les Universités et je fais une foule d’autres trucs (dont de soutenir un frère schizophrène). Mais si je regarde bien, ma motivation est souvent la culpabilité. Je me sens coupable de réussir, d’être « à l’aise », de bien gagner ma vie malgré ma condition de transsexuelle. D’écrire ici et d’aider de nombreuses organisations c’est bon pour mon marketing. C’est bon pour mon image. Je me trouve poche d’être si consciente de ça. J’aimerais avoir cet élan d’aider gratuitement, parce que ça me tente. Mais voilà, ça ne me tente pas tant que ça. J’aime mieux promener mon chien que d’aller passer un week-end à l’hôpital tenir la main de quelqu’un que je ne connais pas. J’aime mieux relaxer de temps à autre et je me sens aussi coupable de ça. Je suis très loin d’être une « mère Thérésa ». Soit dit en passant je me demande souvent si elle faisait ses bienfaisances gratuitement. Je me dis que très probablement elle non plus elle ne faisait rien de gratuit et qu’elle attendait probablement sa récompense dans l’au-delà. Elle voulait sans doute avoir une place à la droite de dieu. Puis ça me rassure. Je me sens moins coupable. Je me dis que nous faisons tous du bien aux autres parce que ça nous fait d’abord du bien à nous ici bas… ou dans l’au-delà.

Puis je me dis « fuck les motivations ». Pourquoi je me casse la tête à comprendre mes motivations à aider. L’important est que j’aide, que je sois ouverte à aider et que cette aide, si minime soit-elle, fait une différence. Si vous aussi ne vous trouvez pas généreux, « ce n’est pas grave ». Faites comme moi et aidez les autres parce que ça vous fait d’abord du bien. Comme ça, nous vivrons peut-être dans un monde meilleur…

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Commentaires

  1. Je ne suis pas généreuse | Bienvenue! | %blog_URL%

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