Vive l’Ontario pour la réflexion numérique

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J’ai de plus en plus de contrats me venant de notre province voisine l’Ontario. J’en suis très ravie et triste à la fois. Ça me fait grand plaisir de voir mon expertise de plus en plus en demande à l’extérieur du Québec, mais là ou le bât blesse, est que ce sont des mandats pour lesquels on ne se questionne pas encore, ou trop peu au Québec. Pire encore, si on se questionne là-dessus, on demande aux experts de faire ça « gratis ».

Voici deux exemples. En 2013 nous avions les états généraux sur l’enseignement supérieur. Tentez de retrouver des documents à ce propos sur Google, nous renvoit aux nombreux documents des divers groupes de pressions, syndicats et autre (comme celui de la Fédération des enseignantes et enseignants de CEGEP (CSQ) (PDF)). Pratiquement rien du côté gouvernemental. D’ailleurs, ces discussions tournaient autour « de la gratuité scolaire » plutôt que sur la question plus fondamentale de « comment le numérique bouleverse et bouleversera l’éducation » qui n’a pas été traité. C’est ce dont je discuterai demain à Toronto lors de l’évènement Les Tablettistes financé par le groupe MediaTFO. D’ailleurs, lors de ces fameux états généraux québécois, ceux qui y allaient y étaient gratuitement (sauf pour les fonctionnaires ou recteurs d’université qui de toute évidence étaient payés pour ça).

Par ailleurs, je viens de terminer la rédaction d’un rapport de recherche commandé et payé par les CALACS francophones d’Ottawa et financé par Condition féminine Canada. Ce rapport sera rendu public au mois de mai prochain. Il traite de la cyberagression sexuelle. Au même moment, mon propre gouvernement me demande de faire partie d’un comité d’experts qui se penche sur la cyberintimidation. Ce comité composé de sous-ministres, de fonctionnaires de haut niveau et de professeurs d’université, se rencontrera 6 jours complets. Seuls mes déplacements seraient payés. On me demande de faire du « pro bono ». Par principe, j’ai refusé. Pourtant, le premier ministre Couillard a décidé d’en faire une de ses priorités, comme il est indiqué sur le site du Parti Libéral :

Un geste d’intimidation, de violence ou de maltraitance est un geste de trop. Chaque personne doit pouvoir s’épanouir dans un environnement sain et sécuritaire. Chaque personne, quels que soient son âge, son sexe, son orientation sexuelle, son origine ethnique a droit à la dignité. Un gouvernement libéral fera de la lutte contre l’intimidation une priorité.

Méchante priorité?

Malgré cette “radinité” de mon propre gouvernement, j’ai accepté l’automne dernier de faire « du gratis » pour Le Forum des Idées du premier ministre. Depuis des années, je fais aussi « du gratis » en militant pour un plan numérique pour le Québec. Cependant, j’attends toujours impatiemment « la stratégie numérique » promise par le premier ministre. Entretemps, je prends connaissance de l’article Une cartographie de l’accès à Internet haute vitesse dans LesAffaires, je m’attriste que nous faisions partie du tiers monde internet et j’observe que trois des acteurs de la Commission Charbonneau touchent un million en honoraire, que la commission Robillard devrait coûter 3.8 millions et que le gouvernement dépense plusieurs milliards en services informatiques au Québec. Cependant, lorsqu’il est temps de se questionner sérieusement sur l’impact du numérique sur divers aspects de notre société, faut faire ça gratis!

J’aurais vraiment dû devenir avocate ou intégratrice en Technologie de l’information. Ça ne prépare certainement pas le futur, mais ça paye vraiment très bien le présent…

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Commentaires

  1. Joëlle

    Je suis professionnelle au gouvernement et laissez-moi vous dire que c’est difficile de vivre avec l’opinion publique. On doit travailler avec de vraies brouettes (ordinateurs, imprimantes, etc.) mais qui serait prêt à payer plus d’impôt pour qu’on soit mieux équipés? Vous devriez voir nos locaux, c’est gênant! Nos salaires? Loin d’être compétitifs! Les jeunes sortants en informatiques n’ont aucun intérêts à venir travailler avec nous! De toute façon, on n’engage plus d’occasionnel parce qu’on attend que grand-papa prenne sa retraite… un jour. Est-ce que c’est lui qui va nous parler de stratégie numérique pour le Québec? Je ne pense pas.

    Moi aussi j’avais de grandes attentes relativement à la stratégie numérique. C’est quoi les services au citoyens en 2015? Actuellement, même nous, les gros méchants fonctionnaires, on veut, mais on ne peux pas! On coupe!!! Je veux toutefois préciser que j’avais aussi de l’espoir dans le gouvernement actuel pour ce qui est du ménage dans les finances publiques. Un peu de droite pour nous rappeler que tout est question d’argent. Ce qu’on constate toutefois, c’est qu’on vit une vraie chimiothérapie. On tue tout ce qu’il y a sur notre passage, les bonnes cellules comme les mauvaises.

    On nous dit “On compte sur vous pour faire plus avec moins! Bâtissez de grandes choses… on sait pas quoi mais faites-le. Et pour vous aider à bâtir, voici un couteau et une fourchette en plastique… c’est tout ce qu’on a”. Faut pas qu’on est l’air riche pour ne pas froisser l’opinion publique!

    Montée de lait…

  2. Michelle Blanc

    triste constat Joëlle. Et pendant ce temps le gouvernement dépense des centaines de millionns, voire des milliards, pour des projets d,intégration informatique qui ne fonctionne pas et ne fonctionneront jamais.